Calme après la tempête.
Une heure après le départ d'Helsinki, le ciel retrouve la paix et un joli bleu qui ne le quittera plus jusqu'à Stockholm.
La semaine dernière, je suis sorti du la "ligne éditoriale" habituelle de ce carnet (si tant est qu'il en ait eu une) en publiant quelques billets sujets à polémique. Il est vrai que j'ai jusqu'à maintenant rarement été d'humeur à provoquer des remous, écrivant des cartes postales consensuelles sur mon pays d'accueil, parsemant le tout de quelques petits points de vue personnels innocents et sans conséquence. Écrire relativement violemment le fond de ma pensée sur un débat qui déchaîne les passions et les courroux, c'était risquer de froisser un certain nombre de personnes habituées à des billets moins engagés. C'était risquer de se faire reprendre de volée par des gens qui ont sans doute longuement réfléchi, pesé le pour et le contre, avant de voter "non". C'était risquer de faire croire que la Suède est dans sa totalité déçue du résultat français alors que, je le redis, une certaine partie de la population, soutenue par un quotidien populaire du soir, réclame un référendum pour faire entendre son "non" à ce traité qui sera ratifié, si le processus continue (ce qui n'est finalement pas dit), par le parlement.
Cependant, je ne regrette pas, et ne renie encore moins ce que j'ai dit. Je ne ferai pas de pas en arrière en prétextant que des phrases ont pu être "mal comprises" ou que ma pensée était plus nuancée que ce que mes billets laissaient croire. Néanmoins, je tenais à préciser que la vision que j'avais émise avait été faite à chaud, après un mois de campagne qui m'aura durablement contrarié, du fait des mensonges de certains, des exagérations des autres, de coups bas, de luttes des classes qui m'apparaissent archaïques, d'exacerbation des peurs et des angoisses ou de tentatives de récupération.
La vision suédoise que j'ai donnée était subjective, je ne m'en suis jamais caché. Cependant, lorsque l'on me reproche mes choix de citations ou lorsque l'on me reproche mes choix d'illustration des billets (notamment le fait que ce ne soient que des membres du FN qui soient montrés lors des interviews d'après-vote), je tiens à dire que je suis le premier désolé si cela a été interprété comme une tentative de "diabolisation" (sic, c'est le cas de le dire) des électeurs du "non". Il s'avère que ce soir-là, ce sont ces deux personnes qui ont été montrées lors du reportage d'agence. Si j'avais eu sous la main un Emmanuelli ou un Fabius, j'aurais plus volontiers utilisé sa réaction. Et je comprends parfaitement la réaction des personnes qui ont été choquées par cette photo, peut-être aurais-je dû m'abstenir de la publier. J'avais estimé que l'interprétation qui pouvait être faite de chacun de mes mots ou illustrations ne serait pas aussi profonde. Mais le fait est là, ces réactions ont été bien réelles, il n'y a donc pas lieu de les cacher.
Ce vote aura provoqué des tensions, suscité l'enthousiasme et le militantisme, peut-être davantage que lors d'un 21 avril qui avait été finalement plus consensuel. C'est la première fois que j'en suis à me disputer avec de très bons amis pour une cause politique. J'en suis le premier attristé. Peut-être me suis-je trop impliqué dans ce vote, je ne sais pas. Mais au final, je constate que c'est finalement la première fois également que je parlais vraiment de politique avec eux. Alors, la plaie qui s'est ouverte n'est peut-être pas près de se refermer, mais c'est une plaie dont on peut faire quelque chose. Dont on peut faire sortir des idées. Et il y a peut-être une raison d'être heureux.
Me mettre moi, petit carnet (smiley "sourire" de rigueur), en pâture via un lien (fort sympathique soit dit en passant) sur un carnet où la bataille fait rage depuis un mois, c'était sans doute me faire trop d'honneur (smiley "clin d'oeil", évidemment) et m'exposer à des personnes qui ont certainement un argumentaire bien plus fourni et rôdé que le mien. Du haut de mes 23 ans, je ne suis certainement pas la personne la plus apte à parler d'un traité qui me dépasse sans doute. Mais voilà. Une exaspération du consensuel qui régnait sur mon carnet.
Une personne, c'est un tout. Que l'on apprécie ou pas. C'est une certaine quantité de défauts et de qualités. D'opinions que l'on partage ou pas. Parfois on tombe de haut, on s'attendait à autre chose de sa part. Parfois on est agréablement surpris. C'est sans doute le charme de la chose. L'être humain est imprévisible.
Avec tout cela, même pas le temps de parler d'Helsinki. Je vous jure...