Et encore...
Lorsque j'avais décidé de partir à l'aventure, nous n'étions, au sein de ma promotion, pas encore particulièrement nombreux à toquer à la porte du séjour à l'étranger. Une quarantaine de curieux, tout au plus. Il faut dire que partir deux ans alors que l'on ne sait pas forcément encore ce que l'on va faire, c'est long. Couper un peu les ponts, quand même. Ne pas savoir si cela nous plaira. Alors ça n'attirait pas les foules. Des prétendants qui voulaient vivre une expérience, motivés par un pays particulier, une culture. Des curieux qui n'avaient que peu d'intérêt pour les retombées de ce séjour sur leur pedigree. Alors si le dossier était correctement monté, tout allait. Il suffisait d'établir les contacts nécessaires et l'aventure nous attendait.
Mais entre-temps, un certain nombre de choses ont changé. On a décrété que, partir à l'étranger, c'était "un plus sur un CV". On le claironne partout, hebdomadaires étudiants ou orientés grandes écoles. Une petite touche qui montre que l'on est entreprenant, curieux... Permettant surtout de s'attirer les faveurs des DRH. Enfin c'est ce que l'on dit.
Alors lorsque j'ai appris que cette année, dans ma promotion, 165 personnes avaient postulé pour partir effectuer un séjour à l'étranger, je n'ai pas été particulièrement surpris. Seulement un peu déçu de voir que c'est comme cela que ça devait se passer. Forcément, la sincérité s'est envolée. On ne part plus sur un coup de coeur, on calcule. On se renseigne. On fait des plans sur la comète, en se demandant si ça vaut le coup.
Evidemment les 165 postulants ne partiront pas tous. Sélection obligatoire. Sur quels critères ? Comme toujours, les résultats scolaires trancheront. Au mépris de ceux pour qui le double-diplôme était un rêve. Au mépris de ceux qui ont un peu mis les cours de côté pour s'investir dans des associations de l'école. Favorisant ces gens pour qui le départ est un moyen, et non une fin. On nous répondra qu'il est difficile d'effectuer une sélection autrement.
Finalement je suis parti au bon moment, moi...