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Carte postale suédoise: décembre 2009

30 décembre 2009

Cohabitation.

J'ai toujours aimé le quartier qui se trouve autour de la gare de Rouen. Sans trop savoir pourquoi, à part le fait que d'une manière générale, j'adore les gares. Lieux de départs, de retrouvailles, d'adieux et de voyages (cela dit, depuis Rouen on peut aller à Dieppe, Paris, Amiens ou au Havre, alors ça ne prête pas nécessairement au rêve, vous me direz).

L'autre jour en m'y baladant j'ai finalement trouvé : ce quartier regroupe dans un petit périmètre à peu près tous les styles architecturaux de Rouen. Le donjon du XIIIe et les maisons à colombages du XVIIe, les hôtels particuliers du XVIIIe, la rue Jeanne-d'Arc avec ses immeubles hausmanniens, la maison Marrou et ses ferronneries rococo (billet à venir), les immeubles de la reconstruction d'après-guerre. Et enfin, il regroupe deux styles architecturaux que l'on ne voit bizarrement pas si souvent l'un à côté de l'autre, l'art nouveau et l'art déco.

Art nouveau & Art déco
Une photo regroupant, de gauche à droite, l'immeuble art déco du café le Métropole [1] (1932), la gare en style art nouveau, commencée en 1912 et inaugurée en 1928, ainsi que l'immeuble de la direction régionale des P.T.T (1933), également en style art déco.

Deux styles que tout s'oppose. Courbes végétales et motifs fleuris contre formes géométriques angulaires et allégories industrielles. Retour aux origines contre symbole de la civilisation occidentale moderne. Mouvement contre statique. Exubérance complexe contre sobriété simple. Riga, Vienne, Bruxelles et Prague contre New-York et Londres [2].

Art nouveau & Art déco
Un plateau en laiton dont je n'ai pas réussi à trouver la date de fabrication (je dirais 1925 environ), motifs art nouveau et art déco. Je m'en sers pour servir le thé à la menthe, sa couleur convenant parfaitement à celle du thé (non je plaisante, juste que je l'aime bien, en fait).

L'un comme l'autre ont été malmenés au cours de la deuxième moitié du XXe siècle (et le sont encore aujourd'hui).

Bref, tout ça pour dire que j'aime bien le quartier de la gare.


[1] Au-delà de son bel intérieur art déco, il est resté célèbre car Simone de Beauvoir y prenait son petit déjeuner lorsqu'elle enseignait à Rouen entre 1930 et 1936 (au lycée Corneille puis au lycée Jeanne-d'Arc). Elle y rencontrait parfois Sartre qui lui, enseignait à l'époque au Havre.

|2] J'ai un peu plus de mal à trancher pour Paris, hésitant entre les stations de métro Guimard et le palais de Tokyo.

27 décembre 2009

Roupies de sansonnets.






Chopinata, de Clément Doucet et Jean Wiener (1927), ici non pas au piano mais dans une version charleston pour orchestre interprétée par les Fred Bird Rhythmicans et enregistrée à Berlin en 1928. On reconnaîtra entre autres la Polonaise op.40 n°1 Militaire et la valse en ut dièse mineur op.64 n°2.


Toi aussi, trouve la différence fondamentale entre ces deux photos de la Tour de Beurre [1] de la cathédrale de Rouen.

Tour de Beurre 1

Tour de Beurre 2

(la première personne qui répond "le jour et la nuit", je la transforme en hostie).


[1] Ou la tour eud'beurre, comme on dit par cheu nous. Et tiens d'ailleurs, pourquoi donc ce nom de Tour de Beurre ? Parce qu'elle a été financée avec les indulgences de carême. Les (très certainement fidèles) argentés de Rouen s'achetaient le droit de consommer du beurre durant le carême, et l'argent était reversé à la construction de la tour. Nul doute donc que les Rouennais étaient très assidus au carême, étant donnée la taille et la beauté de la tour. Et nul doute donc que la lettre de la religion, on s'arrange avec elle comme on veut.

26 décembre 2009

Publicité.

Cors

Grand fan de jeux vidéos musicaux [1] - auxquels on joue obligatoirement entre amis, autour de junk food des fois qu'il vous resterait un peu de place entre le foie gras et le Monbazillac -, je ne pouvais passer à côté de la nouvelle de ce Noël : le cultissime Tap Tap Revenge 3 sur iPhone est dorénavant disponible gratuitement.
Je vous prédis une hausse des foulures du poignet dans le RER pour la Défense le matin.


[1] Citons entre autres Singstar (karaoké sur PlayStation dont j'avais un peu parlé ici durant l'été 2004, cela fera bientôt 6 ans, hum, ça ne nous rajeunit pas tout ça - et OUI, je cartonne à I will survive, surtout sur le ferry entre Stockholm et Riga au milieu de Lettons passablement imbibés, à Supreme dans un bar de Bergen, ou encore à Take on me dans un certain bar près du rond-point des Champs-Élysées, mais NON, je n'ai jamais fait le chameau qui blatère en karaoké).
Et on citera évidemment Guitar Hero - dont Tap Tap Revenge reprend exactement le principe
.

24 décembre 2009

Goût de Jul (*).

Sommaren
Le Sogn og Fjordane avait cette tête-là le 20 juillet, je n'ose imaginer ce qu'il en est à l'heure actuelle [1].

(*) Hum, déjà faite.

On pourrait discuter longuement de burqa coincée dans le tunnel sous la Manche en raison de chutes d'Hadopi interdisant la béatification de Frédéric Lefebvre XII. Mais la trêve des confiseurs normands décrète qu'il est davantage temps de profiter des huîtres tant qu'il en est encore temps, de relire Proust ou de réécouter Gulda interpréter Mozart.

Bonnes fêtes les loulous.

[1] On me fait signe que de toutes manières il fait nuit alors on n'y voit rien.

17 décembre 2009

Thématiques.

Remembrance
Des milliers de petites croix en bois parsèment la pelouse longeant l'abbaye de Westminster lors des cérémonies de Remembrance Day [en]. Chacune en hommage à un soldat tombé au combat, accompagnée d'un coquelicot que les Anglais accrochent également à leur boutonnière durant la semaine qui suit le 11 novembre.

Quand je lis que l'audience des podcasts de France Culture dépasse celle de ceux de RTL, je me dis que tout espoir n'est peut-être pas perdu. Cependant Frédéric Lefebvre est encore de ce monde, alors ne crions pas victoire trop vite.

Les podcasts de Radio France sont effectivement d'une qualité exceptionnelle, et s'adaptent parfaitement à un trajet pour le travail d'une trentaine de minutes. Dans ma besace, j'ai chaque matin 2000 ans d'histoire et Histoire de... (et le mardi, le podcast hebdomadaire des Inrocks).

J'en profite pour dire que si vous aimez la musique classique, Histoire de... est une émission vraiment formidable. Quinze minutes quotidiennes sur l'histoire de la musique, portant sur des thèmes divers traités en vingt ou trente émissions (l'opéra bouffe en ce moment, le quatuor à cordes au XIXème siècle il y a deux semaines, la musique à Venise en octobre...). L'occasion de découvrir certains compositeurs très peu connus, de mettre la musique dans son contexte de l'époque, ou d'aller un peu plus en profondeur sur certains morceaux.

Tout ça pour dire que le service public, a bon, mangez-en.

La lettre et le néon.

Lloyd's and the Willis building

J'adore les puzzles. C'est un peu mon côté nördique.
Mais on s'accorde à dire que ça n'est pas un hobby particulièrement sexy et avouable, et de toutes manières je n'ai malheureusement plus du tout le temps d'en faire, alors à la place je bouquine sur mon fauteuil de métro quand j'ai de la chance le matin.

Et comme c'est l'époque, bilan des (re)lectures d'une année.

Le grand Meaulnes, Alain-Fournier. Un peu plus mièvre qu'à ma première lecture en classe de quatrième, mais toujours ce caractère initiatique qui ne me déplaît pas. J'ai vieilli, ma pauvre Lucette.

Les bienveillantes, Jonathan Littell. Glauque, méthodique, chirurgical. Long, très long.

L'écume des jours, Boris Vian. L'histoire d'un bel amour absolu. Une écriture fanstasmagorique déroutante dans laquelle on suppute une légère intention d'avoir voulu faire grimacer à peu de frais le petit bourgeois étriqué.

Choke, Chuck Palahniuk. Fight club, en encore plus bourrin et cynique.

The Hours, Michael Cunningham. Une envoûtante déclinaison de Mrs. Dalloway en trois histoires parallèles. Le film du même nom est peut-être encore plus réussi.

L'art de la guerre, SunTzu. A lire en pensant à l'univers professionnel, évidemment.

La délicatesse, David Foenkinos. L'histoire d'un homme quelconque qui va séduire une femme parfaite, charmée par sa délicatesse. Une écriture impertinente pour un récit acerbe à la gravité légère.
Nathalie était plutôt discrète (une sorte de féminité suisse). Elle avait traversé l'adolescence sans heurt, respectant les passages piétons.


Race et histoire, Claude Lévi-Strauss. La pensée relativiste anti-raciste concentrée en moins de 100 pages. Brillant.

The Catcher in the Rye, Jerome D. Salinger. Un roman américain culte, incarné par un gamin anti-héros dans les rues d'un New-York fantasmatique. Il était temps que je le lise.

Finance d'entreprise, Pierre Vernimmen. Hum.

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera. Libertinage, amour passionnel, légèreté des sentiments. J'ai retrouvé un peu l'ambiance de Prague. Un grand bouquin.
"Qu'est-il resté des agonisants du Cambodge ? Une grande photo de la star américaine tenant dans ses bras un enfant jaune. Qu'est-il resté de Tomas ? Une inscription : Il voulait le Royaume de Dieu sur la terre. Qu'est-il resté de Beethoven ? Un homme morose à l'invraisemblable crinière, qui prononce d'une voix sombre : "Es muss sein !" Qu'est-il resté de Franz ? Une inscription : Après un long égarement, le retour. Et ainsi de suite, et ainsi de suite. Avant d'être oubliés, nous serons changés en kitsch. Le kitsch, c'est la station de correspondance entre l'être et l'oubli."


Le rivage des Syrtes, Julien Gracq. L'écriture pour l'écriture, celle qui fait passer l'histoire, une histoire d'attente, au second plan. Des phrases somptueuses, une maîtrise du français comme j'en ai rarement vu. Onirique.

Un barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras. On dira que ça n'était pas son plus réussi, hein.

Le sacré et le profane, Mircea Eliade. Explication précise et rigoureuse des mécanismes sociologiques du sacré et de la foi.

Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche. Les aphorismes de Zarathoustra m'ont laissé de marbre. A reprendre un jour, dans un meilleur contexte.

Pride and Prejudice, Jane Austen. Et un préjugé qui a sauté, un. Héhéhé.

Les croisades vues par les Arabes, Amin Maalouf. Un point de vue rarement lu, et une période que je connais très mal. Mais le roman historique, c'est un peu n'importe quoi, quand même. "Marie de Médicis se leva de mauvaise humeur aujourd'hui...".

La princesse des glaces, Camilla Läckberg. Un bon policier des familles, mais j'ai du mal à en saisir le "particularisme suédois" pourtant plébiscité en ces temps millénaires.

Le sentiment d'imposture, Belinda Cannone. Petites illustrations sur un sentiment éprouvé dans énormément de situations. Professionnelle, amoureuse, amicale.

Ondskan, Jan Guillou. Un livre difficile sur les violences infligées aux enfants et les conséquences qu'elles peuvent avoir. Roman quasi-autobiographique.

14 décembre 2009

Message de service.

Lion hunt
Détail d'un bas-relief montrant une chasse au lion dirigée par le dernier grand roi assyrien, Assurbanipal, trouvé dans les ruines de Ninive, près de l'actuel Mossoul, Irak. Albâtre, vers 645-635 avant JC, British Museum, Londres.

Après Caramail, c'est le vénérable Haloscan qui ferme ses portes. Ce système de commentaires externe que j'avais installé sur ce bloug à une époque où Blogger ne gérait pas encore les commentaires, un temps révolu où l'on parlait de U-blog, de Orkut, de Technorati, de Joueb, un temps maintenant réduit à beaucoup d'erreurs 404 où donc, la caractéristique première d'un blog n'était pas de rendre possible les commentaires, mais d'avoir un système de publication antéchronologique.

Tout ça pour vous dire que les anciens commentaires ont disparu, mais qu'ils sont stockés à l'abri sur mon ordinateur, au cas où je me déciderais enfin à migrer. Wordpress si je suis fainéant, un hébergement particulier si je suis courageux. Ou rien du tout, aussi, c'est tout à fait possible.

12 décembre 2009

How lucky can one guy be.

Easy going

Bientôt, cela fera trois ans que j'ai pris la décision de quitter la Suède. C'était en écoutant Le métèque de Moustaki, cette chanson pleine de soleil et de tendresse qui me disait de rentrer, traduisant parfaitement mes sentiments de l'époque.

Coïncidence des dates, il y a trois semaines, j'ai reçu un courrier électronique des deux personnes avec lesquelles j'avais créé l'entreprise dans laquelle je travaillais alors, et dont j'étais depuis longtemps sans nouvelles. Son titre : "Vill du åka tillbaka till Stockholm?" (on notera l'emploi amusant de "åka tillbaka" et non de "komma tillbaka" [1]).

Cher Bertrand,
Comme tu le sais sans doute, l'entreprise va bien, nous sommes maintenant 10, dans une phase de croissance. Nous avons besoin d'une personne de confiance pour continuer la route, et nous avons tout naturellement pensé à toi. Dis-nous si tu es intéressé, et nous te ferons une proposition.


Evidemment, je ne reviendrai pas. Trop de choses ont changé, mon orientation professionnelle a pris un tournant radicalement différent, et une nouvelle expatriation sans avoir posé quelques pierres ne m'inspire guère confiance.
Mais ce geste m'a particulièrement touché et me fait dire que, malgré le temps qui passe et qui estompe, ça a été quelque chose, cette aventure suédoise.

J'avais pris la décision de partir fin 2006.
2007 serait une année fantastique, mais ça, je ne le savais pas encore.



[1] "Rentrer" et non "Revenir".