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Carte postale suédoise: Des méfaits de la communication.

2 février 2005

Des méfaits de la communication.

Hier matin, j'ai eu la surprise de trouver en pleine page d'un quotidien réputé sérieux, la Svenska Dagbladet, ceci :

Photo de l'appel au dons de Médecins sans frontières, 1er février

Appel aux dons pour Médecins sans frontières, SvD, 1er février 2005.

"Aidez-nous à aider les sinistrés d'Asie du sud !

Le raz-de-marée qui a suivi le tremblement de terre en Asie du sud a touché au moins un million de personnes.
Médecins sans frontières envoie en ce moment du personnel médical et des équipements de première nécessité dans la région pour combattre les épidémies et venir en aide aux blessés et aux sans-abri.

Nous avons besoin de votre aide !"


Médecins sans frontières avait pourtant il y a un mois annoncé l'arrêt des appels aux dons pour cette cause (la politique de MSF étant d'attribuer les dons uniquement aux causes pour lesquelles ils ont été faits), provoquant certains remous parmi les autres organisations humanitaires. La vision de cet appel dans un grand quotidien (500 000 exemplaires chaque jour pour un pays de 9 millions d'habitants tout de même) m'avait donc quelque peu interloqué. Incohérence ? De la part de MSF, cela me surprenait.

Et ce matin j'ai eu le "soulagement" de trouver ceci :

Photo de l'appel au dons de Médecins sans frontières, 2 février

Appel aux dons pour Médecins sans frontières, SvD, 2 février 2005.

"Nous avons besoin d'argent. Mais pas pour l'Asie du sud.

Dans le journal d'hier, SvD a publié une annonce erronée pour Médecins sans frontières, qui semblait dire que nous demandions de l'argent pour l'Asie du Sud. Ce n'est pas vrai. Médecins sans frontières a cessé de rassembler des fonds pour cette catastrophe depuis le 4 janvier. Nous avons reçu suffisamment pour mener à bien notre action présente et nos projets sur place. C'est pourquoi nous n'avons plus besoin d'argent dédié à cette cause.
Mais nous avons besoin de continuer notre effort pour pouvoir venir en aide rapidement aux victimes des prochaines catastrophes. C'était grâce à la présence de nos bénévoles avec de l'argent non-dédié que nous avons pu être présents en Asie du sud et commencer immédiatement à travailler.
Nous avons peut-être davantage besoin de la générosité du monde dans ces 80 pays auquel nos bénévoles viennent en aide chaque jour, dans des endroits où la misère est aussi importante, où les caméras de télévision ou les microphones des reporters ne se dépêchent pas. Nous avons également besoin de votre aide au Soudan, au Congo, en Somalie ou en Ouganda, pour ne nommer que quelques pays.
Merci de votre soutien."


J'ai toujours été surpris de la légèreté avec laquelle certains peuvent agir, surtout lorsqu'ils savent qu'ils vont toucher plusieurs millions de personnes. Quid de la relecture du journal ? Une publicité comme cela aurait pourtant dû attirer l'oeil lors de la relecture. Quelles peuvent être alors les conséquences de cette bévue (une pantoufle d'or s'impose, évidemment) sur l'argent envoyé à MSF ?

J'ai un peu hésité avant de mettre en ligne ces deux photos, en me disant qu'elles écorchaient un peu l'image d'une organisation (prix Nobel de la paix en 1999) que je respecte non seulement pour son travail, mais également pour son honnêteté intellectuelle. En me disant qu'une erreur tierce aussi grossière peut discréditer une organisation. Mais en me disant surtout que douter de la clairvoyance des lecteurs qui se hasardent ici, ce n'était sans doute pas la meilleure des choses à faire.

Parce que la communication, ce n'est en aucun cas le reflet des actes sur le terrain. Malgré ce que peuvent en dire certains.