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Carte postale suédoise: Lectures d'été.

10 août 2008

Lectures d'été.

Livres posés sur le parquet

Températures propices au farniente et aux lectures sur un coin d'herbe, au bord de l'eau ou sur un banc public, beau bronzage en conséquence, démarcations bien franches au-dessus des coudes, anti-sexy au possible quand je suis torse nu.
De quoi reprendre le boulot avec entrain demain, en tout cas. Dix jours, c'est un peu court, mais ça sera mieux l'année prochaine, lorsque je bénéficierai enfin de l'intégralité de mes congés payés.

Bilan des courses :
  • Naissance des fantômes de Marie Darrieussecq : malgré un sujet qui actuellement me touche, ce livre n'a pratiquement rien éveillé en moi. Peu de pages mais énormément de longueurs et de banalités, des phrases grandiloquentes qui ne mènent à rien, c'est torturé mais finalement sans âme. Par moments, ça tente même d'imiter des descriptions à la Gracq, mais ça n'en a évidemment pas la classe. Ultra bobo, ultra surfait, ultra chiant.
  • Aimez-vous Brahms... de Françoise Sagan : une atmosphère qui m'a par moments rappelé Le bal du comte d'Orgel ou Moderato cantabile, et une petite musique qui sonne juste. Âpreté des relations, éternels retours, espoirs déçus, concessions, vie en grand et en moins grand.
  • La voyageuse de nuit de Françoise Chandernagor : son dernier livre, sorti en début d'année dernière. L'histoire de quatre sœurs que tout sépare, et qui seront réunies pour assister à l'agonie de leur mère, cette mère avec laquelle toutes ont eu une relation différente. Immersion dans le gynécée, phrases limpides, histoire de famille qui respire la vie. Un très bon livre qui touche.
    De nos "proches", que savons nous? On est dans sa famille comme au casino : autour de la table, chacun n'a reçu qu'une poignée de cartes et ignore le jeu des autres. [...] Certes, à mesure que les plus vieux passent la main, les survivants héritent les figures manquantes, les atouts cachés, le mistigri, bref "tout le paquet". Mais les dernières cartes ne leur rentrent qu'en fin de partie, à un âge où, à part la mort, plus rien n'est grave...

  • High Fidelity de Nick Hornby. Je l'avais déjà lu il y a quelques années, Hornby écrit toujours aussi bien, et est toujours aussi drôle. A lire en écoutant Pulp, évidemment.
  • Mondo et autres histoires, de J.M.G Le Clézio : je l'avais acheté pour une nouvelle, Lullaby, histoire qui avait marqué mes lectures d'enfant [1]. Univers oniriques et improbables, attachants malgré des personnages assez transparents. Invitation permanente au voyage.
  • Dictionnaire amoureux de la mythologie, de Jacques Lacarrière. Anthologie thématique faite à partir de différents textes de l'auteur de L'Été grec. On se prend à rêver, et à se retrouver sur les collines de Delphes, à Mycènes, au Cap Sounion ou dans l'Agora d'Athènes. J'ai vraiment envie de retourner en Grèce.
  • Boo.com och IT-bubblan som sprack ("Boo.com et l'explosion de la bulle Internet") : commencé dans le RER il y a quelques mois, je l'ai repris cet été, ayant davantage de concentration pour lire du suédois que le matin en allant au boulot. L'histoire mythique de trois trous du cul et de leur start-up à 135 millions de dollars, qui ont réussi à convaincre rien de moins que J.P. Morgan, Bernard Arnault ou la famille Benetton. L'histoire d'une campagne de publicité faramineuse qui a commencé avant même que la plate-forme technique soit en place, d'un site bien trop lourd pour être utilisé par les ordinateurs de l'époque (1999). Business plan ridicule et absence totale de la notion de service, un peu dommage pour ceux qui avaient précédemment créé avec succès la plus grosse librairie en ligne de Suède, bokus.com.
  • Nos jeunes, d'Aleksandr Soljenitsyne. L'actualité m'a donné entre les mains un livre de la période post-retour en Russie de Soljenitsyne (1997), celle qui a mis en avant ses penchants tsaristes et franchement droitiers. Je m'attendais au pire, et au final, c'est captivant, même si c'est un peu décousu. Trois histoires de jeunes en Union Soviétique, ces jeunes mis en avant par la propagande et finalement en réalité victimes, dans leur âme ou dans leur chair. Cette jeune enseignante de littérature qui voit son programme revu tous les ans, écrémé des écrivains "nuisibles", "hors du temps", ou qui "détournent les élèves de leur temps". Cet ingénieur idéaliste qui se voit obligé de travailler pour le Guépéou s'il ne veut pas que sa famille soit déportées aux îles Solovki. Ce fils de koulaks qui échappe de peu à la mort et se tourne vers l'écriture. Touchant.

[1] Quelques livres ont marqué mon enfance, comme ça. Le premier "long" livre que j'ai lu seul en entier, je crois que c'est Frères du vents, d'Eric Schings, en 1989. l'histoire de deux jeunes mousses qui s'embarquent pour un voilier direction l'Amérique du Sud. Le deuxième, celui qui a marqué ma petite enfance, c'est L'histoire du Prince Pipo, de Pierre Gripari, avec le cheval et la Princesse Popi. Et quelques années après, parcours classique, Six compagnons, Alice, tout le tintouin. Et Lullaby, donc.