Parce que.
Parce que cela fait longtemps, trop longtemps, que j'y réfléchis.
Parce que depuis quelque temps, j'ai cette boule au fond de mon ventre qui me dit que ça ne va pas.
Parce que plus je connais de personnes, plus je m'intègre dans la société suédoise, et plus je me sens en décalage avec elle. Et que j'ai beau avoir un très bon travail, de nombreuses connaissances et des week-ends occupés, j'attends davantage de la vie.
Parce que j'arrive à un âge où j'ai envie de me stabiliser, d'avoir un vrai "chez moi" et de penser (un peu) à l'avenir.
Parce que 2006 aura été une année qu'on pourra qualifier de "charnière" et "constructrice".
Parce que j'aurai réussi à étudier, à créer une entreprise et à avoir un travail que de nombreux Suédois m'envient, à moi qui ne suis qu'un étranger qui n'était jamais venu dans le pays et qui ne parlait pas un mot de suédois il y a deux ans et demi, et ça, c'est ma petite victoire personnelle.
Parce que je ne suis pas venu ici pour rejoindre quelqu'un et m'insérer dans une famille, et que cela n'aurait de toutes manières pas compensé le fait que la mienne me manque.
Parce que c'est une décision mûrie, et qu'il aura fallu un peu (voire beaucoup) de courage pour la prendre.
Parce qu'attendre, c'est repousser une chose qui de toutes manières aura lieu.
Parce que je vous souhaite de ne jamais avoir le mal du pays, c'est un sentiment très désagréable.
Parce que je n'aurai aucun regret.
Parce que si c'était à refaire je le referais.
Parce que j'ai grandi.
Et parce que lorsqu'une page est lue, il faut la tourner.
Pour toutes ces raisons, j'ai remis ma démission hier et décidé de quitter la Suède pour rentrer en France dans les prochains mois.
Ce carnet prendra une tournure plus introspective au cours des prochains billets, comme c'était un peu le cas avant mon départ pour la Suède. Pour faire un bilan de la vie que j'aurai eue ici, un bilan de mes joies, de mes désillusions, de la construction de mon identité, de la maturité que j'ai acquise, un bilan pour raconter ces petites anecdotes dont je n'ai pas parlé, ces petits riens qui ont fait pencher la balance, ces petits touts qui font qu'aujourd'hui, je me sens heureux d'avoir pris cette décision que je sais être la bonne. Et maintenant que je sais que je vais partir, je revêts évidemment ces lunettes qui font voir le monde extérieur sous un autre jour. Traditionnel jeu de course-poursuite, faire tout ce que je n'ai pas fait.