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Carte postale suédoise: Suisse et Union Européenne.

15 août 2005

Suisse et Union Européenne.

Cela faisait trois ans que je n'étais pas allé en Suisse. Et, en l'espace de trois semaines de vacances, j'ai été surpris de la recrudescence d'europhilie qui sévit actuellement dans certains cantons. Peut-être étais-je il y a trois ans moins intéressé par la question européenne. Mais toujours est-il qu'après le Oui de la Suisse à Schengen-Dublin, cela me dit qu'un jour, peut-être...

Il y a quelques signes sans importance mais qui ne trompent pas. Alors qu'il n'était pas rare de voir quelques drapeaux européens dans le canton de Vaud ou de Neuchâtel (francophones ayant une frontière avec la France), et parfois même sur le fronton des mairies, ceux-ci étaient plutôt rares en Suisse germanophone et intérieure. Mais, petit, à petit, ils apparaissent.

Un drapeau suisse et un drapeau européen, montagne au fond.
Ayer (VS). Au fond on aperçoit le Besso (3668m), une montagne relativement peu élevée mais très impressionnante. Mon côté taquin et le fait de voir un drapeau européen dans un endroit aussi reculé de la Suisse (relativement loin d'une frontière) me donnent presque l'envie d'en faire mon fond d'écran.

Un poteau avec une pancarte marquée Place de l'Europe.
La Vraconnaz (VD). Dans les petits villages, ce ne sont pas les initiatives populaires qui manquent, de la rue débaptisée au fronton de la mairie habillé de bleu, en passant par l'autocollant européen accolé á la plaque d'immatriculation. C'est évidemment moins le cas dans les grandes villes.

C'est après avoir vu un nombre de plus en plus important de communes de Suisse (francophone ou germanophone) arborer à leur entrée le fameux panneau "Commune d'Europe" que je me suis dit que cette vague allait peut-être au-delà de la simple sphère privée et qu'elle touchait maintenant la sphère politique.

L'Auberson (VD).
L'Auberson (VD). Village-rue.

Ce panneau, édité par l'ASCCRE (site web), vise à montrer que la commune s'investit dans le rapprochement de la Suisse avec ses partenaires européens (présentation), notamment dans le cadre d'échanges ou de manifestations sociales, culturelles ou sportives. Bien que les communes l'arborant soient majoritairement situées vers les frontières (VD, TI, VS, BL), il est étonnant de voir des cantons "intérieurs" (BE, FR) s'investir autant au niveau européen.

(Attention, digression peu rigoureuse)


Alors d'où vient cette disparité entre les cantons ? Pourquoi des cantons riches, peuplés et partageant une frontière avec un pays européen (comme celui de Zürich) sont moins investis (au niveau de cette association tout du moins) que d'autres qui n'ont pas forcément grand avantage à en tirer parti ? Culture ? Mentalité ? Histoire ? J'avoue que je ne sais pas.

La seule information que je peux éventuellement tirer de la liste des membres de cette association (qui n'est qu'une manifestation d'implication européenne parmi d'autres, je le rappelle), c'est que les communes germanophones semblent bien moins impliquées que leurs homologues italophones ou francophones. Un exemple : prenons deux endroits semblables et situés dans le même canton (VS), le val d'Anniviers (s'étendant de Sierre à Zinal) et son voisin s'étendant de Embd à Zermatt. Rien ne les sépare, sauf l'un des plus beaux massifs montagneux d'Europe. Même canton, même bassin de population, même géographie, même distance avec une frontière. Sauf la langue et la culture changent. Le premier est francophone, le deuxième est germanophone. En regardant rapidement, je constate qu'une majorité des communes du premier est présente au sein de l'ASCCRE alors que ce n'est pas le cas du deuxième.

Alors attention, ce n'est évidemment pas du tout rigoureux. L'échantillon est bien trop faible pour en tirer une conclusion, et il suffit qu'il y ait eu une impulsion politique au niveau de l'ensemble du Val d'Anniviers pour que l'ensemble des communes ait suivi. Et puis ce sont des endroits touristiques, donc on peut raisonnablement penser qu'un certain nombre de communes y ont adhéré plus par soucis touristiques qu'idéologiques. C'est juste amusant, c'est tout. De là à en tirer des conclusions hâtives...

(Fin de la digression)

Evidemment, tout ce que je viens de vous dire, ces photos que j'ai prises, ce ne sont que des petites manifestations d'europhilie qui ne retranscrivent en rien l'opinion générale ou les actes politiques. Mais, il me paraît intéressant de constater qu'ils ne sont souvent pas destinés au touristes (puisque souvent présents dans des tout petits villages souvent dénués d'intérêt) qui pourraient y voir un accueil favorable (au même titre que l'on met des drapeaux du monde sur un hôtel international). Non. Ces petites initiatives sont destinées aux habitants et au pays lui-même. Volonté de montrer sa conviction ? De faire signe au pouvoir politique ?

Je me garderai de donner un poids important à ces petits signes d'europhilie. Mais...

Le plus intéressant serait de demander directement aux lecteurs suisses de ce carnet même si, d'après ce que je crois, ils ne sont pas nombreux ! Que dites-vous de tout cela ?