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Carte postale suédoise: Une mer en danger.

3 septembre 2006

Une mer en danger.

La mer Baltique, c'est un peu la colonne vertébrale de cette partie de l'Europe dans laquelle je vis. Pour des raisons évidentes on ne parlera pas de poumon, mais il y a une époque où l'on aurait pu.

Elle concerne directement neuf pays, à savoir le Danemark, la Suède, la Finlande, la Russie, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et l'Allemagne. Pour comprendre pourquoi de nombreuses îles la peuplent (l'archipel de Stockholm en compte 25 000 par exemple) ou pourquoi c'est une mer très peu salée, la page Wikipédia vous attend. D'une manière générale, on peut dire que la Baltique est une mer qui n'a que très peu de vagues (dommage, j'adore les vagues), qui a une flore et faune très pauvres, qui ne sent pas le varech, qui est très peu profonde (55m en moyenne) et qui gèle en partie en hiver. Je pourrais vous raconter d'autres anecdotes, comme celle de ces morues qui ne se reproduisent que dans la partie sud de la mer, puisque la partie nord ne contient pas assez de sel pour que les oeufs puissent flotter, critère essentiel à la survie de ceux-ci.

La mer Baltique, c'est aussi et surtout une autoroute maritime, avec un trafic colossal. La majorité des bateaux que l'on peut voir au large du Havre et du cap d'Antifer (si vous n'êtes pas trop loin allez y faire un saut, vous constaterez qu'il y a à chaque instant une grosse vingtaine de porte-containers, supertankers et autres méthaniers visibles à l'oeil nu) vont passer par cette mer sur laquelle voguent en permanence plus de 1800 navires. Il faut dire qu'avec les ports de Saint-Pétersbourg (pétrole et gaz), Riga (charbon et bois), Gdansk (pétrochimie) ou Kaliningrad, la Baltique joue un rôle considérable dans le transport maritime mondial et l'économie de la région. Et c'est là qu'est le hic.

En raison de ses caractéristiques si particulières, la Baltique a besoin d'une attention de tous les instants. L'absence de courants ou de houle fait que chaque pollution a des conséquences dramatiques sur une faune et une flore déjà naturellement menacées. Certains pays se font les chantres de sa protection à l'heure actuelle, alors qu'à une certaine époque ils ne se privaient pas pour polluer la Baltique à qui mieux mieux. Parmi eux la Suède, qui dans le nord, a déversé quantité de produits toxiques (au hasard du mercure et du cadmium), et est toujours aujourd'hui, et de loin, le pays le plus pollueur en matière de rejets de phosphore et d'azote rapportés au nombre d'habitants (la Pologne est première lorsque l'on se cantonne aux chiffres bruts). D'autres pays sont notoirement connus pour ne pas avoir encore de grandes considérations pour la mer, en l'occurence la Russie, dont les transports de pétrole (qui ont tout de même doublé sur les six dernières années) ne sont pas d'une sécurité à toute épreuve. Ajoutez à cela une pêche illégale en pleine expansion et des pays dont l'histoire politique et économique a été bouleversée ces vingt dernières années (un vieil article du Monde diplomatique montre déjà les prémisses de la crise à laquelle on assiste actuellement), et vous obtenez une gigantesque pelote qui va être difficile à démêler.

C'est entre autres à cet effet qu'a été créé le Conseil des Etats de la Mer Baltique [en] qui regroupe les pays pré-cités ainsi que l'Islande et la Norvège (qui a des fleuves qui se jettent dans la Baltique). Cette alliance créée en 1992, peu après la chute de l'URSS et une modification politique radicale de la région, a eu pour mission de protéger la zone en passant par le niveau politique (droits de l'homme, sûreté nucléaire) et le niveau économique (dévelopement des sociétés), en espérant aboutir à des résultats environnementaux. Parce que la Baltique, c'est un bon signe. Quand elle va, la région va.


Pour l'anecdote, les locaux du CBSS sont situés dans le Strömborg à Stockholm, ce château situé sur cette toute petite île (qui n'a d'ailleurs qu'un seul bâtiment) coincée entre la vieille ville et la partie nord de Stockholm.

Le Strömborg vu de haut.