C'est l'histoire d'un décollage...
Et voilà. Evidemment je ne l'ai pas vu venir, ce retour. En arrivant en septembre, décembre me paraissait bien loin. Mais tout est passé à une vitesse folle, forcément. Sans que je m'en aperçoive. Et finir par une session d'examens, évidemment...
En relisant mes premiers billets suédois je mesure le chemin parcouru. Tous ces noms étranges qui me sont devenus si familiers. Toutes ces rues qui se sont personnifiées, en devenant plus qu'un vague nom exotique sur un plan. Ces noms qui ont l'air pourtant tellement surprenants pour le touriste. Mais voilà, quatre mois ce n'est pas rien. Un temps suffisant pour être rentré dans les bâtiments, les avoir vu vivre. Un temps déjà suffisant pour avoir vécu des histoires dans cette ville du nord, cette ville que je connais maintenant aussi bien que Paris.
Et je me rappelle de mon arrivée. Relativement perdu au milieu de tout ce charivari, ces sons auxquels je n'étais pas habitué. Effroi en me disant que c'était l'une des premières fois où je parlais une langue étrangère avec des non-francophones. Et finalement tout s'est passé à merveille, le courant est passé. Alors maintenant j'en souris. Et je regarde en peu en arrière, chose que je n'ai pas faite depuis mon arrivée. Que me reste-t-il de ces quatre premiers mois ?
Beaucoup de joies, à n'en pas douter. Des yeux qui pétillent. Des sourires, des incompréhensions, des clins d'oeil, des chocs de cultures, des points communs insoupçonnés. Des repas bruyants où l'on parle au moins quatre langues différentes. Des étudiants globe-trotters à la curiosité aiguisée. Et surtout, une tolérance, un vrai respect de l'autre dans sa différence. Il n'y a peut-être pas beaucoup de soleil dans le ciel, ici. Mais il y en a assurément dans les coeurs. Et c'est sans doute le plus important (oui je sais, cette phrase est mièvre, voire très mièvre... mais j'assume). Un étudiant du Pérou qui prend des cours du soir en français, un étudiant chinois qui vous dit que l'autre jour il a lu Marguerite Duras. Cette étudiante belge qui a étudié en Equateur et qui parle à des Espagnols. Et moi qui parle allemand avec un Munichois alors que je n'ai jamais traversé le Rhin. Le Terre est bien petite, finalement.
Je repense alors à cette question posée : "ce séjour a-t-il répondu à tes attentes ?". Je n'avais pas d'attentes. Peut-être étaient-ce plutôt mes hôtes qui avaient des attentes à mon niveau. J'espère ne pas les avoir déçus.
Et je regarde à nouveau en avant. C'est toujours à la veille de partir que l'on se dit que l'on n'a pas fait ceci ou cela, que l'on aurait dû prendre le temps de faire ça, d'aller là-bas... C'est sans doute cette liste de tout ce qu'il y a encore à faire qui me donnera le sourire au moment de reprendre l'avion en janvier. Car voilà, je suis content de repartir en France. Mais je serai tout aussi content de revenir ici en janvier. En me disant que je viens d'utiliser le mot "revenir" et non pas "repartir" pour parler de ce pays que je considère un peu maintenant comme le mien...
Sans doute un peu moins de billets pendant ces vacances. Un recentrage sur des affaires franco-françaises. Peut-être un bilan de ces six premiers mois de carnet. Des bonnes résolutions. Ou alors...
Voilà donc. Merci donc à toutes celles et tous ceux qui m'auront accompagné ces quatre mois. Ces mois qui feront forcément partie de ceux qui auront marqué mon esprit à vie. Merci également à cette blogosphère qui m'a permis de me trouver quotidiennement une place. Merci à ces blogueuses et blogueurs qui, par leurs commentaires, m'ont également fait partager leurs doutes, leurs états d'âme ou leur regard sur la vie. Bravo également pour tous ces billets que vous avez écrits et qui auront démontré que non, il n'y a pas que ceux qui ont la parole qui ont des choses à dire. Et que oui, la blogosphère a bien une âme. L'âme de ces gens généreux qui écrivent sans rien attendre en retour, si ce n'est un sourire ou une larme, peut-être. Alors quand je lis ce blogueur qui s'inquiète du fait que ses billets pourraient avoir une influence néfaste sur l'image de sa boîte (comprenne qui pourra), je ris un peu jaune. De ces gens qui ne font jamais rien gratuitement et le font savoir. Qui raisonnent à travers leur porte-monnaie jour et nuit. Et qui un jour s'étonnent que le vent tourne et leur revienne en pleine figure. Enfin je m'égare. Pouf pouf.
La Normandie m'appelle. Normandie que je n'ai pratiquement pas vue depuis maintenant huit mois. Bientôt le solstice d'hiver ici, nous voilà arrivés au record. 18 heures de nuit. Le billet des superlatifs, somme toute.
Coucher de soleil.
Vendredi 17 décembre 2004 | ||
Soleil | Lever : 8h40 | Coucher : 14h47 |
Temps | Pluvieux | 3°C |