Le style Mucha.
Pour la première fois en Suède a lieu en ce moment une exposition rassemblant quelques-unes des plus belles oeuvres du peintre tchèque Alfons Mucha. Mucha, nom synonyme d'Art nouveau (le suédois lui préférera souvent le terme germanophone Jugendstil), tant ses oeuvres, en particulier ses affiches, ont le style si caractéristique de ce mouvement artistique qui me tient particulièrement à coeur.
L'entrée du Dansmuseet sur la Gustav Adolfs torg. Vous aurez remarqué que la neige n'en finit pas de fondre.
Pour accompagner ce billet, j'aurais pu choisir Debussy ou Fauré (non non, pas Smetana), finalement c'est vers Poulenc que je me tourne, avec le dernier mouvement (allegro con fuoco) de sa sonate pour clarinette et piano. Une oeuvre anachronique par rapport à Mucha puisque la sonate date de 1962 alors que Mucha a connu son âge d'or entre 1890 et 1910. Mais ses sonorités sont en fait pour Poulenc l'allégorie d'un retour vers ses années débridées de jeunesse, alors on fera donc comme si.
Pour quelques informations sur la vie de Mucha, je vous renvoie à sa biographie sur Wikipédia. Celle-ci oublie de mentionner (sachant que c'est tout de même implicite au vu de ses oeuvres) que Mucha faisait partie, comme la quasi-totalité de ses compatriotes de l'époque, de la mouvance nationaliste tchécoslovaque en lutte contre l'emprise culturelle et étatique de l'Empire austro-hongrois et des Allemands. Cela se traduira par la fameuse Épopée des Slaves, une série de peintures (et non pas d'affiches) consacrées à la nation tchèque qui s'inspirent en grande partie de la Commune. S'y adjoignent également quelques affiches à forte connotation politique, comme par exemple cette magnifique affiche pour la Loterie de l'Union Nationale. Celle-ci est un appel aux dons en faveur du financement d'écoles tchèques privées, puisqu'à l'époque les langues slaves n'étaient pas autorisées dans les écoles publiques, où seul l'allemand avait cours (vous savez, la fameuse "acculturation linguistique qui aliène les foules"). Sans texte, donc. Avec une allégorie de la nation tchèque et une petite fille aux cheveux Art nouveau et au regard réprobateur.
Affiche de Gismonda (1894), pièce de Victorien Sardou présentée pour la première fois au Théâtre de la Renaissance, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. C'est l'affiche qui a fait de Mucha, en l'espace d'une journée, une idole de Paris. La petite histoire murmure qu'à la nuit tombée, les amateurs d'art sortaient armés d'un cutter pour tenter de récupérer la précieuse affiche...
A la suite de son premier succès, Mucha devient la coqueluche de la grande Sarah, avec laquelle il signera un contrat de six ans (j'ai un petit faible pour Hamlet). Sa célébrité lui permettra de mettre du beurre dans les épinards en signant quelques affiches pour des grandes marques, notamment Lefèvre-Utile et Moët & Chandon.
Deux affiches pour Moët & Chandon, 1899 ("comment ??? On fait du crémant chez Moët & Chandon ???"). Celle de droite a quelques sonorités maçonniques qui seront d'ailleurs plus présentes dans la suite de l'oeuvre de Mucha.
Mon coup de coeur chez Mucha est à chercher du côté des panneaux décoratifs. Tellement caractéristiques que le terme "panneaux" est repris en suédois (pannåer), en anglais et en allemand (panneaux).
Le panneau "Repos de la nuit" extrait de la lithographie "Les heures du jour" (1899) représentant quatre femmes à différents moments du jour. Ne le répétez pas, j'en suis amoureux.
De la pure décoration, humaine et végétale, libre mais étudiée.
Après avoir notamment vécu avec Gauguin et fréquenté les cercles surréalistes (quelques photos à forte connotation surréaliste), Mucha retournera à Prague (en passant avant par les États-Unis) où il s'impliquera énormément, via l'art, dans l'indépendance politique de son pays. Je dois avouer que l'Épopée des Slaves ne me parle pas particulièrement et que son fort penchant nationaliste (très compréhensible cependant au vu de la condition tchèque) m'empêche sans doute de l'apprécier à sa juste valeur.
Mucha mourra suite à une rencontre malheureuse avec la Gestapo en 1939, son art ayant sans doute été jugé comme dégénéré et évidemment trop contestataire. Son appartenance à la franc-maçonnerie n'aura pas particulièrement aidé non plus.
L'art dans la publicité, une époque décidément bien révolue.
L'entrée du Dansmuseet sur la Gustav Adolfs torg. Vous aurez remarqué que la neige n'en finit pas de fondre.
Pour accompagner ce billet, j'aurais pu choisir Debussy ou Fauré (non non, pas Smetana), finalement c'est vers Poulenc que je me tourne, avec le dernier mouvement (allegro con fuoco) de sa sonate pour clarinette et piano. Une oeuvre anachronique par rapport à Mucha puisque la sonate date de 1962 alors que Mucha a connu son âge d'or entre 1890 et 1910. Mais ses sonorités sont en fait pour Poulenc l'allégorie d'un retour vers ses années débridées de jeunesse, alors on fera donc comme si.
Pour quelques informations sur la vie de Mucha, je vous renvoie à sa biographie sur Wikipédia. Celle-ci oublie de mentionner (sachant que c'est tout de même implicite au vu de ses oeuvres) que Mucha faisait partie, comme la quasi-totalité de ses compatriotes de l'époque, de la mouvance nationaliste tchécoslovaque en lutte contre l'emprise culturelle et étatique de l'Empire austro-hongrois et des Allemands. Cela se traduira par la fameuse Épopée des Slaves, une série de peintures (et non pas d'affiches) consacrées à la nation tchèque qui s'inspirent en grande partie de la Commune. S'y adjoignent également quelques affiches à forte connotation politique, comme par exemple cette magnifique affiche pour la Loterie de l'Union Nationale. Celle-ci est un appel aux dons en faveur du financement d'écoles tchèques privées, puisqu'à l'époque les langues slaves n'étaient pas autorisées dans les écoles publiques, où seul l'allemand avait cours (vous savez, la fameuse "acculturation linguistique qui aliène les foules"). Sans texte, donc. Avec une allégorie de la nation tchèque et une petite fille aux cheveux Art nouveau et au regard réprobateur.
Affiche de Gismonda (1894), pièce de Victorien Sardou présentée pour la première fois au Théâtre de la Renaissance, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre. C'est l'affiche qui a fait de Mucha, en l'espace d'une journée, une idole de Paris. La petite histoire murmure qu'à la nuit tombée, les amateurs d'art sortaient armés d'un cutter pour tenter de récupérer la précieuse affiche...
A la suite de son premier succès, Mucha devient la coqueluche de la grande Sarah, avec laquelle il signera un contrat de six ans (j'ai un petit faible pour Hamlet). Sa célébrité lui permettra de mettre du beurre dans les épinards en signant quelques affiches pour des grandes marques, notamment Lefèvre-Utile et Moët & Chandon.
Deux affiches pour Moët & Chandon, 1899 ("comment ??? On fait du crémant chez Moët & Chandon ???"). Celle de droite a quelques sonorités maçonniques qui seront d'ailleurs plus présentes dans la suite de l'oeuvre de Mucha.
Mon coup de coeur chez Mucha est à chercher du côté des panneaux décoratifs. Tellement caractéristiques que le terme "panneaux" est repris en suédois (pannåer), en anglais et en allemand (panneaux).
Le panneau "Repos de la nuit" extrait de la lithographie "Les heures du jour" (1899) représentant quatre femmes à différents moments du jour. Ne le répétez pas, j'en suis amoureux.
De la pure décoration, humaine et végétale, libre mais étudiée.
Après avoir notamment vécu avec Gauguin et fréquenté les cercles surréalistes (quelques photos à forte connotation surréaliste), Mucha retournera à Prague (en passant avant par les États-Unis) où il s'impliquera énormément, via l'art, dans l'indépendance politique de son pays. Je dois avouer que l'Épopée des Slaves ne me parle pas particulièrement et que son fort penchant nationaliste (très compréhensible cependant au vu de la condition tchèque) m'empêche sans doute de l'apprécier à sa juste valeur.
Mucha mourra suite à une rencontre malheureuse avec la Gestapo en 1939, son art ayant sans doute été jugé comme dégénéré et évidemment trop contestataire. Son appartenance à la franc-maçonnerie n'aura pas particulièrement aidé non plus.
L'art dans la publicité, une époque décidément bien révolue.