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Carte postale suédoise: juillet 2008

31 juillet 2008

Confédération Hermétique.

Edelweiss
En tout cas, là-haut, ça ne sent pas le renfermé.

J'ai toujours été fasciné par le Réduit national suisse. Ouvrages déments qui ne se dévoilent qu'à l'œil attentif, trésors d'ingéniosité tout droit sortis d'un esprit quasi-paranoïaque.

Murs anti-chars en pleine forêt, bunkers masqués par des sapins de métal ou grimés sous des allures de ferme ou de chapelle de montagne. Avec de faux volets desquels dépasse un canon de 150, ou de fausses pierres qui cachent une mitrailleuse. Des pans de montagne que l'on examine attentivement, et qui recèlent tantôt une porte gigantesque pouvant laisser passer des avions, tantôt de petits trous qui laissent présager un véritable gruyère.

L'ouvrage le plus symptomatique de cette période (et l'un des rares encore entretenus) est sans doute le Fort du Pré-Giroud, près de Vallorbe (VD). Une fausse ferme et quelques granges voisines, reliées entre elles par des kilomètres de galeries souterraines, surveillant la frontière française près du Mont d'Or.
De loin, on ne distingue rien. On croit juste avoir affaire à une ferme paisible. Et lorsque l'on s'approche, on s'aperçoit que les fenêtres ne sont que des trompe-l'œil et que les granges ne sont rien d'autre que des batteries de canons.

Un réduit qui a marqué les mentalités, et qui est évidemment devenu un motif d'auto-dérision. Encore que, on ne sait pas avec certitude ce que la montagne nous cache encore aujourd'hui...

30 juillet 2008

Sommartider.

Soleil masqué par des nuages


Extrait du Kyrie de la Petite messe solennelle de Rossini, interprétée par l'Ensemble vocal de Lausanne, sous la direction de Michel Corboz. Mouvement perpétuel et accordéon obsédant qui font sans doute de cette œuvre la plus belle de Rossini.


Après un saut imprévu en Suisse il y a trois semaines, ce sont demain les vraies vacances. Celles que l'on a planifiées il y a longtemps au boulot. Celles que l'on a, jeune embauché, attendues avec impatience. Et que l'on voit finalement arriver un peu comme des cheveux sur la soupe, sans doute à un mauvais moment.

Penser au soleil, à Paris en été. Concrétiser enfin l'achat d'un appareil photo digne de ce nom, avant le voyage de fin septembre à New-York et à Londres. Aller en Normandie, retourner voir la mer, penser peut-être à une prochaine visite d'amis en Suède, plus d'un an après. Ne pas regarder ces angoissantes images d'algues qui sont en train d'étouffer la Baltique. Refaire des projets, continuer le piano, lire des romans. Sortir. Penser à la belle augmentation que j'ai obtenue aujourd'hui, penser à téléphoner aux amis que je n'ai pas vus depuis un moment et que j'ai sans doute négligés. Écouter de la musique, la porte-fenêtre grande ouverte, le soir. Refaire du sport. Penser à tout ce qui aurait pu faire un formidable été. Souffler sur ce nuage qui masque le soleil. Et faire comme si tout allait bien.

Plein de choses à faire, finalement.

28 juillet 2008

Dioramas géants.

Quelques superbes clichés du Tour de France sur le site du Boston Globe.

Qui reprennent, pour les neuvième et dixième photos, le célèbre effet maquette [en] qui avait été à la mode sur le web début 2006, et que j'avais expérimenté du haut de l'hôtel de ville de Stockholm.

Vue de l'archipel de Stockholm en maquette

Il est bien vu, dans ce contexte, l'effet maquette. Les petits vélos en fer blanc de mon enfance, dans un décor de train électrique au bon parfum de douce France...

27 juillet 2008

Gratis e gott.


Extrait du Fandango en Ré Mineur d'Antonio Soler, interprété par Andreas Staier.

Via DN [sv], une très sérieuse étude [en] américano-suédoise sur la relation entre le prix des vins et leur appréciation par le quidam moyen.

Comme on pouvait s'y attendre, lorsque les gens ne connaissent pas le prix du vin, il s'avère qu'ils estiment souvent que les moins chers sont les meilleurs. A l'opposé, dès lors que les prix sont connus, la hiérarchie est "respectée".
Évidemment, lors de cette étude, les connaisseurs de vin se sont distingués des autres, en préférant systématiquement les vins les plus chers, que les prix soient connus ou non.

Ça ne serait pas la même chose dans un certain nombre de domaines, que ce soit celui des chaînes Hi-Fi ou celui des oeuvres d'art ?

Enfin donc, comme avait dit mon ancien colocataire stockholmois Kristian, lorsque je lui avais servi des crêpes au chocolat en lui demandant si c'était bon : "hur som helst, gratis är gott" ("de toutes manières, ce qui est gratuit est bon").

26 juillet 2008

Émotionalisation.

Ce n'est pas une révélation, on le rabâche depuis des années. On vit définitivement à l'époque du spectacle, du trop plein d'extérieurs artificiels et sentimentalisés. A l'époque des demandes en mariage en direct sur M6, à l'heure des pleurs incessants chez Nikos, au moment des émotions que l'on rend uniques et obligatoires.

A l'époque des photos auxquelles on fait dire ce que l'on veut.

Page web du Monde

Photo prise au téléobjectif, qui écrase les distances et masque l'intégralité de la scène. Personnes en arrière-plan à qui l'on prête une indifférence inhumaine alors que l'on n'a aucune idée de ce qu'elles ressentent à l'instant de la prise de vue. C'est le maillot de bain qui fait ça ? Sur une plage, la belle affaire.

Légende qui rappelle au lecteur ce qu'il doit penser. "Choquantes", insiste-t-elle. Une photo qui "montre", à défaut de démontrer. Une analyse qui jette l'opprobre sur un peuple entier, tire des conclusions quasi-pavloviennes sur son gouvernement, et fait d'une scène figée sur un capteur photographique un symbole qui résumerait à lui seul tout un pays, un symbole de "l'indifférence des Italiens".

Ce qui est presque fascinant dans la déferlante qui a suivi la publication de ces clichés, c'est que l'on souhaite davantage susciter l'émotion chez le lecteur-spectateur du fait de la non-réaction des gens que du fait de la mort des deux gamines.
Ce que je trouve tragique, c'est juste que deux gamines soient mortes. Le reste, ce n'est même pas de la littérature.

Photos recadrées
Un extrait des illustrations de l'Anti-manuel de français, de Claude Duneton (1978). Ma professeur de français, en première, avait insisté sur ces deux images légendées. "En littérature comme ailleurs, méfiez-vous des morceaux choisis", qu'elle répétait.

Et d'ailleurs, combien de corps inertes dans les longs couloirs du métro parisien, tout près des bureaux du Monde ? Combien de personnes dont je suis, qui passent à côté d'eux tous les jours sans même y jeter un regard ? Combien de salauds de Français dont je suis, qui ne se demandent même pas si ces êtres humains allongés sur le sol sont encore en vie ? Combien de photos pourrait-on prendre, combien de bien pensants pourrait-on choquer ?

La paille, la poutre, tout ça.

22 juillet 2008

A la mode.

Our formula is based on research on hundreds of couples and analyzes the pattern of genetic combinations found in successful relationships.

Genepartner.com (via).

Envoyer "LINK" suivi des deux prénoms au 71212 pour la France (0,50 € TTC + coût d'un sms) pour avoir la réponse en direct sur MTV, c'est quand même autrement moins cher, plus romantique et plus fiable, non ?

Breuvage social.

Le dimanche, à la terrasse du café au coin de la place, il y a souvent quelques chibanis qui se réunissent autour des petites tables de zinc. La peau burinée par le soleil des chantiers des Trente Glorieuses, les mains calleuses, ils ont des rides qui leur donnent souvent des allures de sages. Ils ne seront sans doute plus là pour très longtemps, dans ce quartier en pleine gentrification-jeune-cadre-dynamique-en-veux-tu-en-voilà.

Ils boivent du thé à la menthe. Sans doute la boisson la plus consommée dans les cafés de la rue. Beaucoup de goût, beaucoup de sucre, beaucoup de convivialité. Ils en ont bien besoin, de convivialité, ces anciens un peu isolés.
Alors, ayant suivi quelques conseils avisés, je me suis dit que j'allais tenter de perpétuer la tradition du quartier.

Lors de mon dernier périple en Normandie, j'ai donc ramené un pied de menthe fraîche que, en bon bobo qui se respecte, j'ai mis sur le rebord de ma fenêtre (si vous saviez le nombre de plantes qui ont pris le train Rouen - Paris...).
Après rempotage dans les règles de l'art, la chose qui pousse comme du chiendent et qui sent diablement bon a bien repris. Et après avoir laissé pousser jusqu'à ce que tu voies plus le commissariat, me voilà donc avec plein de feuilles qui ne demandent qu'à plonger dans l'eau frémissante.

L'astuce principale réside en une première passe du thé vert (Gunpowder), ce qui permettra d'en retirer l'amertume. La deuxième passe sera la bonne, et avec elle viendront la menthe ainsi que les très nombreux morceaux de sucre. Infusion durant trois ou quatre minutes, jusquà ce que l'on obtienne une belle couleur dorée. Moult variantes de préparation disponibles sur Internet. Le tout servi dans mes petits verres Duralex qui font comme si, sans le coup de poignet qui verse le thé d'une hauteur incroyable et fait de la mousse, mais avec la fumée qui sent bon.

Quant à moi, vous m'excuserez, tout ça m'a donné l'eau à la babouche, mais il se fait tard.

20 juillet 2008

Coups de soleil enneigés.

Panorama du Mont Collon


Le Mont Collon vu du refuge des plans de Bertol (Alpes valaisannes - localisation).