Le syndrome du lagom.
S'il y a un mot qui a lui seul pourrait résumer l'état d'esprit qui anime nombre de Suédois, c'est bien celui-ci. Lagom.
Il n'a, à ma connaissance, pas d'équivalent français. Ni dans d'autres langues, d'ailleurs. On pourrait cependant le traduire par "juste assez", "ni trop, ni trop peu" ou "le juste milieu". Et le rapprocher des vues aristotéliciennes d'un monde qui n'était que mesure.
Une curieuse étymologie que celle de ce mot. Personne n'en est parfaitement sûr, mais il semble que lagom vienne de la contraction de "laget om" qui signifiait "rassemblement en cercle". A l'époque viking, les guerriers se réunissaient et buvaient chacun leur tour dans une corne contenant du vin. Pour que tout le monde puisse avoir sa part, il fallait donc boire la juste quantité. Ni trop, ni trop peu.
C'est une relation curieuse que les Suédois entretiennent avec cette notion. Elle est utilisée à tous les coins de rue ("Combien de pommes de terre je vous mets avec votre viande ? Lagom", "Que pensez-vous de cette loi ? Lagom" "La cuisson pour le steak ? Lagom"). Et elle est devenue un quasi-symbole de perfection, puisqu'applicable à (presque) tout.
Une volonté de justesse et de modération qui a teinté les esprits, forcément. En allant un peu plus loin, on pourrait dire que ce mot a poussé la Suède à suivre une ligne de conduite qui est bien loin du "more is best" inscrit en filigrane dans le rêve consumériste américain. La réussite ne se mesure pas dans la quantité. Elle se mesure dans la satisfaction. Et c'est cet état d'esprit modeste et mesuré qui m'a en partie fait aimer ce pays.
Cependant, le lagom a actuellement du plomb dans l'aile. On l'assimile à l'immobilisme. A la neutralité consentante. On l'accuse même d'être un frein à la croissance économique du pays. Mais sans doute est-ce vrai. Une croissance lagom. Cela serait peut-être bien. Pas trop mauvaise pour l'environnement. Pas trop mauvaise pour la qualité de vie. Loin du "toujours plus" qui règne actuellement. Développement durable. Justesse. Égalité. Consensus. Lagom.
Néanmoins, malgré les critiques, il reste un vrai symbole, ce mot. Parce que l'on a beau dire, ce sont les mots qui dirigent notre esprit. Et qui intiment au Suédois qui a pourtant beaucoup d'argent de ne pas prendre une trop grosse voiture dévoreuse de carburant. Parce que, lagom.
S'il y a une vision que je garderai de la Suède, cela sera peut-être celle-là. Sans oublier les autres néanmoins. Car ni trop, ni trop peu.
Il n'a, à ma connaissance, pas d'équivalent français. Ni dans d'autres langues, d'ailleurs. On pourrait cependant le traduire par "juste assez", "ni trop, ni trop peu" ou "le juste milieu". Et le rapprocher des vues aristotéliciennes d'un monde qui n'était que mesure.
Une curieuse étymologie que celle de ce mot. Personne n'en est parfaitement sûr, mais il semble que lagom vienne de la contraction de "laget om" qui signifiait "rassemblement en cercle". A l'époque viking, les guerriers se réunissaient et buvaient chacun leur tour dans une corne contenant du vin. Pour que tout le monde puisse avoir sa part, il fallait donc boire la juste quantité. Ni trop, ni trop peu.
C'est une relation curieuse que les Suédois entretiennent avec cette notion. Elle est utilisée à tous les coins de rue ("Combien de pommes de terre je vous mets avec votre viande ? Lagom", "Que pensez-vous de cette loi ? Lagom" "La cuisson pour le steak ? Lagom"). Et elle est devenue un quasi-symbole de perfection, puisqu'applicable à (presque) tout.
Une volonté de justesse et de modération qui a teinté les esprits, forcément. En allant un peu plus loin, on pourrait dire que ce mot a poussé la Suède à suivre une ligne de conduite qui est bien loin du "more is best" inscrit en filigrane dans le rêve consumériste américain. La réussite ne se mesure pas dans la quantité. Elle se mesure dans la satisfaction. Et c'est cet état d'esprit modeste et mesuré qui m'a en partie fait aimer ce pays.
Cependant, le lagom a actuellement du plomb dans l'aile. On l'assimile à l'immobilisme. A la neutralité consentante. On l'accuse même d'être un frein à la croissance économique du pays. Mais sans doute est-ce vrai. Une croissance lagom. Cela serait peut-être bien. Pas trop mauvaise pour l'environnement. Pas trop mauvaise pour la qualité de vie. Loin du "toujours plus" qui règne actuellement. Développement durable. Justesse. Égalité. Consensus. Lagom.
Néanmoins, malgré les critiques, il reste un vrai symbole, ce mot. Parce que l'on a beau dire, ce sont les mots qui dirigent notre esprit. Et qui intiment au Suédois qui a pourtant beaucoup d'argent de ne pas prendre une trop grosse voiture dévoreuse de carburant. Parce que, lagom.
S'il y a une vision que je garderai de la Suède, cela sera peut-être celle-là. Sans oublier les autres néanmoins. Car ni trop, ni trop peu.