Une histoire scandinave.
La péninsule d'Ålesund vue depuis la colline d'Aksla. Une ville à l'âme particulière un peu venue de nulle part, qui a entièrement brûlé en 1904, et a été totalement reconstruite en Art nouveau, le style de l'époque. Il ne m'en a pas fallu davantage pour tomber sous son charme, vous vous en doutez.
Tiens sinon, il se murmure qu'Ålesund est le lieu de naissance de Rollon et qu'elle en héberge le château [1].
Dans cette boutique d'Ålesund, il y a cette dame qui se cogne violemment la tête contre une porte vitrée qu'elle n'avait pas vue. Il y a cette vendeuse à la beauté glaciale qui la regarde se tenir la tête, sans mot dire, attendant que le désordre disparaisse. Elle n'ira pas voir la dame qui a mal, elle n'ira pas lui dire un mot gentil pour la réconforter. Elle ne peut rien pour sa tête, de toutes manières, et culpabilise donc en silence. Elle attendra qu'elle sorte, puis ira voir sa collègue pour lui demander quoi faire. Ensemble, elles prépareront un panonceau "attention à la porte", qu'elle accrocheront précautionneusement à l'endroit où la dame s'est cognée.
Tu repenses à Den brysomme mannen, et tu te dis que tu viens de vivre exactement cette scène.
Et tu te dis que malgré toute la tendresse que tu peux avoir pour la Scandinavie, non, tu ne pourras pas y vivre. Dans ce monde où tout doit être parfait, où toute émotion, toute vague imprévue doit être éliminée. Où le but prime fortement sur la relation, où le "quoi" prime sur le "comment". Où Fitter Happier de Radiohead est presque une réalité.
[1] Tout Rouennais qui se respecte voue un culte à Rollon, évidemment.
Ah et tant que j'y suis, à Ålesund il y a une copie de la statue de Rollon qui est dans les jardins de l'hôtel de ville de Rouen, sculptée par Arsène Letellier. Il paraît qu'il y a une autre réplique de cette statue à Fargo, aux États-Unis. Va savoir pourquoi, Charles. Peut-être parce qu'au début du 20ème siècle y vivaient beaucoup de Norvégiens.