Raconte-moi une histoire...
Bientôt deux mois que je suis arrivé. Encore une goutte d'eau lorsque je regarde le temps que je vais encore passer à Stockholm. Je commence à me demander ce que je peux faire pour garder une trace de tout cela. Pas pour moi. Mais pour tous ceux qui m'ont aidé à réaliser cette folie, ceux sans qui rien n'aurait été possible. Car voilà. On me demande de raconter, de dire ce qu'il se passe ici. Etudier à Stockholm pendant deux ans, ce n'est pas donné à tout le monde. On aimerait faire partie de la fête, j'aimerais témoigner davantage de gratitude.
Je repense toujours à cette scène de L'auberge espagnole (désolé, on a les références que l'on peut, et cette scène m'avait paru très lucide). Il vient de rentrer d'Espagne après 10 mois là-bas. Sa mère lui demande "Bah alors ? Raconte ! T'as passé une année là-bas et t'as rien à me raconter...". Regard embarrassé qui répond seulement "Bah... c'était bien, quoi."
Oui, je me trouve exactement dans cette situation, criante de vérité. Sans mots. Sans ce recul pour commencer à tirer un bilan. Que dire ? La Suède demeure un pays européen, les surprises n'arrivent pas à chaque coin de rue. Un métro, des bus, des voitures, un certain nombre de valeurs communes, des cours relativement semblables, à bien y regarder, quelques jours routiniers à étudier... Et puis le temps de digérer tout ce qu'il se passe. Peut-être que les récits viendront avec le temps, quand tout sera terminé. Quand je me rendrai compte que je ne raisonne plus exactement comme un Français. Quand on me dira que je parle maintenant avec un petit accent. Quand je pourrai enfin me dire que j'ai vécu une période formidable de ma vie, un truc que l'on ne vit pas deux fois.
Mais pour l'instant il y a comme un blocage. Quand on est en France, on ne parle que de quotidien, de banalités, d'actualités. Le mien est maintenant loin de tout cela, ce sont des sujets de conversation en moins, donc. Et rien de plus difficile que les récits de voyages que l'on fait à des personnes qui voient tout cela en aveugle.
Quadrature du cercle, donc. Et mes excuses en plus, devant toute mon inconsistance.
Dimanche 24 octobre 2004 | ||
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