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Carte postale suédoise: juin 2004

30 juin 2004

Héritiers... reproduction ?

Photo du livre Les héritiersQuatre ans avant Mai 68, une gageure. Pierre Bourdieu met les pieds dans le plat en osant publier son étude sociologique sur les étudiants et la culture, Les Héritiers. Il y démontre les liens existant clairement entre niveau social et culturel des parents et accès à l'enseignement supérieur. On y voit également cette distance affichée par les étudiants aisés vis-à-vis de l'enseignement qu'ils reçoivent et de leur propre perception du monde et de la chose culturelle. Distance encouragée par les professeurs ayant une certaine propension à valoriser les élèves ayant une attitude désintéressée par rapport à ce qu'on leur inculque. Une attitude née de leur grande maîtrise de l'appropriation des connaissances. Maîtrise venant pour la plupart d'un héritage social et culturel. Bourdieu écrit sans fioriture. Mais avec une rigueur et une volonté scientifique qui ne quitteront jamais ce futur titulaire de la chaire de sociologie au Collège de France. Quatre ans plus tard, on voit surgir dans la rue, au grand jour, les malaises qu'il pointait du doigt. Mais Bourdieu est déjà ailleurs, il prépare déjà son futur monument, La misère du monde.

D'aucuns pourront dire que les choses ont changé depuis. Que les jeunes ne sont plus autant politisés qu'avant. Que l'accès à l'enseignement supérieur s'est démocratisé. Que dorénavant tout un chacun est libre de poursuivre des études. Mais à bien y regarder, non. Définitivement non.

Les enquêtes menées chaque année par les grandes écoles concernant les CSP (catégories socioprofessionnelles) des parents d'élèves sont en effet révélatrices. On y découvre par exemple que 63% des enfants des cadres et professions intellectuelles supérieures (CPIS) font ou ont fait une grande école, alors que le chiffre est seulement de 18% dans la population (voir à ce sujet l'excellent rapport de l'Insee concernant l'évolution à travers le temps des chances d'accès aux grandes écoles).

Mais une chose aura changé depuis 1964. Le lien entre niveau social et niveau culturel n'est plus aussi évident. Le symbole de la richesse était avant la bibliothèque. C'est maintenant le téléviseur plasma 180cm permettant de profiter pleinement du dernier dvd de Christophe Lambert. D'où une certaine déception lorsque l'on se penche sur les centres d'intérêt de nos futures élites. Dont je fais peut-être partie, rassurez-vous.

Tu seras ingénieur, mon fils.

Les Héritiers, Pierre Bourdieu. Editions de Minuit. 192p. , 11.90?

22 juin 2004

Quand musée rime avec entreprise privée...

Photo du Louvre vu à travers la pyramideLe musée du Louvre est en passe de montrer au monde que l'on ne vient plus au musée pour se cultiver ou pour enrichir son patrimoine personnel mais que l'on y vient uniquement dans le but de satisfaire un besoin purement spéculatif.

Dans un article pêché par hasard dans Le Monde daté du 22 juin, on nous explique que les enseignants qui bénéficiaient jusque là d'un droit d'entrée gratuit au musée du Louvre se verront privés de ce "privilège" à moins qu'ils ne fassent faire à leurs élèves au moins une visite par an de ce fleuron de l'art européen.

Et la direction du musée de souligner :

La gratuité n'est pas un acquis lié à une corporation. Elle existe pour attirer les élèves et les publics jeunes à visiter les musées.



Je ne reviendrai pas sur la triste phrase concernant les "privilèges" de la corporation (il faut dire que 8.50?, ça c'est un privilège, quand d'autres ont les vacances payées par le C.E ou la voiture de fonction tout au long de l'année...). Je m'attarderai plus sur les arguments de la direction du musée. L'accès à la culture ne serait donc plus une démarche personnelle et citoyenne, la démarche d'un professeur qui a envie d'apprendre pour ensuite faire partager ses connaissances à ses élèves. Cet accès serait plutôt un droit qui serait accordé sous condition de satisfaction d'un besoin que d'aucuns pourraient qualifier de mesquin.


Que les enseignants ne fassent pas assez de visites des grands musées nationaux avec leur classe, c'est sans doute vrai. Qu'il faille une carotte pour pousser les jeunes à visiter ces lieux de culture, c'est effectivement souhaitable. Mais cette carotte-là a un goût plutôt amer.


Il est quand même intéressant de voir que c'est de plus en plus dans ces articles dits "mineurs" que l'on trouve les conséquences des nouvelles "valeurs" de notre société...

20 juin 2004

Messieurs, qu'avez-vous fait de vos idéaux ?

Il est des jours où l?on se demande si certaines personnes ne sont pas dénuées de la moindre petite once d?humanité. De la toute petite conscience interne qui nous fait dire que si l?on ne fait rien, on va tout droit dans le mur.

Et les nombreux débats qui ont lieu en ce moment autour du fameux « Plan climat » n?échappent malheureusement pas à ce triste constat. On trouve en effet dans un article du Monde daté du 19 juin quelques raisons de s?inquiéter des valeurs qui animent nos valeureux hommes politiques que sont Gilles de Robien et Nicolas Sarkozy.

Parce que, à travers tout ce que l?on peut entendre sur les « difficultés » à mettre en ?uvre un plan climat « réaliste et pragmatique » (difficultés de financement ou d?approbation de la part des différentes parties prenantes), on sent poindre un raisonnement matérialiste complètement dénué de vision d?avenir.

Oui, légiférer sur l?utilisation des 4x4 et autres S.U.V (véhicules beaucoup plus polluants que leurs homologues «traditionnels ») nuira à la reprise de la croissance d?un marché automobile plutôt morose.
Oui, le ferroutage n?est pour l?instant pas viable économiquement parlant.
Mais l?avenir de notre planète ne vaut-il pas de remettre en cause tous ces sacro-saints impératifs financiers ? Car le réchauffement climatique n?est plus une chimère, il est présent, palpable, et maintenant prévisible.
Ne nous voilons pas la face, derrière tous ces beaux discours pleins de concessions sur la réalité du réchauffement climatique se cache une réelle attitude inspirée de la célèbre phrase de Louis XV, «Après moi le déluge ». Et l?Etat l?a bien compris : les seules mesures réellement incitatrices aux économies d?énergie seront des mesures d?ordre financier.

Malgré tout cela, on pourra néanmoins applaudir la récente campagne de communication de l?Ademe qui permettra, je l?espère, de faire réfléchir chacun d?entre nous sur ces petits gestes quotidiens qui améliorent notre utilisation de l?énergie et qui contribuent à préserver notre environnement. Car, faut-il le rappeler, 50% de l?augmentation des émissions de gaz à effet de serre sont dus aux particuliers?

Continuer d?avoir de tels modes de raisonnement égoïstes et si peu orientés vers l?avenir est tout simplement suicidaire.

Triste inauguration pour une carte postale suédoise qui semblait promise à plus de gaîté?

13 juin 2004

Bienvenue!

Voilà.

Cela faisait un moment que ça traînait dans ma tête. Une petite envie de faire partager à tout le monde, à ma famille, à mes amis et à tous les autres ces 2 années qui m'attendent à Stockholm.

Mais, au-delà de tout ça, ce blog, c'est également et surtout une envie d'émettre des points de vue, de discuter et de poser des mots écrits sur mes idées. Pour garder une trace de ce passage qui sera mon dernier moment "d'insouciance" avant la vie professionnelle. Pour ne pas avoir à me dire qu'il ne me reste rien de ces années étudiantes.

Merci donc à Morgan de m'avoir fait découvrir le monde du blog, et de m'avoir poussé à monter ce "journal de bord".

Merci à tous de vos commentaires, n'hésitez pas (et là je pense surtout à ma famille) à me faire part de votre avis, à me faire partager également vos tranches de vie, que ce soit à Rouen, Nantes ou ailleurs.

Välkommen till Sverige!