Après les news il y a la Champions League.
Corriger les anglicismes que l'on rencontre à longueur de journée est un travail sans fin. À naviguer entre plusieurs langues, on devient malade à force d'entendre ces "opportunité", "revisiter" ou ces "implémentation" utilisés à tort et à travers (je souligne par ailleurs que la plupart des pages trouvées sur la question sont québécoises, ce qui n'est guère une surprise). Le court article de Wikipedia donne déjà un certain nombre de pistes qui permettraient d'éviter bien des crispations (mention spéciale à la ponctuation derrières les symboles doubles, c'est une faute encore très courante et particulièrement désagréable à l'oeil).
Là où je me dis que les Français, d'une manière générale, n'ont plus aucun amour pour leur langue, c'est lorsque je vois l'abus qui est fait de termes anglais qui se révèlent être complètement redondants avec le français, si ce n'est totalement ridicules. Et, puisque dans notre société de l'apparence il est de bon ton de montrer que l'on parle anglais alors qu'il n'y a aucun mérite à le faire (oui, il y a encore des gens pour croire que l'on peut frimer lorsque l'on parle la langue de Shakespeare), ces abus sont de plus en plus fréquents. Combien de termes français sont aujourd'hui remplacés par leur traduction en anglais, induisant parfois, par la même occasion, une perte de sens ?
La Ligue des Champions (à l'origine française car dérivée de la Coupe des clubs champions européens créée suite à une idée de journalistes sportifs) en est un parfait exemple. Alors que j'ai souvenir que ce terme était celui employé il y a une dizaine d'années, on l'a peu à peu remplacé par la marque Champions League. Joueurs, amateurs de ballon rond et journalistes se sont peu à peu, tels des moutons, mis à employer cette expression (et avec des accents anglais plus ou moins douteux, vous vous en doutez). Puis cela a été au tour de la différence de buts de passer à la trappe. On l'a remplacée par le pétillant goal average, qui, soit dit en passant (pour le football tout du moins), traduit un peu moins bien l'idée du terme français. Pourquoi a-t-il disparu ? Aucune idée.
Avec l'avènement d'Internet, c'est la dépêche qui est tombée en désuétude. Elle a été remplacée par la news. Complètement vide, sans caractéristique précise. Elle peut faire une ligne ou trois pages, la news. Parler du dernier baladeur Apple ou de la majorité obtenue par le Hamas aux élections législatives palestiniennes.
C'est peut-être une commodité commerciale, alors, l'anglicisme. Alors que dans ma jeunesse on parlait encore de "Guerre des étoiles", on ne parle plus que de "Star Wars" (prononcez bien le "r" à la française et soignez l'intonation). Il y a sans doute encore une histoire de marque là-dessous. Comme ce qui se passe avec les slogans publicitaires. On les dépose, et comme cela on n'est pas obligé de les traduire, puisque ce sont des marques. De toutes manières, leur profondeur spirituelle incroyable fait croire à beaucoup que le slogan perdrait à être traduit en français. Il n'en est rien. Anglais, français, même combat, même course à la vacuité. Passons.
Alors que certaines personnes n'hésitent pas à voir dans ces anglicismes totaux un enrichissement de la langue, j'y vois surtout un appauvrissement général qui va bien au-delà de simples questions de vocabulaires. L'anglais et le français, malgré leurs ressemblances, sont différents. Point. Alors, lorsque l'on me demande "comment traduit-on "successful en français ?", je dis simplement que le français utiliserait un verbe et non pas un adjectif. "Il a du succès" traduit parfaitement "He is successful". On respecte l'esprit de la langue et on évite par la même occasion de devoir importer un mot inutile et laid.
Une langue n'est pas un simple outil de communication. C'est un outil de réflexion. Et si l'on ne prend pas la peine de la respecter, on perd avec elle les schémas qu'elle renferme. Je suis persuadé que le langage, même si cela est évidemment imperceptible, a une grande influence sur notre cerveau. Même en étant bilingue, on ne dit pas la même chose dans deux langues différentes. Ce n'est peut-être pas un hasard si Voltaire, Rousseau et Motesquieu parlaient français. Et que les philosophes du 19ème siècle parlaient la langue de Goethe.
De toutes manières, l'esbroufe de ces gens qui se gargarisent à chaque phrase prononcée, à coup de mots anglais et d'expressions pompeuses au possible, ne durera qu'un temps. Le temps qu'ils s'aperçoivent qu'ils sont ridicules et qu'il ne maîtrisent finalement aucune des deux langues qu'ils manipulent.
Sinon, ce soir, sur SVT2, on (re)diffuse Amadeus version director's cut. Ah pardon. Version longue. Trois heures, tout de même.
Là où je me dis que les Français, d'une manière générale, n'ont plus aucun amour pour leur langue, c'est lorsque je vois l'abus qui est fait de termes anglais qui se révèlent être complètement redondants avec le français, si ce n'est totalement ridicules. Et, puisque dans notre société de l'apparence il est de bon ton de montrer que l'on parle anglais alors qu'il n'y a aucun mérite à le faire (oui, il y a encore des gens pour croire que l'on peut frimer lorsque l'on parle la langue de Shakespeare), ces abus sont de plus en plus fréquents. Combien de termes français sont aujourd'hui remplacés par leur traduction en anglais, induisant parfois, par la même occasion, une perte de sens ?
La Ligue des Champions (à l'origine française car dérivée de la Coupe des clubs champions européens créée suite à une idée de journalistes sportifs) en est un parfait exemple. Alors que j'ai souvenir que ce terme était celui employé il y a une dizaine d'années, on l'a peu à peu remplacé par la marque Champions League. Joueurs, amateurs de ballon rond et journalistes se sont peu à peu, tels des moutons, mis à employer cette expression (et avec des accents anglais plus ou moins douteux, vous vous en doutez). Puis cela a été au tour de la différence de buts de passer à la trappe. On l'a remplacée par le pétillant goal average, qui, soit dit en passant (pour le football tout du moins), traduit un peu moins bien l'idée du terme français. Pourquoi a-t-il disparu ? Aucune idée.
Avec l'avènement d'Internet, c'est la dépêche qui est tombée en désuétude. Elle a été remplacée par la news. Complètement vide, sans caractéristique précise. Elle peut faire une ligne ou trois pages, la news. Parler du dernier baladeur Apple ou de la majorité obtenue par le Hamas aux élections législatives palestiniennes.
C'est peut-être une commodité commerciale, alors, l'anglicisme. Alors que dans ma jeunesse on parlait encore de "Guerre des étoiles", on ne parle plus que de "Star Wars" (prononcez bien le "r" à la française et soignez l'intonation). Il y a sans doute encore une histoire de marque là-dessous. Comme ce qui se passe avec les slogans publicitaires. On les dépose, et comme cela on n'est pas obligé de les traduire, puisque ce sont des marques. De toutes manières, leur profondeur spirituelle incroyable fait croire à beaucoup que le slogan perdrait à être traduit en français. Il n'en est rien. Anglais, français, même combat, même course à la vacuité. Passons.
Alors que certaines personnes n'hésitent pas à voir dans ces anglicismes totaux un enrichissement de la langue, j'y vois surtout un appauvrissement général qui va bien au-delà de simples questions de vocabulaires. L'anglais et le français, malgré leurs ressemblances, sont différents. Point. Alors, lorsque l'on me demande "comment traduit-on "successful en français ?", je dis simplement que le français utiliserait un verbe et non pas un adjectif. "Il a du succès" traduit parfaitement "He is successful". On respecte l'esprit de la langue et on évite par la même occasion de devoir importer un mot inutile et laid.
Une langue n'est pas un simple outil de communication. C'est un outil de réflexion. Et si l'on ne prend pas la peine de la respecter, on perd avec elle les schémas qu'elle renferme. Je suis persuadé que le langage, même si cela est évidemment imperceptible, a une grande influence sur notre cerveau. Même en étant bilingue, on ne dit pas la même chose dans deux langues différentes. Ce n'est peut-être pas un hasard si Voltaire, Rousseau et Motesquieu parlaient français. Et que les philosophes du 19ème siècle parlaient la langue de Goethe.
De toutes manières, l'esbroufe de ces gens qui se gargarisent à chaque phrase prononcée, à coup de mots anglais et d'expressions pompeuses au possible, ne durera qu'un temps. Le temps qu'ils s'aperçoivent qu'ils sont ridicules et qu'il ne maîtrisent finalement aucune des deux langues qu'ils manipulent.
Sinon, ce soir, sur SVT2, on (re)diffuse Amadeus version director's cut. Ah pardon. Version longue. Trois heures, tout de même.