Munch, peut-être plus qu'un cri...
Parfois, on croirait qu'un oeuvre a été bâtie sur un morceau de musique. Celle de Munch aurait pu l'être. Une nuit sur la Mont chauve, de Moussorgski.
Sur le papier, Munch, ce n'est pas glamour. C'est même sombre. Très sombre. Un peu comme la nuit norgévienne en hiver. Il faut peut-être dire que la vie ne l'a pas toujours gâté.
Edvard Munch est né en Norvège (à Christiana, devenue par la suite Oslo) en 1863. Sa vie est d'emblée marquée par la mort, puisque sa mère est emportée par la tuberculose en 1868. Sa soeur aînée la suit de peu, alors que sa plus jeune soeur souffre d'une maladie mentale dès son plus jeune âge. Edvard est lui-même souvent sujet à la maladie (il aura survécu à la tuberculose, la bronchite et la grippe espagnole). Seul l'un de ses frères semble échapper à ce fléau et parvient à se marier. Peine perdue, il mourra six mois après la noce.
Autoportrait avec cigarette, 1895. Une vie qui se consume...
L'oeuvre de Munch commence alors à graviter autour de deux thèmes principaux : l'amour destructeur et la mort. Nombre de ses tableaux (je pense notamment à La mort de Marat) témoignent de sa vision trouble des relations passionnelles entre l'homme et la femme.
Son art change en faisant la connaissance de peintres comme Gauguin ou Cézanne. En séjournant en Allemagne il entre dans les cercles nietzschéens et se tourne vers l'expressionnisme dont il sera l'un des précurseurs.
Ebauche du Cri, 1893. Angoisse de fin de siècle.
A partir de 1902, il entre dans une grave dépression et se réfugie dans l'alcool. Rongé par diverses maladies, déséquilibré psychiquement, il s'interroge et lance des appels.
Autoportrait en enfer, 1903. Dépression, résignation.
Edvard Munch meurt en 1944, retiré dans son atelier norvégien. Sept ans auparavant, son art avait été qualifié de "dégénéré" par le troisième Reich, quatre-vingts de ses oeuvres appartenant à des musées allemands (et qui avaient contribué à son succès Outre-Rhin au début du siècle) avaient été vendues. La plupart de ses oeuvres sont maintenant au musée Munch d'Oslo.
Munch appartient sans doute à la famille de ces artistes écorchés vifs dont l'oeuvre violente et parfois incomprise est indissociable des événements tragiques qui ont marqué leur existence. On en vient à se dire que si l'homme n'avait pas eu de pinceaux...
Après de telles visions, on aimerait partager. Dommage, je ne trouve jamais personne pour m'accompagner dans ces lieux. Il faut peut-être attendre que je vieillisse. Les musées, cela n'attire pas particulièrement les jeunes, en France comme en Suède.
Finalement, la neige s'est invitée en soirée. Un peu de bleu après la vision d'une oeuvre si étouffante...
Pour les quelques égarés qui se perdraient à Stockholm:
Munch själv - Moderna Museet - Skeppsholmen, Stockholm. Jusqu'au 15 mai.
Sur le papier, Munch, ce n'est pas glamour. C'est même sombre. Très sombre. Un peu comme la nuit norgévienne en hiver. Il faut peut-être dire que la vie ne l'a pas toujours gâté.
Edvard Munch est né en Norvège (à Christiana, devenue par la suite Oslo) en 1863. Sa vie est d'emblée marquée par la mort, puisque sa mère est emportée par la tuberculose en 1868. Sa soeur aînée la suit de peu, alors que sa plus jeune soeur souffre d'une maladie mentale dès son plus jeune âge. Edvard est lui-même souvent sujet à la maladie (il aura survécu à la tuberculose, la bronchite et la grippe espagnole). Seul l'un de ses frères semble échapper à ce fléau et parvient à se marier. Peine perdue, il mourra six mois après la noce.
Autoportrait avec cigarette, 1895. Une vie qui se consume...
L'oeuvre de Munch commence alors à graviter autour de deux thèmes principaux : l'amour destructeur et la mort. Nombre de ses tableaux (je pense notamment à La mort de Marat) témoignent de sa vision trouble des relations passionnelles entre l'homme et la femme.
Son art change en faisant la connaissance de peintres comme Gauguin ou Cézanne. En séjournant en Allemagne il entre dans les cercles nietzschéens et se tourne vers l'expressionnisme dont il sera l'un des précurseurs.
Ebauche du Cri, 1893. Angoisse de fin de siècle.
A partir de 1902, il entre dans une grave dépression et se réfugie dans l'alcool. Rongé par diverses maladies, déséquilibré psychiquement, il s'interroge et lance des appels.
Autoportrait en enfer, 1903. Dépression, résignation.
Edvard Munch meurt en 1944, retiré dans son atelier norvégien. Sept ans auparavant, son art avait été qualifié de "dégénéré" par le troisième Reich, quatre-vingts de ses oeuvres appartenant à des musées allemands (et qui avaient contribué à son succès Outre-Rhin au début du siècle) avaient été vendues. La plupart de ses oeuvres sont maintenant au musée Munch d'Oslo.
Munch appartient sans doute à la famille de ces artistes écorchés vifs dont l'oeuvre violente et parfois incomprise est indissociable des événements tragiques qui ont marqué leur existence. On en vient à se dire que si l'homme n'avait pas eu de pinceaux...
Après de telles visions, on aimerait partager. Dommage, je ne trouve jamais personne pour m'accompagner dans ces lieux. Il faut peut-être attendre que je vieillisse. Les musées, cela n'attire pas particulièrement les jeunes, en France comme en Suède.
Finalement, la neige s'est invitée en soirée. Un peu de bleu après la vision d'une oeuvre si étouffante...
Pour les quelques égarés qui se perdraient à Stockholm:
Munch själv - Moderna Museet - Skeppsholmen, Stockholm. Jusqu'au 15 mai.