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Carte postale suédoise: juillet 2004

31 juillet 2004

Hiérarchisé.

Le radio-réveil s'allume. Journal de France-Info de 8h30. "France-Info 8 heures 30. Les titres du journal. Traditionnel chassé-croisé des juilletistes et aoûtiens, ce week-end est l'un des plus chargés de l'été sur les routes de France. On fait tout de suite le point avec...". Il aura fallu attendre 4 minutes pour entendre le deuxième titre du journal. Quatre minutes pour enfin avoir des nouvelles de la terrible catastrophe qui a secoué la Belgique hier.

Cette hiérarchisation de l'information m'avait déjà irrité dans un précédent billet. Fâcheuse tendance des médias télévisés et radiodiffusés à ne parler que des "problèmes" franco-français. Deux heures perdues dans les embouteillages vaudraient plus que 15 vies dans un pays étranger. Vaudraient plus qu'un deuil national dans un pays cousin. Un pays qui, comme le Canada, est un peu notre frère.

L'explosion de l'usine AZF avait à l'époque soulevé un certain émoi au sein de l'Europe. Nous nous serions offusqués si aucun journal étranger n'avait couvert la catastrophe. Il serait peut-être temps de balayer devant notre porte.

On parlait à une époque de la théorie journalistique du mort/kilomètre (un mort dans le village du lecteur/téléspectateur susciterait chez lui plus d'émotion que 100 morts à 10 000 kilomètres de son domicile). Cette tendance n'est malheureusement pas éteinte.

30 juillet 2004

Reflets bleutés.

Le soleil ne sera bientôt qu'un souvenir

Envie de ne rien faire, ce soir. De passer mon temps à la fenêtre pour voir le soleil disparaître.

Pas si évident que ça de réussir à capter l'image de ce reflet sur la fenêtre. On voit plus facilement le gros mur blanc derrière. Temps de pose ni trop long ni trop court. 3 secondes et demie. Ouverture maximale. 22h18. Incursion dans la fenêtre d'en face. Ah oui, personne, ce sont les vacances...

29 juillet 2004

Après moi, le déluge...

Ce matin au bureau, discussion bruyante entre deux ingénieurs. "Je vais bientôt changer de voiture." "Ah oui ? Tu prendrais quoi ?" "Je ne sais pas encore quel modèle, mais je vais prendre un 4x4." "Oh c'est vachement bien les 4x4, t'es plus haut que tout le monde, et au moins tu te sens en sécurité."

Réflexion courante d'un futur possesseur de 4x4 ou S.U.V. Le triomphe du beauf absolu.

On voit de plus en plus dans Nantes et dans les autres grandes villes de France fleurir ça ou là des véhicules de plus en plus monstrueux, de plus en plus lourds et malheureusement de plus en plus gourmands. Pas la peine de revenir sur la situation des 4x4 en ville (dénoncée notamment par Yves Contassot, adjoint vert à la mairie de Paris), elle est tout simplement affolante. Des consommations hors-normes (30 litres aux 100 pour un Porsche Cayenne en milieu urbain alors qu'il n'en faut que 8 pour une Clio)*, un empattement extravagant et des pare-buffles d'une dangerosité sans nom pour les piétons. Les chiffres sont à ce titre parlants.

Au-delà de tout ça, le plus inquiétant est qu'à aucun moment cet homme ne s'est posé la question de l'utilité de son achat. De l'opportunité d'avoir un véhicule si polluant. Car l'influence de l'automobile sur l'augmentation du volume des gaz à effet de serre n'est plus une chimère. On en aperçoit le résultat chaque jour. Alors, ce 4x4 ? Est-ce pour réussir à monter la rue Crébillon (rue commerçante de Nantes assez pentue) sans problème ? Les Parisiens ont-ils besoin de quatre roues motrices pour gravir la butte Montmartre ?

L'achat est devenu de manière générale irrationnel. Se pose-t-on la question "En ai-je vraiment le besoin ?" "N'est-ce pas complètement inutile ?" "Que penseront les générations futures de mon comportement ?" Ce sont peut-être les questions que nous devrions nous poser avant d'effectuer un achat quel qu'il soit. Et de surcroît un achat aussi important qu'une voiture.

Je crois que Ken Livingstone, le maire de Londres, avait dit quelque chose comme "Quand on voit quelqu'un rouler en 4X4 dans Londres, on est obligé de penser que c'est un vrai crétin." Il a parfaitement raison.


(*) A ce titre, le Mercedes G500 s'est vu décerner le symbolique Prix Tuvalu (archipel du Pacifique menacé par la montée des eaux due au réchauffement climatique) pour sa consommation record de 22 litres aux 100 en régime mixte.

28 juillet 2004

Petit bilan.

La lumière pour éclaircir ce blogCela fait maintenant environ un mois que je gribouille avec plus ou moins de réussite cette carte postale suédoise (qui n'est encore que nantaise, d'ailleurs). Un cap vient donc d'être franchi. Il est peut-être temps de faire un rapide bilan, puisque l'air du temps est en ce moment à la remise en question et aux interrogations quant à l'acte d'écriture d'un blog.

Reprenons depuis le début. Carte postale suédoise est née dans l'optique de donner des nouvelles de Stockholm aux gens qui me connaissent, qu'il s'agisse d'amis ou de la famille. A la suite d'un ennui profond né en début d'été, ce weblog est né prématurément aux alentours du 13 juin. Son remplissage régulier, voire quotidien, n'a débuté que vers le 26 juin. Et on a pu noter plusieurs tendances au niveau du contenu même des billets... A travers le premier billet, on pouvait noter quelque chose qui ne s'est pas renouvelé depuis, à savoir la volonté de faire un blog familial, privé. Un lieu de rassemblement, au bout du compte, pour les amis et la famille. Idée un peu saugrenue finalement, étant donnée tout d'abord l'inexpérience relative de ma famille dans le domaine de l'Internet, et étant donné que je n'ai pas jugé judicieux de donner l'adresse de ce weblog à mon entourage (pour ne pas froisser certaines susceptibilités, peut-être). En y repensant, j'aurais peut-être dû le faire. Cela m'aurait sans doute donné une autre image auprès de mes proches, une image plus complexe et moins docile. Cela m'aurait peut-être permis d'enlever de la tête de certaines personnes de ma famille cette image de petit élève-ingénieur modèle qui fait des sacrifices pour ses études. Enfin au moins, à travers ces quelques billets, je crois que je me sens libre de dire ce que je veux. Si tant est que ce que j'avance soit polémique, d'ailleurs !

Vaine tentative, donc.

Puis est venue une phase (qui ne s'est pas encore tout à fait éteinte aujourd'hui) des billets "café du commerce", "coups de gueule". N'étant en fin de compte pas un beau parleur ou un combattant farouche de l'actualité, le genre s'est rapidement essoufflé. Peut-être à cause du manque de commentaires qu'il suscitait, d'ailleurs.

Puis je me suis découvert une nouvelle passion, l'écriture plus personnelle, plus "littéraire" (un bien grand mot, ma foi), et définitivement plus passionnée. Car il faut bien l'avouer (aucune critique là-dessous), le monde du weblog a une fâcheuse tendance à tomber dans le lieu commun. Evidemment, les billets plus personnels n'incitent pas forcément au débat. Mais ils permettent souvent de mettre en avant quelques thèmes qui vont au-delà du simple aspect personnel, surtout des aspects sociaux ou sentimentaux. Je continuerai donc dans cette voie alors...

Des idées et des envies, donc. Peut-être tempérées par l'anonymat qui règne ici. Et ce silence, toujours aussi pesant...

27 juillet 2004

Choses et autres.

Petit pot-pourri de choses découvertes ça ou là :

Le Monde fait une très bonne infographie comparant les programmes de Bush et de Kerry dans les domaines de la santé, de la sécurité, de l'éducation, etc. Pour montrer que vraiment non, les démocrates et les républicains, ce n'est décidément pas la même chose.

Animation Flash à trouver en haut à droite de la page. Les infographies restent peu de temps sur le site du Monde alors dépêchez-vous !




Histoire et Patrimoine sort un dossier très complet sur la Franc-Maçonnerie. Il est accompagné de nombreux témoignages et de photographies et permet de faire le point sur une confrérie très mystérieuse à beaucoup d'égards. A la fin, quelques pistes pour aller plus loin et des analyses de certaines oeuvres de francs-maçons (comme La flûte enchantée de W.A. Mozart par exemple).

Histoire et patrimoine n°8, 6.90 euros, en kiosque actuellement.




Comme souvent l'été, PC Team sort un numéro spécial sur l'émulation (nota : l'importation d'un jeu de console sur un ordinateur). Tout le monde me dira qu'il suffit de farfouiller sur le net pour trouver tout ça. Mais le CD accompagnatif a la mérite de tout rassembler : émulateurs (Gameboy, Playstation, Amiga, SuperNes, etc.), roms libres de droits et démos. Une aubaine pour le néophyte. En bonus, plusieurs musiques mythiques de jeux.

PC Team Hors-série Numéro 25, Juillet/Août 2004, 6.50 euros.




Parce que l'été, quand on travaille, il faut aussi penser à se faire plaisir.

Fin de la réclame. Ce weblog n'est quand même pas un catalogue publicitaire !

26 juillet 2004

Dupés.

Vous l'avez sans doute remarqué dans quelques-uns de mes précédents billets, je suis (ainsi que tous les autres élèves de ma promotion) actuellement en stage (dit "stage ingénieur") en entreprise. Je m'étais juré de ne pas en parler, étant donné le peu d'intérêt que cela peut représenter de dire que je passe mes journées à coder en Php/MySQL. Mais finalement je m'y résous, sur un autre point cependant.

Dans sa définition même, un stage a valeur de formation. Il n'est ainsi pas considéré comme un travail et par conséquent pas obligatoirement rémunéré (d'ailleurs dans le cas d'un stage on parle plutôt d'indemnisation et non de rémunération). Et c'est là que le bât blesse. Nous sommes nombreux (et j'en fais malheureusement partie) à ne toucher qu'une indemnité mensuelle d'environ 320 euros, c'est-à-dire un tiers de SMIC. Je ne vais pas faire ici le sempiternel discours "Oui, vous vous rendez compte, 300 euros pour un bac +4/5...". J'aurais accepté cette condition de faible indemnisation si mon stage avait réellement contribué à ma formation, m'avait fait découvrir des nouveautés ou autres. Malheureusement, de trop nombreuses entreprises se servent des stagiaires comme d'une main d'oeuvre très bon marché.

Dans son esprit d'origine, le stage fait partie intégrante d'une formation, et c'est ainsi qu'il est obligatoire chaque année d'école d'ingénieur. Il ne s'agit pas d'un travail au sens propre. C'est pour cela qu'un stagiaire n'est pas contraint à remplir tel ou tel objectif ou n'est pas soumis à résultats.

Certains me diront sans doute qu'il "faut maintenant se conformer à la réalité du marché", qu'il faudrait que je descende de mon nuage, qu'une entreprise ne peut pas se permettre de gérer un stagiaire comme cela, etc. Il est tout de même bon de rappeler qu'une entreprise reçoit des subventions relativement conséquentes (sous forme de déductions fiscales) lorsqu'elle accepte de prendre un stagiaire conventionné. Car prendre un stagiaire, ce n'est pas embaucher un intérimaire. Prendre un stagiaire, c'est accepter de former un étudiant à un aspect du monde du travail, accepter de perdre un peu de temps pour lui, et de lui donner plutôt un sujet innovant.

Au final, je n'ai vu mon tuteur de stage que 3 fois en 8 semaines (et je ne suis pas le seul dans ce cas, loin de là). Lorsqu'il vient me rencontrer c'est pour s'assurer que le travail avance correctement et qu'il aura bien son logiciel commandé pour la fin du mois d'août. Qu'il aura bien une application sur mesure qui ne lui aura coûté au final que 960 euros. Rien d'autre. Enfin, cela lui permettra certainement d'avoir une semaine de vacances supplémentaire à Megève cet hiver.

Et toujours ces mêmes réponses de la part des DRH lorsqu'on leur reproche de donner une si faible rémunération pour un travail somme toute comparable à un travail professionnel : "Et bien si vous n'êtes pas content, jeune homme, faites comme vous voulez. Mais il y en a 10 comme vous qui toquent à la porte derrière". Ou comment jouer de son statut de dominant.

Qu'on ne raconte donc pas de bêtises : le chef d'entreprise n'est pas un employeur. C'est un faiseur de pognon, purement et simplement. Et l'éducation doit se mettre à son service, sans broncher. Aucune participation au tissu social, au bout du compte. Décidément, l'entreprise sous cette forme et moi, nous ne sommes pas faits pour nous entendre...

25 juillet 2004

Premières amours.

Le Golfe du Morbihan en 5 photos

Une petite carte postale du Golfe du Morbihan pour finir un week-end décidément trop court. Elle n'est sans doute pas aussi belle que celle-ci mais elle donne une bonne image de cette journée ternie seulement par quelques nuages de soirée.

Ce cimetière à bateaux m'a vraiment fasciné. Un charme qui vient sans doute de cette rouille omniprésente qui termine de ronger l'accastillage précaire des épaves. Pourquoi ont-ils fini là ? Sans doute le courant très fort qui règne à cet endroit. Ou alors le chant des sirènes, qui sait ?

Cela faisait longtemps que je n'étais pas revenu en Bretagne...

Retour sur terre prévu demain matin. Enfin pas trop tôt quand même.

24 juillet 2004

Pub du week-end.

C'est par hasard que je viens de découvrir que Tahiti 80 avait enfin son site Internet officiel. Il n'est pas encore finalisé (notamment la partie multimedia) et n'est sans doute pas encore compatible avec tous les navigateurs. Mais il existe enfin !

Tahiti 80, comme son nom l'indique, est un groupe d'origine rouennaise (oui, j'en suis fier !). Il s'est formé en 1993 et a sorti jusqu'ici deux albums. Chantant exclusivement en anglais, il mêle à la fois des influences des années soixante (une légèreté inspirée par les Beatles) et de l'easy listening post années quatre-vingts. Certains y verront sans doute une grosse ressemblance avec Phoenix (un autre groupe français qui chante en anglais et qui s'est fait connaître par le succès planétaire If I ever feel better). Il n'en reste que Tahiti 80, au fur et à mesure de ses disques et de ses EP s'est forgé une identité propre et un son caractéristique. Quelques extraits sont disponibles ici ou .

Le groupe connaît un énorme succès au Japon (la chanson Heartbeat a été la 4ème chanson la plus jouée sur les ondes japonaises en 2002) mais également aux Etats-Unis. Paradoxalement, c'est en France que leur succès reste très mitigé. Incompréhensible, d'ailleurs...

Bref, à découvrir et éventuellement à adorer.

Une belle balade aux alentours du Golfe du Morbihan prévue pour demain. L'occasion rêvée pour faire un billet marin demain soir. Avant d'entamer une énième semaine morose...

23 juillet 2004

Une évasion vite rattrapée.

Saint-Brévin, 22 heuresJeudi après-midi. Une semaine ennuyeuse au possible. Impossible de résister à l'appel du vent et du ressac. Un départ furtif du travail permet de rejoindre la côte atlantique vers 19 heures.





Une vague capricieuseLa mer est plus belle le soir, plus docile. Le soleil commence timidement sa descente vers l'horizon. Calme. Sauf que les vagues ne se fatiguent jamais. Elles meurent seulement plus lentement, plus paisiblement. La marée descendante a chassé les nuages orageux. Les dunes se font plus massives, les touristes moins nombreux.

Oh, pas d'aventures extraordinaires hier soir... Uniquement cette sensation de vivre un événement anodin mais qui prend tout son corps lorsque l'on y prend un peu garde. Le soleil n'aura cette fois-ci pas eu le dernier mot.

Tout petits yeux au travail ce matin. Mais cette fin de semaine s'annonce sous les meilleurs auspices.

Retour tardif.

Une route, la nuit...

La mer était jolie. Des souvenirs plein la tête et du sable plein les cheveux. Se lever dans 5 heures. Ne pas y penser.

A demain.

21 juillet 2004

Usant.

Un petit escalier qui plonge vers l'inconnuJournée terminée. Toutes vitres ouvertes sur le périphérique. Le vent qui bourdonne dans l'habitacle de la voiture me dit que c'est fini. Un air du soir synonyme de liberté retrouvée. L'autoradio est coupé. Pas besoin de ça, le vent s'apprécie de lui-même.

On pense alors à ce qu'on va faire dans la soirée. "Tu viens au ciné avec nous ce soir ?" Pas envie. Regard réprobateur. Elles doivent se dire "Quel rabat-joie !" Silence.

Personne ne propose de marcher simplement dans Nantes. "Pour quoi faire ?". Je réponds "Pour rien, juste pour le plaisir de marcher en ville la nuit. Les villes sont différentes la nuit. L'atmosphère n'a pas la même odeur, on voit les rues sous un autre angle. Pour profiter encore de ces soirées d'été, simplement...". Non. "Tu es vraiment bizarre, Bertrand. Marcher comme ça sans but... Pff... Tu n'apprends rien en faisant ça et tu t'ennuies. Au ciné on passe le temps, on voit des films qui changent notre vision du monde, etc.". Point final.

Mais ce monde, l'avez-vous simplement déjà vu ? Savez-vous ce que c'est que le "monde" ? Avez-vous regardé autour de vous en marchant ? Sentez-vous cet air qui circule autour de vous et qui dit tant de choses ? Ces choses qui font que vous percevez le monde, que vous le vivez, en ne demeurant pas qu'un simple réceptacle à tout ce flot d'informations qui viennent à vous. Je ne vis pas par procuration. Et pourquoi faudrait-il toujours "faire quelque chose" ? Ne jamais être inactif ? J'ai toujours détesté l'expression "passer le temps"... Ne serait-ce finalement pas nous qui passons devant le temps ?

Une chose que vous ne faites pas en tous cas, c'est rêver.



P.S : je ne doute pas que Ladykillers vous a appris quelque chose ou fait voir la vie sous un autre angle...

20 juillet 2004

Pauvres publicitaires...

Un des nombreux produits issus du commerce équitableA entendre tous ces beaux parleurs des agences de publicité, nous, consommateurs, serions répartis en catégories d'acheteurs bien définies et cloisonnées. De là à dire que l'acte d'acheter est devenu politique, il n'y a qu'un pas que certains n'ont pas hésité à franchir.

A force de vouloir tout disséquer en matière d'achat, tout rationaliser, savoir le pourquoi du comment, on en vient à oublier l'impulsivité de l'achat. Son aspect chaotique, brutal, et finalement très désintéressé des techniques de marketing déployées. Evidemment, pas d'aveu d'impuissance de la part de ces têtes pensantes du commerce. Qui ne parviennent pas à concevoir que le consommateur n'est pas uniquement un mouton de Panurge. Tout de même.

Je ne regarde pas les publicités à la télévision. Je ne lis pas les catalogues qui envahissent ma boîte aux lettres. Je ne regarde pas les produits qui figurent en tête de gondole, ni les petites étiquettes clignotantes mettant en avant les "nouveautés".
A côté de ça, oui, je fais attention aux conditions dans lesquelles le produit arrive jusqu'au rayon, j'ai tendance à acheter régulièrement des aliments issus du commerce équitable. Mais ce n'est pas pour autant que je me réfugie derrière cette sacro-sainte éthique. Car à en croire ces inventeurs du fil à couper le beurre, l'éthique ne serait qu'une valeur d'achat comme une autre. Quelque chose que l'on est en droit de partager ou non. Une valeur avec laquelle les commerciaux doivent composer pour mieux vendre leur produit. On pourrait consommer éthique ou non éthique. Comme on est de gauche ou de droite. Enfin, pourquoi pas.

Non. Définitivement non. Arrêtez cette mascarade, mesdames et messieurs des agences de pub, vous brassez du vent. Cessez de croire que vous êtes des scientifiques maîtrisant les aspects sociologiques de la consommation. Non, le consommateur n'est pas né dans l'unique but de satisfaire votre compte en banque.

Notons tout de même la phrase du jour:
Ne pas consommer, c'est se marginaliser et à terme risquer d'être exclu.

Chapeau bas.

19 juillet 2004

Chassez le naturel...

Ce soir, je rentre du travail avec une "collègue stagiaire" de l'entreprise au sein de laquelle j'effectue ce sacerdoce de 3 mois. Etudiante dans une école de commerce. Nous passons à côté d'un abribus sur lequel est placardée une grande affiche d'appel aux dons pour le Secours Populaire Français. "Des vacances, nous y avons tous droit", est-il marqué dessus. Et la demoiselle de s'exclamer intelligemment : "Ah bah non, hein, moi, cet été, j'y ai pas droit".

A toutes fins utiles, je rappelle que les frais de scolarité annuels de son école avoisinent les 10 000 euros.

Consternant.

18 juillet 2004

Une soirée d'éternité.

Photo de la vue de ma chambre

L'atmosphère est un peu électrique ce soir. Passée l'averse torrentielle de cette fin d'après-midi, le ciel s'est rapidement éclairci grâce au vent venu de la côte. Plus un nuage ce soir. Mais cette lourdeur qui demeure pourtant. Un rapide coup d'oeil à travers cette mansarde qui m'aura fasciné tout au long de cette année. Et tout à coup, l'envie d'y rester penché toute la soirée. Pour écouter cette arrière-cour qui murmure, pour entendre les sons sortir de ces autres fenêtres grandes ouvertes. Pour capter ces odeurs de la nuit qui commence, saisir les bruits devenus lointains de la ville qui se prépare à attaquer une nouvelle semaine. Et ces vieilles cheminées vacillantes qui tranchent radicalement avec ce gratte-ciel moderne. Lumière très étrange ce soir. Un ciel bleu pâle, presque violet. Le projecteur de la grue au pied de la Tour dessine des cercles concentriques sur le viseur de l'appareil photo. Nantes, vue de ma chambre, quatrième étage, 22h31. Temps de pose 25 secondes. Clic-clac.

17 juillet 2004

Scènes d'enfants.

Photo d'un tableau de James WhistlerCela commence gaiement. Le piano égraine ses premières notes. Une légèreté peu commune chez les pianistes romantiques. On se dit alors que ces "scènes d'enfants" (Kinderszenen) n'ont pas usurpé leur nom. On imagine très bien ces enfants bourgeois jouant au cerceau ou aux quilles dans un grand jardin à l'anglaise, un après-midi ensoleillé.

Les morceaux s'enchaînent. Puis tout prend une tournure plus grave. Le romantisme prend ses aises et vient rejoindre les rangs occupés par Chopin et par Liszt. Sans maniérisme cependant. Et comme chez tous les romantiques, aucune note n'est superflue. Le phrasé est précis et l'emphase naît d'elle-même, sans jamais être forcée. On se prend à réellement éprouver ces courts morceaux, à sentir les errements d'un compositeur qui signe là une des oeuvres majeures du romantisme pianistique.

Les Kinderszenen de Robert Schumann sont souvent considérées comme l'oeuvre idéale pour s'initier à la musique romantique. A juste titre. Ces petits tableaux (durant environ deux minutes chacun) constituent en effet une très jolie porte d'entrée vers la finesse, le tempérament et l'élégance de la musique romantique du 19ème siècle. A découvrir ou à redécouvrir de toute urgence, donc.

Quelques extraits à écouter ici. Je préfère personnellement la magnifique interprétation de Martha Argerich, qui comprend également les célèbres Kreisleriana, beaucoup plus sombres mais tout aussi belles et mélancoliques.

16 juillet 2004

Envie d'été.

Dès mon réveil ce matin, il faisait grand beau. C'est agréable de se faire réveiller par le soleil qui rayonne à travers la mansarde. Peu de nuages sont venus ternir le ciel nantais aujourd'hui. J'ai adoré cette petite marche jusqu'au tramway. Toute petite brise, juste de quoi rafraîchir le commencement d'une journée qui s'annonçait étouffante. Et là j'ai pensé au temps qu'il fera dans 6 mois. La nuit suédoise. Un sentiment bizarre, finalement. Une attirance folle accompagnée d'une appréhension tout aussi grande. Deux ans, tout de même. Et à cet instant, alors que je traversais les rails pour rejoindre le quai, un rayon de soleil m'a heurté en plein visage. Une joie immense causée par ce petit rien. Je n'avais jamais considéré le soleil comme cela. Ce soleil doux qui éveille les sentiments et les sens. Et qui provoque ce petit pincement au coeur à l'idée de quitter une ville pour laquelle on a eu le coup de foudre. Mais la joie du matin est néanmoins plus forte.

Tout cela m'a fait penser à ces vacances d'été passées avec mes parents. Une époque depuis longtemps révolue et pour laquelle j'éprouve maintenant un peu de nostalgie. Ces melons et ces kouign amanns mangés dans le jardin de cette petite maison bretonne. Cette fondue dans un chalet jurassien privé d'eau courante et d'électricité. Toutes ces joies pour lesquelles je n'avais que finalement peu d'intérêt. Trop tard pour avoir des remords. Oui, la vie est devenue plus compliquée maintenant. Mais la roue tourne et à chaque âge son bonheur. Idée de départ. D'enfance définitivement disparue. Ah oui, cette maxime qui disait :

Ne pleure pas ce que tu as perdu. Réjouis-toi plutôt de l'avoir vécu.


Ce soir je me serai consolé avec des framboises. Mais elles n'ont plus tout à fait le même goût.

Photo de framboises


15 juillet 2004

Gaîté, complexité... gâtés ?

Photo d'un crayonCela me frappe depuis quelques mois. On voit fleurir ça et là chez une petite frange des jeunes un certain discours de résignation vis-à-vis de la vie et de ce que l'on peut en faire. Un discours blasé, empreint de multiples rancoeurs et faisant ressortir un malaise très difficile à cerner. Le monde de la blogosphère n'est d'ailleurs pas épargné, loin de là.

Oh, l'origine de ce discours n'est souvent pas difficile à trouver : déceptions amoureuses, désillusion par rapport aux attentes que l'on avait de la vie, manque évident de communication avec l'entourage ( familial ou non ). Mais parfois, sous des écritures qui vont au-delà de ces frustrations de jeunesse, on peut découvrir dans quelques cas des personnes qui ont, pour leur âge, une grande expérience de la vie et une sagesse qui en découle digne d'un nonagénaire sur le départ. Oui, une maturité très prononcée... En effet, certains malaises semblent parfois s'exprimer au travers de réflexions particulièrement lumineuses sur la vie et sa finalité.

Je me garderai bien de juger les gens et leurs angoisses ( que je partage d'ailleurs, mais souvent sans le dire... ). Loin de moi également l'idée de vouloir cataloguer et esquisser des attitudes qui sont uniques à chacun. Mais tout ceci m'a fait penser au court conte philosophique de Voltaire, Histoire d'un bon bramin ( 4 pages à lire rapidement dans un pdf à télécharger ici ). L'histoire de ce sage mû par l'esprit des Lumières et qui est d'une tristesse infinie lorsqu'il considère son impuissance face à ce monde qui l'entoure. De ce sage qui s'évertue à

préférer la raison à la félicité.

Je partage évidemment son analyse. La vie recèle tant d'interrogations, de doutes, qu'il est fréquemment possible de penser qu'elle révèle plus d'ennui et de souffrance que de gaîté et de joies. Cependant, ne recèlerait-elle pas d'autres trésors bien enfouis ? De ces moments où l'on se dit qu'elle vaut la peine d'être vécue ?

Evidemment les gens des pays touchés par la famine n'ont pas ces réflexions à inclinations métaphysiques. Ils ont d'autres choses plus matérielles auxquelles penser. Ces jeunes angoisses sont peut-être un syndrome d'enfants trop gâtés par la vie. Pas contraints à des difficultés matérielles qui les obligent à penser à autre chose qu'à leur petit être. Alors oui, la vie est un événement personnel, et tout le reste n'est finalement que futilités. Donc oui, réfléchir sur soi, sur le sens de sa vie et de ce que l'on en fait, cela prend tout son sens. Mais attention à toujours garder à l'esprit que ce travail sur soi se fait souvent au détriment d'une certaine sociabilité et conduit à négliger trop hâtivement certains problèmes matériels autrement plus graves.

Ndlr : je précise que j'ai bien entendu détesté L'alchimiste de Paulo Coelho...

14 juillet 2004

Journée calme.

Photo de ma carte postale


Retour sur terre.

Difficile atterrissage ce matin. L'inconnue entraperçue miraculeusement la veille s'est définitivement évanouie dans les ruelles nantaises. Un passage éclair, finalement. Une certaine impression d'avoir été mal considéré, de n'avoir pas été entendu comme sincère. Je suis certainement trop naïf. Mais la sensation perdure, et c'est peut-être ce qui est le plus important. Oui, les souvenirs sont chez moi sans doute plus importants, plus puissants que les événements eux-mêmes. Une certaine vue de l'esprit, une autre perception de la vie. Oh, arrêtons là les enfantillages. Et pas de confusions. L'inconnue de la veille n'était pas cette autre inconnue qui s'est peut-être sentie visée. Quoiqu'elle lui ressemble beaucoup. C'est tout à son honneur. Peut-être...

Ndlr : comprenne qui pourra. Ceci est sans doute le dernier billet de ce style, à n'en pas douter.

13 juillet 2004

Hommage à l'inconnue.

Photo d'arbresElle est triste. Elle ne sait pas pourquoi, d'ailleurs. C'est comme ça. Une espèce de façade, sans doute. Elle ne veut pas que l'on sache lorsqu'elle est heureuse. Discrétion démesurée ? Volonté d'éprouver seule le bonheur ? Ou peur de la vie, tout simplement. Peur de s'engager, de communier avec les autres, vraisemblablement. Un certain refuge dans la facilité. Mais qui comble tous ses instants de doute.

Pas d'envies chez elle. Alors que le monde lui tend les bras. Ce monde qui voudrait qu'elle soit (ou plutôt qu'elle montre qu'elle est) heureuse de vivre. Ce monde de faux-semblants qui n'a fait que la décevoir. Et qui n'a pas répondu à ses attentes de jeune fille brillante. Et tous ces gens qui lui demandent ce qu'ils peuvent faire pour elle. Bien sûr, ils ne peuvent rien faire. Ils ne doivent rien faire, surtout. Elle est comme ça. Trop fière d'elle pour socialiser hâtivement. Elle fuit les relations simplistes. Tout paraît alors bien compliqué, c'est tout ce qui fait son charme. Imprévisible, incontrôlable. Trop de nuages pour rester sage comme une image...

Elle navigue en plein doute. Un jour elle trouvera, et tout s'éclaircira. Il la connaît à peine, mais cela le rendra heureux. Peut-être...

Sentiments colorés.

Bleu et noir. Deux couleurs qui me touchent et me plaisent. Une histoire de contrastes, d'opposition. Bleu et noir. Consensus et radicalité. Oui, le bleu est une couleur de consensus, la couleur qui plaît au plus grand nombre. Mais quel bleu ? Le bleu profond du soir ou le bleu éthéré du matin? Le noir ne montre pas tant de fantaisies. Bleu et noir. Multiplicité et unicité. Horizons lointains et repli. Echappatoire et impasse. Mais derrière ses dehors obscurs, le noir a cette impertinence, ce cynisme que le bleu ne possède pas. Le noir cache son jeu. Le bleu est plus nonchalant, plus sincère. Sans finesse, finalement. Bleu ou noir. Elégance, discrétion et tendance.

Photo d'un trottoir

12 juillet 2004

Désignations déterminantes.

A la boulangerie ce midi (encore elle, me direz-vous), un petit détail m'a frappé. Je prends un de ces petits sachets de poivre donnés gratuitement et lis dessus : "Le poivre". Même chose pour le sel, "Le sel". Cela m'a rappelé le restaurant universitaire. Au-dessus des robinets. "L'eau". Cet article défini commence à m'irriter. Galeries Lafayette, au détour d'un rayon. "La vaisselle". Pourquoi a-t-on de plus en plus tendance à utiliser un article défini pour désigner des "objets" si communs ? Verra-t-on écrit un jour dans les rues "Le restaurant", "Le commisariat de police" ou "La boulangerie" ?

Certains trouveront peut-être que je suis de mauvaise foi, mais tant pis. Je vois dans cette tendance à tout vouloir déterminer une certaine volonté de nous "désapproprier" notre langage. A force de tout rendre nominatif, on oublie en fin de compte la valeur d'utilité des objets en question. Cette valeur d'utilité qui fait qu'ils ne sont finalement que peu de chose au-delà de leur fonction première. Et ce n'est sans doute pas un hasard si tous les cas que j'ai pris pour exemple ont trait de près ou de loin au commerce. Pourquoi, sur sa vitrine, cet épicier a trouvé bon de mettre la devise "La qualité d'abord !" entre guillemets ? L'expression serait-elle déposée ? Aidez-moi à disséquer tout cela, je reconnais que j'ai un peu de mal.

11 juillet 2004

Fuite.

Photo d'un ciel d'été

J-50. Désir de partir. Découverte. Escapades. Fuite.

Toujours cette idée de départ. De déplacement perpétuel. Oui, de fuite en avant. En mouvement. Décoller. Ne jamais atterrir. Quitter définitivement ce costume d'écolier modèle qui m'aura accompagné durant ces longues années de scolarité. Scolarité qui n'est d'ailleurs pas encore près de se terminer. Réfléchir. Rêver. Se questionner. Prendre du recul.

Pour quoi faire ? Pour rien. Uniquement pour le faire.




10 juillet 2004

Soleil du soir.

Photo de ma fenêtre18h. La fenêtre s'illumine. Plein ouest. A travers les cheminées et les gouttières, les rayons lumineux se fraient difficilement un chemin. Le petit autogyre qui renouvelle l'air de la pièce tourne à plein régime. Vent d'ouest, donc. Le soleil couchant fait ressortir les traces laissées par la pluie tombée cette semaine.

Comme le chantait Coralie Clément, mes fenêtres donnent sur la cour... Une cour qui retrouve un certain charme à contre-jour, une cour baignée dans l'ombre de ses hauts murs de pierre et de ses cheminées de brique. Pas un bruit. A part cet incessant autogyre. Jamais fatigué. Il fait même peur aux pigeons. C'est un peu ce qui fait le charme de cette fenêtre vacillante. Cette fenêtre à crémone qui ne ferme qu'à peine. Mais elle donne sur cette cour qui sent si bon le matin quand le boulanger termine la cuisson de ses baguettes. Cette cour qui forme un archipel de calme au milieu de ces appartements imbriqués les uns dans les autres.

Ah, ça y est, le soleil est parti maintenant. Tout est redevenu triste.

9 juillet 2004

Circulez...

Photo d'un embouteillageEn ce premier jour de départ en vacances, il est toujours amusant affligeant de voir les reportages que peuvent nous asséner les différents médias, grandes chaînes télévisées en première ligne. Et chacune d'y aller de son micro-trottoir (*) (ou devrais-je dire micro-bout de bitume) :

"Oui, bah, euh, c'est la galère, j'ai jamais vu ça, ah mon pauvre monsieur, galère, galère, galère..." "Oh et puis l'essence, c'est cher, ma brave dame, et puis les péages, ahlalalala les péages ils nous piquent notre argent, moi je vous dis, pffiiou la galère..." "Et j'espère qu'on va avoir beau temps, parce que sinon..." "Et vous monsieur vous êtes plutôt aoûtien ou juilletiste ?" "Et vous madame vous prenez quelle marque de brumisateur pour emporter dans la voiture ?" "Et le chien, il supporte bien le voyage ? Vous faites bien une pause toutes les 2 heures comme le recommande le ministère ?" "Et les enfants ils ne s'ennuient pas trop dans la voiture ?".

Moments terribles d'anxiété mis en relief par les zooms de caméra. Arriveront-ils à l'heure pour passer acheter du pain chez leur boulanger habituel à Sainte-Maxime ? Crispation, tremblements. Nous verrons tout cela avec la météo d'Evelyne Dheliat. Pouf pouf. Et maintenant passons à l'actualité internationale.

Car c'est bien connu, en été, il ne se passe plus rien. Reuters et l'AFP étant partis en vacances, on ne fait travailler que les pigistes. Les violences en Irak ont eu le bon goût de s'arrêter net, les protagonistes du conflit au Darfour ont décrété la trêve pour que tout ce petit monde puisse se dorer la pilule tranquillement sur son transat à 15? la journée.

D'autres auraient appelé ça de l'égoïsme...

(*)Intéressante, cette recrudescence des micro-trottoirs dans les journaux télévisés. Il faudra sans doute que je revienne là-dessus...

8 juillet 2004

Un billet pour ne rien dire.

Premier syndrôme de la page blanche. Alors que je commence à avoir quelques lecteurs, ça l'affiche quand même mal. Mais voilà. Le week-end approche à grands pas. C'est un peu ce mal dont parlaient certains médecins. Ces personnes qui sont malades une fois le week-end arrivé, alors qu'elles l'attendaient avec impatience. Les habitudes sont changées. On se lève plus tard, on prend le temps de vivre. Et puis finalement on perd un peu ses repères. Envie de rien. Et la pluie qui s'abat sur les carreaux. Allez demain la muse reviendra...

Quelqu'un me disait que l'important pour un weblog, c'est de savoir pourquoi on le fait. Pourquoi on éprouve le besoin de dire à tout le monde ce que l'on pense, ressent ou fait. J'avoue que je n'y ai pas encore tellement réfléchi, au bout du compte. Il faudra que je le fasse. Pour donner une vraie couleur à ces billets. Une tonalité qui sonnera peut-être juste.

7 juillet 2004

Assimil et une langue(s).

Photo de mes livres de suédoisIl est quand même grand temps de justifier cet étrange nom de weblog qu'est carte postale suédoise. En tout bien tout honneur, mesdames mesdemoiselles messieurs, nous commencerons par la langue.

Pris de remords du fait que je n'allais pouvoir suivre de cours intensifs cet été pour préparer ce séjour, je suis donc allé chez mon libraire favori imposé pour trouver une méthode. Arrivé dans le rayon, je fais face à un gigantesque capharnaüm. Les langues ont le vent en poupe en ce moment, paraît-il. Wolof. Créole guadeloupéen. Slovène. Chinois. Ah ! Suédois. Langue marginale. Mais compréhensible dans toute la Scandinavie (Suède, Finlande, Norvège et Danemark). Alors on y va. Hop hop hop. On se crache dans les mains, on retrousse ses manches et on se jette à l'eau.

Je croyais au départ que le suédois se rapprochait vraiment de l'allemand. Finalement pas tant que ça. La prononciation diffère radicalement (u se prononce "u" et non "ou") et les tournures de phrase sont très particulières. Mais la méthode est plutôt bien faite alors tout cela devrait bien se passer. Et il y a des CDs de prononciation fournis en plus ! Et comme quand on aime, on ne compte pas, comme vous pouvez le voir sur la photo j'en ai racheté 2 autres.

Rendez-vous donc dans deux mois pour que je vous réécrive ce billet dans la langue !

Alors on répète après moi :

- Hej, Eva !
- Hej, Bertrand ! Hur står det till ?
- Tack, bra. Hur mår ni själv ?
- Tack, bara bra.
- Hej då.
- Hej då så länge.

Ndlr : la première personne à m'envoyer la traduction gagne le droit de figurer dans mes liens !


6 juillet 2004

Cri du coeur.

Photo de l'Oncle SamAux valeureux lecteurs (si tant est qu'ils existent, j'ai quelques doutes) de ce modeste weblog, je lance un appel désespéré. Un appel qui me permettra peut-être de me sentir moins seul dans ce vide intersidéral qu'est le net. Qui me permettra peut-être de ne pas avoir le sentiment de parler face à un mur. Et peut-être, qui sait, d'adopter peut-être un style plus personnel et moins froid.

Je recherche donc une bonne âme pour laisser un petit commentaire (un mot ou deux, pas plus) sur un de mes billets. Gentil, pas gentil, constructif, pas constructif, sérieux, rigolard, peu importe. Mais ça me rendrait heureux toute la semaine. Car le weblog, c'est avant tout un lieu de débat, de discussion. Ce n'est pas un simple amas de textes plus égocentriques et aigris les uns que les autres. Donc n'hésitez pas ! Je ne mords pas. Et malgré quelques billets parfois méchants, je ne suis pas un tueur. Donc, faites un geste, la veille des vacances. Si vous saviez ce que ça me rendrait heureux...

Coup de pied dans la fourmilière.

6 juin 1994. Les cérémonies du cinquantième anniversaire du débarquement allié en Normandie battent leur plein. Toutes les chaînes de télévision sont là, TF1 en première ligne. Une vidéo pirate surprend alors Etienne Mougeotte (vice-PDG de TF1) et François Léotard (alors ministre de la défense du gouvernement Balladur) en train de discuter très amicalement, allant même jusqu'à se tutoyer. A moins d'un an de la prochaine élection présidentielle, dans un contexte où l'on accuse TF1 de favoriser Edouard Balladur, cela fait plutôt mauvais genre.

C'est à partir de ce petit film (révélé par le Canard Enchaîné) que Pierre Carles, dans un "documentaire" commandé par Canal+, va enquêter sur les liens existant entre le monde des journalistes de télévision et celui de la politique. Images à l'appui (notamment une vidéo croustillante où l'on voit Anne Sinclair dicter à Laurent Fabius le contenu du discours qu'il va prononcer), il va voir un à un des "grands noms" du "journalisme" pour leur demander ce qu'ils pensent de ce phénomène. Et évidemment, comme on pouvait s'y attendre, c'est le blackout total. Malaise général, faux-semblants. Propos bredouillants, confus. Et Charles Villeneuve de souligner la "totale transparence des médias". Et François-Henri de Virieu de finalement jouer la victime en confiant que "c'est le public qui impose la censure aux journalistes". Et Bernard Benyamin de se refuser totalement à enquêter sur le journalisme. Même Daniel Schneidermann ne semble pas très à l'aise. Un pan du mythe du journaliste transparent et intègre (intellectuellement parlant) tombe.

Ce documentaire, "Pas vu à la télé", ne sera jamais diffusé par Canal+. Pour ne pas froisser les petits copains. Pour ne pas remettre en cause les privilèges de la fonction. Pour ne pas montrer à tous que les gens des médias ne sont finalement que des personnes très ordinaires qui ont l'énorme avantage de pouvoir dire au monde entier ce qu'elles pensent. Pour ne pas révéler qu'au lendemain de son interview de Jacques Chirac (alors maire de Paris), PPDA a eu le privilège de jouer avec des amis sur la pelouse du Parc des Princes. La palme revient sans doute à Karl Zero, soi-disant pourfendeur de la langue de bois, qui refusera que le documentaire passe dans son "vrai" journal. Il sera finalement revendu à une chaîne belge et diffusé là-bas.

Même si l'on peut reprocher à Pierre Carles d'être assez crispant et parfois à la limite de l'honnêteté intellectuelle tant il veut taper sur le monde du journalisme télévisuel, son film aura eu le mérite d'ébranler les certitudes de ces pontes du petit écran. De ces apôtres du 20 heures qui proclament leur indépendance vis-à-vis des compromissions du pouvoir.

En un mot, consternant.

Pas vu à la télé, documentaire de Pierre Carles. Repris dans le film du même réalisateur, "Pas vu, pas pris". Diffusé en très petites quantités, en VHS uniquement. Bon courage donc pour le voir de manière "légale".

5 juillet 2004

Une trouvaille lumineuse.

Photo de la pochette du disque ' O'Riley plays Radiohead 'Suite aux conseils avisés de Meridiane (que je salue d'ailleurs si par le plus grand des hasards elle me lit), j'ai écouté "O'Riley plays Radiohead", album du pianiste éponyme qui reprend (au piano donc) quelques chansons du célèbre groupe de rock. Au début, je dois avouer que j'étais un peu sceptique. Reprendre au piano des chansons de Radiohead, ça tient de l'exploit, voire du suicide. Et puis le mélange des genres, je n'aime pas tellement. Vous connaissez pourtant mon éclectisme musical...

Et finalement, ce fut une très bonne surprise. O'riley a eu l'intelligence de ne pas se contenter d'une simple transcription au piano des riffs éthérés de Thom Yorke. Il a su leur donner une nouvelle âme, une âme moins brutale mais tout aussi mystique et envoûtante. Une âme qui respecte les versions originales du groupe, tout en leur apportant un supplément de corps. Ainsi Karma Police s'affranchit-elle de son statut d'ode au temps qui broie les êtres, qui leur ôte toute possibilité de libre arbitre, pour devenir une ballade mélancolique aux accents graves et lointains. De son côté, Everything in its right place devient une marche macabre à l'allure inquiétante. Un comble pour une chanson aux inclinations électro...

A découvrir sans a priori, donc. Réservé néanmoins aux fans du groupe.

4 juillet 2004

Requiescat In Pace.

Photo de mon lierre en partie défunt défuntCela faisait un moment que je m'y attendais. Depuis une semaine j'étais à son chevet. Aux petits soins. Il ne manquait pourtant de rien. J'avais même consulté les meilleurs spécialistes. Aucune réponse à ses souffrances.

Il aura été à mes côtés jusqu'au bout. Dans la joie comme dans la peine. Une complicité sans faille.

C'est ainsi que je vous annonce le décès de la moitié de mon lierre. Les obsèques auront lieu dans la plus stricte intimité.

Ndlr : rassurez-vous, le week-end se termine, vous aurez droit dès lundi à des pensées je l'espère plus profondes que les deux dernières. Parce que bon, hein, quand même. On n'est pas là pour rigoler.

3 juillet 2004

Nous n'avons pas les mêmes valeurs...

Photo de l'objet du délitHier midi, comme tous les midis depuis un mois maintenant. Petite boulangerie proche de l'entreprise, lieu habituel de restauration de l'ensemble du bureau d'étude. Au moment de payer, la boulangère me glisse gentiment : "Comme vous êtes un bon client, je vous donne un stylo". Yeux médusés des collègues faisant la queue derrière moi. Jalousie. Regards foudroyants. Et moi de dire, alors que la boulangère s'était éloignée : "Franchement, ce stylo, si vous saviez ce que je m'en ...".

Voilà. Cela méritait d'être dit.

Visions classiques.

Photo de ma flûte traversièreLa musique classique: l'apanage des classes aisées. Le rap: la chasse gardée des gars de cité. Avez-vous remarqué comment notre société a tendance à tout cataloguer ? A faire des liens faciles, trop faciles, entre les gens et leurs goûts, leurs convictions, et par de là même leurs actions et aspirations ? Et cela sans que personne n'y trouve à redire. Petit courroux du week-end envers un phénomène savamment entretenu depuis des décennies.

Comme tous les matins, Radio Classique (radio qui porte plutôt bien son nom mais que l'on ne peut capter que dans certaines régions françaises) nous gratifie de son journal économique. Banal, me direz-vous. Nombre de radios font de même. Sauf que sur Radio Classique, l'info économique tient la place la plus importante dans la ligne éditoriale. A en éclipser même l'actualité générale. On en déduit donc que la musique classique ne semblerait s'adresser qu'à une certaine élite sociale. Comme si le quidam moyen qui ne s'intéresse pas plus que ça à la révision des taux d'intérêts de la réserve fédérale américaine ne pouvait pas s'intéresser à la musique classique.

Certaines personnes pensent donc que "Classique implique richesse". Et rassurez-vous, cela fonctionne également dans l'autre sens. Combien de personnes d'un niveau social élevé se passionnent pour la musique classique alors qu'elles l'ont en sainte horreur au plus profond d'elles-mêmes ? Combien de manteaux de fourrures se précipitent à la Folle Journée de Nantes parce que "ça fait bien d'y être vu" ? Merci à elles de m'avoir fait passer pour un paumé au milieu de la salle de concert. Merci à elles de donner à la musique classique ce caractère ringard et pédant. Merci à elles de faire passer les gens qui aiment réellement cette musique pour ce qu'ils ne sont pas. Merci à elles de s'accaparer ces oeuvres sans vergogne.

Oui, je suis de mauvaise foi.

2 juillet 2004

Retrouvailles émues.

Au détour d'un rangement rapide de mes affaires, je découvre avec curiosité une pochette. "Analyse - MPSI - 2000". Première année de prépa. Tiens tiens... Et là, coup de blues. Première démonstration. Simplissime. Mais tellement belle. Raisonnement par l'absurde.

Démonstration de l'irrationalité de ?2

Ndlr : un irrationnel est un nombre qui ne peut pas s'écrire sous la forme d'une fraction (irréductible).

Raisonnons par l'absurde.

On suppose ?2 rationnel.

Donc il s'écrit sous la forme ?2 = P/Q

avec P et Q premiers entre eux, c'est-à-dire qu'ils n'ont aucun diviseur commun.

En élevant au carré, on obtient :

2 = P²/Q² qui s'écrit également P² = 2 Q²

Donc P² est un nombre pair.
Or, en élevant au carré, on conserve la parité. Donc P est pair et s'écrit :

P = 2 K avec K entier.

On remet l'expression au
carré :

P² = 4 K² = 2 Q²

On obtient donc :

Q² = 2 K² ce qui revient à dire que Q est pair.

Ainsi, P et Q sont pairs, et ont donc un diviseur commun. Ce qui vient contredire l'hypothèse de départ. Celle-ci est donc fausse.

?2 est irrationnel.



Beauté simpliste. Grâce mathématique. L'esprit prépa aura tôt fait de calmer mes ardeurs artistiques.


1 juillet 2004

Mièvreries.

Photo de livre Rouen, de Philippe DelermFort du succès de sa peu glorieuse première gorgée de bière, Philippe Delerm s'est attaqué à l'écriture d'un essai de style singulier : la description d'une ville. Et, hasard parmi les hasards, il a choisi Rouen, ville qu'il aime et connaît. Cela tombe bien, moi aussi.

Et l'écrivain qui a le vent en poupe de nous abreuver des ses sempiternels vagabondages mielleux, de ses descriptions à l'emporte-pièce de ces désormais célèbres "petits bonheurs quotidiens". Que de temps perdu à lire ces phrases trop proprettes pour retranscrire l'ambiance de cette cité si particulière ! Que d'effets de manche pour un livre qui n'intéressera que les Rouennais, et encore...

Trêve de bavardages, monsieur Delerm. Il serait temps de sortir de cette ambiance "Amélienne" qui tend un voile rose bonbon sur une réalité plus complexe que vous ne l'imaginez.

Ah oui, tiens. J'ai fait la même chose avec Nantes, comme c'est étrange...

Nantes, l'été, en attendant...

Photo de l'Erdre près de la Motte RougeUn léger zeste de lourdeur. Le soleil terrasse les flâneurs. Pas encore remis de leurs agapes de la veille, les promeneurs baguenaudent tranquillement sur les bords de l'Erdre. Joggers. On court, on court. Jusqu'à l'asphyxie. Seul le tramway courageux daigne accompagner ces pseudo athlètes. Les rayons solaires auront tôt fait de les dissuader. Descente vers l'île Feydeau. La place du commerce commence à ressembler à un immense désert. Les immeubles haussmanniens reprennent peu à peu possession des lieux. Les tables des bistrots font pâle figure face à ces hôtels imposants. Vidé de ses badauds avides d'achats, le passage Pommeraye retrouve ses couleurs surréalistes qui plaisaient tant à Breton.

18 heures. La rue Crébillon fourmille encore de ces inconnues recherchant désespérément une robe d'été. Ces inconnues dont le regard s'illumine à l'approche de ces vitrines où sont placardées ces horribles affiches de promotion. Soldes. Je fuis. Les automobiles ont déserté la place Graslin. Et le soleil entame sa descente vers l'opéra. Pas de détour par le cours Cambronne. La garde meurt mais ne se rend point. Instant de calme. Pas un nuage ne vient entraver les rayons de l'astre du jour mourant. Et la Cité des Ducs demeure toujours aussi charmeuse. Elle joue avec nos perceptions.

Paisible ville de province ? Grande métropole ? Car Nantes, c'est un peu tout à la fois. La fusion de la terre et de la mer. L'équilibre instable entre jeunesse et maturité. Ses quartiers riches. Ses quartiers populaires. Son marché haut en couleurs où l'on trouve aujourd'hui les premiers mimosas. Son île où se sont regroupées les sièges des entreprises de haute technologie. La ville de tous les possibles en quelque sorte... "Illusions de grandeur passée et désillusion de l'instant présent"... Mais ne serait-ce pas plutôt le contraire ?

Retour vers mes pénates. A petit pas. Rien ne presse. Les bâtiments se dévoilent peu à peu. Ils parviennent à s'échapper de leur fonction primitive. Ils vont au-delà, dévoilent leur âme au grand soir. Luxe. Calme. Mais pas de volupté. Une dernière traversée de la voie de tramway met fin à mon rêve éveillé. Pas feutrés.

Nantes, en attendant...