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Carte postale suédoise: Arguments surprenants.

4 août 2004

Arguments surprenants.

J'ai eu aujourd'hui une conversation rapide avec une collègue de travail. Une conversation sur l'utilité de l'orthographe. Sur sa raison d'être, sur ce qui fait qu'elle a dans notre société un caractère relativement discriminant.

Evidemment je me suis posé en ardent défenseur de l'orthographe. Défenseur du fait que l'orthographe donne une assise évidente à des propos écrits et que des fautes d'orthographe dans un texte lui ôtent immédiatement toute crédibilité. Mais lui avançait d'autres idées. Il me demandait pourquoi dans notre société l'orthographe était si importante. Pourquoi on ne tolérait pas les fautes dans la mesure où elles ne nuisent pas à la compréhension et à la "beauté" même de la phrase. Evidemment il tentait de justifier ses carences en orthographe. Mais d'un autre côté il posait des questions très intéressantes quant à la valeur même de l'orthographe. Pourquoi elle avait été érigée en qualité suprême. Pourquoi quelqu'un qui a des problèmes en orthographe est plus aisément pardonné que quelqu'un qui a des problèmes en mathématiques. Et pourquoi personne ne trouve rien à y redire. Parce que finalement, l'orthographe n'est qu'un pur jeu totalement arbitraire.

J'avoue que j'ai eu énormément de mal à lui répondre. Parce qu'évidemment il était très aisé de lui répondre que lorsqu'un texte est truffé de fautes d'orthographe, on ne porte même plus attention à son contenu. Mais c'était d'autres arguments qu'il attendait, des arguments qui ne font pas appel à un jugement de valeur. Dans son discours il transparaissait qu'il était beaucoup plus utile pour la société de savoir que cos(0)=1 et que i²=-1. Que l'orthographe n'avait aucune portée utilitaire, qu'elle était seulement un moyen de discrimination pur et simple. Un bon moyen de mettre en avant des carences éducatives, par exemple. Je tentais néanmoins de le convaincre que l'orthographe structurait l'esprit, donnait des repères. Qu'il aidait à comprendre l'esprit même de la langue. Non, ça n'allait pas. Ne pas se conformer à des standards définis arbitrairement sans raison. Et à chaque fois que je lui donnais un exemple d'arbitrage défini sans raison il lui trouvait une utilité. Mais à l'orthographe, aucune.

Rien n'y a fait. Désarmé...