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Carte postale suédoise: Gaîté, complexité... gâtés ?

15 juillet 2004

Gaîté, complexité... gâtés ?

Photo d'un crayonCela me frappe depuis quelques mois. On voit fleurir ça et là chez une petite frange des jeunes un certain discours de résignation vis-à-vis de la vie et de ce que l'on peut en faire. Un discours blasé, empreint de multiples rancoeurs et faisant ressortir un malaise très difficile à cerner. Le monde de la blogosphère n'est d'ailleurs pas épargné, loin de là.

Oh, l'origine de ce discours n'est souvent pas difficile à trouver : déceptions amoureuses, désillusion par rapport aux attentes que l'on avait de la vie, manque évident de communication avec l'entourage ( familial ou non ). Mais parfois, sous des écritures qui vont au-delà de ces frustrations de jeunesse, on peut découvrir dans quelques cas des personnes qui ont, pour leur âge, une grande expérience de la vie et une sagesse qui en découle digne d'un nonagénaire sur le départ. Oui, une maturité très prononcée... En effet, certains malaises semblent parfois s'exprimer au travers de réflexions particulièrement lumineuses sur la vie et sa finalité.

Je me garderai bien de juger les gens et leurs angoisses ( que je partage d'ailleurs, mais souvent sans le dire... ). Loin de moi également l'idée de vouloir cataloguer et esquisser des attitudes qui sont uniques à chacun. Mais tout ceci m'a fait penser au court conte philosophique de Voltaire, Histoire d'un bon bramin ( 4 pages à lire rapidement dans un pdf à télécharger ici ). L'histoire de ce sage mû par l'esprit des Lumières et qui est d'une tristesse infinie lorsqu'il considère son impuissance face à ce monde qui l'entoure. De ce sage qui s'évertue à

préférer la raison à la félicité.

Je partage évidemment son analyse. La vie recèle tant d'interrogations, de doutes, qu'il est fréquemment possible de penser qu'elle révèle plus d'ennui et de souffrance que de gaîté et de joies. Cependant, ne recèlerait-elle pas d'autres trésors bien enfouis ? De ces moments où l'on se dit qu'elle vaut la peine d'être vécue ?

Evidemment les gens des pays touchés par la famine n'ont pas ces réflexions à inclinations métaphysiques. Ils ont d'autres choses plus matérielles auxquelles penser. Ces jeunes angoisses sont peut-être un syndrome d'enfants trop gâtés par la vie. Pas contraints à des difficultés matérielles qui les obligent à penser à autre chose qu'à leur petit être. Alors oui, la vie est un événement personnel, et tout le reste n'est finalement que futilités. Donc oui, réfléchir sur soi, sur le sens de sa vie et de ce que l'on en fait, cela prend tout son sens. Mais attention à toujours garder à l'esprit que ce travail sur soi se fait souvent au détriment d'une certaine sociabilité et conduit à négliger trop hâtivement certains problèmes matériels autrement plus graves.

Ndlr : je précise que j'ai bien entendu détesté L'alchimiste de Paulo Coelho...