Être né quelque part.
On en rencontre, des gens, quand on voyage. Des gens qui ont une vie dorée. Et d'autres qui ont souffert pour arriver là où ils en sont. Des gens que l'on ne croise pas dans son quartier habituel et auxquels on ne parle que dans des circonstances exceptionnelles. Parce que l'on ne les connaît pas. Ou peut-être parce que le voyage permet des rencontres étonnantes.
Il y a mon ancien colocataire palestinien, par exemple. Passeport libanais. Obligé d'avoir un visa pour chaque pays qu'il visite car sa nationalité ne correspond pas à son passeport. Autorisé à étudier au Liban (cependant pas dans toutes les universités), mais il n'a pas le droit d'y travailler. Pas le droit d'entrer en Arabie Saoudite ou au Qatar. Il me parle avec tristesse de sa situation, en me répétant souvent "Mother nature is a bitch" dans un anglais hésitant. C'est la colère qui l'habite quand il évoque sa grand-mère tuée dans l'effondrement de son immeuble touché par le missile d'un F-16 israélien. Il est devenu philosophe, à force. Mal à l'aise lorsqu'on lui pose des questions sur l'Islam alors qu'il est catholique. Il ne supporte pas ces gens qui se plaignent pour un oui ou pour un non alors que lui n'a pas vu sa famille depuis plus de deux ans, faute de visa.
Il y a mon ancienne colocataire, aussi. Réfugiée politique. Elle habitait en Colombie, près de Bogotá. Vers 8 ans, alors qu'elle rentrait chez elle, elle a vu son quartier encerclé par des tanks. Alors sa famille est partie dans un pays qui n'a pas connu de conflit depuis plus de deux cents ans. Son non de famille allemand lui évite les réflexions sur son passé. D'ailleurs, elle oublie peu à peu son espagnol.
Il y a ces étudiants indiens, également. Ils font peur à beaucoup de monde car on sait que leurs compétences informatiques obtenues en Suède seront exploitées dès qu'ils rentreront au pays. Ils sont venus grâce à l'argent récolté dans leur ville d'origine, ce qui représente finalement très peu ici. Logeant à quatre dans une chambre d'étudiant de 18m2 dont le bail ne comporte qu'un seul nom. Pas les moyens de se payer une carte de transport, alors ils restent dans leur chambre. La mixité culturelle n'est alors pas aisée.
Et moi je suis là, sûr de mon pays, de ma langue et de mes origines. Sachant plus ou moins d'où je viens et où je vais. Étant conscient de la chance que j'ai eue de naître dans un pays favorisé, tant sur le plan politique qu'économique.
Un vaste foutoir que l'espace mondialisé que l'on veut bien nous montrer. Monde multiculturel avec ces gens tout sourire, fiers de leur différence et désireux de partager. Mon cul, oui. Chacun vit dans son coin, avec son histoire et ses envies. Car, s'il est une chose que l'on ne peut changer, c'est son passé. La mondialisation, c'est simplement la mise en exergue des problèmes du monde. Où l'on voit que la situation est loin d'être rose. Un monde dans lequel, bon an mal an, on vit, on meurt. Et parfois salement.
Il y a mon ancien colocataire palestinien, par exemple. Passeport libanais. Obligé d'avoir un visa pour chaque pays qu'il visite car sa nationalité ne correspond pas à son passeport. Autorisé à étudier au Liban (cependant pas dans toutes les universités), mais il n'a pas le droit d'y travailler. Pas le droit d'entrer en Arabie Saoudite ou au Qatar. Il me parle avec tristesse de sa situation, en me répétant souvent "Mother nature is a bitch" dans un anglais hésitant. C'est la colère qui l'habite quand il évoque sa grand-mère tuée dans l'effondrement de son immeuble touché par le missile d'un F-16 israélien. Il est devenu philosophe, à force. Mal à l'aise lorsqu'on lui pose des questions sur l'Islam alors qu'il est catholique. Il ne supporte pas ces gens qui se plaignent pour un oui ou pour un non alors que lui n'a pas vu sa famille depuis plus de deux ans, faute de visa.
Il y a mon ancienne colocataire, aussi. Réfugiée politique. Elle habitait en Colombie, près de Bogotá. Vers 8 ans, alors qu'elle rentrait chez elle, elle a vu son quartier encerclé par des tanks. Alors sa famille est partie dans un pays qui n'a pas connu de conflit depuis plus de deux cents ans. Son non de famille allemand lui évite les réflexions sur son passé. D'ailleurs, elle oublie peu à peu son espagnol.
Il y a ces étudiants indiens, également. Ils font peur à beaucoup de monde car on sait que leurs compétences informatiques obtenues en Suède seront exploitées dès qu'ils rentreront au pays. Ils sont venus grâce à l'argent récolté dans leur ville d'origine, ce qui représente finalement très peu ici. Logeant à quatre dans une chambre d'étudiant de 18m2 dont le bail ne comporte qu'un seul nom. Pas les moyens de se payer une carte de transport, alors ils restent dans leur chambre. La mixité culturelle n'est alors pas aisée.
Et moi je suis là, sûr de mon pays, de ma langue et de mes origines. Sachant plus ou moins d'où je viens et où je vais. Étant conscient de la chance que j'ai eue de naître dans un pays favorisé, tant sur le plan politique qu'économique.
Un vaste foutoir que l'espace mondialisé que l'on veut bien nous montrer. Monde multiculturel avec ces gens tout sourire, fiers de leur différence et désireux de partager. Mon cul, oui. Chacun vit dans son coin, avec son histoire et ses envies. Car, s'il est une chose que l'on ne peut changer, c'est son passé. La mondialisation, c'est simplement la mise en exergue des problèmes du monde. Où l'on voit que la situation est loin d'être rose. Un monde dans lequel, bon an mal an, on vit, on meurt. Et parfois salement.