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Carte postale suédoise: Les petites choses de Stockholm.

2 novembre 2006

Les petites choses de Stockholm.

Cette année la neige s'est faite un peu plus précoce qu'en 2004 et 2005, introduisant une chute extrêmement brutale des températures ces huit derniers jours. Toujours la même joie en voyant les flocons tomber pour la première fois, toujours cette idée de renouvellement de perspectives, même si l'on se lasse en quelques jours en pestant, forcément. C'est juste un univers qui change, qui extirpe du quotidien, qui interpelle et pousse à ouvrir les yeux. Comme au printemps. La nature se rappelle à nos bons souvenirs, pour ne pas que nos sociétés modernes l'oublient, pour rappeler que notre confort est finalement précaire.

Voitures enneigées

Inévitablement, comme chaque année, c'est le fameux snökaos [*] à la première tempête de neige. Annulation des bus, métros extrêmement retardés, voitures coincées ou roulant au pas car elles ne sont pas encore équipées de pneus neige. Malgré tous les inconvénients qu'il amène en ville (j'ai mis environ 2 heures à rentrer chez moi hier soir), j'avoue que j'aime assez la paralysie qu'il occasionne, les situations inédites qu'il provoque. Ces gens qui se parlent pour demander si un hypothétique bus viendra, alors qu'en temps normal tout le monde attend en silence à l'arrêt, le nez dans son téléphone portable. Ces regards dépités qui s'échangent avec une certaine complicité. Ces personnes auxquelles on n'aurait jamais parlé en temps normal. C'est un peu cela les imprévus, on fait face à l'adversité ensemble, et je me prends à souhaiter qu'il y ait davantage de coups durs, dans ce pays si tranquille où peu de choses arrivent à troubler le quotidien. Comme lorsqu'il y a des coupures d'électricité. Les gens sont comme bloqués, alors ils sortent de chez eux et se parlent, découvrent qu'ils sont entourés, et en oublient presque les ennuis causés.

J'aime assez cette idée de déclencheur pour agrémenter la vie de tous les jours de petites discussions ou événements volés. Ces petits instants qui donnent un sourire pour le reste de la journée. Comme mardi, cette grand-mère qui s'assoit à côté de moi avec sa petite fille. La gamine regarde ma montre avec curiosité, je lui demande si elle l'aime puis comment elle s'appelle. La grand-mère note mon léger accent, me demande si je ne suis pas anglais. Je lui réponds que je suis français, et elle me fait un grand sourire, et commence à me parler dans la langue de Molière. Pêle-mêle, Saint-Paul de Vence, Mont Saint-Michel et l'Île d'Oléron. Très apprêtée, elle a ce charme de la vieille bourgeoisie de Stockholm, cultivée mais discrète. Elle cherche visiblement ses mots, essayant de ne pas faire de fautes. Elle descend à T-Centralen, je continue. Elle se lève et prend sa petite fille dans les bras, me faisant un grand sourire et me disant merci de la conversation, ajoutant un "j'aime parler français, mais je parle mal, je me sens souvent comme une conne". J'adore les personnes âgées, ici. Dynamiques, ouvertes, pas trop américanisées, malicieuses, souvent humbles. Attachantes.

Sourire qui me sera resté durant le concert de Sparklehorse au Debaser, sur Medborgarplatsen.

Sparklehorse

Et au passage, un petit lien vers le site de Sol Seppy qui assurait la première partie, un spleen de chansons qui ne m'a pas laissé indifférent.


[*] Mot qui désigne l'ensemble des perturbations liées aux chutes de neige, en particulier dans les transports. J'avoue qu'il a un côté dramatique que je n'aime pas trop, ayant trop été habitué à entendre le mot "chaos" dans des situations pour le coup vraiment dramatiques. Même si la neige peut causer des accidents graves, évidemment.