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Carte postale suédoise: mars 2007

28 mars 2007

[Stockholm et 32 mois] Miss list.

Mât de bateau et drapeau suédois sous ciel bleu.

(attention billet complètement inintéressant pour les personnes non suédo-éclairées, voire même complètement inintéressant pour tout le monde)

Un petit j'aime / j'aime pas débile et superficiel version post-mortem.

Me manqueront :

- le ciel au matin de la Sainte-Lucie.
- les vårtecken.
- la semaine de mai durant laquelle la nature explose.
- les semlor de chez Gunnarssons.
- le dimanche après-midi au Moderna Museet conclu par un latte macchiato.
- Kristian qui me disait solennellement "Bertrand, vi har inte pluggat idag, jag har dåligt samvete", et moi qui lui répondais systématiquement "Jag har inget samvete så skit i det", le tout se concluant évidemment par un éclat de rire général.
- les karaokés de la Viking Line.
- Erik qui dit "skitbra".
- les primeurs sur Hötorget qui hèlent à loisir les badauds.
- les pistes cyclables de Sveavägen.
- les baignades à Långholmen et dans le Brunnsviken.
- les sorties "cueillette" (fruits des bois, champignons...) du samedi matin.
- le petit Lambi figurant sur les rouleaux de papier toilette de la marque éponyme.
- Parlamentet.
- Carola. Meuuh non, j'déconne.
- le morotskaka avec plein de crème dessus.
- le soleil qui rentrait par la (les) fenêtre(s) de mes appartements orientés Est à trois heures du matin.
- les rudesses (passées ?) du climat qui font prendre conscience qu'on est bien peu de chose. Parce qu'ici, faut pas croire, c'est pas les Bisounours.
- Ernesto Guerra.
- les écureuils en attendant le bus pour Kista.
- le patin à glace sur les lacs qui gèlent en pente (véridique).
- les coups d'oeil à l'horloge du Katarinahissen lorsque je quitte Södermalm.
- parler suédois tous les jours. Et c'est de loin la chose qui me manquera le plus.

Mât de bateau et drapeau suédois sous ciel bleuKungsgatan.

Ne me manqueront pas :

- les brats de Stureplan.
- la Pripps Blå.
- l'uniforme sac Vuitton / jean moulant taille basse rentré dans les bottes.
- la Korv och Cola, alltid 20,- .
- Aftonbladet (enfin ses unes, si, un peu, mon plaisir quotidien lors du passage devant le Pressbyrån d'Odenplan).
- Expressen.
- .SE.
- Metro.
- Stockholm City (que je me rassure, 20 minutes et Metro dans les grandes villes françaises ne valent pas mieux).
- la Princesstårta et toutes ces sortes de choses étouffe-chrétiens à la pâte d'amande.
- les Erasmus français qui essaient des casques vikings en plastique sur Västerlånggatan.
- les errements éthyliques de la Midsommar.
- les cubis premier prix du Systembolaget. Et les second prix aussi d'ailleurs.
- les humeurs de Zlatan.
- le pytt i panna surgelé.
- eXtreme Home Makeover version Svensson.
- la quantité incroyable de publicité qui bouchait ma boîte à lettres lorsque j'étais absent plus de quinze jours. Lorsque j'avais une boîte à lettres directement sur ma porte d'appartement, cela n'arrivait pas, mais par contre j'avais droit au claquement sec du battant chaque matin à 4 ou 5 heures pour le journal, ce qui me plaçait immanquablement à deux doigts de la crise cardiaque. Jamais content.
- le journal de 20 minutes qui coupe le film du soir de TV4, si bien qu'après le tunnel de pub entourant celui-ci, on oubliait presque quel film on regardait.
- les sachets de snus crachés dans les toilettes des mecs.
- le petit rigolo qui faisait mousser la fontaine au pied de mon immeuble.
- les running gags de SL.
- les manifestations de néo-nazis sur Odenplan.
- les pies qui viennent éventrer les sacs poubelles et en étaler le contenu un peu partout. Si si je vous jure.

15 mars 2007

[Stockholm et 32 mois] Susceptibilités.

Un ferry et un drakkar.
Deux bateaux, deux époques (comment ça le drakkar avance au moteur ?).

Lorsque j'avais choisi le nom de ce carnet, en juin 2004, je me questionnais évidemment sur le contenu que j'allais y mettre. Les blogs d'expatriés [1] n'étaient pas encore particulièrement répandus, mais je me disais que des personnes bien renseignées parleraient de la Suède bien mieux que moi, et que par conséquent il était inutile que je fasse un guide de voyage ou une description des traditions du pays. D'ailleurs, ce n'était pas mon départ en Suède qui m'avait poussé à ouvrir ce carnet (mais cette personne à laquelle je rends par ailleurs hommage !). Hasard des dates, donc, on va dire. Mais je cherchais un nom, et mon départ approchait à grands pas. L'idée a alors germé de tenir ce carnet en Suède comme j'aurais pu le faire en France. Ce n'est pas parce que je partais en Suède que je devais me sentir obligé de ne parler que de la Suède dans mes billets, après tout. La vie continue de la même manière, mes goûts et mes aspirations ne changent pas radicalement. Tenir ce carnet comme si de rien n'était, donc. En commentant l'actualité, qu'elle soit suédoise ou française, en parlant de mes impressions, de mes envies, de mes coups de gueule, de ma vie culturelle et sociale. Bref, en écrivant comme si je n'avais pratiquement pas quitté le pays. Car somme toute, une vie suédoise peut paraître extraordinaire pour un Français, tout comme une vie française peut paraître extraordinaire pour un Suédois. Un Français ne s'enthousiasme pas systématiquement pour le saucisson qu'il achète, un Suédois ne s'enthousiasme pas systématiquement pour le kanelbulle qu'il mange. On est juste né quelque part alors on vit sa vie. Et l'on serait né ailleurs que cela serait la même chose. La France et la Suède, deux pays similaires et différents à la fois, bénéficiant tous les deux d'environnements très privilégiés et dans lesquels on vit très bien, la différence se faisant sur des petits détails qui plairont davantage à certaines personnalités, personnalités qui sont d'ailleurs susceptibles de changer au cours du temps. Pas de quoi fuir un pays pour aller chercher l'autre, somme toute.

C'est en partie pour cela que j'avais donc choisi ce titre, "Carte postale suédoise", de manière ironique. Car il devait être tout sauf une carte postale sur la Suède. Tout au plus une mansarde sur Stockholm, au même titre que des personnes ont un carnet sur les expositions à Paris ou sur les sorties underground à New-York. Le reste pouvait avoir trait à des événements d'actualité, des balades, des anecdotes, de petits plaisirs, de grandes histoires. De ces choses qui arrivent, indifféremment du pays dans lequel on habite.

Je crois d'ailleurs que mon ton n'a pas changé entre la France et la Suède. J'ai toujours eu ce penchant rêveur sensoriel qui s'enthousiasme pour de petits événements dégageant une certaine atmosphère (même si cela ne m'avait pas empêché de tirer sur l'ambulance un jour de canicule). Souvent donneur de leçons et redresseurs de torts, tantôt grognard, tantôt mielleux, le tout desservi par une écriture trop solennelle qui laisse à penser que je ne suis qu'un affreux sinistre qu'on lit le soir à ses enfants pour les faire s'endormir. Et il n'y a pas de raison pour que cela ne soit pas la même chose lorsque je reviendrai en France (car oui, pas de chance, je continuerai à écrire, les p'tits loups). Bref, je m'égare.

Au fur et à mesure que le temps s'écoule, ce projet s'évanouit peu à peu, et on s'aperçoit que la diplomatie est chose peu aisée. Car, à vivre à l'étranger, on se rend compte que toute critique que l'on fait est bien souvent interprétée comme une critique envers le pays lui-même. Ce fameux "le pays dans lequel tu habites, tu l'aimes ou tu le quittes". Mais rassurez-vous, si je n'aimais pas la Suède, je l'aurais quittée depuis un bon moment.

Des exemples comme cela, il y en a des milliers, même s'ils peuvent paraître anodins. En voici un bête : je trouve par exemple anormal que certains conducteurs de bus ou de métro de Stockholm téléphonent alors qu'ils conduisent (et ce parfois pendant de longues minutes), alors qu'ils transportent des gens qui ne sont pas attachés, cela donnant parfois lieu à de grosses frayeurs (bus qui empiète sur le trottoir dans un tournant, collisions évitées de justesse avec des automobilistes, vitesse excessive, freinage très brutal lors de l'arrivée à la station...). En trouvant cette attitude anormale et condamnable (je précise que téléphoner en conduisant en Suède est, contrairement à la France, légal), je critique l'attitude inconsidérée de personnes et par là-même SL qui visiblement ne tape pas assez du poing sur la table à ce niveau. Je ne critique personne d'autre. Je ne critique pas la Suède (même s'il y a à mon avis un problème législatif, mais c'est une autre histoire). Il s'avère que je vis à Stockholm et que ma critique s'adresse donc forcément à quelque chose de suédois. Mais je vivrais à Paris et constaterais des comportements de ce genre, je réagirais avec la même véhémence. Alors oui, en mon for intérieur, je peux penser qu'en Suède, c'est une attitude assez paradoxale puisque les gens sont très attachés à la sécurité des personnes d'une manière générale. Mais en soi je m'intéresse uniquement au fait que cela arrive malheureusement trop souvent, et que je regrette qu'une fois, ayant interpellé le conducteur du bus dans lequel j'étais, je n'aie pas été suivi par les gens autour de moi. Est-ce que j'en déduis que les Suédois sont comme ceci ? Pas assez cela ? Non. J'en déduis seulement que j'étais entouré de personnes à qui cela ne pose pas de problème d'être dans un bus dont le chauffeur téléphone en conduisant. Et, dans la même idée, je n'accepte pas qu'on me dise "oui mais en France tu sais, ce n'est pas mieux, blablabla". Je n'ai pas mentionné la France, je n'ai fait aucune comparaison, donc cette répartie est plutôt malvenue. J'exerce seulement un droit à la critique légitime, indépendamment du fait que je sois étranger ou non.

Lorsque j'étais en France, je ne me privais pas pour critiquer certaines choses, alors il n'y a aucune raison pour qu'il y ait une chape de plomb qui m'empêcherait de le faire ici. Est-ce que je travaille pour l'office de tourisme de Stockholm ? En tant qu'étranger, dois-je me taire et trouver que tout est magnifique en Suède ? Question pas si évidente qu'il n'y paraît. On a tôt fait de vous répondre que vous ne connaissez pas le pays, que votre critique n'est pas fondée.

Il y a peu, une amie suédoise partie étudier en France me demandait si, sur son carnet en ligne, cela ne me dérangeait pas qu'elle critique l'attitude de la France envers les anciens combattants coloniaux, après avoir vu le film Indigènes (film fort mauvais bien que traitant par ailleurs d'un sujet très grave). Je lui ai répondu que non, bien au contraire, il est toujours intéressant de lire un oeil "neuf" écrivant sur un sujet touchant son environnement culturel d'origine. En pensant que de mon côté, au gré de l'actualité, j'aurais pu parler de certaines pages sombres de l'histoire de Suède[2], mais que je ne l'ai d'ailleurs pas fait par manque de temps et d'envie. Je lui ai donc dit que je trouvais normal qu'elle ait son mot à dire, tout autant que des blogs français parlent de la légion d'honneur de Papon. Tout cela est évidemment bien normal. Tout le monde peut s'indigner d'un fait, quelle que soit sa nationalité. Et moi qui adore l'actualité, je suis souvent amené à m'indigner, c'est l'idée même de l'actualité. On ne me taxera pas d'anti-français si je critique Chirac, on ne taxera pas d'anti-suédois un Suédois qui critique Reinfeldt (ce que je m'apprête à faire bientôt, 'ttention les yeux). Personne ne doit rentrer dans un moule, je connais des milliers de Français qui comme moi n'aiment pas le fromage, je connais des milliers de Suédois qui n'aiment pas le Melodifestivalen.

Une maison en bois et des gratte-ciels.
Deux architectures, deux époques.

D'une manière générale, à maintenant trois semaines de mon départ, j'estime avoir plutôt réussi mon expatriation. Si tant est qu'il y ait quelque chose à réussir. Je n'ai tiré aucune gloriole à vivre à l'étranger, je ne vaux pas mieux ou moins bien que quelqu'un resté en France. L'expatriation ne fait qu'agrandir les yeux de la personne qui les a déjà ouverts. Je pourrais rester en Suède, d'ailleurs. J'y suis heureux, je me suis créé une vie. Je n'ai rien à fuir, comme je n'ai rien fui en partant il y a presque trois ans. Je ne quitte pas la Suède, je vais en France.

J'avais à l'époque particulièrement apprécié ce billet de Patrick. Clairvoyant car posé. Dénonçant ce mal très français que de reporter ses problèmes sur le pays dans lequel on vit, sans se remettre en cause.

Et c'est finalement lié à l'exercice de la critique, tout cela. S'approprier la critique de manière à ce qu'on l'exerce de la même manière, indépendamment de son environnement.

Autoroute traversant la vieille ville.
Une vieille ville, une autoroute, deux époques.

Cette frénésie qui pousse à vouloir tout comparer, à vouloir se persuader et persuader les autres que l'on habite dans le meilleur endroit possible, à gommer en permanence le négatif pour ne se concentrer que sur le positif. A comparer ce qui n'est pas comparable, à sortir X tableaux pour prouver par a + b que Stockholm est mieux que Paris, que Lyon est mieux que Göteborg, que le prästost est meilleur que le camembert ou que le croissant est meilleur que le kanelbulle. Je n'aime pas les comparaisons chiffrées. Tout au plus j'accepte les comparaisons de sociétés, dans la mesure où elles ne peuvent aboutir à un résultat positif ou négatif.

Pas une semaine sans qu'un Suédois ne me dise "mais tu es fou d'avoir quitté la France, la Suède est beaucoup moins bien, en France il y a ceci, en France il y a cela...". Pas une semaine sans qu'un Français ne me dise "mais pourquoi reviens-tu en France, la Suède c'est beaucoup mieux...".

On habite là où la vie nous pousse, là où le vent nous porte. On vit des histoires. Tristes, joyeuses. On salue tous les jours la chance que l'on a eue de naître dans des pays qui ne connaissent pas la famine, la misère ou la guerre. Le reste ? Bullshit.

Alors oui au droit à donner son avis sur le pays dans lequel on vit, car cela montre l'intérêt qu'on lui porte. Et forcément, plus l'on connaît le pays, et plus l'avis s'affine et se fait critique.

Et comme dirait un Eugène Saccomano à qui l'on reproche de commenter plus souvent la crise permanente ayant lieu à l'OM ou au PSG que les succès de l'OL : "c'est comme ça, on ne parle jamais des trains qui arrivent à l'heure". Mais faut pas croire, hein. J'ai un bon fond.


[1] On dit "expatrié" quand on vient d'un pays riche, on dit "immigré" quand on vient d'un pays pauvre. Pouf pouf.

[2] Les faits "peu reluisants" qui ont été les plus médiatisés depuis que je suis en Suède ont entre autres été :
- la stérilisation forcée de personnes qui "mettaient en danger la survie de la lignée nordique" (principalement les handicapés mentaux), révélée en 1997 mais dont on parle encore parfois aujourd'hui (elle a continué jusqu'en 1976). Quelques articles dans les archives de L'Humanité, de L'Express.
- le zèle de prêtres appartenant à l'Eglise suédoise qui, entre 1937 et 1955, appliquaient les lois nazies sur le mariage lorsqu'un des conjoints était allemand, à savoir qu'une personne suédoise se mariant à une personne allemande devait certifier qu'aucun grand-parent de la personne allemande n'était juif. Article de DN si vous lisez le suédois.

L'attitude de la Suède durant la deuxième guerre mondiale est d'ailleurs plus généralement souvent une question taboue, donnant d'ailleurs lieu à des discussions animées lorsqu'elle est abordée, entre personnes qui donnent une image très noire de la Suède, et personnes qui soutiennent que tous les Suédois étaient à l'image de Raoul Wallenberg. La réponse se situant évidemment, comme en France lorsque l'on aborde la question de la résistance et de la collaboration, entre les deux. Sachant que les deux pays n'ont évidemment pas vécu la guerre de la même manière et qu'il est inapproprié de les comparer à ce niveau.

13 mars 2007

[Stockholm et 32 mois] Chiffres.

Bateau de vieille ville
La vieille ville vue de Söder Mälarstrand en juin 2006.


32 mois de présence à Stockholm, quelques chiffres sans queue ni tête :

- 1 langue apprise que je parle maintenant couramment, et dont je ne connaissais pas un mot il y a trois ans, le suédois. Pas si facile que cela quand au début on vous répond en anglais lorsque vous parlez en suédois. Mais tellement gratifiant lorsque que vous vous rendez compte que cela fait trois heures que vous discutez dans un bar avec un ami de Kristianstad, qu'il fait référence à un film suédois que vous avez vu, et que vous riez comme si vous veniez du même pays.

- 1 langue maintenue que je parlais déjà couramment, l'anglais. Langue de travail, conversations téléphoniques avec de potentiels clients américains, documents techniques dans la langue internationale de facto. Tentatives pour ne pas aller vers la facilité du globish lorsque je parle avec des gens dont ce n'est pas la langue maternelle. Satisfaction relative.

- 1 langue un peu oubliée que je parlais pourtant couramment, l'allemand. Un peu à cause de l'apprentissage du suédois, il faut bien le dire. C'est une de mes tristesses, mais c'est en même temps l'un de mes défis de retour. Lire à nouveau un livre en allemand pour m'y remettre. Je pensais à Die Welt von Gestern de Stefan Zweig. Espérons que cela n'impliquera pas, en retour, l'oubli de mon suédois, mais j'ai bien peur que la similarité des deux langues rende cela presque obligatoire.

- 4 appartements différents, de 18m2 à 55m2, de la proche banlieue à Stockholm intra-muros. Toujours à moins de 10 minutes d'une station de métro. Parfois isolés, parfois neufs, parfois un peu vétustes. Toujours avec un four Electrolux.

- 2 emplois, l'un dans une grosse agence gouvernementale, l'autre dans une toute petite entreprise.

- 1 entreprise créée en compagnie de deux personnes deux fois plus âgées que moi. Entreprise devenue viable, projet un peu fou pour un premier "vrai" emploi, défi que je n'aurais très certainement pas relevé en France. Une expérience incroyablement formatrice et forçant à l'humilité.

Riddarhuset.
La Riddarhuset en juin 2006.

- 3 ordinateurs portables différents, et jamais le mien. Cela sera sans doute d'ailleurs mon premier gros investissement en rentrant en France, je sens déjà les interrogations sans fin devant le rayon (ouééééé je vais me faire refourguer d'office (vous aurez remarqué le jeu de mots) un Vista home premium ultimate DRM-inside, même si un petit Feisty Fawn avec Beryl aura tôt fait de remplacer l'Aero de Billou).

- 2 diplômes d'ingénieur obtenus, un suédois et un français. Sans grandes difficultés, avec ma responsable suédoise qui écarquillait toujours les yeux lorsque je lui disais que je prenais quatre cours ce trimestre alors que seuls deux étaient obligatoires. Et des étudiants qui criaient au scandale quand le livre de cours avait trop de pages. Mais une formation plutôt sympa laissant la place à l'indépendance.

- 1 doigt partiellement coupé en faisant du vélo, un os qu'on pouvait voir, au moins cinquante centilitres de sang perdu, trois points de suture, un ongle qu'on a fait fondre pour dégager le sang, des séquelles atroces sur une main mutilée à vie... Bon bref, l'occasion de découvrir les urgences dans un autre pays, et l'occasion de signer un papier me demandant mon personnummer et si je souhaitais payer par carte ou par virement bancaire alors même qu'aucun soin n'avait été encore fait et que j'avais la main en sang.

- 63 degrés d'amplitude thermique, entre un -32 expérimenté un nuit de mars 2005 au nord de Stockholm et un +31 savouré un après-midi de juin 2006. La Suède a ce côté magique qui pousse à s'intéresser à nouveau aux saisons, à la nature, aux cycles de vie. Un renouvellement perpétuel que je regretterai.

- 8 traversées de la mer Baltique. En hiver, avec un roulis qui rend le sommeil hasardeux (oui, je sais ce que vous pensez...). En été, avec un soleil qui ne se couche presque jamais, et ce vent permanent qui donne envie de rentrer admirer l'archipel de Stockholm depuis le bar.

- 2 appareils photos, le premier ayant été oublié sur un fauteuil d'avion et évidemment non retrouvé. Sans doute un troisième à mon retour en France, mon deuxième gros investissement, puisque j'aimerais acquérir un reflex (comment ça je ne le mérite pas ?). Sans doute le successeur de l'EOS 400D (d'ailleurs si vous avez des informations à ce sujet...).

- 19 semlor mangés. Ce qui fait une moyenne de sept par an, ce qui est bien mais pas top.

- 100 ciels, tous plus magnifiques les uns que les autres.

... Et des millions d'événements un peu plus personnels qui ont fait cette vie ici.

10 mars 2007

Ungdomshuset, solidaritet.

Manifestation.

L'actualité copenhagoise s'invite à Stockholm, avec une manifestation de soutien aux jeunes de la Ungdomshuset (l'affiche dit "Le combat pour la maison des jeunes est le nôtre !").

Manifestation derrière la police.

Presque autant de forces de police que de manifestants (il faut dire qu'ils étaient peu nombreux) pour éviter les débordements que la capitale danoise a connus la semaine dernière. Gageons que M. Reinfeldt n'a que peu de velléités à ce que la jeunesse stockholmoise suive l'exemple de son homologue d'outre-Øresund.

9 mars 2007

Question.

Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que je repère un article particulièrement intéressant de Bruce Schneier, j'y trouve un commentaire pertinent de Guillermito ? ;-)

7 mars 2007

[Stockholm et 32 mois] Souvenirs.

Hôtel de ville à contrejour, ciel bleu strié.

Trouver des souvenirs n'est pas chose aisée. Et cela l'est encore moins lorsque les souvenirs, non seulement sont pour soi, mais doivent également être acquis dans un univers dans lequel on vit depuis longtemps. Car, à la différence des objets que l'on peut acheter ou récupérer dans un endroit "visité en touriste", les souvenirs que l'on veut pour soi, pour se remémorer une époque et un lieu, ceux-là mêmes qui doivent symboliser un bout de sa vie, doivent avoir un sens. Une valeur qui n'est plus celle du touriste qui trouve le petit cheval rouge de Dalécarlie mignon.

Enfin donc vous l'aurez compris, à maintenant un mois de mon retour en France, je suis à la recherche d'objets à ramener. Des petits riens qui ont une symbolique. Des images qui parlent. Des objets de décoration qui ne fassent pas trop cliché. Des trucs que l'on ne trouvera pas à l'Ikea de Vélizy-Villacoublay. Des choses pas trop volatiles, des choses que l'on aura plaisir à garder, à utiliser, à mettre en valeur dans son petit appartement. Même si un bout de vie ne se résume pas à des objets, et que la Suède sera davantage dans ma tête que dans mes bagages.

Je dois avouer que pour l'instant, c'est plutôt morne plaine. Alors j'ai évidemment profité des soldes de livres (malheureusement la seule période où les livres sont à peu près bon marché) pour faire quelques emplettes en vue de compléter ma bibliothèque. Parmi mes acquisitions, une saga que je voulais lire depuis un bon moment, la célébrissime série des Utvandrarna ("Les émigrants") de Vilhelm Moberg.

Couverture des deux tomes.

Elle trouvera sa place sur la rangée de mes livres en suédois, entre autres à côté d'un Populärmusik från Vittula bien mis en évidence pour d'autres raisons. Le moment sera alors venu de dépoussiérer d'autres livres et de commencer à monter une vraie bibliothèque.

Il y a quelques affiches. Celle de l'exposition Mucha. Un panneau publicitaire pour le Quarnevalen 2005 piqué dans le métro. Un grand poster de Riddarholmen.

Il y a un ou deux cailloux, et puis il y avait du sable pour la collection. Du lichen, aussi.

Bâteau brisant la glace et passant devant une usine désaffectée.

Ce week-end je traînerai sans doute dans les brocantes en espérant trouver quelques vieilleries qui m'évoqueront certaines choses.

Et puis il y a tous ces petits riens que j'aimerais garder, même s'ils ne sont pas beaux. Ils sont juste des objets que j'utilisais tous les jours, toutes les semaines ou tous les mois. Une carte de transport. Une carte de membre de la Cinemateket. Une carte de fidélité chez Pocket Shop. Des cartes de visite. Des tickets d'entrée de musées. Des billets de croisière. Des tours de cou. Des bouts de plans, de journaux. Des pièces de monnaie, des billets. De tout cela, je ferais bien un tableau pêle-mêle coincé entre deux plaques de verre.

Tunnel jaune, éclairage blanc.

Il va y en avoir, des choses, dans cette valise.