Fifteen-year-old jukebox.
Profitant de l'achat d'un meuble télé laqué noir à grands tiroirs (davantage destiné à accueillir les éléments séparés de ma chaîne hi-fi que ma toute petite télé que je ne regarde pratiquement pas), j'ai sorti des cartons les disques que j'avais remisés sous le lit faute de place. Un peu de poussière et quelques redécouvertes.
Les goûts musicaux se font, se défont, se refont parfois, mais ce qui reste, ce sont les sonorités qui ont accompagné quelques moments de vie. Ces sonorités d'une époque, the soundtrack of your life, quoi.
Rétrospective, un CD symbolique par année.
1993. J'ai onze ans. La grande sœur et le grand frère font profiter le petit dernier que je suis de sonorités de "grands". Queen, U2, Nirvana. Le soir dans ma chambre, j'écoute les émissions pour ados et rêve d'une mini-chaîne pour enregistrer les tubes sur cassette audio. L'entrée en 6ème correspond à mon premier achat de CD. Ça sera Pablo Honey, d'un groupe encore débutant dont tout le monde s'arrache le single Creep, et qui répond au doux nom de Radiohead.
1994. Très influencés par les médias, mes copains de classe et moi voyons arriver une ère qui durera environ quatre ans. C'est celle de la Britpop. Oasis, Blur, et un peu à côté, Suede, Pulp, The Verve. Les frères Gallagher n'arrêteront pas de faire la une des journaux. Je rentre dans le moule, achète donc Definitely Maybe et écoute Supersonic, évidemment.
1995. La Britpop, encore et toujours. Entrée en quatrième, option allemand LV2 et grec ancien. A côté des bad boys de Manchester, un groupe un peu en retrait, Pulp. Different Class, avec ses fameux Common People et Disco 2000. Classes sociales, amours désabusées sont les thèmes de chansons que de toutes manières je ne comprends pas, mais dont j'aime les mélodies. Ce n'est que longtemps après que je me rendrai compte qu'à l'instar de sa chanson peu connue Underwear, Pulp était un groupe vraiment exceptionnel.
1996. Mes goûts musicaux commencent à se former. Bientôt la fin du collège, et je suis tiraillé entre les goûts de l'enfance et l'entraperçu du lycée. Les "grands" me disent d'acheter un disque que je n'aimerai pas. If you're feeling sinister, de Belle & Sebastian, et son Like Dylan in the Movies. Trois ans plus tard, j'achèterai l'album précédent ainsi que le suivant. Comme quoi.
1997. L'entrée au lycée Corneille. La rencontre avec des personnes aux goûts musicaux beaucoup plus élaborés que les miens me fait découvrir énormément de nouvelles sonorités. Les graveurs de CD se généralisent et les bootlegs commencent à tourner sous les bureaux, remplaçant les cassettes pirates. Et comme je ne peux pas passer à côté de ce monument, je fais tourner en boucle OK Computer, de Radiohead. Peut-être le disque que j'aurai le plus écouté en un mois. Karma Police, clip incompréhensible à la David Lynch.
1998. Année musicalement très riche qui m'empêche de ne citer qu'un seul nom. Période qui coïncide avec le début de mes années Inrocks. Beck et son Mutations me tiendront compagnie toute l'année. Elliott Smith sort XO, son meilleur album jusqu'alors. Les Smashing Pumpkins, avec Adore, réatteignent la perfection de Mellon Collie and the Infinite Sadness, et sont loin d'avoir rendu une Blank Page. Portishead sort son live PNYC, avant une longue aphonie. Et enfin, et surtout, il y a Deserter's Songs, de Mercury Rev, qui touche au sublime.
Tonite it shows, deuxième chanson de l'album.
1999. Le bac de français a eu lieu, vacances d'été en Bretagne que je passe à dormir - jusqu'à 18 heures par jour -, ayant attrapé une mononucléose. Musicalement, c'est le retour à du moins compliqué. Il faut dire qu'on se met enfin à bosser, et qu'on a peut-être un peu moins le temps. Ah ah ah. Showbiz, de Muse, avec ses deux très bons clips Muscle Museum et Sunburn.
2000. L'année du bac et celle du début de la prépa. Days of wine and roses, disque posthume d'un Michel Petrucciani disparu l'année d'avant et qui emportait avec lui son September 2nd. En prépa j'ai perdu mes amis connaisseurs de musique, je dois maintenant la plupart de mes tuyaux aux Inrocks. Enfin, plus pour longtemps, étant donné que le magazine va bientôt essayer de singer Télérama, et que la seule chose qui m'intéressait dans les Inrocks, c'était la musique.
2001. Je regarde les Twin Towers s'effondrer en direct à la télévision, à la rentrée de spé. Je les revois en boucle, médusé, collé à l'écran de la télévision du salon. Le lendemain mercredi, devoir surveillé de maths, pas un mot sur l'événement. Certains coreligionnaires n'ayant pas sorti le nez de leurs cahiers apprennent la nouvelle 24 heures plus tard dans la cour du lycée, et je me dis alors que la prépa est tout de même assez désolante. Les Strokes sortent Is this it. Le vrai rock a, d'après beaucoup de monde, retrouvé ses lettres de noblesse, notamment avec Last Nite.
2002. Première année en école d'ingénieur. J'ai trouvé un colocataire avec qui je peux parler du dernier Mercury Rev et qui me prête ses CD de New Order. L'été, je travaille sur des chantiers, à poser des câbles électriques dans des chemins de câbles trop étroits et à équiper des Tableaux Généraux Basse Tension. Je me réveille très tôt le matin pour aller bosser, et pour me consoler de la disparition de Portishead, j'écoute Out of Season, de Beth Gibbons et Rustin Man.
Mysteries.
2003. Le projet suédois est né un soir de septembre. Dans les nombreux allers et retours en TGV pour les vacances, j'écoute l'album éponyme d'Émilie Simon, accompagné de son Désert, en pensant à l'avenir. Dans une clé USB mp3, les premières du genre, ce qui fait que les gens, au cours du voyage, me demandent parfois ce que c'est.
2004. L'année du départ en Suède (et de l'ouverture de ce carnet !), l'année des championnats de France d'aviron, l'année de Keren Ann et de son Not going anywhere.
2005. Année de disette. Je regarde à la télévision les excellentes publicités de Friends.se, et découvre The Perishers, avec Let there be morning. My heart fera l'objet d'une publicité qui sonne juste en rappelant les bons souvenirs des brutalisations à l'école, et demande ce que l'on ferait si ça se passait de la même manière au travail. Je me dis alors que les violences prennent parfois une autre forme, plus incidieuse.
2006. L'année de la fin de mes études, de la vraie entrée dans l'âge adulte. Celle de la vraie vie en Suède. Je découvre Sol Seppy en concert, avec son The bells of 1 2. Je tombe sous le charme de Human.
2007. Retour de Suède, blackout total. Sans doute trop de choses à faire, aucun disque acheté, je ne sais même pas qui est Mika.
2008. Beaucoup de CD achetés ces derniers temps, pour compenser. Sans doute moins représentatifs car souvent classiques. Mais que voulez-vous, fin du billet, to be continued...
Les goûts musicaux se font, se défont, se refont parfois, mais ce qui reste, ce sont les sonorités qui ont accompagné quelques moments de vie. Ces sonorités d'une époque, the soundtrack of your life, quoi.
Rétrospective, un CD symbolique par année.
1993. J'ai onze ans. La grande sœur et le grand frère font profiter le petit dernier que je suis de sonorités de "grands". Queen, U2, Nirvana. Le soir dans ma chambre, j'écoute les émissions pour ados et rêve d'une mini-chaîne pour enregistrer les tubes sur cassette audio. L'entrée en 6ème correspond à mon premier achat de CD. Ça sera Pablo Honey, d'un groupe encore débutant dont tout le monde s'arrache le single Creep, et qui répond au doux nom de Radiohead.
1994. Très influencés par les médias, mes copains de classe et moi voyons arriver une ère qui durera environ quatre ans. C'est celle de la Britpop. Oasis, Blur, et un peu à côté, Suede, Pulp, The Verve. Les frères Gallagher n'arrêteront pas de faire la une des journaux. Je rentre dans le moule, achète donc Definitely Maybe et écoute Supersonic, évidemment.
1995. La Britpop, encore et toujours. Entrée en quatrième, option allemand LV2 et grec ancien. A côté des bad boys de Manchester, un groupe un peu en retrait, Pulp. Different Class, avec ses fameux Common People et Disco 2000. Classes sociales, amours désabusées sont les thèmes de chansons que de toutes manières je ne comprends pas, mais dont j'aime les mélodies. Ce n'est que longtemps après que je me rendrai compte qu'à l'instar de sa chanson peu connue Underwear, Pulp était un groupe vraiment exceptionnel.
1996. Mes goûts musicaux commencent à se former. Bientôt la fin du collège, et je suis tiraillé entre les goûts de l'enfance et l'entraperçu du lycée. Les "grands" me disent d'acheter un disque que je n'aimerai pas. If you're feeling sinister, de Belle & Sebastian, et son Like Dylan in the Movies. Trois ans plus tard, j'achèterai l'album précédent ainsi que le suivant. Comme quoi.
1997. L'entrée au lycée Corneille. La rencontre avec des personnes aux goûts musicaux beaucoup plus élaborés que les miens me fait découvrir énormément de nouvelles sonorités. Les graveurs de CD se généralisent et les bootlegs commencent à tourner sous les bureaux, remplaçant les cassettes pirates. Et comme je ne peux pas passer à côté de ce monument, je fais tourner en boucle OK Computer, de Radiohead. Peut-être le disque que j'aurai le plus écouté en un mois. Karma Police, clip incompréhensible à la David Lynch.
1998. Année musicalement très riche qui m'empêche de ne citer qu'un seul nom. Période qui coïncide avec le début de mes années Inrocks. Beck et son Mutations me tiendront compagnie toute l'année. Elliott Smith sort XO, son meilleur album jusqu'alors. Les Smashing Pumpkins, avec Adore, réatteignent la perfection de Mellon Collie and the Infinite Sadness, et sont loin d'avoir rendu une Blank Page. Portishead sort son live PNYC, avant une longue aphonie. Et enfin, et surtout, il y a Deserter's Songs, de Mercury Rev, qui touche au sublime.
Tonite it shows, deuxième chanson de l'album.
1999. Le bac de français a eu lieu, vacances d'été en Bretagne que je passe à dormir - jusqu'à 18 heures par jour -, ayant attrapé une mononucléose. Musicalement, c'est le retour à du moins compliqué. Il faut dire qu'on se met enfin à bosser, et qu'on a peut-être un peu moins le temps. Ah ah ah. Showbiz, de Muse, avec ses deux très bons clips Muscle Museum et Sunburn.
2000. L'année du bac et celle du début de la prépa. Days of wine and roses, disque posthume d'un Michel Petrucciani disparu l'année d'avant et qui emportait avec lui son September 2nd. En prépa j'ai perdu mes amis connaisseurs de musique, je dois maintenant la plupart de mes tuyaux aux Inrocks. Enfin, plus pour longtemps, étant donné que le magazine va bientôt essayer de singer Télérama, et que la seule chose qui m'intéressait dans les Inrocks, c'était la musique.
2001. Je regarde les Twin Towers s'effondrer en direct à la télévision, à la rentrée de spé. Je les revois en boucle, médusé, collé à l'écran de la télévision du salon. Le lendemain mercredi, devoir surveillé de maths, pas un mot sur l'événement. Certains coreligionnaires n'ayant pas sorti le nez de leurs cahiers apprennent la nouvelle 24 heures plus tard dans la cour du lycée, et je me dis alors que la prépa est tout de même assez désolante. Les Strokes sortent Is this it. Le vrai rock a, d'après beaucoup de monde, retrouvé ses lettres de noblesse, notamment avec Last Nite.
2002. Première année en école d'ingénieur. J'ai trouvé un colocataire avec qui je peux parler du dernier Mercury Rev et qui me prête ses CD de New Order. L'été, je travaille sur des chantiers, à poser des câbles électriques dans des chemins de câbles trop étroits et à équiper des Tableaux Généraux Basse Tension. Je me réveille très tôt le matin pour aller bosser, et pour me consoler de la disparition de Portishead, j'écoute Out of Season, de Beth Gibbons et Rustin Man.
Mysteries.
2003. Le projet suédois est né un soir de septembre. Dans les nombreux allers et retours en TGV pour les vacances, j'écoute l'album éponyme d'Émilie Simon, accompagné de son Désert, en pensant à l'avenir. Dans une clé USB mp3, les premières du genre, ce qui fait que les gens, au cours du voyage, me demandent parfois ce que c'est.
2004. L'année du départ en Suède (et de l'ouverture de ce carnet !), l'année des championnats de France d'aviron, l'année de Keren Ann et de son Not going anywhere.
2005. Année de disette. Je regarde à la télévision les excellentes publicités de Friends.se, et découvre The Perishers, avec Let there be morning. My heart fera l'objet d'une publicité qui sonne juste en rappelant les bons souvenirs des brutalisations à l'école, et demande ce que l'on ferait si ça se passait de la même manière au travail. Je me dis alors que les violences prennent parfois une autre forme, plus incidieuse.
2006. L'année de la fin de mes études, de la vraie entrée dans l'âge adulte. Celle de la vraie vie en Suède. Je découvre Sol Seppy en concert, avec son The bells of 1 2. Je tombe sous le charme de Human.
2007. Retour de Suède, blackout total. Sans doute trop de choses à faire, aucun disque acheté, je ne sais même pas qui est Mika.
2008. Beaucoup de CD achetés ces derniers temps, pour compenser. Sans doute moins représentatifs car souvent classiques. Mais que voulez-vous, fin du billet, to be continued...