Le podcasting, pas encore.
Stockholm, Storkyrkan. Alors que la ville n'est pas un port marin à proprement parler, de nombreux bateaux ornent la cathédrale. Un peu comme dans ma région d'origine, de Barfleur à Dieppe, en passant par Honfleur.
(Attention, billet relativement technique pour les personnes non initiées)
Dans son dernier billet, Morgan nous gratifie d'un petit didacticiel audio sur le podcasting. Cela faisait longtemps que je voulais revenir sur cette manière de bloguer qui fait de plus en plus parler d'elle, que ce soit sur Pointblog ou chez Stéphane par exemple. Et puisque ma journée sur la blogosphère est consacrée à Morgan (attention les yeux), c'est suite à son billet que j'écris enfin le mien.
J'ai découvert une première forme de podcasting dès l'ouverture de mon carnet, il y a un peu plus d'un an. Sur sa page d'accueil, Blogger proposait aux blogueurs américains d'essayer un nouveau système de billets sonores par téléphone. Il suffisait d'appeler un numéro spécial, de donner quelques informations (typiquement un identifiant et un mot de passe choisis en ligne pour associer l'appel à un blog) et on pouvait "laisser un message" sur son blog. J'avais á l'occasion consulté le carnet d'un couple qui faisait le tour des États-Unis à vélo et qui racontait ses péripéties au jour le jour. Le son n'était parfois pas extraordinaire via leur mobile, mais cela rendait le voyage de ces deux personnes vivant, très attachant, même s'il ne devait intéresser qu'un petit nombre de personnes, à savoir les membres de la famille. Toutefois, le rendu sur le blog n'était pas particulièrement pratique, puisqu'il s'agissait simplement d'un lien vers un fichier mp3. Un lecteur en Flash (comme celui qui figure sur le billet de Morgan par exemple) aurait été bienvenu et plus agréable à l'oeil.
Depuis, les choses ont un peu évolué, puisque, moyennement un bon équipement, on peut dorénavant traquer les podcasts sans ordinateur, via des fils RSS qui permettent de diffuser directement le billet de votre blogueur favori dans vos oreilles alors que vous êtes dans le métro, raccordé à Internet par votre mobile. La fièvre du "toujours en ligne", que ce soit par les yeux ou les oreilles, finalement. On imagine bien les blogueurs se répondre sur leurs carnets respectifs en utilisant leur téléphone mobile. On imagine également bien une surcharge de messages et une certaine perte de qualité que le format écrit empêche un peu, du fait du temps et du matériel nécessaire à l'écriture d'un billet. Bref.
Aujourd'hui, je pourrais techniquement tenter l'aventure du podcasting (occasionnellement, cela s'entend). Mais je ne dispose pas des ressources suffisantes (c'est à dire un hébergeur digne de ce nom, avec de l'espace et une bande passante correcte) pour pérenniser l'aventure. Un jour, peut-être.
Alors, pourquoi ne pas le faire ? Dans certains cas j'avoue que cela serait assez amusant, si j'avais le matériel adéquat (c'est à dire un matériel peu encombrant et facilement transportable dans une poche, contrairement à un micro normal et à un ordinateur portable). Je me vois bien parler pendant des heures sur la plage de Nynäshamn ou au pied du Stadshuset, avec le bruit des vagues au loin ou celui de la corne d'un ferry partant vers Tallinn. Ou dans le métro, en parlant d'une oeuvre d'art. Ou lors de la fête nationale. J'aurais bien aimé faire mon billet oralement avec la musique du kiosque au fond ou alors l'hymne national suédois chanté par le choeur de la ville. J'aime bien l'idée de ces billets instantanés, non lus, non relus, avec quelques hésitations ou blancs. L'idée d'être assis à la table d'un café et parler en regardant les gens passer, je la trouve assez jolie. Et très vivante. Un podcast est effectivement très agréable à écouter, très chaleureux et ouvert à de multiples applications que mon imagination peu fertile ne vous délivrera pas. Alors donc, oui, pourquoi ne pas le faire ?
J'ai toujours eu une obsession. Et qui, maintenant que j'évolue un peu dans ce domaine, ne va pas en s'améliorant. C'est celle de la pérennité et de la sauvegarde des données. C'est entre autre pour cela que, bien qu'étant à l'ère du numérique, j'aime toujours imprimer des photos, car on ne sait jamais. Un crash de disque dur, c'est vite arrivé. Et qui dit que dans trente ans nous saurons encore lire une image au format jpeg ?
Le gros problème du podcast se situe à mon avis au niveau de la recherche et la récupération d'information ou de données ("information retrieval" en anglais). Imaginez. Vous avez écrit 500 billets sur votre carnet. Vous êtes sûr que dans un de ces billets, vous avez employé tel mot, mais vous n'avez aucune idée de savoir dans quel billet il se trouve. Si l'on se débrouille bien et que l'on sait écrire un requête SQL, ledit billet est retrouvé en moins de 10 secondes. Imaginez maintenant que votre carnet est fait de 500 podcasts. Que faites-vous ? A moins d'avoir mis ce mot dans les tags de votre fichier ou d'avoir retranscrit votre billet en texte, il est fort probable que vous allez devoir écouter tous les podcasts (statistiquement 50% d'entre eux) pour retrouver le bon.
Et c'est là le malheur du podcast, comme il en est de même pour les photos. En l'état actuel des choses, la seule chose que nous savons indexer, c'est le texte. Point. Une chanson de Marilyn Monroe en mp3, à moins d'avoir les tags adéquats, n'est rien et n'est pas considérée comme telle. De même que la photo utilisée pour illustrer ce billet. Il n'y a que le tag "alt" qui puisse éventuellement servir à déterminer ce qu'elle représente. Mais elle ne reste qu'une photo qui pour certains peut représenter un bateau et pour d'autres des orgues. Donc, aucun espoir pour l'instant que votre carnet fait de podcasts soit indexé par les moteurs de recherche (les esprits taquins me diront que c'est tant mieux) ou puisse constituer une quelconque base d'information.
C'est également la question de la sauvegarde qui est posée avec le podcast. A l'heure où la mode est à la transformation de blogs en livres pour ne pas perdre ce que l'on a parfois mis des années à construire, on peut s'interroger. Transformera-t-on un carnet de podcasts en CD ? Car voilà. Alors que le texte est, par essence, le format le plus ouvert (un blog, il est toujours possible d'en extraire les billets pour les imprimer, les passer à un autre format ou autre), le son est un peu moins malléable. Il s'envole, donc. Et contrairement à un livre qui a un certain nombre de chances de subsister encore dans un siècle, il disparaîtra avec la machine ou le support qui l'héberge. Est-ce un bien, est-ce un mal ? La prose que l'on écrit ou que l'on dit mérite-t-elle la postérité ? Je ne sais pas. Toujours est-il qu'il est tout de même bien sympathique de tourner les pages de l'album de photo familial 30 ans après.
Donc, pour l'instant, j'avoue que je préférerais me contenter d'une formule qu'Aqb avait utilisée il y a un certain temps, à savoir un billet écrit accompagné d'un court fichier sonore illustratif. Pour apporter une ambiance. Pour mériter alors ce nom de "carte postale".
Alors effectivement, ma méthode n'apporte pas la "mini révolution" qu'apporte le podcasting pur, dans la mesure où il est impossible de recevoir les billets sur son baladeur numérique dans le métro. Mais pour l'instant, c'est le seul qui me paraisse viable. En attendant...