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Carte postale suédoise: Remords.

28 décembre 2004

Remords.

En relisant mon billet précédent, je ressens un certain malaise. Malaise en constatant qu'après avoir écouté les nouvelles dimanche matin, je ne me suis pas rendu compte de ce qui s'était réellement passé à l'autre bout du monde. Et j'ai continué mon train-train, m'extasiant sur les photos de toutou. Insensible, presque blasé par ce flot d'informations.

Oh, dimanche matin on ne savait pas encore grand chose. On n'imaginait pas la tragédie qui avait pu se dérouler à 15000 kilomètres d'ici. On se disait peut-être que ça n'allait pas changer notre vie. Et effectivement ça ne l'a pour l'instant pas particulièrement changée.

Mais ça devrait. Car c'est un profond mal à l'aise que je ressens quand j'entends ce matin à la radio cet automobiliste qui se plaint de la neige et du temps qu'il a mis pour aller au travail ce matin. Une douleur aiguë quand je vois que l'on peut aujourd'hui se plaindre en oubliant tous ces gens. On me dira que c'est très hypocrite, que finalement dans six mois j'aurai oublié, qu'il y a également de nombreuses personnes qui meurent de froid dans nos rues ou du Sida en Afrique. Je sais. Mais de temps en temps, certaines piqûres font plus mal que d'autres. Elles éveillent chez nous un peu de honte, de regrets vis-à-vis de notre comportement quotidien, de nos soucis du jour.

Et puis il y a cette couverture médiatique qui me fait dire que finalement rien ne change, on se soucie toujours davantage du touriste français que du paysan indien. Alors à quoi bon ? Dans un moment de folie je me dis que le monde prendra un jour conscience du fait que tous les êtres n'ont pas les mêmes préoccupations quotidiennes et qu'au moment où l'occidental pense au mal qu'il a à gratter son pare-brise le matin, le pêcheur indonésien se demande comment il va survivre suite à la perte de son bateau qui lui servait également d'habitation.

Futilités et gravité. De quoi faire réfléchir lorsque l'on constate que pratiquement tous les pays riches ont perdu au moins un ressortissant dans cette catastrophe. En attendant, je me ronge les doigts.