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Carte postale suédoise: Francophobie ordinaire.

1 novembre 2005

Francophobie ordinaire.

L'étudiant Erasmus français fraîchement débarqué à Stockholm m'exaspère. Je ne le supporte plus. Il me donne des boutons. Bref, je le fuis. Et, dans mon grand élan de générosité, je vous apprends à le découvrir sous toutes ses coutures.

  • Il a un sac à dos Eastpak (pratique pour le repérer de loin).
  • Sa première préoccupation, en arrivant, est de demander à son voisin, dans un anglais abominable, s'il y a des soirées organisées dans son quartier (évidemment je ne reviendrai pas sur sa maîtrise de l'anglais).
  • Ah oui, évidemment, le Français croit, comme bon nombre d'autres personnes, qu'il vient ici pour palier à son manque d'attention lors des cours d'anglais au lycée.
  • Et naturellement, il peste contre les sites Internet suédois qui ne sont pas traduits en anglais et qui demeurent dans cette langue barbare avec des lettres qui sörtent de l'ordinåire. Lorsqu'on lui dit que bon nombre de sites français ne sont pas traduits et qu'il n'y a pas d'obligation à ce qu'ils le soient, il hausse les épaules et ne comprend pas.
  • L'étudiant français nouvellement arrivé a évidemment vu l'Auberge espagnole, et il a la surprise de constater que Stockholm ce n'est pas Barcelone.
  • Il râle tout le temps. Il râle parce que le métro est cher et ne passe pas souvent (mais par contre il est certainement plus confortable qu'à Paris). Il râle parce que la nourriture de lui va pas et que merde, on mange bien en France et pour pas cher, pourquoi ça serait pas la même chose ici.
  • Le Français râle parce qu'il peine à se faire de nouveaux amis qui ne soient pas de son pays. Il faut dire qu'il attend que les autres viennent vers lui et de toutes manières, ce que l'autre (qui vient d'un pays forcément moins bien que la France) a à lui raconter ne l'intéresse pas.
  • Il ponctue toutes ses phrases avec des "ah mais en France..." ou autres "oui mais dans mon pays...".
  • Il a une culture générale en géographie relativement franco-française, ce qu'il fait qu'il ne comprend pas pourquoi son homologue colombien ne connaît pas Antibes alors que lui ne sait pas que Bogotá est la capitale de la Colombie.
  • Au bout de deux mois de présence en Suède, il se décide à peut-être acheter un petit dictionnaire de poche. Anglais-Suédois, pour faire style.
  • À peine arrivé, le Français veut avoir tout fait. Helsinki, Talinn, Oslo, Kiruna. Par contre dans Stockholm il est incapable d'écrire correctement le nom de cinq rues.
  • Le Français (mais sur le coup il n'est pas tout seul) voudrait que tout lui soit servi sur un plateau, qu'il n'ait pas à lutter pour s'intégrer, qu'il n'ait pas à faire face à de grosses incompréhensions, qu'il n'ait pas à rester seul, parfois.
Oui, j'assume pleinement ce parti pris.