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Carte postale suédoise: janvier 2007

30 janvier 2007

Parce que.

Voiture sous la neige.

Parce que cela fait longtemps, trop longtemps, que j'y réfléchis.

Parce que depuis quelque temps, j'ai cette boule au fond de mon ventre qui me dit que ça ne va pas.

Parce que plus je connais de personnes, plus je m'intègre dans la société suédoise, et plus je me sens en décalage avec elle. Et que j'ai beau avoir un très bon travail, de nombreuses connaissances et des week-ends occupés, j'attends davantage de la vie.

Parce que j'arrive à un âge où j'ai envie de me stabiliser, d'avoir un vrai "chez moi" et de penser (un peu) à l'avenir.

Parce que 2006 aura été une année qu'on pourra qualifier de "charnière" et "constructrice".

Parce que j'aurai réussi à étudier, à créer une entreprise et à avoir un travail que de nombreux Suédois m'envient, à moi qui ne suis qu'un étranger qui n'était jamais venu dans le pays et qui ne parlait pas un mot de suédois il y a deux ans et demi, et ça, c'est ma petite victoire personnelle.

Parce que je ne suis pas venu ici pour rejoindre quelqu'un et m'insérer dans une famille, et que cela n'aurait de toutes manières pas compensé le fait que la mienne me manque.

Parce que c'est une décision mûrie, et qu'il aura fallu un peu (voire beaucoup) de courage pour la prendre.

Parce qu'attendre, c'est repousser une chose qui de toutes manières aura lieu.

Parce que je vous souhaite de ne jamais avoir le mal du pays, c'est un sentiment très désagréable.

Parce que je n'aurai aucun regret.

Parce que si c'était à refaire je le referais.

Parce que j'ai grandi.

Et parce que lorsqu'une page est lue, il faut la tourner.

Pour toutes ces raisons, j'ai remis ma démission hier et décidé de quitter la Suède pour rentrer en France dans les prochains mois.


Ce carnet prendra une tournure plus introspective au cours des prochains billets, comme c'était un peu le cas avant mon départ pour la Suède. Pour faire un bilan de la vie que j'aurai eue ici, un bilan de mes joies, de mes désillusions, de la construction de mon identité, de la maturité que j'ai acquise, un bilan pour raconter ces petites anecdotes dont je n'ai pas parlé, ces petits riens qui ont fait pencher la balance, ces petits touts qui font qu'aujourd'hui, je me sens heureux d'avoir pris cette décision que je sais être la bonne. Et maintenant que je sais que je vais partir, je revêts évidemment ces lunettes qui font voir le monde extérieur sous un autre jour. Traditionnel jeu de course-poursuite, faire tout ce que je n'ai pas fait.

29 janvier 2007

100% pur beurre.

Le Monde :

Les galettes de fioul, qui peuvent atteindre 50 cm de diamètre, sont souvent agglomérées autour de paquets de biscuits.

A votre avis, l'ouverture d'une catégorie "le Monde des petites perles" se justifie-t-elle par les temps qui courent ?

Toujours est-il que le mystère reste entier. Les pétroliers, en ces temps où l'Omega 3 désespère les producteurs de beurre, se sont-ils spécialisés dans le transport biscuitier ? Les calendriers du Monde sont-ils depuis un mois bloqués sur la date du 1er avril (ceci expliquerait les articles récents sur la campagne présidentielle)? Ou ses journalistes sont-ils atteints du syndrome connu de "l'écriture automatique", qui voudrait que le mot "paquet" soit forcément suivi du mot "biscuit" ?

(grâce soit rendue à mon indic' pour cette trouvaille :-) )

26 janvier 2007

Rue des petites perles.

Le Monde :

La puissance créatrice du capitalisme ne peut pas survivre dans une éthique et un certain nombre de valeurs spirituelles.

On dira que c'est parce que le S et le D sont voisins sur le clavier, hein.

24 janvier 2007

Plus dure sera la chute.

Canard se posant sur la glace.
La glace se forme petit à petit sur le Mälar. Signe inquiétant témoignant de la douceur de l'hiver, les canards ne sont pas partis vers le sud. Alors qu'il est normal de les voir gambader (gaiement ou pas, je me pose toujours la question) dans les premières neiges de novembre, ils n'auraient pas dû être là en cette fin de mois de janvier.

Outre le baume pour les lèvres, les chaussures antidérapantes, l'écharpe et le bonnet (ou pas), l'une des choses à ne pas oublier lorsque l'on sort en ville l'hiver, c'est de regarder en l'air. Ou de ne pas longer les façades de trop près.

Stalactites au-dessus d'une porte.

Même s'ils sont parfois de toute beauté, les stalactites de glace ("istapp" en suédois) peuvent s'avérer incroyablement dangereux. Surtout lorsqu'ils sont accrochés à la gouttière d'un immeuble de 5 étages.

C'est qu'ils se forment vite, les sacripants. Un toit couvert de neige, le chauffage intérieur qui a vite fait de le réchauffer (un degré au-dessus de zéro, pas besoin de plus), des gouttes qui perlent et qui s'enfuient dans les gouttières, et hop, nous voilà avec une sculpture qui, dans son grand élan de bonté, se sent irrésistiblement attirée vers le sol, arrachant parfois au passage ladite gouttière et, dans le pire des cas, blessant voire tuant un passant.

Il faut dire que l'objet peut arriver vite à destination.

Attention cours de mécanique de première (ou de terminale, je ne sais plus très bien)

Si on néglige les frottements de l'air (on peut considérer qu'un gros bloc de glace est un objet massif), notre pic à glace est soumis à une seule force, la gravitation. Donc son accélération (en faisant fi des orientations de vecteurs) est égale à l'accélération de pesanteur g qui, sous nos latitudes nordiques, vaut sensiblement la même chose qu'en France, à savoir, comme chacun le sait GM/R2 (avec G la constante gravitationnelle définie par l'Union Astronomique Internationale comme valant 6.6742 * 10-11 N m2 kg-2, M la masse de la Terre 5,98 * 1024 kg, j'offre un cadeau surprise à toute personne qui est arrivée jusqu'ici sans écarquiller les yeux, et R son rayon égal à 6380 km), en multipliant par l'âge du capitaine, en faisant une intégrale et en tournant 7 fois sa langue dans la bouche, on obtient que la vitesse v (du bloc de glace donc, si jamais vous ne vous souveniez plus de quoi qu'on causait dans le poste) dépend uniquement de la hauteur de l'immeuble, soit :

v2 = 2gh, formule célébrissime démontrée par Galilée ("aimez la science, l'Eglise vous le rendra") qui estomaqua tout le monde en démontrant ainsi que la vitesse de chute ne dépendait pas de la masse de l'objet (toujours en gardant l'hypothèse que l'objet est massif et que les forces de frottements de l'air sont négligeables), si si faites l'expérience, lâchez une bille de métal et une bille de bois de la même hauteur, elles atterriront en même temps.

Bref, tout cela pour dire qu'avec un immeuble de 15 mètres, on obtient une vitesse à l'arrivée d'environ 17 m/s, soit 61 km/h. Ouch. Ça en fait de l'énergie cinétique, pour un objet qui peut parfois être extrêmement lourd (plusieurs kilos).

C'est pour cela que, lorsque la température devient plus douce et favorise les chutes, on voit fleurir des panneaux "is- och snörasrisk" ("risque de chutes de glace et de neige") un peu partout dans les rues.

La loi suédoise est assez stricte sur ce point, c'est le propriétaire de l'immeuble qui est juridiquement responsable de l'entretien de son toit, et qui sera poursuivi en cas d'accident. Ce qui l'oblige régulièrement à faire appel à des entreprises spécialisées dans ce travail (il s'agit grosso modo de monter sur le toit et de faire tomber les stalactites et la neige manuellement).

De mémoire, je crois qu'à Stockholm un enfant est mort à cause d'une chute de stalactite il y a de cela trois ans. Et que, chaque année, de nombreuses personnes sont blessées plus ou moins grièvement. Prudence donc, car pour avoir évité un accident de justesse, je peux vous dire que l'on a tout intérêt à s'éloigner des façades en hiver.

22 janvier 2007

Sigtuna sous la neige.

Tombe sous la neige

Parmi les jolies balades à faire dans les environs de Stockholm, j'ai toujours eu un petit faible pour Sigtuna (et Nynäshamn, et Tyresta aussi, et euuuh bon d'accord, il y a énormément de très jolies balades à faire dans les environs de Stockholm, mais aujourd'hui je veux parler de Sigtuna).

Alors donc, Sigtuna. Une petite ville d'environ 7000 habitants située à environ 50 kilomètres au nord-ouest de Stockholm, sur les bords du lac Mälar.

D'un point de vue culturel, Sigtuna a une histoire très intéressante. Tout d'abord parce qu'à l'échelle de la Suède, c'est une très vieille ville (en gardant à l'esprit que les peuplements "éparses" sont évidemment beaucoup plus vieux), puisqu'on retrouve sa trace jusqu'en 980, soit plus de 250 ans avant Stockholm (dont le nom est mentionné pour la première fois dans une lettre écrite par Birger Jarl, son fondateur, en 1252). Le vieux Sigtuna (Fornsigtuna, dont le site archéologique est situé à environ 4 kilomètres de la ville actuelle) fait ainsi partie de cette région que l'on appelle le "berceau du Svealand" [1], voire plus généralement du "berceau de la Suède".

Intérieur des ruines de l'église.

Sigtuna était situé à un endroit stratégique, puisqu'elle assurait la défense de la plus importante ville de l'époque, Uppsala (qui occupait autrefois l'emplacement que l'on appelle aujourd'hui le Gamla Uppsala (hasard des publications)), qui deviendra par la suite l'un des archevêchés (catholiques à l'époque) les plus importants de Scandinavie. Sigtuna était en effet un obstacle important à franchir pour tout envahisseur venant du lac Mälar, et revêtait donc une importance capitale, puisque les envahisseurs venant de la Baltique devaient emprunter le Mälar pour rejoindre Uppsala.

Carte de la région de Stockholm
A gauche de Stockholm, extrêmement "filandreux" et difficilement cernable, le lac Mälar (environ deux fois le Léman, pour donner une idée de sa taille). A droite de Stockholm, la mer Baltique et l'archipel avec ses 25 000 îles. Sigtuna est ainsi à mi-chemin du Mälar entre Uppsala (au nord-ouest de la carte) et Stockholm (qui n'existait pas à l'époque). Et on comprend ainsi immédiatement pourquoi Stockholm a été bâtie à cet endroit, protégeant ainsi complètement l'accès au lac qui est à cet endroit très étroit, Stockholm formant comme un détroit. Carte prise sur Google Maps.

Maisons en bois.

J'ai visité Sigtuna sous le soleil comme sous la neige, et c'est à chaque fois un enchantement. Tout d'abord parce que la ville a gardé une ligne architecturale homogène, malgré son histoire chaotique. En effet, comme malheureusement beaucoup de villes suédoises construites principalement en bois, Sigtuna été la proie de nombreux incendies au cours de son histoire, ce qui fait que les maisons de la ville, aussi jolies fussent-elles, ne sont pas particulièrement vieilles. Mais malgré cela, elles ont été à chaque fois reconstruites dans un style traditionnel qui donne à la ville un cachet certain, malgré certains aspects touristiques un peu trop prononcés.

Grande rue.

Sigtuna est aujourd'hui une toute petite ville qui a cependant une particularité : elle emploie davantage de personnes qu'elle n'a d'habitants. En effet, elle a sur son territoire (très vaste) l'un des plus gros employeurs de la région, à savoir le plus grand aéroport du pays, Arlanda (qui, étant donnée la superficie importante de la commune de Sigtuna, est finalement très éloigné de la ville elle-même). C'est ainsi que, chaque année, sans le vouloir, environ 18 millions de personnes "visitent" Sigtuna.

Une seule raison d'aimer Sigtuna ? Elle abrite la meilleure chocolaterie de toute la Suède (n'ayons pas peur des superlatifs), ce qui permet d'oublier le temps d'un bon chocolat chaud ses doigts de pieds passablement gelés par une longue marche dans la neige...

Chocolat chaud et éclairs.

Donc oui, vous l'aurez remarqué, l'hiver est (pour l'instant) enfin là. Pour la plus grande joie des petits et des grands.


[1] Le Svealand est l'une des trois grandes régions historiques de la Suède. Elle est située au nord du premier tiers de la Suède (et Stockholm en fait partie), avec le Götaland au sud et le Norrland au nord. Cette région est maintenant divisée en plus petites régions "administratives" (Uppland, Dalécarlie, Västmanland, Södermanland...). Si j'ai le temps je ferai un jour un bref historique de cette région et vous parlerai de Moder Svea, un des symboles nationaux dont on retrouve le nom un peu partout, mais dont peu de personnes connaissent l'origine réelle.

18 janvier 2007

Vivement le 7 mai.

Depuis environ un mois, à gauche et à droite des médias et de la blogosphère, on s'évertue à faire planer la campagne présidentielle à une hauteur inversement proportionnelle au nombre de candidat(e)s déclaré(e)s, transformant celle-ci en gigantesque surenchère de comm' au discours de fond digne des meilleurs vendeurs de batteries de cuisine du dimanche matin au marché.

Et vas-y que je te focalise sur une SCI, sur le nombre réel de participants à un adoubement, sur un QG de campagne illuminé par la présence de la photo gigantesque d'un Führer [1] que le culte de la personnalité n'effraie pas, sur un site Internet de campagne sécurisé avec les pieds, sur un porte-parole à l'humour douteux / incompris (au choix), sur des réunions de blogueurs (avec pizzas, cela méritait d'être précisé) qui, d'habitude si incisifs, se retrouvent avec la clairvoyance d'une taupe dès qu'ils sont invités à une réunion façon machine de guerre médiatique "sans contrepartie" (mais si vous pouviez écrire un billet dessus ça serait sympa quand même, parce qu'il faut "occuper l'espace")...

L'électeur non lecteur de Voici se demande toujours où est la vraie politique dans tout cela, et commence à se faire à l'idée qu'elle est peut-être partie se réfugier sous une tente Quechua, laissant la place à la comm' pure et dure, c'est-à-dire vide de sens.

Bref, tout ça pour dire qu'en ce moment, une certaine partie de la blogosphère me gonfle gentiment, et qu'une autre me déçoit, et j'en suis bien triste.


[1] Même si Führer est un mot allemand (pas si connoté que cela) qui signifie tout simplement "chef", j'accepte avec plaisir le point Godwin avant même d'avoir eu un commentaire, pouf pouf.

15 janvier 2007

Billet bordélique à souhait.

Allégorie de pierre rose
Allégorie du commerce et de l'industrie, détail du fronton surmontant l'entrée du Rosenbad [1] donnant sur Drottninggatan.

La Svenskan arrive parfois à me surprendre. Entre deux pages au conservatisme affiché (comme toujours, les goûts et les couleurs...), on a parfois la chance de tomber sur des articles de société qui donnent à l'étranger que je suis quelques pistes pour comprendre un peu mieux l'esprit qui habite certains pans de ce petit pays à l'hiver doux [2] qu'est la Suède (avec, comme à chaque fois, toutes les précautions de non-généralisation qui s'imposent, évidemment, il ne viendrait à personne l'idée de faire des généralisations sur la religion en France, je ne vois donc pas pourquoi on pourrait faire de même pour la Suède).

Quiconque aura séjourné en Suède un peu de temps le dira : la religion joue encore, malgré les apparences, un rôle très important dans la société. Même si la Jantelagen [3] semble être passée de mode (l'étalage des richesses et la certaine superficialité qu'il entraîne semble entre autres n'être, tout du moins à Stockholm, plus du tout un tabou), l'empreinte du protestantisme est encore présente dans les esprits.

Parmi les signes qui ne trompent pas, il y a la référence très fréquente à la conscience. Samvete. Et en particulier affublée du qualificatif "dåligt", à savoir "mauvaise". Vous n'êtes pas allé à la gym depuis un mois ? "Jag har dåligt samvete", "j'ai mauvaise conscience". Vous n'avez pas travaillé la veille de l'examen (alors que vous l'avez fait les dix jours précédents) ? "Oj, har du inte dåligt samvete?", "Oh, mais n'as-tu pas mauvaise conscience ?". Vous demandez à votre collègue si vous devez travailler ce soir ? "Upp till ditt eget samvete", "selon ta propre conscience" (je vous assure qu'on se sent très con lorsque l'on se fait entendre cela, j'ai réglé le problème en me disant que je n'avais aucune conscience). Alors oui, cet emploi tient souvent davantage du tic de langage que de la référence à la religion protestante. Mais tout de même. 422 000 réponses sous Google pour "dåligt samvete". 271 000 pour "mauvaise conscience", ça fait réfléchir au poids de la conscience chez les Suédois. Au poids de la chape de plomb invisible que les gens se mettent sur les épaules. A l'importance de la culpabilisation, cette culpabilisation qui permettait, à une époque pas si lointaine, de contrôler les foules en leur faisant miroiter les foudres du jugement dernier.

Alors donc, dossier sur le poids de la religion en Suède, et l'émergence de l'athéisme. Entretien sur l'athéologie [sv] avec Michel Onfray. "Sverige är mer kristet än vi tror" (si vous lisez le suédois, je vous conseille les (très nombreux) commentaires). Dans un pays dont l'Église est séparée de l'État depuis seulement six ans, pays qui peut parfois avoir du mal à concevoir que la religion est du ressort de la sphère privée, et qu'elle peut parfois être absente de celle-ci. Avec à mon goût quelques dérives conduisant à l'ethnicisation de la population et à la stigmatisation des différences.

J'y reviendrai, car il y a énormément à dire là-dessus, et culturellement je crois que c'est la chose qui me différencie le plus ici. Mais là, ma conscience m'appelle au travail.

Et pendant ce temps-là, ça grince du côté de la recherche...

[1] Le Rosenbad [sv] est l'ensemble de bâtiments dans lequel le premier ministre tient office, et dans lequel le gouvernement suédois tient entre autres ses réunions et ses conférences de presse. Le bâtiment sud (donnant sur le parlement et la vieille ville), de style légèrement Art nouveau, fut achevé en 1902 (Ferdinand Boberg [sv], l'un des plus célèbres architectes suédois, père entre autres du bâtiment hébergeant NK [sv] et de Waldemarsudde [sv], en était le concepteur). Son nom ("bain de rose") vient du bâtiment qui s'élevait à cet endroit au 17e siècle. Il s'agissait de bains publics (se servant de l'eau du Strömmen tout proche) proposant entre autres des bains à la rose, aux feuilles de camomille et aux lilas. Un bâtiment élégant quoiqu'un peu trop massif, dont le style façon Palais des Doges néo-rétro n'est pas sans rappeler l'hôtel de ville inauguré 21 ans plus tard. Histoire détaillée sur le site du gouvernement. La partie prise en photo fait partie d'un autre bâtiment (au coin de Drottninggatan et de Fredsgatan) conçu par Gustav Wickman. J'aime assez son style Art nouveau baroque, et la jolie pierre rose n'y est sans doute pas étrangère.
[2] 5 degrés et ciel gris à l'heure à laquelle j'écris ce message ("hiver rouennais"), avec une pluie fine qui fait fondre la légère neige qui est tombée hier soir, mon pronostic cynique de décembre d'un hiver sans neige durable se matérialise peu à peu, à mon grand effroi. Pendant ce temps-là, à Rouen, certains cerisiers du Japon sont en fleurs, alors qu'ils le sont habituellement en avril / mai.
[3] La Jantelagen [sv] (je crois en avoir déjà parlé mais je ne parviens pas à le retrouver dans mes archives) est une "ligne directrice" qui a profondément marqué la Scandinavie au cours du 20ème siècle. Elle tire son nom d'un village fictif du Danemark, Jante, imaginé par le Danois Aksel Sandemose [sv] dans son roman de 1933 "En flygtning krydser sit spor" ("Un fugitif dépasse ses limites"). Le roman décrit entre autres la "philosophie" et l'état d'esprit régnant à cet endroit (qui est sans doute une métaphore de l'endroit où Sandemose a passé son enfance). L'auteur parle d'une atmosphère "suffocante" marquée par la "petitesse" et la "mesquinerie", décrivant "l'anonymat" et la "médiocrité" comme les meilleurs choix pour survivre dans ce milieu. Dans son roman, Sandemose décrit le village comme vivant sous la coupe de règles non officielles mais suivies par tous, règles qu'il regroupe sous le nom de "Loi de Jante", que je donne ici en suédois :

  1. Du skall inte tro att du är något.
  2. Du skall inte tro att du är lika god som vi.
  3. Du skall inte tro att du är klokare än vi.
  4. Du skall inte inbilla dig att du är bättre än vi.
  5. Du skall inte tro att du vet mer än vi.
  6. Du skall inte tro att du är förmer än vi.
  7. Du skall inte tro att du duger till något.
  8. Du skall inte skratta åt oss.
  9. Du skall inte tro att någon bryr sig om dig.
  10. Du skall inte tro att du kan lära oss något.


En français dans le texte :

  1. Tu ne dois pas croire que tu as quelque chose de spécial.
  2. Tu ne dois pas croire que tu vaux mieux que nous.
  3. Tu ne dois pas croire que tu es plus sage que nous.
  4. Tu ne dois pas t'imaginer que tu es meilleur que nous.
  5. Tu ne dois pas crois que tu sais davantage que nous.
  6. Tu ne dois pas croire que tu nous es supérieur.
  7. Tu ne dois pas croire que tu es capable de quoi que ce soit.
  8. Tu ne dois pas te moquer de nous.
  9. Tu ne dois pas croire que quelqu'un se soucie de toi.
  10. Tu ne dois pas croire que tu peux nous apprendre quelque chose.


On peut parler d'une parabole représentative car écrite par un "vrai" scandinave, dans la mesure où, avant de publier son livre, Sandemose (de son vrai nom Axel Nielsen), de père danois et de mère norvégienne, avait vécu au Danemark, en Norvège et en Suède.
Certaines versions "édulcorées" de la Jantelagen (entre autres où le "tu ne dois pas croire que" est tout simplement retiré) ont vu le jour, en opposition à la négation de la personnalité (encore que ce terme soit discutable) qu'elle entraîne.

12 janvier 2007

Sealand ou la bay des pirates.

Vous avez certainement lu que la principauté de Sealand, le plus petit "État" du monde, était à vendre.

Et bien on apprend aujourd'hui que le célèbre site Internet suédois The Pirate Bay (l'un des plus grands serveurs référenceurs de fichiers torrent au monde) souhaiterait l'acquérir [sv] pour contourner un certain nombre de problèmes de droits d'auteurs. En mai dernier, le site avait été temporairement fermé par le ministère de la justice suédois, donnant lieu à quelques manifestations d'amateurs de P2P à Stockholm ou à Göteborg.

Politiquement, tout cela pourrait donner des idées...

Pour votre sécurité.

Affichette sur porte de métro
Détail d'un panonceau figurant sur les portes d'une rame de métro de Stockholm. Alors que l'original dit "kameraövervakning med inspelning - för din trygghet" (traduisible mot à mot par "vidéosurveillance enregistrée - pour votre sécurité"), la dernière partie a été remplacée par un autocollant disant "storebror ser dig!" (en bon français "big brother is watching you!").

En ce moment règne en Suède un certain climat de tension suite aux décisions gouvernementales d'accélérer l'installation de caméras de surveillance dans tout le pays, et en particulier à Stockholm. La sécurité a été l'un des thèmes majeurs de la campagne du nouveau gouvernement de droite, et la mode étant actuellement à la caméra, celle-ci se fait de plus en plus présente, que cela soit dans le métro (après un rapide calcul, ma station compte environ 20 caméras, rien comparé à ce qui attend T-Centralen [sv], le tout donnant un total d'environ 3600 caméras dans tout le réseau de métro de Stockholm, que cela soit dans les stations ou dans les rames), dans les écoles (notamment maternelles [sv]), et bientôt chez vous dans les chiottes, donc.

La violation de la vie privée par les gouvernements et autres organisations aux bras longs, c'est ce que dénonce l'ONG britannique Privacy International [en]. Il faut que dire que les caméras de surveillance, au royaume de sa gracieuse majesté, on connaît. Sans surprise, dans le dernier rapport [pdf] classant les pays du monde grâce à divers facteurs (protection de la vie privée par la constitution, mesures biométriques, rétention d'informations, vidéosurveillance, écoutes, protection des données...), les big brother awards sont décernés à la Chine, à la Russie et aux États-Unis. En Europe, les deux plus mauvais élèves sont le Royaume-Uni et la Suède, le pays respectant le plus la vie privée des individus étant l'Allemagne (la France obtient de son côté une honorable 6ème place, même si j'ai dans l'idée que cela ne va pas s'améliorer).

Tout cela pour dire que les caméras de surveillance semblent être très efficaces, puisque le nombre de viols recensés en Suède est en très forte augmentation ces dernières années [1][2] (même si je fais du mauvais esprit puisqu'une majorité des viols se déroule au domicile de la victime ou de l'agresseur). On dira volontiers que les caméras n'empêchent pas la violence, mais qu'elles aident à l'élucidation des affaires. Et que le nombre de faits de violence peut augmenter "grâce aux caméras", puisqu'un acte vu par une caméra donnera plus vraisemblablement suite à une plainte enregistrée alors qu'il n'en aurait peut-être rien été auparavant. Mouais. Reste à savoir entre quelles mains tombent les enregistrements et si ceux-ci ne sont pas utilisés à d'autres fins. Toujours est-il que je me sens particulièrement mal à l'aise lorsque mon regard croise celui d'une caméra.


[1] Très forte augmentation en partie due à un changement de loi, qui qualifie dorénavant de viol certains faits qui avant ne l'étaient pas.
[2] Selon Wikipedia [sv], le nombre de plaintes déposées en Suède pour viol (on imagine sans peine que le nombre de plaintes déposées n'est que le sommet de l'iceberg par rapport aux viols non déclarés) a été de 3787 en 2005 et de 3974 rien que pour les 3 premiers trimestres de 2006, ce qui représente d'après mes calculs 15 viols par jour.
Par extrapolation, on estime que le nombre réel de viols se situe entre 10 000 et 15 000 par an, soit environ un viol toutes les 40 minutes.

11 janvier 2007

En travaux.

Parce qu'il serait temps de passer à la version 2 de Blogger mais que la migration implique une refonte de ma feuille CSS tunée, un message de service pour vous indiquer que ce carnet, à l'image des cheveux de votre serviteur au réveil, risque d'être un peu en désordre au cours des prochaines heures / journées / décennies... (surtout si, pris d'un zèle incontrôlé, je me décide à changer l'encodage passablement foireux de ce carnet).

Reste à répondre aux questions existentielles. Haloscan ou plus Haloscan ? Captcha ? PGCD ou LLM ? Quels noms pour les catégories ? Rupture tranquille, ordre juste ou vide intersidéral ?

Permettez, le canard a perdu son <body>, pas sûr que la <head> survive.


MàJ, 67 minutes plus tard : bon bon bon, on attendra un peu avant le grand ménage de printemps, le temps de se familiariser avec les nouveaux gabarits (conteneur dans conteneur dans conteneur...) et les widgets de Glouglou qui ne prennent pas en compte mes options.

10 janvier 2007

Admirations discrètes.

Jean-Pierre Vernant n'est plus. Un homme extraordinaire que j'avais eu l'occasion de rencontrer à Nantes, en même temps que Jacqueline de Romilly. Deux figures de l'hellénisme pour lesquelles je voue une admiration discrète. Une n'est plus, et emporte avec elle des trésors de vie.

Tristesse.

5 janvier 2007

Temps pis.

Alors que l'on se dit chaque jour que le froid va revenir, cela va de mal en pis (il semblerait donc que la méthode Coué ne s'applique pas à la météo, c'est bien dommage). Stockholm ressemble depuis deux mois à ma Normandie en hiver, humide et grise, abrupte et parfois ténébreuse, avec ses rafales de vent pleines d'humidité. Quelques belles journées ensoleillées malgré tout, et des levers de soleil toujours aussi magnifiques, couleurs allant du bleu céleste profond au rose pâle impressionniste. Jolie lune gibbeuse à anneau laiteux. Mais toujours pas de neige. Peut-être va-t-on, à l'image d'un Kilimandjaro au plus chaud de l'été 2005, connaître un hiver sans neige.

Stadshuset sous ciel gris.

Le temps gris s'évertue seulement à faire rater les photographies.

Lanterne sur facade.

La neige ne vient pas réhausser les contrastes, le soleil ne crée pas d'ombres.

Facade colorée au coucher de soleil

Le coucher de soleil produit tout de même de belles couleurs sur les maisons penchées de la vieille ville...


Södermalm, ciel bleu

... ce qui est bien pratique pour palier mon manque d'inspiration du moment. Et de temps, aussi. Il part au même moment que l'ennui, pas très pratique.

Cependant, sur le grill, plusieurs billets qu'il faudrait faire passer de l'état "brouillon" à l'état "publié". Parmi eux on trouve une sculpture à Växjö représentant un homme obèse faisant face à une femme anorexique, une micro-réflexion sur la vie à l'étranger et le regard critique que l'on peut avoir sur son pays d'accueil et sur son pays d'origine, un portait de Nyamko Sabuni, la ministre de l'intégration et de l'égalité des sexes, un billet inutile sur les nouilles chinoises (ne cherchez pas de contrepétrie, il n'y en a pas), ainsi que quelques simple thoughts sur l'influence inconsciente (ou pas) qu'a encore la religion sur la société suédoise.

Pour garder Marjorie, tape 1. Pour virer Brian, tape 2.

2 janvier 2007

400 / 40 = 10.

Affiche dans une vitrine de magasin
(trouvé dans un magasin d'accessoires pour chiens de Prästgatan, vendant entre autres des bûches de Noël pour Médor ou des petits chaussons en cuir pour Mirza)


Toute personne effectuant un achat d'au moins 400 couronnes
se verra offrir

8 belles cartes de Noël avec enveloppe
(valeur 40 couronnes)

peintes par des orphelins russes

Modern Dogg soutient l'orphelinat de Poretskoe


Alors, après avoir lu ça, vous croyez que 2007 sera bien différent de 2006 ?