Direction Saint-Pétersbourg - 3 - 2005/11/11 - Vaalimaa, frontière finno-russe, 13h30.
La partie de plaisir commence.
Le nombre de voitures "ma chérie" augmente dangereusement au fur et à mesure que le poste frontière se rapproche. Les arbres se font plus rares. La tension commence à monter lorsqu'il s'agit de rassembler les papiers nécessaires.
La guérite du douanier me dit que je ne me suis pas trompé de pays. Un savant empilement de boîtes en carton permet de soutenir sa vitre guillotine qui menace de s'effondrer à tout moment.
Dialogue surréaliste avec lui qui n'a pas forcément l'air content que je ne parle ni finnois, ni russe. Il commence à parler dans un anglais approximatif :
Lui (en train d'examiner mon passeport et mon visa) : Vous pouvez m'épeler le nom de votre ville natale ?
Moi : R-O-U-E-N.
Lui : C'est où ?
Moi : Dans le nord-ouest de la France. Environ une heure de Paris.
Lui : Ah, une heure de Paris, bien... À côté de Paris, voitures, boum !!!
Un gros rire se fait entendre, et son collègue de derrière lui emboîte le pas, se foutant passablement de moi. Sur le moment je me suis demandé si je devais lui poser des questions sur la manière de régler le problème, vu qu'apparemment la Russie a une bonne expérience avec la répression en Tchétchénie. Et puis je me suis ravisé, me disant que son humour n'était peut-être pas si caustique. L'idée de passer quelques heures au poste ne me réjouis en effet guère.
Elle porte bien son nom, cette frontière. Deux heures trente pour la passer. Sortir et ressortir son passeport. Regarder la préposée à la beauté glaciale apposer son tampon d'une main ferme. Contempler son habit tout droit sorti de la guerre froide. La coupe est on ne peut plus disgracieuse, sa chapka lui donne un air atrocement sévère. Déroutant.
Un no man's land de trois kilomètres sépare les deux pays. Interdiction de sortir de son véhicule dans cette zone. Et enfin, passer.
Une grande joie s'empare de moi. Les panneaux routiers en cyrillique me fascinent. Bienvenue en Russie.