free web stats
Carte postale suédoise: Europe et haines.

11 novembre 2009

Europe et haines.

Quai de la gare

Il est écrit qu'avec le temps, les événements d'importance se vident au fur et à mesure de leur sens émotionnel et prennent alors un sens historique, devenant une partie de l'Histoire. On enlève la chape de passion qui les entoure, on les analyse à froid, on explicite le pourquoi du comment, et on écrit quelques pages dans les livres scolaires, pages destinées à celles et ceux qui n'auront pas connu l'événement, pour qu'ils comprennent. Qu'ils comprennent l'événement, à défaut de pouvoir vivre l'émotion qu'ils ont suscitée.

Sur nos divers écrans, ces derniers temps, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. 11 septembre. Chute du Mur. Images d'événements qui passent en boucle. Rostropovitch au pied du mur passe avant les causes qui ont mené à son érection [1]. La fascination morbide pour ces avions qui s'écrasent et ces gens qui sautent, encore et encore. Ces documentaires qui montrent les jours J sous tous les angles, filmés caméra au poing, sans aucun commentaire, succession d'images sans contexte qui tentent de susciter l'émotion, n'expliquant pas les causes d'avant, ni les conséquences d'après. Scènes de joie et de tristesse de l'instant où le mur tombe, ignorance des années de transformation qui suivirent. Scènes de panique des gens fuyant les tours, qui masquent les changements qui après coup ont eu lieu dans la politique étrangère américaine. Émotionalisation.

Sur le moment, évidemment, instants de fantasme politique, monde à re-conceptualiser, à ré-inventer, sensations rares. Violence symbolique du mythe de la liberté occidentale [2] , fin du monde tel que nous l'avons connu, paroles superflues.
Mais l'émotion, elle était à ce moment-là, en 1989, en 2001, et plus maintenant. Elle était là, quand j'avais 7 ans, lorsque les adultes nous disaient de venir voir la télévision en disant "c'est important, vous ne pouvez pas comprendre ce que ça a été, mais c'est important, regardez, c'est une page d'histoire qui se tourne". Elle était là, quand on a vu la forteresse américaine vaciller en direct sur toutes les chaînes du monde.

Ces derniers jours, on a tenté de reproduire, au lieu de comprendre. De mimer, de créer l'émotion, ad nauseam. Jusqu'à vider l'événement de sa substance. Je déteste les émotions instrumentalisées, les émotions imposées.

Répétez en chœur avec moi. "Ma petite maman chérie, je vais mourir !".



Sur ce, vous m'excuserez, mais je retourne à mon orgasme musical du moment, interprété par un homme qui, lui aussi, avait fuit l'est pour rejoindre l'ouest.










[1] Du mur, pas de Rostropovitch.
[2] Bel article amer du philosophe slovène Slavoj Zizek "Derrière le Mur, les peuples ne rêvaient pas de capitalisme".


Tiens sinon, aujourd'hui, Wipeout a été mis à jour en version 2.10. Dans la release note, on trouve "Des changements ont été apportés pour que les publicités diffusées pendant les chargements n'augmentent pas les temps de chargement du jeu". Mouahahah. Je me disais bien.




Ah, et tant que j'y suis, off to London for a frankly well-deserved one-week vacation.