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Carte postale suédoise: novembre 2006

30 novembre 2006

Empreintes.



"Det var aldrig meningen. Det var en olyckshändelse. Jag hade gömt fällan bakom en stor kruka på trappen. Det var så absurt. När jag tagit bilden såg jag hur tydligt den visade min kluvenhet inför olika sorters djur, och jag kände mig skamsen för blåmesen jag av misstag slagit ihjäl, men också för den mus jag ville ha ihjäl. Förlåt!", skriver Annelie Edvardsson.

"Je ne l'avais pas fait exprès. C'était un accident malheureux. J'avais caché le piège derrière un grand pot dans l'escalier. C'était tellement absurde. Lorsque j'ai pris la photo, je me suis rendu compte combien cela montrait clairement que je faisais des distinctions entre les différentes espèces d'animaux, et je me suis sentie honteuse pour la mésange bleue que j'avais tuée par erreur, mais également pour la souris que je voulais tuer. Pardon !", écrit Annelie Edvardsson.


SvD publie en ce moment des séries de photos de lecteurs, des photos symboliques, innocentes ou importantes, photos de famille, de joie, de tristesse, de soldats, d'enfants. Des morceaux de vie, des morceaux de Suède.

27 novembre 2006

Une crédibilité pas près de renaître de ses cendres.

Une du journal Expressen

Anna, 29, rökfri på en dag ("Anna, 29 ans, a arrêté de fumer en un jour").

L'Expressen en forme olympique... Sans commentaire !

Le premier carambar et autres plaisirs minuscules.

Carambars éparpillés en gros plan

Il ne faut pas grand chose pour me rendre heureux. Un petit événement sans importance, une voix au loin, un son amusant, mélodique, une couleur, un toucher, un goût. Le petit dernier, c'est au détour d'un rayon de supermarché français qu'il est arrivé, la semaine dernière. Le paquet jaune et rose si caractéristique contenant les fameuses blagues de haut vol qui m'ont donné ce talent si rare de susciter chez autrui un rire feinté de politesse. (et encore, je prends la version optimiste). Les petits bâtons emballés qui n'avaient pas eu l'occasion de me décrocher la mâchoire (de rire ou à cause du collage de me gencives, c'est selon) depuis des années.

Le carambar, c'est surtout un goût de mon enfance, un goût inimitable. Le seul, le vrai, l'original, celui au caramel (car à bas les nougats, au puits les fruits, caca le cola, la tête sur la pique, l'éloustic !). Un petit plaisir ridicule, mais je le garde quand même.

Bref, tout ça pour dire que mes collègues ont bien de la chance de ne pas parler français, ça leur a permis ce matin d'échapper à la substantifique moelle des bâtonnets marrons que j'ai ramenés ici.

25 novembre 2006

Quand les villes de novembre nous reviennent en mai...

Lille.

Rouen.

Nantes.

Paris.

Une semaine de vacances en France, une semaine dans quatre villes toutes belles sous un temps changeant et doux, un temps de printemps.

7 novembre 2006

Petits bazars.

Si la signature architecturale de Paris repose en majorité sur ses immeubles haussmanniens, celle de Stockholm est un peu plus difficile à définir, chaque quartier ayant en effet plus ou moins son style architectural. C'est pour cela que j'éprouve souvent beaucoup de difficultés lorsque l'on me demande à quoi ressemble la capitale suédoise.

La vieille ville (au centre) a ses maisons hautes et étroites, entassées les unes sur les autres. Södermalm (au sud) a cette couleur jaune orangée très caractéristique, avec ces façades plates et claires et ces toits en zinc peint ou en cuivre. Östermalm, au nord-est, a ces grands bâtiments aux façades striées faisant penser au classicisme français façon Versailles, tantôt utilisés pour abriter une ambassade, tantôt utilisés pour accueillir un institut. On y trouve également tous ces hôtels particuliers au style rococo, extravagants mais finalement très sages.

Vasastan, au nord-ouest, est moins facilement définissable. Construite majoritairement entre le milieu du 19ème siècle et le début du 20ème, et étonnamment jeune. Certes les bâtiments sont massifs et se rapprochent assez de ceux que l'on trouve chez sa soeur de l'est. Mais ils ont un style si hétéroclite qu'il devient difficile de leur trouver un point commun. Juste un joyeux bordel qui rend ce coin très attachant, et cela se ressent également dans les boutiques, très différentes les unes des autres, beaucoup moins formatées que celles de Norrmalm.

Immeubles aux coins ronds

On y trouve seulement beaucoup d'immeubles aux coins ronds, que l'on ne retrouve par exemple pas sur Södermalm. Pas facile à meubler, j'imagine. Et encore, peut-être que l'intérieur est plus carré. Ou alors les meubles sont dessinés sur mesure.

Un quartier que j'aime vraiment bien en tout cas, j'adore y traîner en sortant du travail le soir. Même si maintenant, à l'heure à laquelle je passe, le soleil est passé depuis un bon moment de l'autre côté de l'horizon.

4 novembre 2006

Il neige à nouveau aujourd'hui.

Immeuble blanc au soleil couchant
Un très bel immeuble sur la partie de Kammakargatan située derrière la Johannes Kyrka. Un endroit très isolé des grandes artères environnantes, définitivement un de mes coins préférés à Stockholm. La photo a été prise il y a un peu plus d'une semaine, avant les chutes de neige, mais on reconnaît bien la lumière typique d'une fin de journée d'hiver, avec ces teintes roses / orangées magnifiques.

Pour faire des économies d'énergie dans l'utilisation de systèmes automatisés, il faut souvent rivaliser d'astuces. Prenez le système d'économie d'énergie concernant les escalators du métro (une espèce de minuterie qui fait que si personne n'a pris l'escalator depuis un certain temps, il ralentit puis s'arrête, ne se remettant en marche que lorsqu'une personne se présente à son pied). Il met en oeuvre des détecteurs de poids qui doivent fonctionner en permanence pour savoir si le moteur faisant fonctionner l'escalator doit se remettre en marche. Evidemment, pour que cela soit rentable d'un point de vue énergétique, il ne faut pas que les détecteurs consomment plus d'énergie que le moteur en lui-même, sinon, autant le laisser tourner en permanence. Pas de danger de ce point de vue, la quantité d'énergie pour faire se mouvoir un escalator est gigantesque en comparaison avec celle nécessaire à la détection. Donc le système est intelligent et bien conçu.

Là où le bât blesse, c'est que, malgré toutes les bonnes volontés du monde, il n'empêche pas une personne de mettre un escalator en marche alors que celui d'à côté marche et n'est pas surchargé. En effet, tard le soir, lorsqu'un très petit nombre de personnes descend à une station, il n'est pas rare de s'engager vers la paire d'escalators montants, d'en déclencher un, et de voir que la personne qui est derrière soi, alors qu'elle pourrait suivre vu que nous ne sommes que 5 en tout sur l'escalator (aux heures de pointe, deux escalators ne sont pas de trop), déclenche le deuxième, faisant que nous avons deux escalators en fonctionnement avec 5 personne sur l'un et une seule sur l'autre, alors qu'un seul avec 6 personnes dessus aurait largement fait l'affaire.

Alors on dira qu'on pourrait imaginer un système où, en fonction des heures du jour, lorsque l'on considère que ce n'est pas une heure de pointe, un des deux escalators se bloque complètement (encore faut-il être sûr qu'un événement particulier n'amènera pas beaucoup de monde à une heure incongrue). Mais tout de même. Une attitude comme celle-ci est simplement symptômatique du fait que l'idée de sauvegarde de l'énergie n'est pas présente dans l'esprit humain. On pense avant tout à son confort (après tout on est bien mieux à avoir son escalator à soi, non ?), ou alors on ne pense carrément pas du tout, on marche la tête tournée vers le sol en prenant le premier escalator qui se présente.

C'est pour cela qu'au-delà d'une véritable "éducation à l'économie d'énergie", nous avons besoin d'objets pour nous mettre en garde, nous montrer les impacts de nos consommations. C'est une partie des problématiques que tente de résoudre la branche "énergie" de l'Interactive Institute, institut de recherche plutôt atypique tentant, selon ses propres mots, de "marier art, design et technologie". J'ai eu l'occasion d'assister récemment à l'une de leurs conférences et quelques idées très intéressantes avaient été présentées sous formes d'objets plus ou moins ludiques.

Parmi les objets présentés il y avait notamment cette rallonge électrique dont le cordon s'illumine en fonction de l'intensité électrique qu'elle fournit. Branchez votre téléphone portable et vous aurez un courant lumineux bleu pâle. Branchez votre fer à repasser réglé sur "lin" et vous aurez un courant lumineux rouge vif.

Alors évidemment, comme tout appareil équipé d'un dispositif de contrôle, il a un inconvénient majeur puisqu'il consomme davantage qu'un dispositif normal. Sa philosophie est seulement de pousser l'utilisateur à moins consommer en attirant son attention sur sa consommation d'électricité, en espérant que les économies faites iront au-delà de la dépense due au dispositif en lui-même. C'est un peu comme tout. Une minuterie dans un couloir d'immeuble consomme davantage qu'un simple interrupteur utilisé consciencieusement, c'est-à-dire seulement allumé lorsque la lumière est nécessaire, puisqu'elle va laisser la lumière allumée plus longtemps que ce dont l'utilisateur a besoin. Mais au final, puisque l'humain n'est naturellement consciencieux, elle s'avère plus économique qu'un interrupteur normal.

Une bonne idée en tout cas, pour sensibiliser sur les différences de consommation des différents appareils électriques. A vous de jeter également un coup d'oeil sur les autres objets qui jouent beaucoup sur le visuel, en particulier ces décorations pour carreaux en faïence qui s'effacent lorsque l'on prend une douche trop longue.

2 novembre 2006

Un nom qui n'en veut.

Mon indicateur préféré m'a informé que trois propositions avaient (enfin) été retenues pour le 6ème pont sur la Seine à Rouen.

Donc, sont nominés :

- le pont Flaubert
- le pont Cavelier de la Salle
- le pont de Rouen

On ne rigole pas pour le dernier. Du coup, mon "pont chkoko" n'est pas si ridicule, finalement.

Les petites choses de Stockholm.

Cette année la neige s'est faite un peu plus précoce qu'en 2004 et 2005, introduisant une chute extrêmement brutale des températures ces huit derniers jours. Toujours la même joie en voyant les flocons tomber pour la première fois, toujours cette idée de renouvellement de perspectives, même si l'on se lasse en quelques jours en pestant, forcément. C'est juste un univers qui change, qui extirpe du quotidien, qui interpelle et pousse à ouvrir les yeux. Comme au printemps. La nature se rappelle à nos bons souvenirs, pour ne pas que nos sociétés modernes l'oublient, pour rappeler que notre confort est finalement précaire.

Voitures enneigées

Inévitablement, comme chaque année, c'est le fameux snökaos [*] à la première tempête de neige. Annulation des bus, métros extrêmement retardés, voitures coincées ou roulant au pas car elles ne sont pas encore équipées de pneus neige. Malgré tous les inconvénients qu'il amène en ville (j'ai mis environ 2 heures à rentrer chez moi hier soir), j'avoue que j'aime assez la paralysie qu'il occasionne, les situations inédites qu'il provoque. Ces gens qui se parlent pour demander si un hypothétique bus viendra, alors qu'en temps normal tout le monde attend en silence à l'arrêt, le nez dans son téléphone portable. Ces regards dépités qui s'échangent avec une certaine complicité. Ces personnes auxquelles on n'aurait jamais parlé en temps normal. C'est un peu cela les imprévus, on fait face à l'adversité ensemble, et je me prends à souhaiter qu'il y ait davantage de coups durs, dans ce pays si tranquille où peu de choses arrivent à troubler le quotidien. Comme lorsqu'il y a des coupures d'électricité. Les gens sont comme bloqués, alors ils sortent de chez eux et se parlent, découvrent qu'ils sont entourés, et en oublient presque les ennuis causés.

J'aime assez cette idée de déclencheur pour agrémenter la vie de tous les jours de petites discussions ou événements volés. Ces petits instants qui donnent un sourire pour le reste de la journée. Comme mardi, cette grand-mère qui s'assoit à côté de moi avec sa petite fille. La gamine regarde ma montre avec curiosité, je lui demande si elle l'aime puis comment elle s'appelle. La grand-mère note mon léger accent, me demande si je ne suis pas anglais. Je lui réponds que je suis français, et elle me fait un grand sourire, et commence à me parler dans la langue de Molière. Pêle-mêle, Saint-Paul de Vence, Mont Saint-Michel et l'Île d'Oléron. Très apprêtée, elle a ce charme de la vieille bourgeoisie de Stockholm, cultivée mais discrète. Elle cherche visiblement ses mots, essayant de ne pas faire de fautes. Elle descend à T-Centralen, je continue. Elle se lève et prend sa petite fille dans les bras, me faisant un grand sourire et me disant merci de la conversation, ajoutant un "j'aime parler français, mais je parle mal, je me sens souvent comme une conne". J'adore les personnes âgées, ici. Dynamiques, ouvertes, pas trop américanisées, malicieuses, souvent humbles. Attachantes.

Sourire qui me sera resté durant le concert de Sparklehorse au Debaser, sur Medborgarplatsen.

Sparklehorse

Et au passage, un petit lien vers le site de Sol Seppy qui assurait la première partie, un spleen de chansons qui ne m'a pas laissé indifférent.


[*] Mot qui désigne l'ensemble des perturbations liées aux chutes de neige, en particulier dans les transports. J'avoue qu'il a un côté dramatique que je n'aime pas trop, ayant trop été habitué à entendre le mot "chaos" dans des situations pour le coup vraiment dramatiques. Même si la neige peut causer des accidents graves, évidemment.