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Carte postale suédoise: Jusqu'à plus soif.

26 octobre 2006

Jusqu'à plus soif.

Tapis de feuilles mortes
C'est pas que c'est l'automne, mais presque. On dirait pas, pourtant.

Parmi les clichés populaires ayant trait aux pays nordiques, l'écologie revient bien souvent. Il faut dire qu'avec les immenses forêts, l'omniprésence de l'eau et les grandes étendues vierges, on a souvent l'impression que ces pays sont des modèles de protection de l'environnement. Mais lorsque l'on y regarde de plus près et que l'on aborde la question de l'empreinte écologique (animation flash et test à faire) par habitant, il en est tout autrement.

Selon le dernier rapport [.pdf] du WWF, l'empreinte écologique globale de l'humanité a fortement augmenté ces trente dernières années. En d'autres termes, et ce n'est pas une révélation, l'homme, avec son mode de vie actuel, prend à la Terre plus que ce qu'elle ne peut offrir, ce qui signifie que notre société n'est pas viable sur le long terme.

Sans surprise, les pays dont les habitants polluent le plus sont les Emirats Arabes Unis et les Etats-Unis. Chiffre d'autant plus alarmant pour les Etats-Unis puisque, contrairement au premier pays, c'est un pays très peuplé, et donc dont les agissements ont énormément d'impact sur la santé de la planète. Mais puisque ce n'est pas parce que l'on habite dans un pays peu peuplé que l'on peut se permettre de polluer plus que les autres, regardons la suite de ce classement peu glorieux.

Alors que l'on s'attendrait à trouver un pays n'ayant pas du tout bonne presse à ce niveau, en troisième position, la Finlande, pays qui ne vient pas forcément à l'esprit en premier lorsqu'il s'agit de pollution. Suivie du Canada. La Suède, 8ème, n'est pas en reste. Suivent la Norvège et le Danemark. Ainsi, dans les 11 "premiers", on trouve les trois pays scandinaves et la Finlande, ainsi que le Canada, qui sont dans l'imaginaire collectif des pays qui sentent bon l'environnement préservé.

Evidemment le calcul de l'empreinte écologique est discutable (car il varie notamment en fonction de l'importance que l'on donne à telle ou telle pollution, typiquement la France a un gros pourcentage venant de l'utilisation du nucléaire, dont l'empreinte écologique n'est pas forcément évidente à calculer). Les données sont tout de même pondérées en faisant la différence entre pays "préleveur" et pays consommateur, qui ne sont évidemment pas forcément les mêmes. Par exemple la Suède prélève énormément de bois dans ses forêts, mais elle n'est évidemment pas la seule utilisatrice de ce bois, et un pays qui achète du bois ou du papier à la Suède est également considéré comme pollueur puisqu'il l'est par transitivité (même chose pour l'achat d'électricité ou l'achat de combustibles fossiles par exemple). Donc non seulement la consommation en elle-même qui importe, mais également son origine (même si cela pose après des problèmes géographiques, à savoir qu'un pays scandinave ayant un énorme potentiel hydroélectrique polluera moins qu'un pays ne bénéficiant pas de la géographie appropriée et devant construire des centrales à charbon, par exemple). S'ajoutent à cela le transport et le mode de production (manger une fraise de jardin à Plougastel en juillet ne consomme pas autant de ressources que manger une tomate hollandaise hors sol à Stockholm en décembre), et on voit rapidement que tous les pays ne sont pas sur un pied d'égalité, même si on "gagne" souvent d'un côté ce que l'on "perd" de l'autre. Tout est donc une affaire d'adéquation entre ce que l'on a et ce que l'on demande.

En lisant les détails de ce rapport, on constate que l'utilisation excessive de la voiture est à mettre en cause dans la majorité de l'empreinte écologique de la Suède, et que le pays n'est pas submergé par les gaz d'échappement uniquement parce qu'il est grand et très peu peuplé. Transposez le modèle de vie suédois aux Pays-Bas et vous obtiendrez un environnement irrespirable. Car voilà, je n'ai par exemple jamais vu autant de Hummer et de pickups que depuis que je suis à Stockholm. Et les petites voitures n'existant pratiquement pas, il est finalement logique qu'un Suédois ait une empreinte écologique plus importante qu'un Français. De nombreuses contraintes sont à prendre en compte pour pondérer tout cela (l'étendue des réseaux de communication, à savoir que certains pays sont mal équipés et que l'on y aura davantage tendance à prendre la voiture plutôt que le train), mais le constat est tout de même là : les pays les plus pollueurs (encore une fois, par habitant) ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Au final, une seule chose à retenir : on file droit dans le mur.

Quant à moi vous m'excuserez mais je cours m'abriter, il paraît que les tempêtes qui vont toucher la Suède dans les prochaines 24 heures sont les pires depuis celle de janvier 2005.