Prévisions.
L'un de mes bâtiments préférés à Stockholm, au numéro 5 de Kungsgatan (emplacement). Assez atypique avec son style un peu art déco, on passe pourtant devant sans le remarquer. J'ai cherché des informations sur sa construction et son histoire, mais pas moyen d'en trouver, je me souviens seulement d'un article que j'avais lu dans DN il y a longtemps mais sur lequel je n'arrive malheureusement pas à mettre la main.
Après l'affolement musical de la fin août (Symphonie nº8 de Mahler, I det gröna, et concert en plein air de l'opéra), c'est un peu vaches maigres en ce moment. L'opéra donne Manon Lescaut et La Bayadère, et continue son cycle de l'Anneau de Nibelung (on en est actuellement à Siegfried, les Walkyries ne vont pas tarder à chevaucher joyeusement), c'est pas très sexy tout ça. Je serais bien enthousiasmé par La flûte enchantée dont les représentations vont s'étaler de la mi-octobre à début 2007, reste à trouver une victime pour m'accompagner. Cela fait un bon moment que j'aimerais voir cet opéra, qui est sans doute le premier que j'ai écouté dans mon enfance, séduit par le glockenspiel de Papageno et de Papagena dans Der Vogelfänger bin ich ja. Il me rappelle également quelques morceaux que j'avais joués à la flûte traversière (oh, Das klingelt so herrlich en duo...), et puis maintenant je suis mieux armé pour comprendre toutes les références de l'oeuvre, et elles sont nombreuses ! Mais voilà, la version donnée par l'opéra est la version suédoise ("Trollflöjten", ici traduit et adapté du livret original par Jan Mark, mais il existe une autre version plus connue écrite par Alf Henrikson en 1968, qui a d'ailleurs été transposée au cinéma par Ingmar Bergman en 1975). Pas la version originale allemande, donc. Pas de Zauberflöte. Nächstes Mal.
Je serais tout de même curieux d'entendre ce que cela peut donner. Car voilà, la traduction / adaptation est un phénomène assez courant dans l'opéra interprété en Suède. J'avoue qu'avant de venir ici je n'avais aucune idée que cela se faisait, même si évidemment cela existait dans le monde de la chanson (Les portes du pénitencier, Lili Marleen...), mais je ne savais pas qu'il en était de même pour le monde lyrique, n'ayant jamais entendu un opéra étranger chanté en français.
Puis un jour, lors de la soirée de gala d'une association dans laquelle je me suis un peu investi, une personne vient sur scène et la musique commence. C'est la habanera du Carmen de Bizet, le fameux "L'amour est un oiseau rebelle". En suédois. "Kärlek låter sig aldrig tvinga, som himlens fågel är den fri"... Sur le coup, autant dire que ça fait bizarre. Après quelques recherches le lendemain, j'apprends que cet air a été traduit et adapté en 1878 par Frans Hedberg, écrivain suédois qui a entre autres composé de nombreuses pièces de théâtre et écrit quelques livrets d'opéras (dont je ne connais rien).
C'est après que j'ai commencé à découvrir que nombre d'opéras (ou tout du moins d'airs connus) avaient été traduits et adaptés en suédois. L'air du toréador dans Carmen. L'air du Duc, Questa o quella, dans Rigoletto... La raison ? Alors je ne sais pas s'il y en a vraiment une, mais j'ai ma petite idée. Les Suédois en général, ce n'est pas une révélation, adorent chanter. Ensemble. Que ce soit à Allsång på Skansen (événement annuel qui se déroule l'été dans le parc de Skansen à Stockholm, sorte de grand concert où tout le public reprend des chansons en choeur), I det gröna, ou toute autre soirée où il y a un orchestre et un public, ou même parfois lorsqu'il n'y a pas d'orchestre, à l'anniversaire de pépé Anders ou lors de la remise de diplôme de Birgit. Ce qui donne un certain côté désacralisé à l'ensemble de la musique vocale, et par là même à l'opéra, puisqu'il n'est pas rare de voir des spectacles présentant un pot-pourri d'airs connus où le public est invité à chanter en même temps que les solistes ou les choeurs. J'avoue que c'est quelque chose qui me bloque, non pas que je refuse que l'on touche à des morceaux de musique classique, de surcroît des airs mondialement connus, mais je dirais que l'habitude de voir une musique classique assez éloignée des foules m'a toujours conditionné. Paraît pourtant que dans des stades de foot André Rieu fait chanter les gens sur la Jazz Suite nº2 de Chostakovitch.
D'où ma pensée du jour : 75 couronnes (8.20 euros) pour une bouteille de Muscadet Sèvre et Maine sur lie, autant dire que le plat de poisson d'hier soir était très très bon.