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Carte postale suédoise: Jeunes premiers.

10 mai 2009

Jeunes premiers.







Les romans initiatiques font partie de ces livres que je lis toujours passionnément lorsque je tombe sur l'un d'eux. Sans doute parce c'est un genre que je me suis très facilement approprié, rêveur que je suis, en ces différentes périodes de jeunesse pleine d'idéaux naïfs, à ces âges de transition où l'on aspire à grandir et à mûrir, au fil des diverses expériences de la vie. Expériences heureuses ou malheureuses, on aime sans doute à lire ce que l'on aimerait vivre, ou ce que l'on a plus ou moins vécu, comme pour se rassurer.
Tous ces moments charnières vécus par nous, le jeune héros (masculin) de notre vie, héros qui pourra alors poser son regard sur son passé pour mieux appréhender l'avenir.

Je crois que mon premier roman initiatique a été Frères du Vents, d'Eric Shings, lu vers 7 ans, alors que j'avais gagné le livre à la kermesse de l'école, en CE1 (*). L'histoire de deux jeunes moussaillons qui vont affronter la mer pour parvenir à conquérir le cœur de leur bien-aimée. Amitiés, rivalités, épreuves. A ce moment-là je me rends compte que s'po facile, la vie, en fait, et qu'il va falloir lutter pour se faire une place.

Au collège, ce fut Le Grand Meaulnes, d'Alain-Fournier. La belle Yvonne de Galais me faisait rêver. Je pensais à ces fêtes improbables et décadentes au cours desquelles des rencontres intrigantes avaient lieu, mais le collège ne ressemblait vraiment pas à une riche demeure perdue au milieu de la forêt.

C'était Bel-Ami, au lycée. Une initiation pas forcément très enviable, et pour le coup très cynique. Une vague idée de la bassesse humaine, à une époque où les enseignants commençaient à nous parler de carrière et de réussite. Il y avait les émois charnels du jeune Rousseau dans Les Confessions, aussi (je me rends compte qu'au final, le programme de français au lycée était quand même très à-propos).

En prépa, au tour de La Chartreuse de Parme. Le français en prépa étant au français ce que la musique militaire est à la musique, je n'eus d'autre choix que de me voir en romantique Fabrice Del Dongo, faisant tout pour retrouver (la forcément belle) Clélia.

Plus récemment ce fut Ce que le jour doit à la nuit de Yasmina Khadra et L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafón. Je suis plus vieux, alors les paroles des jeunes héros résonnent différemment dans ma tête. Elles rappellent plutôt qu'elles apprennent, avec leur côté rose bonbon amer qui nous touche alors qu'on aimerait s'en défendre. On sourit en regardant Jonas qui se crée à nouveau des jours heureux en apprenant à aller au-delà de ses erreurs du passé. On pèse les mots du jeune Daniel qui maudit "cette éternelle stupidité qui pousse à nous accrocher à ceux qui nous font du mal.".

Des må bra-böcker, somme toute.


(*) Par contre, je ne sais plus si c'était au chamboule-tout ou à la queue de l'âne.