Coup de pied dans la fourmilière.
6 juin 1994. Les cérémonies du cinquantième anniversaire du débarquement allié en Normandie battent leur plein. Toutes les chaînes de télévision sont là, TF1 en première ligne. Une vidéo pirate surprend alors Etienne Mougeotte (vice-PDG de TF1) et François Léotard (alors ministre de la défense du gouvernement Balladur) en train de discuter très amicalement, allant même jusqu'à se tutoyer. A moins d'un an de la prochaine élection présidentielle, dans un contexte où l'on accuse TF1 de favoriser Edouard Balladur, cela fait plutôt mauvais genre.
C'est à partir de ce petit film (révélé par le Canard Enchaîné) que Pierre Carles, dans un "documentaire" commandé par Canal+, va enquêter sur les liens existant entre le monde des journalistes de télévision et celui de la politique. Images à l'appui (notamment une vidéo croustillante où l'on voit Anne Sinclair dicter à Laurent Fabius le contenu du discours qu'il va prononcer), il va voir un à un des "grands noms" du "journalisme" pour leur demander ce qu'ils pensent de ce phénomène. Et évidemment, comme on pouvait s'y attendre, c'est le blackout total. Malaise général, faux-semblants. Propos bredouillants, confus. Et Charles Villeneuve de souligner la "totale transparence des médias". Et François-Henri de Virieu de finalement jouer la victime en confiant que "c'est le public qui impose la censure aux journalistes". Et Bernard Benyamin de se refuser totalement à enquêter sur le journalisme. Même Daniel Schneidermann ne semble pas très à l'aise. Un pan du mythe du journaliste transparent et intègre (intellectuellement parlant) tombe.
Ce documentaire, "Pas vu à la télé", ne sera jamais diffusé par Canal+. Pour ne pas froisser les petits copains. Pour ne pas remettre en cause les privilèges de la fonction. Pour ne pas montrer à tous que les gens des médias ne sont finalement que des personnes très ordinaires qui ont l'énorme avantage de pouvoir dire au monde entier ce qu'elles pensent. Pour ne pas révéler qu'au lendemain de son interview de Jacques Chirac (alors maire de Paris), PPDA a eu le privilège de jouer avec des amis sur la pelouse du Parc des Princes. La palme revient sans doute à Karl Zero, soi-disant pourfendeur de la langue de bois, qui refusera que le documentaire passe dans son "vrai" journal. Il sera finalement revendu à une chaîne belge et diffusé là-bas.
Même si l'on peut reprocher à Pierre Carles d'être assez crispant et parfois à la limite de l'honnêteté intellectuelle tant il veut taper sur le monde du journalisme télévisuel, son film aura eu le mérite d'ébranler les certitudes de ces pontes du petit écran. De ces apôtres du 20 heures qui proclament leur indépendance vis-à-vis des compromissions du pouvoir.
En un mot, consternant.
Pas vu à la télé, documentaire de Pierre Carles. Repris dans le film du même réalisateur, "Pas vu, pas pris". Diffusé en très petites quantités, en VHS uniquement. Bon courage donc pour le voir de manière "légale".
C'est à partir de ce petit film (révélé par le Canard Enchaîné) que Pierre Carles, dans un "documentaire" commandé par Canal+, va enquêter sur les liens existant entre le monde des journalistes de télévision et celui de la politique. Images à l'appui (notamment une vidéo croustillante où l'on voit Anne Sinclair dicter à Laurent Fabius le contenu du discours qu'il va prononcer), il va voir un à un des "grands noms" du "journalisme" pour leur demander ce qu'ils pensent de ce phénomène. Et évidemment, comme on pouvait s'y attendre, c'est le blackout total. Malaise général, faux-semblants. Propos bredouillants, confus. Et Charles Villeneuve de souligner la "totale transparence des médias". Et François-Henri de Virieu de finalement jouer la victime en confiant que "c'est le public qui impose la censure aux journalistes". Et Bernard Benyamin de se refuser totalement à enquêter sur le journalisme. Même Daniel Schneidermann ne semble pas très à l'aise. Un pan du mythe du journaliste transparent et intègre (intellectuellement parlant) tombe.
Ce documentaire, "Pas vu à la télé", ne sera jamais diffusé par Canal+. Pour ne pas froisser les petits copains. Pour ne pas remettre en cause les privilèges de la fonction. Pour ne pas montrer à tous que les gens des médias ne sont finalement que des personnes très ordinaires qui ont l'énorme avantage de pouvoir dire au monde entier ce qu'elles pensent. Pour ne pas révéler qu'au lendemain de son interview de Jacques Chirac (alors maire de Paris), PPDA a eu le privilège de jouer avec des amis sur la pelouse du Parc des Princes. La palme revient sans doute à Karl Zero, soi-disant pourfendeur de la langue de bois, qui refusera que le documentaire passe dans son "vrai" journal. Il sera finalement revendu à une chaîne belge et diffusé là-bas.
Même si l'on peut reprocher à Pierre Carles d'être assez crispant et parfois à la limite de l'honnêteté intellectuelle tant il veut taper sur le monde du journalisme télévisuel, son film aura eu le mérite d'ébranler les certitudes de ces pontes du petit écran. De ces apôtres du 20 heures qui proclament leur indépendance vis-à-vis des compromissions du pouvoir.
En un mot, consternant.
Pas vu à la télé, documentaire de Pierre Carles. Repris dans le film du même réalisateur, "Pas vu, pas pris". Diffusé en très petites quantités, en VHS uniquement. Bon courage donc pour le voir de manière "légale".