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Carte postale suédoise: De l'art de la flatterie.

23 août 2004

De l'art de la flatterie.

L'occasion était trop belle pour que je la laisse passer. Le Monde relate aujourd'hui un article paru dans le magazine américain Time (magazine relativement voyeuriste et qui se voudrait politiquement subtil, mais que je mettrais finalement au même rang que Paris Match). Dans cet article, on apprend que Nantes est jugée par quelques journalistes américains comme la
ville la plus agréable d'Europe

(par un syllogisme qui ne manque par ailleurs pas de sel).Tout simplement. Ingrat que je suis, je quitte dans cinq jours la ville la plus agréable d'Europe. J'ai toujours été par principe réticent à tous ces classements de villes (on fait la même chose pour les lycées, les hôpitaux, toujours cette volonté de "mettre une note"...), pour la simple et bonne raison qu'ils sont évidemment très subjectifs et dépendent de la vie que l'on y mène. Evidemment, on a une plus belle vie à Paris quand on habite dans le 5ème qu'à Barbès (sans dénigrement de ma part attention). Evidemment on est content d'avoir un opéra dans sa ville lorsque l'on en a non seulement les moyens mais également la culture associée pour y aller. Alors finalement je vais célébrer Nantes alors que d'autres personnes pourraient la conspuer. Mais tant pis.

Nantes c'est le plus grand réseau de tramway de France (34 km, le premier tramway "moderne" de France puisqu'il existe depuis 1985), c'est l'une des trois seules villes de France où la part des déplacements en voiture a diminué ces dix dernières années, c'est un nombre pléthorique de musées qui n'ont rien à envier à leurs homologues parisiens, c'est plus de 175 hectares de parcs et de jardins, c'est une agglomération de 566 000 habitants à taille humaine, c'est un nombre incroyable d'associations, d'actions sociales, de manifestations culturelles (les Folles Journées par exemple, dont le concept a été copié partout dans le monde, notamment à Tokyo) et sportives, c'est une ville accessible aux handicapés, c'est une ville qui bénéficie d'un climat exceptionnel (ni trop chaud ni trop froid, pour moi qui suis normand le changement est radical), et puis, et puis... Que de phrases dithyrambiques, ma foi. Enfin voilà, je crois en avoir assez fait. Nantes, c'est l'avantage d'une grande ville dynamique sans les inconvénients inhérents. Et il est incroyable de voir les différences existant entre Nantes il y a quinze ans et ce qu'elle est aujourd'hui. Le jour et la nuit. Comme quoi...

Dans cet article un petit encart également sur Grenoble, qualifiée de pôle d'excellence. A juste titre, avec une belle envolée lyrique de l'auteur de cet article :
Quiconque voit dans la France un pays qui renâcle au travail, méprise les étrangers et passe son temps à ressasser le glorieux passé serait forcément stupéfié par Crolles 2, gigantesque centre de recherche et d'industrie situé à la sortie de Grenoble.

Un journaliste américain qui dit cela, voilà qui calmera peut-être les ardeurs d'un certain nombre de ces personnes qui nous parlent sempiternellement de l'éternel déclin de la France et des investissements qui y sont faits. Attention quand même à ne pas croire que tous les journalistes de Time tombent en admiration devant Grenoble. Cet article est bien entendu paru dans l'édition européenne de l'hebdomadaire américain (qui est le magazine dont le tirage est le plus élevé au monde). Pas une trace de celui-ci dans l'édition américaine, évidemment.

Ou l'art de ménager les susceptibilités, dans un sens comme dans l'autre. Chapeau.