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Carte postale suédoise: Ja, må han resa...

8 février 2005

Ja, må han resa...

Longue discussion autour d'un caffè latte. Bruyante. Sur le voyage. Et je suis le seul étranger. Alors on parle de cultures. De découvertes. D'intégration et de langues. "Att resa är att leva" dit quelqu'un, citant le Danois Andersen. "Voyager, c'est vivre". Une telle tautologie que certains n'hésitent pas à dire ironiquement "Att leva är att resa".

Je sasse et ressasse cette jolie phrase dans ma tête, me disant que oui, le voyage est l'une des plus belles choses qui soient. Sans doute pas le voyage de quelques jours. Ce voyage qui permet de prendre seulement quelques clichés pour montrer à la famille. A l'époque où Andersen avait dit cela, le voyage, c'était une aventure. On partait en Grèce pour voir les temples qui nous avaient tant fait rêver dans les versions hellénistiques. On partait vers l'Orient trouver ces mille et une nuits. Et une fois sur place, on trouvait autre chose. Parfois bien loin des images connues.

Quand j'étais petit, je regardais ces beaux livres avec ces monuments. Ces jolies photos glacées, posées sur le papier. Ce soleil et cette neige qui manquent un peu en Normandie. Mais il manquait vraisemblablement quelque chose dessus. Ce petit quelque chose qui fait que tout prend un sens. Au-delà de ces pierres.

Il manquait la vie. Il manquait ces gens. Ces gens qui ont construit ces monuments. Ces gens qui ont parcouru ces forêts et ces lacs. Ces gens qui ont une histoire, des histoires à raconter. Et qu'il est si difficile de décrire en quelques mots.

J'ai toujours été surpris de la raison d'être du voyage. Dans les catalogues, on nous montre des monuments. De belles plages de sable fin. Des sites exceptionnels. On ne nous parle jamais des gens. Peut-être parce qu'en quelques jours il est difficile de nouer des liens. Dommage. C'est peut-être là l'essentiel.

Alors l'espace d'un instant je regrette un peu l'existence d'Internet. J'aurais aimé ne plus avoir accès aux nouvelles du pays. Ne plus savoir ce qui se passe chez moi. Etre vraiment dépaysé. Absorbé, au vrai sens du terme. Je regrette peut-être également de n'avoir auparavant pas eu le cran de partir pendant des vacances le baluchon sur le dos. Partir à l'aventure l'espace de quelques semaines, sans savoir de quoi demain sera fait. Pour partir ailleurs, vivre.

Il y a sans doute quelque chose de sacré dans le voyage. Element qui ne vient pas tout de suite. Le prix à payer pour recevoir en retour autant d'émerveillement. Et pour commencer une nouvelle vie. Voyager, c'est vivre, disent-ils...