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Carte postale suédoise: La presse contre Google, que de manichéisme...

14 février 2006

La presse contre Google, que de manichéisme...

Un bateau pris dans la neige. Ambiance lugubre.
Bateau pris dans la glace et la neige au niveau du Lilla Värtan, face au château d'eau de Stockby. Le ciel gris et la neige donnent parfois ces ambiances lugubres, ces vues improbables de bateaux fantômes qui, malgré une petite lumière à l'intérieur, donnent froid dans le dos.

Depuis que l'article de Libération sur les rapports houleux entre la presse et le service d'agrégation d'information Google News est paru (même si le "problème" n'est pas nouveau), chacun y va de son petit commentaire. Et bien souvent, c'est sur la presse que l'on tire à boulets rouges. "Combat d'arrière-garde", "mammouth qui n'a pas compris le web" (2.0, évidemment), tout y passe.

Bizarrement, j'ai toujours été d'un avis contraire, parce qu'à force de vouloir régenter la toile et de vouloir imposer sa loi et sa manière de penser à tous les diffuseurs de contenu "traditionnels" (journaux, bibliothèques, etc.), Google commence sérieusement à me gonfler. Car, d'une certaine manière, plusieurs méthodes employées par l'entreprise funky (pour combien de temps ?) de la côte ouest s'apparentent à des méthodes de voyous.

Les journaux sont gagnants lorsqu'ils sont indexés par ce site qui génère un trafic considérable, c'est incontestable. Mais ce n'est pas pour autant que leur avis ne doit pas être pris en compte (car je ne crois pas que les journaux aient été consultés lors de l'ouverture de ce service). Et cet avis, quel est-il ? Un minimum de déontologie de la part de Google qui publie des photos sans même mentionner leur auteur ou l'agence d'où elles proviennent (de la part d'un site "référence", c'est un peu léger). Un peu moins d'arrogance de la part de l'entreprise (qui s'évertue à dire que le win/win apportant à Google et aux médias du trafic justifie tout). On parle donc ici surtout de respect pour le travail des journalistes, je crois.

Car Google News, ce n'est pas que de la bête agrégation. C'est tout de même une page structurée avec des articles classés par thèmes et importance, donc s'apparentant à un journal. Mais c'est surtout (et c'est à mes yeux un point condamnable) un site qui non seulement utilise le fil RSS des différents journaux, mais aussi parse (pardon pour l'anglicisme) les articles de ces mêmes journaux pour en extraire photographies et texte.

Prenons l'exemple de cet article du Monde sur la commémoration de la mémoire de Rafic Hariri. Dans mon agrégateur, le fil RSS contient uniquement ceci :
Des centaines de milliers de personnes se sont réunies dans la capitale libanaise en souvenir de l'assassinat de l'ex-premier ministre libanais.
Dans Google News, on peut voir ceci :
Les marchands de drapeaux ont dressé leurs petits étals à l'abri de la pluie, non loin de la place des Martyrs. La tribune sur laquelle doivent se succéder les orateurs a été montée. Les forces de sécurité ...
Ce texte correspond au début de l'article du Monde. Preuve s'il en est que le robot de Google a analysé la page suite à son apparition dans le fil RSS puis en a extrait une partie. Nous ne sommes plus dans la banale agrégation, mais dans de la copie.

Alors encore une fois, on me dira que les journaux sont gagnants, puisque ces liens ne valent que lorsqu'ils sont cliqués, générant un trafic supplémentaire pour des journaux qui ont parfois peine à trouver leur lectorat. Mais que se passera-t-il le jour où Google mettra de la publicité contextuelle sur Google News ?

Je me rappelle une fois avoir constaté que certains de mes billets avaient été agrégés sur le site de Dico du Net. Flatté ? Oui, peut-être. Mais surtout atterré de voir que mon texte servait à alimenter une publicité Adsense située juste en dessous. Je me suis toujours opposé à l'idée que mes textes soient une source de génération de revenus, car je me dis qu'ils n'en valent pas la peine et que c'est d'une certaine manière contraire à mon "éthique" vis-à-vis de mon rapport avec le blogue. Alors ce n'est certainement pas pour que des petits malins se fassent de l'argent sur mon dos.

Un peu de dialogue avec les principaux intéressés donc, messieurs de chez Google. Qu'ils soient journaux ou bibliothèques. On ne gagne pas les coeurs en imposant son outil sans consensus.