L'art de la fouille à la Fnac.
A l'heure où beaucoup de personnes s'inquiètent (à juste titre) de la mise en danger de leur vie privée, je m'interroge suite à une scène à laquelle j'ai assisté hier.
Depuis un certain temps (le 11 septembre 2001 n'étant sans doute pas étranger à cela), nombreux sont les magasins qui ont adopté la technique de surveillance "gorilles à l'entrée". La Fnac en tête. Des agents de surveillance privés qui contrôlent les allées et venues dans le magasin, cravate noire sur chemise blanche et écouteur dans l'oreille. Et, parmi leurs obsessions, les sacs plastiques et les sacs à dos.
"Monsieur, s'il vous plaît, vous ne pouvez pas rentrer dans le magasin avec votre sac. Il doit être enfermé ou mis en consigne". Par principe, je m'y refuse. Le jeu consiste alors à réussir à rentrer dans le magasin en trompant la vigilance des gardiens du temple (les plus joueurs d'entre vous essaieront de sortir de la Fnac avec un sac Virgin rempli de disques personnels).
Au lendemain du 11 septembre, on avait même droit au "jeune homme, s'il vous plaît, je peux voir ce qu'il y a à l'intérieur de votre sac à dos ?". Les gorilles connaissent la loi. Ils savent que si quelqu'un refuse la fouille, ils n'ont pas le pouvoir légal d'y procéder[1]. Seul un officier de police judiciaire peut le faire (et ce même depuis l'introduction de la loi sur la sécurité quotidienne du 30 octobre 2001). Encore heureux. Je ne vois pas de quel droit quelqu'un aurait le droit de fouiller mon sac, fût-ce pour des raisons de sécurité. Et cette impression de passer de l'état de client à celui de suspect m'irrite au plus haut point. La loi est de mon côté, donc. Mais le hic, c'est que de nombreux particuliers ne la connaissent pas. Et c'est comme cela que l'on assiste à des scènes surréalistes de personnes qui, dès qu'elles entrent dans le magasin, montrent spontanément leur sac aux vigiles. Ou l'ouvrent en passant à la caisse du supermarché.
A l'heure où beaucoup de personnes affichent une certaine méfiance envers la police, je m'étonne que l'on soit beaucoup plus coopératif avec des sociétés de gardiennage privées. Que l'on ait davantage de compréhension pour des gens (souvent peu formés) dont les méthodes sont parfois inadmissibles (le délit de faciès en tête). Et que l'on laisse cet façon de faire perdurer et devenir la norme.
Il y a deux ans, à l'entrée de la foire Saint-Romain de Rouen, des fouilles à l'entrée étaient faites (pour empêcher l'introduction de couteaux sur le lieu par exemple). Des vigiles contrôlaient les sacs à dos des adolescents, toujours en demandant leur autorisation. Et tout le monde s'exécutait gentiment. Je me suis dit qu'une personne bien bâtie, avec un manteau noir siglé "sécurité" pouvait très bien se faire passer pour un vigile, demander à une personne âgée d'ouvrir son sac et lui subtiliser quelque chose au passage. Parce qu'un vigile n'a, contrairement à un agent de police, pas de signe distinctif qui peut l'authentifier.
Essayez, un jour. Si l'on vous demande d'ouvrir votre sac à dos en passant à la caisse d'un hypermarché, refusez. Faites venir le directeur. Dites-lui qu'il appelle la police s'il n'est pas content. Faites un scandale. Vous gagnerez toujours. Parce que la loi est de votre côté.
[1] A ma connaissance, il n'y a qu'un seul cas pour lequel des personnes non-policiers sont habilitées à effectuer des palpations et des fouilles, c'est celui des stades de football (ou tout du moins les manifestations sportives), ceci étant autorisé par dérogation municipale.
Depuis un certain temps (le 11 septembre 2001 n'étant sans doute pas étranger à cela), nombreux sont les magasins qui ont adopté la technique de surveillance "gorilles à l'entrée". La Fnac en tête. Des agents de surveillance privés qui contrôlent les allées et venues dans le magasin, cravate noire sur chemise blanche et écouteur dans l'oreille. Et, parmi leurs obsessions, les sacs plastiques et les sacs à dos.
"Monsieur, s'il vous plaît, vous ne pouvez pas rentrer dans le magasin avec votre sac. Il doit être enfermé ou mis en consigne". Par principe, je m'y refuse. Le jeu consiste alors à réussir à rentrer dans le magasin en trompant la vigilance des gardiens du temple (les plus joueurs d'entre vous essaieront de sortir de la Fnac avec un sac Virgin rempli de disques personnels).
Au lendemain du 11 septembre, on avait même droit au "jeune homme, s'il vous plaît, je peux voir ce qu'il y a à l'intérieur de votre sac à dos ?". Les gorilles connaissent la loi. Ils savent que si quelqu'un refuse la fouille, ils n'ont pas le pouvoir légal d'y procéder[1]. Seul un officier de police judiciaire peut le faire (et ce même depuis l'introduction de la loi sur la sécurité quotidienne du 30 octobre 2001). Encore heureux. Je ne vois pas de quel droit quelqu'un aurait le droit de fouiller mon sac, fût-ce pour des raisons de sécurité. Et cette impression de passer de l'état de client à celui de suspect m'irrite au plus haut point. La loi est de mon côté, donc. Mais le hic, c'est que de nombreux particuliers ne la connaissent pas. Et c'est comme cela que l'on assiste à des scènes surréalistes de personnes qui, dès qu'elles entrent dans le magasin, montrent spontanément leur sac aux vigiles. Ou l'ouvrent en passant à la caisse du supermarché.
A l'heure où beaucoup de personnes affichent une certaine méfiance envers la police, je m'étonne que l'on soit beaucoup plus coopératif avec des sociétés de gardiennage privées. Que l'on ait davantage de compréhension pour des gens (souvent peu formés) dont les méthodes sont parfois inadmissibles (le délit de faciès en tête). Et que l'on laisse cet façon de faire perdurer et devenir la norme.
Il y a deux ans, à l'entrée de la foire Saint-Romain de Rouen, des fouilles à l'entrée étaient faites (pour empêcher l'introduction de couteaux sur le lieu par exemple). Des vigiles contrôlaient les sacs à dos des adolescents, toujours en demandant leur autorisation. Et tout le monde s'exécutait gentiment. Je me suis dit qu'une personne bien bâtie, avec un manteau noir siglé "sécurité" pouvait très bien se faire passer pour un vigile, demander à une personne âgée d'ouvrir son sac et lui subtiliser quelque chose au passage. Parce qu'un vigile n'a, contrairement à un agent de police, pas de signe distinctif qui peut l'authentifier.
Essayez, un jour. Si l'on vous demande d'ouvrir votre sac à dos en passant à la caisse d'un hypermarché, refusez. Faites venir le directeur. Dites-lui qu'il appelle la police s'il n'est pas content. Faites un scandale. Vous gagnerez toujours. Parce que la loi est de votre côté.
[1] A ma connaissance, il n'y a qu'un seul cas pour lequel des personnes non-policiers sont habilitées à effectuer des palpations et des fouilles, c'est celui des stades de football (ou tout du moins les manifestations sportives), ceci étant autorisé par dérogation municipale.