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Carte postale suédoise: Kriget.

9 mai 2005

Kriget.

Après le 11 novembre dernier, le 8 mai est la deuxième commémoration que je n'ai pas célébrée ici. Les journaux en parlent tout de même un peu. Mais la guerre est, d'une manière générale, peu ancrée dans les esprits. J'ai d'ailleurs eu peu de discussions à ce niveau avec des Suédois.

Sans tellement de surprises, c'est auprès des Finlandais (dont la communauté est très nombreuse à Stockholm) que j'ai pu trouver le plus de points communs concernant le rapport à la guerre. Un pays qui a, lui aussi vécu le conflit, que ce soit d'un côté comme de l'autre (tout d'abord en luttant contre les Soviétiques à l'Est avec le soutien de l'Allemagne puis en luttant contre les Allemands en Laponie).

Il y a ce Finlandais qui me dit que sa grand-mère continue à lui parler de la guerre et qu'il ne doit pas oublier. Et qu'il ne comprend pas comment certains Suédois ont pu soutenir l'invasion en Irak. Il y a cette ancienne habitante d'Helsinki qui me confie que la Russie lui fait encore peur.

Il y a ce Suédois qui critique un peu la neutralité, en me disant qu'elle n'entraîne pas une position claire quant à la guerre.

Enfin il y a moi qui suis né en Normandie, dans une région meurtrie par la guerre. Qui ai parcouru des centaines de fois des rues ternes reconstruites dans l'urgence dans les années 50. Qui ai entendu ces histoires de personnes mortes dans les caves lors des bombardements. Vu ces photographies de soldats allemands carbonisés dans des camions encore fumants. Ou foulé la plage d'Omaha la sanglante, dont le sable porte en lui des traces que l'on ne voit pas ailleurs.

Alors, face à ces quelques personnes dont le pays n'a pas souffert de la guerre et qui se disent que parfois, une guerre, "pourquoi pas", je ne sais que dire. Je me dis seulement que le souvenir, c'est peut-être ce qu'il y a de plus efficace contre les atrocités. Même si je ne les ai pas connues. Mais j'en ai vu les séquelles et je les vois toujours.