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Carte postale suédoise: Premier coucher de soleil.

8 août 2004

Premier coucher de soleil.

Le Baule ne semble pourtant pas être un lieu de méditation...Un jour il sera peut-être temps de faire un bilan. Ce bilan que pour l'instant je n'ai jamais fait, faute de recul. Ce n'est pas une histoire de manque de temps ni d'envie. Juste un problème de consistance, de plein ou de vide de sens. Certains diront qu'il est peut-être un peu tôt pour commencer à dresser des bilans qui risquent d'être finalement bien creux. 22 ans. Non, décidément non. Pas d'âge pour commencer à se poser des questions sur ce que la vie nous a apporté et sur ce qu'elle peut encore nous apporter.


Mais par où commencer ? Par ces bonheurs infinis du temps passé en famille ? Par ces joies et peines apportées par des amis qui auront eux aussi contribué faire de moi ce que je suis, bon gré mal gré ? Par cette enfance heureuse et cette éducation dont je me rends compte à rebours qu'elles m'auront ouvert au monde ? Un être ne se construit pas en un jour. A l'heure d'entamer une nouvelle vie, je crois que je l'ai maintenant compris. Il aura fallu des joies de réussite, des rencontres fortuites, des désillusions blessantes ou des rancoeurs amères. Pas moins.


De tels moments de réflexion, de repli sur soi peuvent passer pour beaucoup pour un semblant de mélancolie. Non. C'est seulement un passage obligé pour mieux repartir vers cette nouvelle vie qui sera, je l'espère, aussi comblée que la précédente. Je sais que je fonctionne comme cela, par à-coups. Par phases de transition qui me permettent de mettre à plat mon passé et donner une nouvelle dimension à l'avenir.


Quand on réfléchit à tout ce qui nous a construit, on ne voit que des bribes. Ces petits morceaux de vie sociale qui vont bien plus loin que le simple confort matériel. Ce sont ces vacances passées à la montagne en famille. Ce sont ces joies partagées lors de la naissance de ces loupiots qui ont maintenant bien grandi. Ce sont ces phases de flottement et de transition qui ont suivi l'annonce des résultats d'examens. Ce sont ces sorties entre amis qui commencent à faire dire que l'enfance est définitivement finie. Ces petits moments qui n'ont d'insignifiante que l'apparence. Ces sorties à la plage sur un coup de tête, ces nuits à la belle étoile ou ces histoires d'étudiants. Je ne sais pas qui sont ces gens qui croient qu'il n'y a que les études qui peuvent influencer la déroulement d'une vie. Mais j'ai finalement peur que cet esprit de détachement vis-à-vis des choses matérielles me quitte un jour. Comme il a quitté tous ces gens qui n'ont plus les yeux qui pétillent au vu de ces petits riens. C'est à ce moment que je regrette de n'avoir pas profité davantage de ces barbecues du soir en Bretagne, de ces sorties au lac ou de ces tours en barque. C'est peut-être l'âge qui veut ça, c'est dans le souvenir que ces pages de vie s'apprécient sans doute.


Un jour viendra également l'heure des remerciements. Peur d'oublier du monde. Peur de ne pas savoir comment faire. Peur de remercier de façon trop matérielle. On me dira que le fait de me voir heureux constitue à lui seul un cadeau. Mais évidemment à mes yeux cela ne suffira pas. Un moment d'angoisse, assurément. Car remercier des personnes pour ce qu'elles auront fait durant environ 24 ans, ça ne sera pas facile. Mais l'envol définitif n'en sera que plus beau.


A force de se poser toutes ces questions, je me demande parfois s'il ne vaut pas mieux songer tout simplement à vivre les événements comme ils sont. Dans leur simplicité du jour, sans penser à compter. Et puis, ces remises en question par clavier interposé, n'est-ce finalement pas futile ?


Un besoin trop important de changement me taraude depuis cette année. Je quitte Nantes, la ville de mes années d'insouciance. Cette ville qui m'aura somme toute métamorphosé. Difficile alors de ne pas penser que ce sont ces deux années qui auront le plus marqué ma scolarité. Qui auront changé mes rapports aux gens et aux choses. Qui auront changé mes relations avec ceux que j'ai toujours connus. "Loin des yeux loin du coeur", dit-on. Quelle stupidité.


Mais ne pensez simplement pas que ce carnet est un réceptacle cathartique. Il perdrait alors tout le caractère de partage que je souhaite lui donner. Il met des mots sur le temps, tout bêtement.


Mais alors, refus du passé ? Certainement non. Inconstance ? Peut-être. Changement ? Assurément. Et tout à coup, une grande joie m'envahit en pensant au chemin parcouru depuis le début...