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Carte postale suédoise: octobre 2006

31 octobre 2006

Ouicheliste.

Je vous avais rapidement parlé des vårtecken, ces "signes de l'arrivée du printemps". Etrangement leur équivalent hivernal n'existe pas (tiens donc ?), même s'ils sont pourtant bien là. J'ai eu mon premier avertissement dimanche, lorsque mon appareil photo a refusé de fonctionner pour cause de piles trop froides. On oubliera l'allumage du radiateur, la veste de costume surmontée d'une autre veste, les fontaines arrêtées depuis belle lurette, les réchauds des terrasses remisés. Parmi les signes qui ne trompent pas, il y a surtout les catalogues de jouets. Et comme la neige en Scandinavie, cette année ils sont précoces.

Histoire que l'on n'oublie pas Noël (on ne sait jamais, on pourrait passer à côté de l'évènement si l'on ne fait pas attention), les magasins de jouets viennent s'inviter dans les boîtes à lettres deux mois avant l'échéance fatidique de la surprise au pied du sapin. Et le premier à venir me voir a été Toillezareusse, et il a bien fait car il a plein de bonnes choses à nous proposer.

J'étais en train de cocher les articles que j'allais commander à Monsieur Noël (qui vivrait tantôt en Norvège, tantôt en Suède, ou encore à Rovaniemi (ou Korvatunturi, on se perd dans tout ça), ou un peu partout finalement, alors que tout le monde sait qu'il travaille au sous-sol du Joué Club de Vélizy 2).

Voiture télécommandée avec caméra

Donc j'étais en train de cocher disais-je, lorsque au détour d'une page, je tombe sur LE jouet. Il n'a l'air de rien comme ça, une simple voiture télécommandée, mais si on regarde bien le descriptif et la mise en scène derrière, on découvre que c'est beaucoup plus que ça. Attention mesdames et messieurs les jurés, cette voiture-là, elle espionne. Oui vous avez bien lu, elle a une caméra intégrée reliée par ondes radio à un petit écran que l'on se met à l'oeil pour diriger la voiture et épier en temps réel. Sans oublier l'indispensable fonction "vision nocture". Mazette. Tout cela nous promet des heures d'espionnage (même si apparemment on a la caméra mais pas le micro, c'est tout de même fâcheux).

Parce qu'aujourd'hui les amis ce n'est plus ce que c'était, ils se baladent avec une mallette que Jim Phelps en personne n'aurait pas reniée et ils s'échangent des dossiers Top Secret sur un coin de canapé avant de partir de faire un foot ou regarder le dernier épisode de Veronica Mars pour apprendre des astuces.
Toujours est-il que tout cela est bien tentant (ce que l'on apprend à nos chères têtes blondes, tout de même...), la voiture est certes un peu chère, mais franchement 1000 couronnes pour aller musarder en douce chez ses ami(e)s / ennemi(e)s qui font des trucs secrets / cachés / honteux / onanistes sous la douche / étranges avec leur ordinateur, c'est intéressant, pour un peu Sam Fisher serait jaloux.

Le catalogue ne dit pas comment crocheter une porte en revanche, ni comment se planquer avant d'envoyer l'appareil (que l'on espère silencieux) en reconnaissance, parce que hormis si vos amis ont la même tête que ceux en illustration, je ne sais comment guider l'engin sans se faire repérer.

Alors moi j'aurais bien des idées, comme courser le chat de la voisine, regarder un film tout en faisant la cuisine de l'autre oeil, voire le contraire, surveiller mes poêles pendant que j'écris un billet tranquillement. Que de tentations.
What if you could become a new you?
Kista, sortie du métro. Publicité pour NXP, filiale de Philips spécialisée dans les semi-conducteurs, devenue une entreprise indépendante de type spin-off début septembre.

Alors que la politique peut se faire avec des générateurs 100% langue de bois [via Minimarie], je me demandais s'il n'en était pas de même pour les slogans d'entreprises multinationales et les boîtes web 2.0. Phrases à la con et vides de sens qui peuvent servir aussi bien pour des chaussures de sport que pour des processeurs.

Just do it. Think different. Taking you forward. Invent. Be inspired. Ideas for life. Your potential, our passion. Moving forward (ah on a l'a déjà eu, non ?). I am what I am.

Toi aussi, invente ton slogan à deux francs, et essaie de nous faire deviner à quelle entreprise il pourrait appartenir !

29 octobre 2006

C'est moi qui ai la plus grosse.

(le titre fait peur, hein ?)

A la demande générale (de deux personnes, en fait), voici quelques photos prises plus ou moins récemment et sur lesquelles on peut voir des pickups et autres monstres de la route, à Stockholm ou dans ses environs. Non pas pour dire que ces véhicules sont monnaie courante ici, mais pour dire que l'on en voit un certain nombre et que cela tranche assez avec l'idée-cliché que je me faisais avant de débarquer en Suède. La voiture-type suédoise est plutôt la Volvo break type V70 ou la Saab 9-5. Voiture d'une taille déjà relativement conséquente et donc polluant davantage que les petites voitures, qui sont pratiquement inexistantes ici.

Dodge RAM 2500
Un Dodge Ram 2500 dans la vieille ville. On en voit quelques-uns garés sur Sveavägen également. Un monstre encore plus impressionnant qu'un Hummer, la photo ne rend pas tellement compte de la taille des roues et de la hauteur de l'engin, mon 1m82 était largement dépassé.

Pickup
Un pickup Dodge (décidément) sur Regeringsgatan. La BMW break garée derrière a l'air ridicule.

Chrysler garée devant une maison en bois
Chrysler 300C Touring à Vaxholm. Une voiture qui commence à être beaucoup utilisée par les chauffeurs de taxi de Stockholm. Un sacré contraste avec la maison tout en bois, en tout cas.

Sans oublier les très nombreuses Ford Mustang nouveau modèle, ou autres SUV derrière lesquels il faut accrocher une citerne d'essence si l'on ne veut pas être pris au dépourvu.

Je tiens à préciser tout de même qu'en stigmatisant ce problème d'absence de conscience environnementale, je ne veux pas du tout jeter l'opprobre sur l'ensemble des Suédois, je la jette uniquement sur les propriétaires de ces véhicules aussi encombrants qu'inutiles (même en Suède), autant que je le ferais si j'étais en France. D'ailleurs je ne m'en suis pas privé dans les débuts de ce carnet, lorsque j'étais encore au pays.

A ce propos j'écrirai bientôt un billet sur le droit à la critique en étant étranger, pour partager rapidement ma vision des choses quant à ce que je peux dire ou pas, respect et loyauté, reconnaissance, ce genre de chose pas forcément évidente, ayant toujours l'impression que lorsque je dis du mal de quelque chose ici, je m'en prends à la Suède en elle-même, alors que la même critique à l'égard de la France ne serait pas vue de la même manière.

Tiens sinon il fait nuit noire depuis 30 minutes.

28 octobre 2006

Balades.

Vieille ville au soleil


Lars Forssell, En Fransman i Stockholm (extrait), 1957. Musique originale de Henri Salvador, Le gars de Rochechouart.

Le soleil ayant fait une apparition aussi surprenante qu'agréable en ce samedi, toute la ville s'est retrouvée dehors pour en profiter, en attendant la neige (qui à mon avis sera plus précoce que l'année dernière).

Un petit 5°C vivifiant, on peut se laisser aller à s'asseoir sur les marches de Kungsträdgården, pencher la tête en arrière, et boire le soleil. Ce soleil qui demain se couchera à 16h, sonnant le véritable début de l'hiver, cet hiver long et sombre qui s'éveillera seulement lors de la Sainte-Lucie.

Rue du Gros-Horloge, noir et blanc

On passe sa vie à voir de jolies photos artistiques dont on ignore complètement où elles ont été prises. Et lorsqu'il s'agit de sa ville natale, dans un pays étranger, dans une rue où je suis peut-être le seul à connaître le nom de la ville et de la rue, on a un petit pincement lorsqu'elle nous surprend au détour d'une rue, à un moment où l'on ne s'y attendait pas. On n'est plus tout à fait à l'étranger, sur le moment, j'ai même lâché un mot de français, chose qui ne m'arrive jamais. La rue du Gros-Horloge, à Rouen, au temps où elle n'était pas encore piétonne. Me demande bien qui peut acheter ça.

27 octobre 2006

Mise au courant.

Canal sous un ciel gris
A droite, le palais royal. Pas facile de faire de jolies photos en ce moment, la pluie rend les bâtiments bien ternes.

Depuis peu, on a la chance de voir à nouveau (enfin en ce qui me concerne, de voir tout court, puisque je ne suis ici que depuis deux ans) une perspective qui était jusque-là bouchée par des travaux impressionnants : le Stallkanalen, séparant Helgeandsholmen du palais royal.

Helgeandsholmen ("l'îlot du Saint-Esprit") accueille un seul bâtiment, le parlement de Suède ("Sveriges Riksdag"). Il comporte également un jardin sur deux niveaux à partir duquel de nombreux pêcheurs tentent d'attraper des poissons qui ont l'air de se faire plutôt rares dans le Norrström, même si on voit parfois de très beaux saumons. La particularité de cet îlot artificiel, c'est qu'il est construit sur des rondins de bois (il en est de même pour certaines parties de la vieille ville, et c'est d'ailleurs de cette technique ancestrale datant de la fondation de la ville que vient le nom de Stockholm, "l'îlot des rondins"). Malheureusement, le problème desdits rondins (mis en place à la fin du 19ème siècle), c'est qu'ils pourrissent dès lors qu'ils sont en contact avec de l'oxygène, c'est-à-dire en dehors de l'eau. Et c'est là qu'est le hic, puisque l'îlot s'élève naturellement (d'environ 5mm par an), ce qui fait que des rondins se retrouvent au contact de l'oxygène et commencent à pourrir.

D'où le besoin de créer une barrière qui permettra au Lac Mälar (qui baigne la partie ouest de l'île) d'atteindre un niveau suffisamment haut pour que les rondins de bois soient maintenus sous l'eau. Cette barrière, c'est en fait la limite "officielle" entre le lac Mälar, à l'ouest, et la Mer Baltique, à l'est, celle qui est censée séparer les eaux douces des eaux dites "salées" (pour la Baltique, on repassera pour le sel). Je retournerai prendre quelques photographies lorsque le temps sera plus clément et lorsque les travaux auront définitivement été terminés, mais en tout cas, voir une perspective qui se débouche, voir des bâtiments sous des angles qui étaient jusqu'alors obstrués, c'est toujours un réel plaisir.

Mise à jour :

Les mêmes en couleur prises aujourd'hui samedi 28 octobre à 11h, 4°C. On change quand même de perspective.

Canal sous un ciel bleu

Canal sous un ciel bleu
Dans l'autre sens, vers Riddarholmen et Mynttorget ("la place de la monnaie"). On distingue bien le mur-bouclier et la famille canard qui tente de s'en approcher. Stockholm est quand même une bien jolie ville.

26 octobre 2006

Jusqu'à plus soif.

Tapis de feuilles mortes
C'est pas que c'est l'automne, mais presque. On dirait pas, pourtant.

Parmi les clichés populaires ayant trait aux pays nordiques, l'écologie revient bien souvent. Il faut dire qu'avec les immenses forêts, l'omniprésence de l'eau et les grandes étendues vierges, on a souvent l'impression que ces pays sont des modèles de protection de l'environnement. Mais lorsque l'on y regarde de plus près et que l'on aborde la question de l'empreinte écologique (animation flash et test à faire) par habitant, il en est tout autrement.

Selon le dernier rapport [.pdf] du WWF, l'empreinte écologique globale de l'humanité a fortement augmenté ces trente dernières années. En d'autres termes, et ce n'est pas une révélation, l'homme, avec son mode de vie actuel, prend à la Terre plus que ce qu'elle ne peut offrir, ce qui signifie que notre société n'est pas viable sur le long terme.

Sans surprise, les pays dont les habitants polluent le plus sont les Emirats Arabes Unis et les Etats-Unis. Chiffre d'autant plus alarmant pour les Etats-Unis puisque, contrairement au premier pays, c'est un pays très peuplé, et donc dont les agissements ont énormément d'impact sur la santé de la planète. Mais puisque ce n'est pas parce que l'on habite dans un pays peu peuplé que l'on peut se permettre de polluer plus que les autres, regardons la suite de ce classement peu glorieux.

Alors que l'on s'attendrait à trouver un pays n'ayant pas du tout bonne presse à ce niveau, en troisième position, la Finlande, pays qui ne vient pas forcément à l'esprit en premier lorsqu'il s'agit de pollution. Suivie du Canada. La Suède, 8ème, n'est pas en reste. Suivent la Norvège et le Danemark. Ainsi, dans les 11 "premiers", on trouve les trois pays scandinaves et la Finlande, ainsi que le Canada, qui sont dans l'imaginaire collectif des pays qui sentent bon l'environnement préservé.

Evidemment le calcul de l'empreinte écologique est discutable (car il varie notamment en fonction de l'importance que l'on donne à telle ou telle pollution, typiquement la France a un gros pourcentage venant de l'utilisation du nucléaire, dont l'empreinte écologique n'est pas forcément évidente à calculer). Les données sont tout de même pondérées en faisant la différence entre pays "préleveur" et pays consommateur, qui ne sont évidemment pas forcément les mêmes. Par exemple la Suède prélève énormément de bois dans ses forêts, mais elle n'est évidemment pas la seule utilisatrice de ce bois, et un pays qui achète du bois ou du papier à la Suède est également considéré comme pollueur puisqu'il l'est par transitivité (même chose pour l'achat d'électricité ou l'achat de combustibles fossiles par exemple). Donc non seulement la consommation en elle-même qui importe, mais également son origine (même si cela pose après des problèmes géographiques, à savoir qu'un pays scandinave ayant un énorme potentiel hydroélectrique polluera moins qu'un pays ne bénéficiant pas de la géographie appropriée et devant construire des centrales à charbon, par exemple). S'ajoutent à cela le transport et le mode de production (manger une fraise de jardin à Plougastel en juillet ne consomme pas autant de ressources que manger une tomate hollandaise hors sol à Stockholm en décembre), et on voit rapidement que tous les pays ne sont pas sur un pied d'égalité, même si on "gagne" souvent d'un côté ce que l'on "perd" de l'autre. Tout est donc une affaire d'adéquation entre ce que l'on a et ce que l'on demande.

En lisant les détails de ce rapport, on constate que l'utilisation excessive de la voiture est à mettre en cause dans la majorité de l'empreinte écologique de la Suède, et que le pays n'est pas submergé par les gaz d'échappement uniquement parce qu'il est grand et très peu peuplé. Transposez le modèle de vie suédois aux Pays-Bas et vous obtiendrez un environnement irrespirable. Car voilà, je n'ai par exemple jamais vu autant de Hummer et de pickups que depuis que je suis à Stockholm. Et les petites voitures n'existant pratiquement pas, il est finalement logique qu'un Suédois ait une empreinte écologique plus importante qu'un Français. De nombreuses contraintes sont à prendre en compte pour pondérer tout cela (l'étendue des réseaux de communication, à savoir que certains pays sont mal équipés et que l'on y aura davantage tendance à prendre la voiture plutôt que le train), mais le constat est tout de même là : les pays les plus pollueurs (encore une fois, par habitant) ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Au final, une seule chose à retenir : on file droit dans le mur.

Quant à moi vous m'excuserez mais je cours m'abriter, il paraît que les tempêtes qui vont toucher la Suède dans les prochaines 24 heures sont les pires depuis celle de janvier 2005.

24 octobre 2006

Ubuesque.

Les requêtes menant ici me feront toujours rire.

Il n'y a pas un site parlant de l'embouchure de la flute traversière.

Bah la preuve que si.

23 octobre 2006

Rapport de gendarmerie.

Dernière mise à jour : 23h59.

Toute participation est évidemment la bienvenue dans les commentaires.


  1. 0h00. Lundi 23 octobre 2006. Après le repassage de la chemise pour demain (blanche, j'ai longtemps hésité avec la pourpre, ça sera pour mardi), début du rapport de gendarmerie.
  2. 0h02. Eloigne mon géranium du bord de la fenêtre, baisse les stores. Geste idiot puisqu'il fait nuit noire et qu'il fera encore nuit quand je me lèverai.
  3. 0h05. Mange un bout de Turrón de Jijona, c'est gras mais bon. Le double espresso pris tout à l'heure en ville (après le récital de chansons renaissance par le kammarkören Cantare, j'en parlerai un autre jour, c'était très bien d'ailleurs) me pèse encore sur l'estomac. Salle de bain, brossage de dents, remplissage de bouteille d'eau pour la nuit.
  4. 0h06. J'entrouvre ma fenêtre, inspire un bon coup, je n'aime pas avoir chaud la nuit.
  5. 0h12. Fermeture de Gaim et de Firefox. System -> Quit -> Shut down. Bonne nuit les petits.
  6. 0h13. Zzzz...
  7. 7h00. Tut tut tut.
  8. 7h01. Lever gentillet. Série d'abdos et de pompes habituelle, ça réveille.
  9. 7h10. Allumage de l'ordinateur. Firefox. 77 billets non lus dans Bloglines, ça sera pour plus tard. Lancement de Xmms. Nicole Kidman et Robbie Williams, Something stupid. J'aime bien cette chanson.
  10. 7h14. Rasage, douche. Savon à l'huile d'olive et au miel. Enfile la chemise et le pantalon de costume. Tiens il serait grand temps que j'aille chez le coiffeur, vais réserver.
  11. 7h33. Petit déjeuner. Gâteau de riz et confiture de raisin faite samedi. Un peu écoeurant, je vais revenir aux corn flakes. Grand verre de lait.
  12. 7h45. Lavage de dents. Je cherche un carnet pour écrire le rapport quand je ne serai pas en ligne.
  13. 7h47. System -> Quit -> Suspend. Enfournage de l'ordinateur dans le sac et enfilage de la veste de costume. 9 degrés dehors, mais la météo paraît optimiste quant à la pluie. Direction le métro.
  14. 7h58. "Stockholm City ?" "Metro ?" Non merci, les produits de blanchiment de papier, bof. Passe péniblement ma carte de transport dans le tourniquet. Je rêve d'un univers où tout le monde est gaucher.. 5 minutes d'attente pour le métro, pas grand monde sur le quai.
  15. 8h01. Ouéééé je vous envoie mon billet incroyablement intéressant à partir du métro avec mon Blackberry ZX4027 offert gracieusement. Non je déconne, je somnole dans le métro, en fait.
  16. 8h10. T-Centralen, ligne bleue direction Akalla. Je cours pour attrapper la rame.
  17. 8h13. Une fille aux pommettes roses s'assied en face de moi. J'adore les pommettes roses.
  18. 8h17. Danse hongroise numéro 1 de Brahms. Zap, le piano dans le métro ça passe très mal. Socker de Kent. J'adore bien cette chanson. Spelar det längre någon roll, jag orkar inte slåss...
  19. 8h20. Tristesse, la fille aux pommettes roses est remplacée par un gothique aux yeux rouges.
  20. 8h28. Arrivé à Kista. Traversée de la Galleria en compagnie de mes clones. "Punkt SE ?". "Non merci".
  21. 8h30. Bureau. Café long et banane. Réveil de l'ordinateur. Ouverture d'Eclipse, synchronisation avec SVN.
  22. 8h47. Mon collègue me montre ses photos de champignons prises hier. Ca fait un peu nerd mais elles sont jolies, il maîtrise bien la macro et le flou, l'animal. Jaloux.
  23. 9h10. On a gagné une troisième bourse pour l'entreprise, la remise du prix est à Eskilstuna. Une heure de Stockholm en train. Argh. Me voilà pris en flagrant délit de stockholmisme, équivalent suédois du parisianisme.
  24. 9h50. Il tombe des cordes et on croirait qu'il fait encore nuit. Encore une fois la météo s'est fourré le doigt dans l'oeil. J'aimerais revoir ma Normandiiiiie...
  25. 9h57. Mon collègue me dit "skitbra" ("putain de bien"). J'adore quand mon collègue dit "skitbra".
  26. 10h05. Ca n'arrête pas de tomber dans l'agrégateur, un article du Spiegel sur deux est sur Schumacher.
  27. 10h23. Je réfléchis déjà à ce que je vais manger à midi. Je suis tenté par des sushis.
  28. 10h37. Xmms joue A Paris d'Yves Montand.
  29. 10h42. Sms de Maria, que je n'ai pas vue depuis au moins 3 semaines. "Ca te dit Sparklehorse le 31 ?". "Ah bah en v'là une bonne idée !".
  30. 11h20. Malgré les rumeurs je tiens à dire que je bosse, c'est seulement que la fenêtre Blogger est constamment ouverte et que je passe ma journée entière ou presque en face d'un ordinateur.
  31. 11h24. Mes collègues me disent qu'ils vont manger à Akalla. Je les suis. Les sushis, ça sera pour demain.
  32. 11h32. Repas à moitié perse, j'ai trop de riz. On parle de redevance TV et de subvention de la culture (en rapport avec la fin de la gratuité des musées à Stockholm). Un de mes collègues me dit que "le Louvre, ça c'est du musée qui n'en veut". Dehors il pleut des seaux d'eau, heureusement que le coin est un peu en hauteur, c'est notre mini mont Ararat.
  33. 12h01. Retour au boulot, café. Pourquoi on ne fait pas la sieste, en Suède ?
  34. 13h34. Je m'arrache les cheveux, mon cerveau va exploser. Et il pleut, encore et encore.
  35. 13h37. J'ai deux KitKat qui se battent en duel sur le bord de la table, ils sont bien tentants, mais je vais attendre un peu.
  36. 13h59. Ne pas oublier de regarder la une de l'Aftonbladet pour ma collection de gros titres trash.
  37. 14h45. Gnniiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhh.
  38. 15h04. Pause agrégateur. Blague récursive. Souvent un bon lien vaut mieux qu'un long discours.
  39. 15h09. Il ne pleut (presque) plus. Je croise les doigts pour tout à l'heure, je n'ai que ma veste.
  40. 15h18. Je m'aperçois que la narration de ma vie au travail est véritablement passionnante. Plus que 9 heures de rapport de gendarmerie, vous avez de la chance.
  41. 15h58. Il y a un anniversaire à côté, ça chante "ja må han leva" à tue-tête. J'attends les quatre "hurra".
  42. 15h59. "Hurra ! Hurra ! Hurra ! Hurra !". Même pas d'applaudissements, c'est vite emballé.
  43. 16h00. Il est peut-être l'heure d'aller chercher un café et de prendre un KitKat.
  44. 16h12. J'allume enfin la lumière de mon bureau. D'ici 30 minutes il devrait faire nuit.
  45. 16h50. Mal de tête naissant.
  46. 17h20. Il serait bien de remplir le frigo mais pas le courage aujourd'hui. On verra demain en rentrant.
  47. 17h31. Ai reçu un énième courriel me demandant des renseignements parce que "vous comprenez la Suède ça me branche, j'aimerais y étudier, blablabla". Un petit tour par mes statistiques et je vois que la personne est venue ici en tapant la requête "les suédoises récit". Cocher -> Supprimer. Je déteste qu'on me prenne pour un con.
  48. 17h45. Les lumières commencent à s'éteindre dans les bureaux de l'autre côté de la rue, il serait peut-être temps d'y aller.
  49. 18h01. J'ai un petit sourire de gaité intérieure, tout de suite. Ne me demandez pas pourquoi.
  50. 18h20. Sms de Christian qui me pose une question de geek ayant trait à son routeur sans fil. J'aime bien aider mais en dehors du cercle du travail, parler informatique me saoule quelque peu.
  51. 18h23. Xmms joue une Gnossienne de Satie. J'aimerais bien retourner à Honfleur, tiens.
  52. 18h28. Belle & Sebastian entament Get me away from here, I'm dying. Titre fort à propos.
  53. 18h29. System -> Quit -> Suspend. Enfilage de veste, il tombe des hallebardes dehors, ça sent le sprint jusqu'à la station de métro.
  54. 18h45. Monte les marches quatre à quatre pour attrapper le métro (oui à Kista on monte pour accéder au métro).
  55. 18h52. Une personne me sourit. Evénement assez rare pour être apprécié à sa juste valeur.
  56. 18h54. Je suis assis au milieu de trois personnes qui hurlent dans leur téléphone portable. Même si je suis contre l'interdiction du portable dans certaines rames du métro (c'est le cas actuellement), il y a un minimum de savoir-vivre. Ca devrait être un truc pour lequel on n'a pas besoin de créer des règles, un truc naturel. Bref.
  57. 19h04. Descends à Fridhemsplan.
  58. 19h06. Prends la rue Saint-Éric et le pont éponyme. J'aime bien rallonger mon trajet et marcher un peu en ville, j'adore l'ambiance qui s'en dégage la nuit, les odeurs qui ne sont pas les mêmes. Prends la rue d'Odin. Les feuilles mortes n'en finissent pas de tomber.
  59. 19h13. Je marche sur le bord du trottoir, façon gymnaste sur la poutre.
  60. 19h17. Traverse un carrefour en diagonale alors que tout le monde attend gentiment. L'un de mes seuls côtés latins dont je n'arriverai jamais à me défaire. Pas très grave, d'un autre côté.
  61. 19h20. Bref arrêt devant un antiquaire sur Upplandsgatan. Je rêve d'habiter dans autre chose que de l'Ikea.
  62. 19h25. Toujours sur Upplandsgatan. Un mec photographie une voiture garée en double file.
  63. 19h30. Je monte dans le bus. Pulp, The fear.
  64. 19h37. Le chauffeur prend un tournant trop vite et trop serré, on monte sur le trottoir. Que d'émotions, il s'en passe des choses à Stockholm.
  65. 19h39. Une grosse étoile lumineuse pend à une fenêtre, Noël est précoce cette année.
  66. 19h50. J'arrive enfin chez moi. Re-pluie.
  67. 19h51. Croise ma voisine avec son chat dans les bras. Elle me demande si j'ai passé une bonne journée. Elle me demande mon âge, quand je lui dis 24 ans, elle manque de s'étouffer.
  68. 20h03. Horreur, malheur. Internet ne marche pas chez moi. Pas ça, pas un jour de rapport de gendarmerie !
  69. 20h04. Passage en mode "furie". Kill them all.
  70. 20h07. Toque chez mon voisin pour lui demander si c'est la même chose chez lui. Et non, ça marche.
  71. 20h08. La providence nous envoie un routeur sans fil. Lueur d'espoir.
  72. 20h10. Retour en ligne. Pfiou.
  73. 20h23. Ouverture de Bloglines. 226 billets non lus.
  74. 20h26. Lancement de Gaim.
  75. 20h28. Exactement ce qu'il me faudrait.
  76. 20h34. Prends un nouveau bout de turrón de Jijona.
  77. 20h45. Il serait temps de réfléchir à quoi manger.
  78. 20h47. (spéciale dédicace à Laurent) Je vais faire pipi.
  79. 20h59. Mon géranium fleurit encore, je suis assez épaté. Par contre mon orchydée est presque morte, je croyais pourtant que c'était increvable. Et mon amaryllis a les feuilles qui jaunissent. Il n'y a que l'espèce de plante affreuse achetée chez Ikea un jour d'égarement qui a l'air de prospérer.
  80. 21h04. Fais un peu de rangement, mon bureau est un champ de bataille fait de revues, de stylos ou de divers câbles et périphériques pour ordinateur.
  81. 21h 10. Ahlalala Firefox 2.0 est sorti.
  82. 21h15. Tiens il serait temps d'enlever ma chemise et mon pantalon et de mettre quelque chose de plus confortable. Jean et t-shirt marqué "Fcükhoff", mon préféré.
  83. 21h27. Il faut toujours que je mange mais je n'arrive pas à décrocher des discussions, c'est terrible, ça. Une vraie drogue.
  84. 21h38. Je parle entre autres de Mont-Saint-Michel en suédois (en insistant bien sur le fait qu'il est en Normandie et non en Bretagne), de papier toilette Lambi (176 feuilles sur un rouleau, imprimé avec des petits moutons dessus, c'est mon préféré) et de temps pluvieux.
  85. 22h01. Les discussions se poursuivent avec passion.
  86. 22h24. Je décide enfin à aller manger. Il est temps.
  87. 22h32. Longues hésitations devant le placard.
  88. 22h33. Tiens pour changer je vais faire une gratinée à l'oignon.
  89. 22h39. Deux oignons. Deux cubes de bouillon de boeuf. Emincer les oignons (qui font moins pleurer qu'en France, je ne sais pas pourquoi). Les faire dorer au beurre dans une casserole. Remplir d'eau. Rajouter les cubes de bouillon. Faire mijoter 10 minutes. Assaisonnable selon les envies (gruyère, croûtons...).
  90. 22h58. Pendant que la soupe mijote, je mange un demi-concombre et des chips à l'aneth.
  91. 23h04. C'est prêt, mais ça ne tient pas dans mon bol. Misère. Pis c'est bougrement chaud, en plus. Je laisse reposer un peu.
  92. 23h05. Le chevalier de Saint-George donne ses plus beaux accords.
  93. 23h10. Soupe refroidie, prête à être mangée. Et bon appétit bien sûr.
  94. 23h32. Fais ma lecture hebdomadaire des commentaires chez LLM. Entre libéraux névrotiques, VRP de pignolage et étudiants en écoles de commerce qui ne se sentent plus pisser, on ne sait que choisir sur l'échelle de la connerie. Dire que 90% des personnes écrivent les commentaires au premier degré, ça fait peur. Une mine d'or, ce blog, c'est un éternel renouvellement, on croit toujours avoir atteint le fond mais en fait non, c'est la fosse des Mariannes combinée à Voyage au centre de la Terre.
  95. 23h43. La fin du rapport arrive. Vous en avez de la chance.
  96. 23h50. Penser à appeler Tele2 demain si la connexion n'est pas revenue.
  97. 23h54. Ah tiens, la Toccata en mi mineur de Bach.
  98. 23h59. Allô la Lune ici la Terre vous m'entendez ? Allô ? Allô ? Rshshshshshhhhhhhhhhh... Fin de transmission.
  99. ...

22 octobre 2006

Programme.

Je suis très tenté par un rapport de gendarmerie (explication) pour la journée de lundi.

Les cent ciels.

100 photos de ciel.

Avant que l'hiver ne recommence ses jolis bleus pâles, un an de ciel à Stockholm.

Regard impressionniste.

Hall de gare long au toit lumineux
La salle des pas perdus de la gare de Stockholm. Assez lumineuse, je l'aime plutôt bien, même si elle manque un peu de fantaisie. Elle abrite deux librairies regorgeant de policiers de poche, deux Burger King, un MacDo, trois cafés, un Forex et plein de gens qui proposent des American Express, des abonnements téléphoniques ou des séjours au soleil.

Il est des moments avec lesquels une musique colle parfaitement. Pas deux, non. Une. Comme si l'instant vécu était un bout de film dont la bande originale avait été spécialement composée pour amplifier l'atmosphère, intensifier l'émotion. Ces instants arrivent sans prévenir, au hasard du shuffle du baladeur mp3 ou du disque joué dans le bar ou à la radio. On ne leur associe rien en particulier, pas de souvenir, d'ailleurs les paroles ne sont pas importantes. Juste quelques notes auxquelles on porte une attention particulière parce qu'elles coïncident avec l'ambiance. Parfois un air que l'on n'aimait pas forcément avant, d'ailleurs, et que l'on oublie juste après.

Beaucoup de moments de ce type cette année, équipé cette fois-ci de mon baladeur mp3 qui rompt de temps en temps le silence du dehors. J'avais déjà parlé de ce moment unique accompagné du Confutatis.



Morceaux choisis.

Un champ de neige près de Sigtuna en février. Pas âme qui vive à l'horizon, juste du froid, de la neige, du ciel gris. Silence troublé par le vent qui souffle en bourrasques. Bande originale de The Hours, Morning Passages, ce long morceau d'introduction du film. Philip Glass et sa musique répétitive discrète s'inscrivent parfaitement dans cet univers hostile.



Début de soirée, en rentrant d'un restaurant où j'ai dîné avec mes collègues de travail (oui en Suède on dîne très tôt, j'ai encore du mal à m'y faire d'ailleurs). Je remonte Swedenborgsgatan, cette jolie rue de Södermalm. Atmosphère sombre dehors, je croise un gars à la tête désabusée, une drôle d'allure. Et la trompette de Life in a glass house de Radiohead. On imagine les effluves d'alcool et la fumée d'une cigarette, avec une déception. Et je m'engouffre dans le métro à Mariatorget.



Temps frais en allant à l'entreprise où je faisais mon travail de fin d'études, début avril. Le ciel est bien bleu, on sent que l'hiver s'éloigne. Je prends une grande bouffée d'air frais sur le vélo, Télépopmusik et son Breathe arrivent. Une grande joie s'empare de moi. Période heureuse, ciel qui va avec. Ce jour-là j'ai mis 30 minutes au lieu des 40 habituelles.



À l'avant d'un bus, sous la pluie, en rentrant du travail un soir. J'aime bien la pluie en ville. Les feux et les phares des voitures se reflètent partout, ils traversent les gouttes d'eau des pare-brise. Les essuie-glaces battent la cadence. Beck est là, avec Everybody's gotta learn sometimes. Autre période, autre ambiance. La roue a tourné.



Station de métro de T-Centralen. Mécaniquement, les métros déversent leurs flots de voyageurs pressés. Portes s'ouvrent, se ferment. Escalators et tapis roulants. Gens qui regardent leurs montres, marchent au pas, mais avec une certaine légèreté dans le geste. Pierre Hantaï entame la troisième des Variations Goldberg de Bach. Le spectacle devient fascinant.



Et il y a ces autres instants aussi. Moins esthétiques mais dont on se souvient tout autant.

20 octobre 2006

Ces petites choses que j'aimerais bien faire.

Retourner en Russie.

Aller à un concert, parce que ça commence sérieusement à remonter, faute de combattants.

Ressortir ma bicyclette, parce que depuis que j'ai commencé à travailler je carbure au métro, c'est pas comme ça que je vais pouvoir gagner le caméscope cet hiver.

Réussir enfin à faire marcher le son sous Wengo.

Faire un saut à Rouen, Paris et Nantes. A priori cela devrait se réaliser dans un mois, moyennant la conciliance de mes collègues de travail.

Passer davantage de temps à cuisiner, parce que la nuit commence à tomber tôt et ce n'est pas le moment de se laisser abattre.

Faire le résumé de mes impressions musicales de cette année, j'ai déjà raconté l'une des meilleures.

Sortir un peu de Stockholm et de sa proche banlieue.

Faire affûter mes patins à glace, je n'en ai pratiquement pas fait l'hiver dernier et ça me manque terriblement. D'ailleurs les crosses chez Stadium sont bien tentantes...

Et accessoirement, passer un week-end pas trop ennuyeux, mais il m'est d'avis que c'est mal parti.

Kändisspotting.

L'un des sports favoris des habitants de Stockholm est assurément le kändisspotting, autrement dit la traque des célébrités, activité qui consiste à être en permanence à l'affût dans l'espoir de voir une personne connue et éventuellement de lui demander un autographe.

Bien des caractéristiques de Stockholm et de la Suède rendent ce sport finalement assez facile. Tout d'abord, la plupart des gens connus sont dans l'annuaire. Il est donc facile de les attendre au pied de leur domicile si l'on est vraiment motivé. Ensuite, Stockholm, bien qu'elle soit une capitale, est une ville relativement petite, ce qui fait qu'il n'est pas facile de s'y cacher lorsque l'on est célèbre. Et enfin, les personnes connues se protègent finalement peu et sortent au grand jour, souvent seules (l'assassinat d'Anna Lindh et d'Olof Palme en sont plus ou moins l'illustration).

Malheureusement pas grand chose à mon tableau de chasse, pour la simple et bonne raison que je n'ai pas habité assez longtemps ici pour pouvoir reconnaître des célébrités dans la rue (ah et que je n'ai pas la télévision, aussi). Et puis je ne suis pas physionomiste pour deux sous (je suis terriblement tête en l'air, surtout, je pense toujours à autre chose). Il m'arrive même parfois de ne pas voir une personne que je connais pourtant bien parce que je suis dans les nuages. Cependant, je suis assez content des quatre personnes que j'ai pu croiser, même si elles jouent toutes dans la même cour, à savoir la politique. Alors dans l'ordre d'apparition, cela donne :

  • Hans Blix : la célébrité dont je suis le plus fier. Un soir de mai 2005, sur Hamngatan. Avec ses grosses lunettes, il était encore un peu sous les feux de la rampe suite aux enquêtes sur les inspections de l'ONU quant au désarmement de l'Irak. Un bonhomme à l'air modeste que j'aime vraiment.
Et les trois personnages politiques les plus médiatisés du pays :

  • Göran Persson : entre le Riksdag et son logement de premier ministre, en août 2005, il traversait le Norrström entouré de journalistes avec des micros. J'étais loin mais son allure est reconnaissable à des kilomètres.

  • Fredrik Reinfeldt : sur Norra Stationsgatan, un soir de novembre 2005, alors qu'il n'était pas encore premier ministre, "seulement" leader des Moderaterna. Il marchait vite sur le trottoir, accompagné d'une autre personne. Il faut dire qu'il faisait un froid de canard.

  • Lars Leijonborg : sur Klarabergsgatan, devant Åhléns, en septembre de cette année. Le leader du Folkpartiet était un peu entouré et se dirigeait sans doute vers une petite hutte électorale, sur le coup j'ai mis du temps avant de le reconnaître.
Alors sur ma wishlist, il y a entre autres : le roi (je crois que je l'ai vu une fois, mais de loin, il faudrait que je retrouve la photo), Basshunter, Madeleine (pour cela il faudrait que je traîne un peu plus au Spy Bar), un ou deux joueurs de football de l'équipe nationale, Ola Klüft (le chanteur des Perishers, mais à mon avis ça va être difficile), ... Et puis Maria Borelius pour lui demander des conseils en investissement immobilier.

19 octobre 2006

Ne quittez pas !

En ce moment, la connexion à Internet de ma modeste chambre répond aux abonnés absents (ah ah). En fait, la situation ressemble plutôt à ceci :

Note en papier
"J'ai changé la prise et fait une mesure de contrôle, si vous n'arrivez pas à accéder à Internet, contactez Tele2" (on me vouvoie, c'est pas souvent, j'aime bien).

Du côté de Tele2, que ce soit par téléphone ou par courriel, même topo :
Hej Bertrand,

Vi har inga kända störningar i det nätet. Vi tittade på din port och den är öppen, alltså det är en koppling fram till ditt uttag. Vi får därimot inte kontakt med din dator.

("Bonjour Bertrand, nous n'avons pas de panne connue dans le réseau. Nous avons regardé votre port et il est ouvert, il y a donc une connexion jusqu'à votre prise. Par contre nous n'avons aucun contact avec votre ordinateur")


Il y a deux semaines, tout mon quartier a subi une coupure de courant inopinée, et depuis, plus moyen d'accéder à Internet. En fait, je suis tout de même connecté, quelques paquets transitent tant bien que mal (environ 10 par minute, on va aller loin avec ça). Mais l'intensité de la connexion n'est pas suffisante pour transmettre quoi que ce soit. Et c'est là qu'intervient Kafka. D'un côté on a un Tele2 qui dit que tout est bon de son côté, que la connexion est bien fournie, et que s'il s'agit d'un problème électrique, c'est à ceux qui gèrent mon immeuble de s'en occuper. Et d'un autre côté on a lesdits gestionnaires de l'immeuble qui me rétorquent que les problèmes d'Internet ne sont pas de leur ressort. Je m'aventure peut-être en imaginant qu'il s'agit d'un routeur dont l'alimentation a en partie grillé lors de la coupure.

Le côté amusant du truc, c'est que ca m'a permis d'avoir affaire à diverses hotlines suédoises, qui ne sont manifestement pas plus performantes que leurs homologues françaises. Le temps que la personne au bout du fil comprenne que mon ordinateur marche très bien au travail, que ce n'est pas la peine de me dire de cliquer sur "démarrer" puis sur "panneau de configuration" vu que j'utilise Linusque (véridique, on me dit de cliquer avant même de me demander quel est mon système d'exploitation), et plouf, elle était à cours de solutions. Et c'est là que j'ai constaté que je suis beaucoup moins diplomate en suédois qu'en français. Alors que dans ma langue j'ai une certaine retenue car je maîtrise un peu plus le poids de mots (pour le choc des photos on repassera), en suédois, c'est la fête de la saucisse en permanence, et vas-y que je te fais des menaces, et vas-y que le Bertrand qui d'habitude est d'un calme à stresser une vache normande regardant passer le Paris-Rouen de 9h37 se voit s'enflammer face à la pauvre personne de Tele2 qui n'y est pour rien (à chaque fois différente d'ailleurs, bientôt je vais connaître tout le service), lui rétorque qu'il va faire son scandale et qu'il a honte de la qualité du service et que croyez-moi ça va aller loin tout ça, et que quand il va chez son boucher, il paie et il a son escalope dans la minute, alors qu'avec son FAI qu'il paie en avance il n'a pas le service pour lequel il a payé, bref bref, j'adore, pour un peu j'aimerais que ça dure. Et même chose du côté de la gestion de mon immeuble, évidemment. Pourquoi bouder son plaisir ?

Alors finalement c'est une bonne lecon à retenir, ça, un principe général. Lorsqu'il y a un problème, quel qu'il soit, avant de pouvoir penser à le résoudre, quelle que soit sa difficulté, il faut savoir qui en est responsable. Et ça c'est valable pour tout, que ce soit en technologie, dans le monde du travail, en santé ou en amour. Là, pas de responsable explicite, des acteurs qui se renvoient la balle, et une solution qui tarde, qui tarde, qui tarde...

18 octobre 2006

La Suède, +1 point.


Slussen vu du Katarinahissen. Tout à gauche au milieu du Mälar, on peut distinguer une barge. Elle est chargée d'effectuer des prélèvements qui s'inscrivent dans l'étude de faisabilité du Citybanan, ligne ferroviaire souterraine dont le but est de désengorger l'axe central traversant la vieille ville (j'en parlerai d'ici peu, sa construction est encore remise en cause à l'heure actuelle).

Le 11 octobre, l'OCDE publiait les montants des recettes fiscales de ses pays membres. Sans surprise, mon pays de résidence actuel se classe toujours premier lorsqu'il s'agit de comparer les charges fiscales au PIB (voir le tableau [.pdf]).

Plouf plouf, pas grand chose à dire de plus, c'était juste pour faire remonter l'information. Alors par contre si quelqu'un a une astuce pour concilier pantalon de costume et froid hivernal (à part un collant fort peu pratique et fort peu sexy), je suis preneur, parce que pour l'instant tout va bien, mais j'ai peur de ne pas survivre au prochain mois.

17 octobre 2006

Arrêtez, on en peut plus...


Un ferry vient de faire sa manoeuvre pour sortir du port, la croisière vers la Finlande peut commencer la buvette peut ouvrir. Ah non, seulement dans 5 heures, le temps que le bateau atteigne des eaux douanistiquement plus favorables. Et oui, je fais des néologismes si je veux, tralala.

Comme on ne bénéficiait pas suffisamment de journaux gratuits de qualité dans le métro le matin, voici que depuis le 2 octobre, on peut avoir le bonheur de lire un troisième bousin en allant au travail, 40 pages ébouriffantes répondant au doux nom de "Punkt SE" ("point se", en référence à l'indicatif Internet de la Suède, .se). Bon alors sans surprise, comme pour les deux autres (1, 2), la seule réelle production de contenu consiste en la couverture (et le courrier des lecteurs aussi, ne soyons quand même pas méchants[1]).

Alors justement donc, la couverture. Avec ses grosses lettres jaunes entourées de noir, pas de doute, on sait d'avance à quoi s'attendre, puisqu'elles trahissent l'appartenance au groupe de l'Aftonbladet, autre journal de qualité, mais cette fois-ci encore un peu plus inférieure puisqu'il faut payer pour avoir le bonheur de le lire. La meilleure acquisition de Schibsted, à n'en pas douter.

Mises à part la pertinence des articles et la brillance du propos, je me suis toujours demandé ce qui caractérisait l'Aftonbladet et son alter ego de qualité au moins égale, l'Expressen. Un site Internet ignoble à rendre un aveugle épileptique ? Des unes qui sentent bon l'honnêteté journalistique (article à venir lorsque j'aurai fini ma collection)? Les mises hors contexte et les récits passionnés systématiques[2] ? Non, au-delà de tout cela, il y a un petit quelque chose que j'aurai mis du temps à trouver. Ce petit truc qui les rapproche du Sun. C'est leur côté "démonstratif" omniprésent.

En suédois, cela se traduit par l'emploi quasi-permanent du mot "här" (qu'on peut tantôt traduire par "ici", tantôt par "voici"). Prenez un crash d'avion. Là où un journal correct mettrait une photo d'un bout d'une aile avec une légende sobre comme "le Boeing 737 de Blabla Airlines transportait 110 touristes grolandais et s'est écrasé en plein coeur de Mufflins", l'Aftonbladet et l'Expressen mettront plutôt une infographie complète du trajet de l'avion, avec une photo aérienne du site encore fumant, les débris entourés d'un cercle rouge pour aider le lecteur à éventuellement apercevoir des bouts de cadavres, accompagnée de la légende "här krashade flygplanet" ("c'est ici que s'est crashé l'avion"). Prenons un autre exemple. De nouvelles mesures fiscales sont mises en place, ce qui fait que certaines personnes verront le montant de leurs impôts réduit. Là où un journal non racoleur titrerait "le point complet sur les nouvelles mesures fiscales", nos deux compères titreront plus volontiers "så här ska din skatt sänkas" ("voici comment vont baisser vos impôts"). Un petit dernier pour la route. Une ministre démissionne (événement tout à fait pris au hasard). Là où on peut voir chez DN ou SvD des photos de ladite ministre légendées "X démissionne", chez les deux autres on voit plutôt une photo d'une personne de dos en train d'ouvrir une porte, légendée "här avgår X" ("c'est à cet instant (précis) que X démissionne"). Et sans oublier aussi la photo de ce joueur de foot qui a le tibia en angle droit avec pour gros titre "c'est à cet instant que X se casse la jambe".

Bon cela dit Punkt SE fait mieux que la concurrence car il contient 3 grilles de sudoku.


[1] C'est très Web 2.0 en fait les journaux gratuits, on ne produit rien, on héberge le contenu des autres (courrier des lecteurs, dépêches d'agences, sondages) et on se fait de l'argent dessus en rajoutant de la pub. Pouf pouf. Alors par contre leur site web il est plutôt 0.2, lui.

[2] Typiquement ça se passe au niveau du récit des faits. Là où un journal honnête aurait titré "le ministre X a été contrôlé à Y km/h au-dessus de la limite autorisée", ces journaux titreront "X met en danger la vie de nos enfants en roulant à tombeau ouvert", utilisant l'émotion et disant clairement au lecteur quoi penser, alors qu'il aurait très bien pu le faire tout seul avec un simple rapport d'information.

12 octobre 2006

En ce moment, l'affaire qui fait grand bruit dans le Landerneau suédois, c'est l'implication de trois personnes du (tout nouveau) gouvernement dans le non-paiement de la redevance télévisuelle. Parmi elles on trouve notamment Maria Borelius, ministre du commerce, qui n'a pas payé la redevance depuis le mois d'août, alors qu'elle est revenue en Suède après avoir habité un temps en Angleterre.

Moi je dis, Gaymard et son appartement à 14 000 euros par mois, il peut aller se rhabiller.

En attendant, vous m'excuserez, mais il paraît qu'on murmure avec élégance et empathie que la chaîne du froid a été rompue.

11 octobre 2006

Tout est relatif.

C'est bien connu, on n'est jamais content de ce que l'on a. Chez les autres, c'est toujours mieux. Et quand on vit à l'étranger, cette assertion, on la vérifie tous les jours, que ce soit chez les Suédois qui me disent "ah en France au moins il y a ceci..." ou chez les Français qui m'envient d'habiter en Suède "ah en Suède au moins il y a cela...". Le plus souvent sans avoir réellement vécu dans le pays en question, puisque ces affirmations tiennent souvent davantage de l'impression que d'autre chose, de la passion plutôt que de la raison.

Et alors parfois, ça peut tourner à l'éclat de rire lorsque l'on feuillette un Stockholm City laissé sur un fauteuil du métro.

Extrait de Stockholm City

Suite à un article sur des problèmes de propreté dans le métro de Stockholm, notamment le week-end (on se demande pourquoi, tiens), abondant courrier des lecteurs qui déplorent également l'état du métro, l'odeur intenable qui règne dans la station de Slussen (dans le même esprit que la station de la Madeleine à Paris mais en bien pire, pour donner une idée). Et d'écrire : "c'est très bien que vous abordiez le sujet, on doit vraiment faire quelque chose pour cela. Regardez les stations à Paris ou en Russie, elles ont l'air de palaces en comparaison".

Youplaboum tralala.

Bon allez, trêves de bêtises, allons plutôt lire ce qu'il se passe en Corée du Nord ou du côté de la Pravda Russie, parce là c'est une autre paire de manches.

5 octobre 2006

Toujours en mouvement.

Kista (prononcer "chiiista") est une ville-champignon située en banlieue nord-ouest de Stockholm (administrativement parlant elle est en réalité un district de la commune de Stockholm). Presque entièrement dédiée aux technologies de l'information, elle est le siège de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Ericsson par exemple, qui doit bien détenir 30% du parc immobilier du coin. Et c'est accessoirement dans cette ville bien moche que ma pomme travaille.

Malgré son orientation résolument dirigée vers les entreprises, c'est une ville où habitent néanmoins des gens (j'y ai d'ailleurs habité lors de mes deux premiers mois en Suède), même s'ils sont finalement bien peu par rapport à ceux qui viennent seulement pour y travailler (peut-être 1 pour 4, à vue de nez). Je vous passerai tous les petits noms qui sont donnés à la ville (Chipsta, en référence aux puces électroniques qui y sont développées par les entreprises telecom du coin, ou alors la "Wireless Valley", eu égard de la position de Kista qui en fait un des premiers clusters mondiaux en technologies de l'information après la Silicon Valley et du nombre phénoménal de réseaux sans fil parcourant l'endroit, j'espère vraiment que ce n'est pas mauvais pour la santé sinon je ne donne pas cher de ma peau). Donc pour beaucoup, Kista est un endroit moche où l'on n'habite pas, on vient seulement y faire le nerd dans la journée.

Kista est pourtant un bel exemple de ce qu'on appelle en suédois une "ville ABC", c'est à dire composée d'une zone de travail (A pour Arbetsområde) séparée da la zone d'habitation (B pour Bostadsområde) par un centre avec des commerces (C pour Centrum). En vue aérienne on obtient ceci :

Vue aérienne de Kista
(carte prise chez Google Maps).

Avec une mise en couleur on voit un peu mieux de quoi il s'agit :

Vue aérienne de Kista, colorée
(j'ai colorié la zone A (travail) est en bleu, la zone B (habitations) en vert, et la zone de commerces en jaune, pour un peu on se croirait dans Sim City)

Les habitations à l'ouest sont clairement séparées des entreprises à l'est par une zone commerciale (occupée en majorité par la Kista Galleria, l'un des plus grands centres commerciaux de Suède, boutiques de "mode" par dizaines, restaurants, librairies, coiffeurs...). Séparation renforcée par la présence du métro qui sort de terre juste avant l'entrée de la ville (en bas à droite de la photo, on voit la ligne sortir de la forêt) et qui coupe celle-ci littéralement en deux.

J'avoue que je ne comprends pas forcément les raisons qui ont poussé à faire un tel choix architectural, surtout dans un domaine (les technologies de l'information) où l'implantation physique est finalement très peu importante. Car au final, cela n'amène pas de vie dans la ville dont une partie est une cité dortoir et l'autre un désert sitôt la fin d'après-midi passée.

Alors même si c'est une ville qui n'a pas d'âme, Kista peut sous certains aspects séduire. Car, puisqu'elle est tributaire d'un secteur économique très versatile, elle est profondément marquée par les fluctuations de l'époque, et en devient originale. Alors que ce n'était encore qu'un hameau dans les années 1960, elle a été véritablement créée en 1970, s'est développée de manière exponentielle dans les années 1990, a souffert énormément de l'éclatement de la bulle Internet en 2000, puis revient vers le beau temps actuellement. Le meilleur moyen de juger de la situation économique dans le milieu des technologies de l'information, c'est peut-être finalement de compter le nombre de grues à Kista.

Kista Science Tower

Le plus bel exemple de cette "architecture à haute versatilité", c'est sans doute la Kista Science Tower, cette tour de 32 étages (130 mètres de hauteur) qui a été pendant un moment le plus haut bâtiment de Scandinavie, avant d'être détrôné par le très impressionnant Turning Torso de Malmö (190 mètres). Le projet de construction de la Science Tower est un pur produit de la bulle Internet, décidé à un moment où la place venait à manquer à Kista (de nos jours il y a encore quelques bureaux libérés suite à la faillite de nombreuses entreprises). Alors qu'elle était prévue pour faire au moins 140 mètres de hauteur, la bulle a éclaté, et a entraîné avec elle de nombreuses entreprises qui n'ont par conséquent pas pu constituer de futurs locataires de la tour. Mais le bâtiment ayant déjà été commencé, il a seulement été décidé de réduire le nombre d'étages tout en gardant les infrastructures déjà dimensionnées pour un bâtiment plus haut, en l'occurence les ascenseurs. D'où le cube à son sommet qui n'aurait normalement pas dû être visible.

Je connais un architecte qui a dû se mordre les doigts en voyant son bâtiment défiguré.