Max, le blogueur qui a tout compris.
Nynäshamn. Les galets aux reflets roses attendent le coucher du soleil.
Cela fait environ une semaine qu'un certain nombre d'exemplaires du Blog de Max (écrit par l'auteur du blog éponyme) a atterri dans les boîtes à lettres de quelques sommités de la blogosphère francophone.
[Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire, Le journal de Max était le carnet (véridique ou pas, à vous de voir) qualifié de corrosif d'un homme qui déversait sa haine ordinaire sur ses collègues de bureau. Son auteur avait par ailleurs laissé un commentaire plutôt incongru sur cette note (et ce avant qu'il ne quitte son adresse Free pour une adresse plus "porteuse" et avant qu'il ne fasse baver de jalousie la blogosphère entière suite à un article dans Le Monde... Je ne m'en remets toujours pas, de ce commentaire....).]
Je ne descendrai pas en place publique un livre que je n'ai pas lu (et que je ne lirai sans doute pas s'il est de la même trempe misogyne et un soupçon beauf démago que le carnet dont il s'inspire).
Ce que je voudrais par cette note, c'est remettre en cause la méthode qu'a employée l'auteur pour la promotion de son livre, et par la même occasion taquiner (gentiment, il ne faut surtout pas y voir malice) tous ces blogueurs qui lui ont volontiers fait de la publicité sur leurs carnets à forte audience (ici, ici, ici et ici par exemple... Sinon ce monsieur a apparemment refusé de recevoir la "soupe", ce qui me fait dire qu'il est décidément quelqu'un de bien).
Un certain nombre de blogueurs sont mus par des idéaux qui voudraient que l'information ne soit pas biaisée. Ils ne manquent par conséquent pas d'épingler (à juste titre) les faiblesses dont certains journalistes peuvent faire preuve dans l'exercice de leur métier.
Parler d'un livre uniquement parce qu'on en a reçu un exemplaire gratuit, j'appelle cela une erreur de débutant qui est tout content de lui parce qu'à travers cet envoi on reconnaît qu'il a une certaine influence. Transformer une note en publi-communiqué parce que l'on a reçu un colis d'une personne qui a magistralement réussi sa campagne de promotion (des critiques a priori favorables alors que le livre n'a visiblement pas encore été lu), j'appelle cela de la faiblesse. Et à l'heure où l'on n'a de cesse de taper sur LLM qui multiplie les billets "promotion - renvoi d'ascenseur", je rigole un peu.
Car, le Max, mine de rien, il a tout compris à la blogo-hype. Un carnet à peine ouvert et des commentaires uniques laissés ça ou là pour ne pas dire grand chose (en laissant évidemment son url), une migration en .com parce que bon, voilà, des billets un brin corrosifs (servis par une jolie prose) pour attirer le chaland, des systèmes de liens réciproques pas forcément très sincères ("lie Max et Max te liera"), puis une fermeture mystérieuse. De quoi lancer de bonnes bases pour écrire un bouquin.
[Mode parano] Mon mauvais esprit me ferait presque dire que Max s'est toujours senti une âme d'écrivain et qu'il a voulu "tâter le terrain" pour voir si son style plaisait en ouvrant un blog et qu'il en a profité pour se trouver un carnet d'adresses blogosphérique qui lui assurerait quelques ventes sur Amazon. La suppression récente de toutes ses archives me fait d'ailleurs fortement pencher vers cette hypothèse.[/Mode parano]
Que l'on parle d'un livre que l'on a particulièrement aimé, oui, évidemment. Que l'on parle du livre d'un ami ou de quelqu'un que l'on aime, soit. Mais que l'on fasse la promotion du livre d'un homme dont on n'a jamais lu le blog ou dont on n'a pas particulièrement apprécié la prose, j'acquiesce un peu moins, fût-ce à travers le geste relativement élégant d'un envoi de livre dédicacé (et encore, je trouve cela particulièrement vulgaire, mais c'est un avis personnel). Les travers du journalisme de masse et des RP ont trop souvent été dénoncés par la blogosphère pour que ce ne soit pas à son tour d'en prendre le chemin. Donnez à un enfant une casquette Tartampion et il dira que les céréales de la même marque sont les meilleures, même s'il n'y a pas goûté.
On me dira que les sommités de la blogobille doivent recevoir souvent des livres dont elles ne parlent pas et que je leur fais sans doute un faux procès. On me dira sans doute que chacun écrit ce qu'il veut. Je n'ai d'ailleurs personnellement rien contre ce livre qui est peut-être très bon. Je trouve seulement que sa méthode de promotion est légèrement opportuniste.
En même temps. via cette note, c'est encore une sacrée publicité qui lui est faite, à ce bouquin. L'arroseur arrosé, quoi...