free web stats
Carte postale suédoise: Regard impressionniste.

22 octobre 2006

Regard impressionniste.

Hall de gare long au toit lumineux
La salle des pas perdus de la gare de Stockholm. Assez lumineuse, je l'aime plutôt bien, même si elle manque un peu de fantaisie. Elle abrite deux librairies regorgeant de policiers de poche, deux Burger King, un MacDo, trois cafés, un Forex et plein de gens qui proposent des American Express, des abonnements téléphoniques ou des séjours au soleil.

Il est des moments avec lesquels une musique colle parfaitement. Pas deux, non. Une. Comme si l'instant vécu était un bout de film dont la bande originale avait été spécialement composée pour amplifier l'atmosphère, intensifier l'émotion. Ces instants arrivent sans prévenir, au hasard du shuffle du baladeur mp3 ou du disque joué dans le bar ou à la radio. On ne leur associe rien en particulier, pas de souvenir, d'ailleurs les paroles ne sont pas importantes. Juste quelques notes auxquelles on porte une attention particulière parce qu'elles coïncident avec l'ambiance. Parfois un air que l'on n'aimait pas forcément avant, d'ailleurs, et que l'on oublie juste après.

Beaucoup de moments de ce type cette année, équipé cette fois-ci de mon baladeur mp3 qui rompt de temps en temps le silence du dehors. J'avais déjà parlé de ce moment unique accompagné du Confutatis.



Morceaux choisis.

Un champ de neige près de Sigtuna en février. Pas âme qui vive à l'horizon, juste du froid, de la neige, du ciel gris. Silence troublé par le vent qui souffle en bourrasques. Bande originale de The Hours, Morning Passages, ce long morceau d'introduction du film. Philip Glass et sa musique répétitive discrète s'inscrivent parfaitement dans cet univers hostile.



Début de soirée, en rentrant d'un restaurant où j'ai dîné avec mes collègues de travail (oui en Suède on dîne très tôt, j'ai encore du mal à m'y faire d'ailleurs). Je remonte Swedenborgsgatan, cette jolie rue de Södermalm. Atmosphère sombre dehors, je croise un gars à la tête désabusée, une drôle d'allure. Et la trompette de Life in a glass house de Radiohead. On imagine les effluves d'alcool et la fumée d'une cigarette, avec une déception. Et je m'engouffre dans le métro à Mariatorget.



Temps frais en allant à l'entreprise où je faisais mon travail de fin d'études, début avril. Le ciel est bien bleu, on sent que l'hiver s'éloigne. Je prends une grande bouffée d'air frais sur le vélo, Télépopmusik et son Breathe arrivent. Une grande joie s'empare de moi. Période heureuse, ciel qui va avec. Ce jour-là j'ai mis 30 minutes au lieu des 40 habituelles.



À l'avant d'un bus, sous la pluie, en rentrant du travail un soir. J'aime bien la pluie en ville. Les feux et les phares des voitures se reflètent partout, ils traversent les gouttes d'eau des pare-brise. Les essuie-glaces battent la cadence. Beck est là, avec Everybody's gotta learn sometimes. Autre période, autre ambiance. La roue a tourné.



Station de métro de T-Centralen. Mécaniquement, les métros déversent leurs flots de voyageurs pressés. Portes s'ouvrent, se ferment. Escalators et tapis roulants. Gens qui regardent leurs montres, marchent au pas, mais avec une certaine légèreté dans le geste. Pierre Hantaï entame la troisième des Variations Goldberg de Bach. Le spectacle devient fascinant.



Et il y a ces autres instants aussi. Moins esthétiques mais dont on se souvient tout autant.