Stylistique helléniste.
Il y a un peu plus de 5 ans, j'avais acheté par curiosité le premier album solo de Stephen Malkmus, le chanteur du défunt groupe indie Pavement (groupe resté relativement confidentiel dont j'aimais vraiment la diversité, Terror Twilight, leur "chant du cygne", est d'ailleurs une merveille).
J'avoue qu'à l'époque je n'avais pas été monstrueusement emballé par les chansons de Malkmus, bordéliques, sans ligne musicale directrice, souvent un peu molles. Un album au son assez différent de celui de Pavement, que j'avais très rapidement remisé dans la pile de disques sans même l'écouter entièrement (à l'époque j'étais comme qui dirait boulimique de musique, j'achetais un nombre incalculable de galettes par mois).
Et puis on change.
Parmi les chansons de l'album, Trojan curfew ("couvre-feu troyen"). Du grand n'importe quoi digne des grandes heures de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
Greek gods are communing
Beneath the doric arch
And they talk how small we humans are
They drink to Agamemnon
They toast his pyrrhic march
And wait for the sacrifices
Shepherds herd in real time
Sheep are barley-grazing on a field of green
Vines ripen to find
Troy will prevail
Trojan curfews prevail
So we got smashed on Ios
Down around some doric arch
And the trashed blonde scandi
Mistook me for a Swede
Her slurred medieval accent
Was like a puddle at my feet
You could see chopped tobacco in her teeth
Flaccid waves converging
On a rock hard strip of concrete
Near a field of green
We sign deutschmarks are fine
Aren't you too pale
Does it hurt you?
So pale
Trojan curfews prevail
Malkmus doit être la seule personne au monde à pouvoir faire rimer "doric arch" avec "pyrrhic march" [*]. A employer dans la même chanson les mots "Agamemnon" et "deutschmarks". Et à parler d'une scandinave mâchonnant du snus.
Rien compris à cette chanson, mais c'est ce qui lui donne tout son charme. Et qui me fait dire que décidément, j'adore tout ce qui a trait à la mythologie grecque, sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs.
[*] "pyrrhic" se traduit en français par "à la Pyrrhus". On l'emploie souvent dans le cadre de l'expression "une victoire à la Pyrrhus", qui signifie que la bataille a été gagnée mais au prix de lourdes pertes laissant un goût amer à celle-ci. Cette expression aurait été plus ou moins créée par Plutarque qui reportait les propos du roi Pyrrhus Ier après la bataille d'Ausculum, disant que si une nouvelle bataille avait lieu, ses troupes la perdraient tellement elles ont été décimées.
A l'instant j'imagine Eugène Saccomano lançant à la cantonade qu'une victoire de l'équipe de France de football face au Brésil en demi-finale de coupe du monde au prix de blessures graves pour Ribéry et Henry et d'un carton rouge pour Coupet est "une victoire à la Pyrrhus". Bon ok, pas crédible, mais bon.