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Carte postale suédoise: août 2006

28 août 2006

Östersjöfestivalen.

L'Östersjön (la "mer de l'est"), autrement dit la mer Baltique, a entre autres donné son nom à un festival, l'Östersjöfestivalen, petit rassemblement musical sympathique bien qu'un peu guindé. Musique classique jouée dans quatre grandes villes situées autour de la Baltique ainsi que lors de croisières ayant lieu sur la mer du même nom. En cette fin d'été, juste avant la reprise, avec tous ces concerts auxquels j'assiste, on peut dire que les oreilles chauffent.

Le concert de clôture avait lieu à Stockholm, à la Berwaldhallen, la salle de concert de Radio Suède. Et quel concert. La Symphonie nº8 en mi bémol majeur de Gustav Mahler. Surnommée la Symphonie des mille, en raison du nombre très important de musiciens nécessaires à son interprétation (1029 personnes lors de la première représentation en 1910, sans doute 600 lors de ce concert), que ce soit au niveau des choeurs ou de l'orchestre lui-même (qui fait intervenir nombre d'instruments peu habituels, tels qu'un orgue, un celesta, des cloches ou une mandoline).

Orchestre avant le concert
La salle de concert a un décor minimaliste, mais son acoustique est bonne. Le rang situé juste au-dessus de l'orchestre, d'ordinaire destiné au public, était réservé aux nombreux membres des choeurs (qui étaient en train de s'installer lorsque j'ai pris la photo).

Beaucoup de cheveux gris, de costumes cravate et de jolis manteaux pour écouter l'oeuvre majeure de Mahler (mes lecteurs fidèles savent que j'ai quelques obsessions au niveau du public de la musique classique), et un placement dans la salle qui favorisait davantage l'écoute que la vision, vu mes moyens limités de jeune diplômé qui ne permettaient pas de prendre une place au premier balcon. Vous me direz, pour un concert, c'est tout de même l'écoute qui est à privilégier. Et sur ce point, je n'ai pas été déçu.

Orchestre après le concert, vu de haut
(Une partie de) l'orchestre après le concert. Les applaudissements ont été nourris et prolongés, j'en avais presque mal aux mains.

L'orchestre municipal d'Helsinki, le choeur de Radio Suède, le choeur de Radio Lettonie, le choeur de chambre Mikaeli, ainsi que le choeur d'enfants Cantores Minores (que de monde mes amis !) étaient dirigés par le chef d'orchestre compositeur finlandais Esa-Pekka Salonen, actuel directeur musical du Los Angeles Philharmonic Orchestra. Style par moments minimaliste avec de petits gestes qui animent à peine un corps très rigide, et par moments tonitruant avec de grandes envolées qui montrent que l'homme avait énormément de plaisir à diriger l'oeuvre de Mahler.

Orchestre après le concert, vu de haut
Les solistes, l'orchestre et les choristes (en partie visibles tout en bas à droite) saluent la foule. Esa-Pekka Salonen est le petit homme en noir qui suit les trois solistes habillés de la même couleur, sur le devant de la scène.

Que dire de l'oeuvre en elle-même ? Déroutante, évidemment, car musicalement surchargée, contrebasses omniprésentes, orgue démoniaque, pizzicati en écho et autres solos de sopranos. La symphonie des extrêmes, la plus longue dans l'histoire de la musique classique (une heure vingt minutes environ), et c'est évidemment la première fois de ma vie que je voyais un ensemble musical aussi imposant. Un regret de ne pas connaître le Faust de Goethe, même si mon petit doigt me dit que, malgré l'intérêt de la chose, ça ne doit pas être une lecture des plus rigolotes.

Bref, d'autres photos du concert sont disponibles sur le site de SR (la première donne une idée de la taille de l'orchestre, sachant que le nombre de personnes est trop important pour que tout le monde soit sur la photographie).

L'occasion de faire prochainement un billet sur la mer Baltique, puisqu'une partie des sommes récoltées lors du festival iront à la protection de cette mer en danger.

18 août 2006

Bon bon bon...

Montgolfière au coucher de soleil
Les montgolfières sont toujours aussi nombreuses dans le ciel de Stockholm. Un jour, il faudra le faire, ce survol de la ville, quand même.

Or donc, me voilà quasiment débarassé de toute obligation scolaire, puisque la présentation de travail de fin d'études s'est très bien passée (avec un événement quelque peu inattendu deux jours après, mais c'est une autre histoire), le rapport a été mis en page pour être imprimé et rangé tout au fond de la bibliothèque de l'université (vous liriez un rapport très long et TRÈS fastidieux, vous ?). Reste donc à faire transférer mes crédits obtenus en Suède vers la France, à se soumettre à quelques menues obligations administratives et je recevrai donc les deux sésames.

Et puisqu'entre deux mises en page et réunions professionnelles, on trouve tout de même le temps de sortir, petit résumé de la vie à Stockholm en cette fin d'été.

Entre le 14 et le 19 août, c'était le festival de la culture [sv]. Au programme, un peu de tout, du concert de reggae au karaoké, en passant par le théâtre de rue, l'opéra, les cracheurs de feu, ou le concert (géant) de R'n'B. Dans tout ça, j'ai pu voir une mini représentation théâtrale s'inspirant de Pippi Långstrump (Fifi brin d'acier), écouter un concert en extérieur donné par l'opéra de Stockholm [sv] (au cours duquel on a pu entendre des extraits du Trouvère et de Nabucco de Verdi), observer médusé des gens qui sautaient à travers des cercles de feu pas plus larges qu'eux, rencontrer un couple d'Américains de Phoenix me racontant qu'ils revenaient de Saint-Pétersbourg et finissaient un tour de l'Europe de l'est et du nord, et enfin faire la causette à un vieux monsieur suédois qui avait l'air tout content de me parler, me racontant qu'il aimerait bien aller à l'opéra Garnier un jour.

Sinon, ce sont les élections générales dans un mois. Et, application concrète de ce que peut être l'Europe (avec un grand E), j'ai le droit, en tant que résident européen en Suède, de voter pour les élections municipales et régionales (mais pas pour le parlement et donc le gouvernement). Moi qui suis, vous le savez, un europhile patenté, cela me fait chaud au coeur, à un point que vous ne pouvez pas imaginer. Rien que pour cela, je suis incroyablement fier d'être européen. Maintenant, il s'agit tout de même de faire un choix. Je vous avoue que même si la perspective de voter dans un pays différent du mien me fait rêver, mon honnêteté intellectuelle me dit que je ne vais peut-être pas le faire, puisque j'estime ne pas avoir vécu assez longtemps en Suède pour faire un choix en toute connaissance de cause. Alors évidemment j'ai une idée des grandes lignes politiques des partis les plus importants. Mais je crois qu'il me manque du recul pour savoir ce dont la Suède a réellement besoin, alors je me contente de raisonner avec les sentiments politiques. J'avoue que je me sens assez proche des Sociaux-démocrates au pouvoir (le test de placement de SvD [sv] me l'a confirmé), mais je trouve qu'au bout de dix ans au pouvoir, Göran Persson a fait son temps. Sauf que les autres partis m'intéressent peu, bien que certains aient quelques bonnes idées. D'une manière générale, ce qui différencie pour moi les élections auxquelles j'assiste en ce moment d'élections françaises, c'est que les messages sont plus directs, et font moins appel à des sentiments abstraits, à des messages généraux. Un bien, un mal, je ne sais pas. C'est simplement différent. C'est ainsi que l'on peut voir des affiches du Parti libéral demander à ce que les enfants aient davantage de devoirs à la maison (l'éducation est un des gros thèmes de cette campagne), par exemple. Des messages simples qui permettent sans doute aux électeurs de se placer plus facilement, même si je trouve le fait de se cantonner à quelques propositions de loi un peu réducteur.

Autrement, en attendant l'hiver qui arrive à grand pas, je fais des kilomètres et des kilomètres à vélo pour me rendre en ville, puisque je n'utilise plus les transports en commun ces derniers temps. Beaucoup de sport avant la rentrée (je ne crois pas que je ferai les 10 kilomètres qui séparent mon lieu de résidence de mon lieu de travail tous les jours à vélo), et puis, avouons-le, slalomer entre les Porsche et autres Lamborghini Murciélago qui piaffent dans les embouteillages, c'est un plaisir sans cesse renouvelé.

Alors sinon pour terminer, vous ne le répétez pas, mais il paraît que samedi prochain, BassHunter le geek et sa copine Anna le bot (sous-titres approximatifs mais vous avez l'idée générale de la chanson) viennent à Stockholm pour un concert gratuit. Je ne le dis pas trop fort car certaines lectrices et lecteurs sont déjà très jaloux.

15 août 2006

La quille.

Falaise en plongée, temps brumeux.
Etretat, ma Normandie.

Demain, j'effectue la dernière démarche qui me permettra, si tout se passe bien, d'obtenir enfin le double-diplôme d'ingénieur pour lequel j'étudie depuis maintenant six ans. Mon premier diplôme depuis le baccalauréat, juin 2000. Un diplôme qui m'aura fait occuper 7 appartements différents, parler 4 langues, et tant d'autres choses inquantifiables. Je ferai un bilan de tout cela, bientôt. Bilan de ces deux ans en Suède, bilan des expériences faites et des leçons retenues.

Présentation demain de mon travail de fin d'études et participation à un jury d'évaluation du master d'un autre étudiant. Beaucoup de travail, mais au final une simple formalité, le plus gros étant derrière moi.

Rendez-vous donc demain soir, avec à la clé, si tout se passe bien, un diplôme d'ingénieur français et un diplôme d'ingénieur suédois. Cela fait un petit quelque chose, sur le coup. Les pages se tournent, en ce moment. Presque trop rapidement.

13 août 2006

I det gröna.

Stockholm est une ville qui s'adore en été. Animations et festivals vont bon train, les pique-niques ou autres barbecues se succèdent, le temps passé dehors s'allonge, même si les jours raccourcissent dangereusement.

Aujourd'hui dimanche, c'était le concert annuel "I det gröna" (littéralement "au vert"), événement gratuit organisé depuis une trentaine d'années par l'un des deux grands journaux généralistes suédois du matin, DN (centre gauche). Un pique-nique géant organisé sur fond de musique classique, de chansons suédoises reprises par la foule ("allsång") et de chansons internationales. Un pot-pourri très sympathique où chacun trouve son compte, même si cela n'attire comme souvent pas beaucoup les jeunes, les cheveux grisonnants étant davantage la norme lors des événements populaires suédois. Bref. 35 000 personnes sur le parterre du Sjöhistoriska, du côté nord du Djurgårdsbrunnsviken, donc.

La scène vue de loin.
Il fallait arriver tôt pour avoir une place assez proche de la scène, je me suis contenté d'une simple serviette mais les chaises pliantes et autres dispositifs ingénieux étaient de sortie.

L'orchestre philharmonique royal [sv], sous la direction de la pétulante Cecilia Rydinger Alin [sv] et accompagné vocalement par Peter Jöback [sv], ont choisi une ligne visiblement francophile, puisque pêle-mêle on pouvait trouver la Marche hongroise tirée de La damnation de Faust de Berlioz, savourer la Danse macabre de Camille Saint-Saëns, découvrir la version suédoise d'une chanson de Michel Legrand que je ne connaissais pas, Les moulins de mon coeur ("Vinden i min själ"), pleurer à chaudes larmes en écoutant She de Charles Aznavour, ou écouter pour la énième fois la Farandole de la suite numéro 2 de L'arlésienne de Bizet. Des titres plus attendus (Främling, par exemple) venaient s'intercaler entre tout cela.

La scène sous la pluie.
Vous m'auriez vu avec mon poncho transparent, j'étais mignon.

Même si la pluie est venue un peu refroidir l'audience et a donné à la pelouse un petit air de Woodstock, on pourra dire que cette cuvée 2006 était un très bon cru. Les événements populaires gratuits qui se déroulent dans la joie et la bonne humeur, j'aime vraiment ça.

12 août 2006

Parce qu'il fallait revenir...

Rue pavée mouillée

Sortie d'un coma prolongé pour la carte postale suédoise.

Toujours en Suède, sauf que tout est différent, maintenant.