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Carte postale suédoise: juillet 2005

8 juillet 2005

Au calme.

Départ en vacances pour trois semaines. Déconnecté. C'est mieux comme ça.

Un bon moment finalement pour couper les ponts. A l'heure où certains voudraient voir leur idée du monde s'imposer, à l'heure où certains voudraient donner des leçons sur la façon de traiter le terrorisme. A l'heure où l'on tire des conclusions hâtives et radicales face à une menace dont certains politiques veulent manifestement ignorer l'origine. A l'heure où, pour des intérêts économiques et politiques, on protège des pays qui sont le berceau de mouvements terroristes et extrémistes.

Au retour des vacances je sauterai dans l'avion pour revenir en Suède. L'heure pour moi de revenir à des considérations moins polémiques et refaire de jolies balades de fin d'été. L'hiver arrivera bien vite.

En attendant, vous pouvez méditer sur ce torchon[1]. Sans surprise de la part de Fox, évidemment. Et si vous vous en sentez le courage, prenez votre plume la plus corrosive et écrivez au rédacteur. Je serai fier de vous.


[1] En gardant tout de même à l'esprit qu'il a été pondu AVANT les attentats de Londres. Mais ceci ne vole guère plus haut.

6 juillet 2005

Jusqu'à la lie.

C'est peut-être ça, ce qu'il faudra retenir d'un échec aussi cuisant que l'acharnement médiatique qui l'avait précédé. François le souligne.

Les Jeux olympiques ont définitivement quitté leur idéal sportif pour rejoindre le monde de la lutte d'influences, des renvois d'ascenseur et des votes obtenus à la dernière minute à grands coups d'entretiens de copinage "à intérêts mutuels". Ceux qui me disaient que Paris allait redonner à l'Olympisme ses lettres de noblesse en retrouvant l'esprit de Coubertin en tireront sans doute les conséquences qui s'imposent. Bienvenue sur Terre, bienvenue dans le sport system.

C'est heureux que l'on ne participe pas à cette gigantesque mascarade.

5 juillet 2005

L'art de la fouille à la Fnac.

A l'heure où beaucoup de personnes s'inquiètent (à juste titre) de la mise en danger de leur vie privée, je m'interroge suite à une scène à laquelle j'ai assisté hier.

Depuis un certain temps (le 11 septembre 2001 n'étant sans doute pas étranger à cela), nombreux sont les magasins qui ont adopté la technique de surveillance "gorilles à l'entrée". La Fnac en tête. Des agents de surveillance privés qui contrôlent les allées et venues dans le magasin, cravate noire sur chemise blanche et écouteur dans l'oreille. Et, parmi leurs obsessions, les sacs plastiques et les sacs à dos.

"Monsieur, s'il vous plaît, vous ne pouvez pas rentrer dans le magasin avec votre sac. Il doit être enfermé ou mis en consigne". Par principe, je m'y refuse. Le jeu consiste alors à réussir à rentrer dans le magasin en trompant la vigilance des gardiens du temple (les plus joueurs d'entre vous essaieront de sortir de la Fnac avec un sac Virgin rempli de disques personnels).

Au lendemain du 11 septembre, on avait même droit au "jeune homme, s'il vous plaît, je peux voir ce qu'il y a à l'intérieur de votre sac à dos ?". Les gorilles connaissent la loi. Ils savent que si quelqu'un refuse la fouille, ils n'ont pas le pouvoir légal d'y procéder[1]. Seul un officier de police judiciaire peut le faire (et ce même depuis l'introduction de la loi sur la sécurité quotidienne du 30 octobre 2001). Encore heureux. Je ne vois pas de quel droit quelqu'un aurait le droit de fouiller mon sac, fût-ce pour des raisons de sécurité. Et cette impression de passer de l'état de client à celui de suspect m'irrite au plus haut point. La loi est de mon côté, donc. Mais le hic, c'est que de nombreux particuliers ne la connaissent pas. Et c'est comme cela que l'on assiste à des scènes surréalistes de personnes qui, dès qu'elles entrent dans le magasin, montrent spontanément leur sac aux vigiles. Ou l'ouvrent en passant à la caisse du supermarché.

A l'heure où beaucoup de personnes affichent une certaine méfiance envers la police, je m'étonne que l'on soit beaucoup plus coopératif avec des sociétés de gardiennage privées. Que l'on ait davantage de compréhension pour des gens (souvent peu formés) dont les méthodes sont parfois inadmissibles (le délit de faciès en tête). Et que l'on laisse cet façon de faire perdurer et devenir la norme.

Il y a deux ans, à l'entrée de la foire Saint-Romain de Rouen, des fouilles à l'entrée étaient faites (pour empêcher l'introduction de couteaux sur le lieu par exemple). Des vigiles contrôlaient les sacs à dos des adolescents, toujours en demandant leur autorisation. Et tout le monde s'exécutait gentiment. Je me suis dit qu'une personne bien bâtie, avec un manteau noir siglé "sécurité" pouvait très bien se faire passer pour un vigile, demander à une personne âgée d'ouvrir son sac et lui subtiliser quelque chose au passage. Parce qu'un vigile n'a, contrairement à un agent de police, pas de signe distinctif qui peut l'authentifier.

Essayez, un jour. Si l'on vous demande d'ouvrir votre sac à dos en passant à la caisse d'un hypermarché, refusez. Faites venir le directeur. Dites-lui qu'il appelle la police s'il n'est pas content. Faites un scandale. Vous gagnerez toujours. Parce que la loi est de votre côté.

[1] A ma connaissance, il n'y a qu'un seul cas pour lequel des personnes non-policiers sont habilitées à effectuer des palpations et des fouilles, c'est celui des stades de football (ou tout du moins les manifestations sportives), ceci étant autorisé par dérogation municipale.

1 juillet 2005

Sonate pour flûte et piano de Francis Poulenc.

Partition de la Sonate pour flûte et piano.

Parmi les oeuvres pour flûte auxquelles je tiens beaucoup se trouve la Sonate pour flûte et piano de Francis Poulenc, écrite entre 1956 et 1957. Un son original qui démarque cette pièce du reste du répertoire pour flûte traversière. Une mélodie qui doute, des notes incongrues (extraits à écouter ici (en Real Audio, malheureusement) ou (Real Audio également, mais par Julius Baker, grand soliste à Chicago et contemporain de Poulenc)).

Au-delà de la musique, cette oeuvre est marquée de la passion d'un homme pour les instruments à vent (Poulenc écrira dans la foulée sa Sonate pour clarinette et piano qui est également remarquable) et par-dessus tout d'une douce mélancolie qui contredit un peu l'ironie qui habitait Poulenc.

L'oeuvre est "dédiée" à Madame Elizabeth Sprague Coolidge, créatrice de la fondation qui porte son nom. Sa collection témoigne de son support pour les musiciens du début du vingtième siècle (les artistes étaient payés en échange de leurs manuscrits, les pièces de la collection sont conservées de nos jours à la bibliothèque du Congrès américain). De nombreux livres sur Poulenc décrivent ainsi cette sonate pour flûte comme un hommage musical à la mécène disparue. Mais là où le bât blesse, c'est que la version de Poulenc est tout autre.

Dans l'autobiographie de Jean-Pierre Rampal[1] (grand ami de Poulenc), on trouve ces quelques lignes transcrites d'un appel téléphonique que le compositeur donna au flûtiste juste après la commande passée par la fondation qui voulait donc rendre hommage à Madame Coolidge (et qui paya pour l'oeuvre une jolie somme) :

"Jean-Pierre, dit Poulenc, vous avez toujours désiré que j'écrive une sonate pour flûte et piano ? Et bien, je vais le faire et le meilleur c'est que les Américains vont me payer pour cela ! J'ai reçu une commande de la Fondation Coolidge pour écrire une pièce de musique de chambre à la mémoire d'Elizabeth Coolidge. Je ne l'ai jamais connue, j'estime donc que la pièce vous appartient."

Poulenc toucha en effet 750$ (une jolie somme pour l'époque) pour écrire cet "hommage".

C'est tout à coup un masque qui tombe. Qui désacralise un peu la musique et qui montre qu'un compositeur est avant tout un homme qui peut faire preuve d'ironie (de manque de reconnaissance diront certains) et qui fait parfaitement la différence entre la façade que montre la musique et sa genèse réelle.

Pas grand-chose à voir mais sur la pochette du CD Deutsche Grammophon figure un tableau de Fernand Léger, Les loisirs (1949). Un beau choix. Parfaitement dans l'esprit de la musique de Poulenc.

[1] Jean-Pierre Rampal,
Music, My Love: An Autobiography with Deborah Wise (New York, Random House, 1989).

La Haute-Normandie en tête de peloton !

Xiti Monitor, dans un court article, classe les régions françaises selon leur taux d'activité sur Internet comparé à leur population. De façon un peu surprenante, la région Haute-Normandie est troisième (première quand on s'en tient à la France métropolitaine).

La personne qui a écrit l'article semble relativement surprise du mauvais classement qu'ont des régions très peuplées comme l'Île de France ou la Provence-Alpes-Côte-d'Azur. Je m'interroge quant à moi sur la validité d'une telle étude. Est-ce un critère pertinent ? Car il est évident que plus une région est peuplée, plus ce genre de critère est pénalisant pour elle, et je ne suis pas sûr que l'autre critère de mesure (la part d'activité sur Internet) soit proportionnel à la population. N'y a t-il pas une part fixe dans le trafic Internet ?

Peut-être pas, finalement. Et cette interrogation n'explique pas pour autant le faible résultat de la Franche-Comté (bien qu'elle soit une région majoritairement rurale, elle comporte tout de même un certain nombre de grandes villes). Ou alors le nombre de visites auditées (environ 7 millions) est trop faible.

Enfin voilà. Un petit moment de fierté mal placée. Pour une fois que la Haute-Normandie tire son épingle du jeu...