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Carte postale suédoise: novembre 2004

30 novembre 2004

Snif.

Froid.

Je croyais que les températures affolantes de la semaine dernière avaient tué tous les microbes du pays. Apparemment non. Le redoux les a fait réapparaître. Et le rhume traditionnel de l'hiver a donc traversé toute l'Europe pour revenir me chercher. Comment dit-on ? La tête... comme un compteur ?


Mardi 30 novembre 2004
SoleilLever : 8h14Coucher : 14h58
TempsNuageux0°C

29 novembre 2004

J'ai vu, entendu...

Rouge puissant sur tapis blanc...

Je me suis toujours dit que je jugeais un peu vite les gens. Très vite, même. Une conversation, un quart d'heure, mon opinion est faite. Je fonctionne un peu comme cela, il est peut-être un peu tard pour changer. Et j'avoue que je me trompe rarement. Je ne suis pas souvent revenu sur mon opinion initiale, même si elle a parfois évolué. C'est sans doute idiot. On ne juge certainement pas sur quelques phrases peu révélatrices. Mais voilà. De chaque phrase prononcée j'explore le contenu réel. Je tente de déduire des raisonnements, des enchaînements logiques et je me construis une opinion. Chaque mot est un révélateur. Conscient, inconscient, chacun à sa façon traduit une personnalité, une manière de penser.

D'aucuns me diront que certains ont les mots pour le dire, et d'autres non. Pudeur, timidité, retenue, emphase, exubérance, on a sa façon d'être, de parler ou d'écrire. Mais la force des mots est là, qu'on le veuille ou non. Et elle dit certainement plus que ce que l'on veut bien entendre...

Alors ici je change mon fonctionnement. J'attends. Car chacun ne parlant pas sa langue maternelle, il devient plus difficile de se faire une véritable idée des personnes auxquelles on parle. On idéalise, forcément. Alors on vit avec de sempiternels sourires artificiels, remplis d'une sorte de compassion mêlée à de l'indifférence, parfois. Ne disant finalement rien de bien profond.

Moi-même, en me relisant, je sens que je suis sévère et calculateur, alors que je ne crois pas que cela soit le cas. Comme quoi, les mots...


Lundi 29 novembre 2004
SoleilLever : 8h12Coucher : 14h59
TempsNuageux-1°C

28 novembre 2004

Prémisses.

Noël, patins et bougies.

Noël est là. Dans les appartements comme dans le ciel. Bougies aux fenêtres, patinoires en plein air, gros flocons. Jolies images de patineurs au pied des hôtels particuliers du 18ème siècle. Petit froid qui pousse dans les luxueux cafés du centre. Pâtisserie à la crème, caffè latte et macaron. De ces cafés (en français sur la devanture) qui ont tout de la carte postale. Lustres brillants et petits carreaux aux murs. On y resterait la soirée, à écouter ces bruits de vaisselle et de couverts que l'on entasse. C'est presque tout un art que d'aller chercher un peu de chaleur dans ces lieux. Je me souviens de ces affiches françaises pour la promotion des bistrots. "On y vient pour bien plus qu'un café". Evidemment.


Dimanche 28 novembre 2004
SoleilLever : 8h10Coucher : 15h00
TempsAverses de neige-2°C

26 novembre 2004

Noir à jamais perdu .

7 heures. Le soleil apparaîtra d'ici 60 minutes...

La neige omniprésente nous a ramené un peu de lumière. Ce blanc qui recouvre tout et réfléchit le moindre rayon. Mais quelle lumière... Alors que je ne la remarquais même pas en France, elle m'apparaît ici insupportable. Car elle rend aveuglante cette neige pourtant si blanche. Elle rend orange ce ciel pourtant si noir et pur. Et les étoiles disparaissent alors. A se demander si les enfants de la ville ont jamais vu la grande ourse.

Heureusement que la forêt toute proche a su garder ses habits de la nuit...


Vendredi 26 novembre 2004
SoleilLever : 8h05Coucher : 15h03
TempsEnsoleillé-4°C

24 novembre 2004

Discussions.

Et pourtant, la photo a été prise en couleur...

Couloirs de l'université. Je raccroche et range mon téléphone dans ma poche. Il s'approche alors que nous entrons dans l'ascenseur qui nous mène au septième étage.

Lui : Salut ! Tu es français ?
Moi : Salut. Oui oui.
Lui : Tu étudies ici aussi ?
Moi : Oui oui.
Lui : Et tu viens de quelle école ?
Moi : Euh... De Y¹, pourquoi ? Tu viens d'où ?
Lui : Whaaa la classe... Oh, moi je viens seulement de Z.
Moi : Oui enfin tu sais, tout cela ne veut pas dire grand chose... L'école que tu as faite ne conditionne pas ta vie... Et influence encore moins ton intelligence, ton caractère ou ta culture générale... Cela signifie simplement que tu as quelques prédispositions en mathématiques ou alors qu'à un moment tu as travaillé davantage que les autres. Je ne crois pas que ça aille plus loin.
Lui : Oui mais quand même, ça veut dire quelque chose...

Ding. Septième étage. Fin de l'intermède.

Conversation surréaliste avec quelqu'un que je n'avais encore jamais vu. Quelqu'un dont la troisième question porte immédiatement sur les études et le cursus scolaire. Visiblement déçu que je vienne d'une soi-disant "meilleure école". Réponse polie, évidemment. Curieuse façon néanmoins d'engager une conversation.

Plus le temps passe et plus je me dis qu'évidemment non. Non, ce que l'on est ne s'arrête pas à l'école ou à l'université dont on sort, si brillante fusse-t-elle. Et c'est pourtant, quoi qu'elles en disent, la façon dont beaucoup de personnes raisonnent.

Combien de personnes issues de grandes écoles se sont rapidement découvertes de nouveaux amis ? Combien ont vu leurs relations avec les gens changer ? Parce qu'elles étaient paraît-il brillantes ?

Et combien de personnes se sentant évidemment de hautes destinées ne peuvent s'empêcher de marquer le nom de leur école sur leur carte de visite ? Combien de personnes n'embaucheraient pour rien au monde quelqu'un issu d'une école concurrente ? Un jeu de gamins, finalement. Un peu comme celui qui a le plus beau camion dans le bac à sable.

Trop d'importance accordée à tout cela. Trop de connivences, d'hypocrisies tacites. Les grandes écoles forment des cadres. Elles ne forment pas des humains. Ça se saurait...


¹Oui, je n'ai pas mis X pour ne pas porter à confusion. Pouf pouf.


Mercredi 24 novembre 2004
SoleilLever : 8h01Coucher : 15h06
TempsPetites averses de neige-8°C

23 novembre 2004

Cristallisation.

Mardi matin. -8°C

Jolie vision que celle de cette glace qui s'accumule sur la fenêtre au fur et à mesure des différentes averses de neige. Le long de cette vitre où en France tout se transformerait immédiatement en eau, tout gèle. Est-ce dû aux températures affolantes de la nuit ? Au triple vitrage qui équipe toutes les fenêtres de mon appartement orienté plein nord ? Et qui empêche la chaleur intérieure de s'échapper à l'extérieur ? Ici, on sait ce que cela veut dire, "isolation"...

Jolis reflets, de toutes façons.


Mardi 23 novembre 2004
SoleilLever : 7h59Coucher : 15h08
TempsAverses de neige-4°C

22 novembre 2004

Glagla.

Sigtuna et les abords du lac Mälar.

Cela faisait déjà plus d'un mois et demi que la température de mon réfrigérateur était plus clémente que celle régnant à l'extérieur. Mon congélateur quatre étoiles prend maintenant le relais.

Marcher aux abords d'un lac dont la surface est deux fois plus importante que celle du Léman. Lac en partie gelé, alors que nous ne sommes même pas en décembre. -14°C en ce début de soirée. 15 heures 30. Des doigts de pied qui frétillent, des gants que l'on ne retire pas plus de dix secondes sous peine de ne plus être capable de plier les doigts. Un appareil photo qui peine à fonctionner.

Alors, lorsque je rentrerai en France et que l'on me dira "Aujourd'hui, qu'est-ce qu'il fait froid !", je crois bien que je sourirai gentiment...


Lundi 22 novembre 2004
SoleilLever : 7h56Coucher : 15h10
TempsNeige éparse-10°C

20 novembre 2004

De silence et de neige.

De bien jolies branches...

Etrange silence qui envahit tout le pays depuis les premières chutes de neige. Tout est comme atténué, filtré. On a beau crier, tout se perd. Et on se sent impuissant. Surprise d'être en pleine ville et de ne rien entendre.

J'aurais bien aimé avoir un avis éclairé sur ce phénomène auquel je n'ai pas réussi à trouver une explication sur la toile après une (très) rapide recherche. Alors je vais y aller de mes suppositions, tout en sachant qu'elles sont sans doute totalement fausses. N'hésitez donc pas à me corriger.

Alors que j'étais encore étudiant en prépa, j'avais été particulièrement intéressé par ces curieux objets mathématiques que sont les fractales. Outre le fait qu'elles produisent en général de très belles compositions artistiques, elles ont des propriétés remarquables. Leur construction est en général simple, puisqu'elle consiste en la répétition d'un motif à l'infini sur une même figure (récurrence). L'une des plus célèbres d'entre elles (et la plus abordable pour le néophyte) est sans doute le flocon de Von Koch. Vous me direz que le hasard fait bien les choses, son inventeur est un mathématicien suédois. L'article de Wikipedia décrit sa construction mieux que je ne saurais le faire (au niveau de la rigeur mathématique, lire plutôt ceci). On voit très bien comment la récurrence a lieu. A coup de triangles ajoutés infiniment.

Nous voilà donc arrivés à la neige. On admet généralement que les flocons de neige ont une structure fractale comparable (dans les grandes lignes tout du moins) à celle décrite par Von Koch. Ce qui leur donne des propriétés remarquables, notamment celle d'avoir un périmètre de longueur infinie, bien qu'ayant une aire finie (oui, vous lisez bien). Cela signifie qu'en ajoutant à chaque étape de petits morceaux à ce flocon, on obtient un objet qu'il est impossible de parcourir en un temps fini.

Continuons donc pour les courageux(ses) qui n'ont pas abandonné. Celles et ceux qui ont une sainte aversion pour les mathématiques, vous pouvez sortir.

Les ondes sonores de l'environnement vont entrer en contact avec ces structures fractales et s'y réfléchir. Mais voilà. Comme les milliards de flocons qui composent le tapis neigeux ont une structure fractale et un périmètre infini, le son qui les rencontre s'y trouve emprisonné. Et le silence se fait.

Ce même phénomène a été utilisé très récemment dans certains murs anti-bruit dont la surface est composée de milliers de cavités à structure fractale qui absorbent les ondes sonores.

Mes excuses à toutes celles et tous ceux qui ont été passablement perdus dans mes explications confuses. Je ne suis pas un bon pédagogue.

Mon explication est peut-être totalement fausse. Mais je l'ai trouvée relativement cohérente. Preuve s'il en est que je ne fais pas que rêver en me promenant. Preuve également que j'ai toujours gardé cet amour des mathématiques, dont je me demande toujours pourquoi on leur colle cette étiquette de science ennuyeuse. Peut-être parce que je viens d'écrire le billet le plus ennuyeux de cette carte postale, me direz-vous...


Samedi 20 novembre 2004
SoleilLever : 7h52Coucher : 15h13
TempsEnsoleillé-7°C

19 novembre 2004

Eternel optimiste.

Sundbyberg au réveil. Les nuages sont partis un moment.C'est peut-être idiot. Mais depuis que la neige est arrivée, je suis heureux. Tout simplement. Et je ne sais pas pourquoi. Il en faut peu pour me rendre heureux, je le sais. Ces petits événements que vous célébrez d'un sourire. L'idée de partir en excursion, l'idée de manger une spécialité locale, l'idée de faire de nouvelles rencontres toutes aussi enrichissantes les unes que les autres... C'est un peu tout cela qui me rend optimiste. Alors je ne comprends pas ces autres étudiants tristes lors de leur arrivée à l'université le matin, alors qu'ils sont dans la même situation que moi. Et je me dis que je vis sans doute sur un nuage. Ou alors qu'ils manquent quelque chose. La vie est sans doute assez dure pour en arriver à économiser les sourires.

Cela ne transparaît pas dans mes billets. Ces billets que je prends sans doute un peu trop au sérieux. Mais depuis mon arrivée, je suis comblé chaque jour. Le plus heureux des hommes. Et dire qu'il y a un an j'émettais seulement l'hypothèse de venir ici, en voyant les démarches qu'il fallait accomplir... Alors ce coup de folie qui bâtit un destin, je le chéris tous les jours.


Vendredi 19 novembre 2004
SoleilLever : 7h50Coucher : 15h15
TempsEnsoleillé-5°C

18 novembre 2004

Comme un gosse...

Gros flocons sur Stockholm.

Je souris à cet étudiant espagnol qui me dit que c'est la première fois de sa vie qu'il voit de la neige tomber. Et je ris lors de cette première bataille de boules de neige. Tout le monde, l'espace de cinq minutes, retombe en enfance. Il suffit de pas grand chose.

Et je suis heureux. Heureux de redécouvrir ces paysages que je connaissais presque par coeur. De nouvelles perspectives. Ces bruits étouffés par les 20 centimètres de neige. Quelques crissements de pas dans la poudreuse. Ces gens qui, malgré les -7°C de la nuit, marchent lentement dehors, comme bercés par ces flocons. Ils ferment seulement les yeux à chaque bourrasque de vent. Tout est comme ralenti. Les pas trépidants des éternels pressés de la capitale se sont transformés en glissades feutrées. Ils retrouvent leur vigueur en rentrant dans les longs couloirs du métro. Ici plus qu'ailleurs, le climat et la lumière influencent les esprits. On se sent manipulé.

Pas de doutes, je crois vraiment que je suis en train de tomber amoureux de ce pays...


Jeudi 18 novembre 2004
SoleilLever : 7h47Coucher : 15h17
TempsChutes de neige-2°C

17 novembre 2004

Et voilà.

Une nuit pour tout transformer.

Il aura suffi d'une nuit pour tout métamorphoser. Et la lumière revient...


Mercredi 17 novembre 2004
SoleilLever : 7h45Coucher : 15h19
TempsPremiers flocons-3°C

16 novembre 2004

Un temps à neige...

Uppsala. Vue sur la cathédrale.

Il y a des signes qui ne trompent pas. Cette pluie glaciale, évidemment. Ces gros nuages qui semblent bien installés. Cette sensation de froid que je n'avais pas avant.

Les hauteurs d'Uppsala, ancienne capitale de la Suède, étaient bien tristes. Les briques de cette cathédrale, la plus grande de Scandinavie (119 mètres), n'égayaient évidemment pas le cadre. Le vert si vif d'il y a un mois est définitivement parti. Arrivée du premier tapis blanc d'ici 36 heures. Chic chic.


Mardi 16 novembre 2004
SoleilLever : 7h42Coucher : 15h21
TempsNuageux, averses éparses2°C

15 novembre 2004

Convoyeur.

Une voiture de police s'arrête à la hauteur d'une vieille dame.

Tous les jours il fait sa ronde. Que faire ici ? Rien, assurément. Comme partout en Suède, une délinquance quasi-inexistante. Il tourne, à bord de sa Volvo maintenant équipée de pneus à clous qui font un bruit fou sur les petits pavés. Petite ville de banlieue, jamais rien ne se passe.

Alors parfois il s'arrête à la hauteur d'une vieille dame vacillante et lui propose de la ramener chez elle. Cela l'occupera une partie de la matinée. C'est sans doute bien loin des préoccupations de ses homologues européens...

Surréaliste.


Lundi 15 novembre 2004
SoleilLever : 7h40Coucher : 15h23
TempsNuageux8°C

14 novembre 2004

Chut.

Une grande salle de l'université. Des tables. Un nombre incalculable de chaises. Et c'est à peu près tout. Non, il manque sans doute l'essentiel. Une connexion à Internet sans fil qui inonde toute la pièce.

Ils sont là. De toutes les nationalités, de tous les continents. Ordinateur portable et casque microphone vissé sur la tête. Dans un joyeux bazar de voix qui s'entremêlent sans toutefois s'écouter. Personne ne parle la même langue, de toutes façons. Chacun son univers, sa musique ou son interlocuteur. Sphères virtuelles. Téléphonie IP ou messagerie instantanée, ils ont le choix des armes. Epoustouflant, quand on y pense. Deux points éloignés de plusieurs milliers de kilomètres. Ils se voient, se racontent les nouvelles du pays. Certains ne rentreront pas chez eux à Noël. Alors on se dit que tous ces moyens de communication sont un miracle. Comme s'ils avaient été spécialement conçus pour les expatriés.

Et moi je suis l'un de ceux-là, petit point naviguant sur cette toile immense. Et dans cette salle gigantesque, ceux qui me connaissent sont tous de l'autre côté de l'écran...


Dimanche 14 novembre 2004
SoleilLever : 7h38Coucher : 15h25
TempsEnsoleillé4°C

13 novembre 2004

D'eau et de lumière.

Néons et gouttes.

Curieuse vision que celle de ces néons qui envahissent la ville passé le coucher du soleil. Ils sont partout. Tentent-ils d'illuminer la nuit qui noie Stockholm après 15 heures 30 ? D'égayer des esprits chagrins qui constatent que la pluie ne s'est pas encore transformée en neige ? On remarque sans doute davantage leurs couleurs que le nom de l'entreprise qu'ils représentent. Ils feront sans doute de jolies compositions avec les flocons de l'hiver. En attendant, ils se reflètent doucement dans les gouttes d'eau qui parsèment les carreaux...


Samedi 13 novembre 2004
SoleilLever : 7h35Coucher : 15h27
TempsEnsoleillé4°C

12 novembre 2004

Tout seul.

Kungsholmen. Vue sur Riddarholmen.

J'en viens à aimer ce mois de novembre pluvieux qui nous offre parfois quelques journées radieuses. Les touristes ont déserté la capitale. Seuls restent ceux qui vont affronter tout l'hiver. Les autochtones et ces quelques étudiants qui tremblent déjà à l'écoute des mots "janvier" et "février". Les rues bondées que l'on parcourait en septembre sont maintenant vides. Les grands hôtels particuliers ont en quelque sorte repris le pouvoir.

En parcourant Riddarholmen, ce petit bout d'îlot à l'ouest de la vieille ville, je m'aperçois que je suis seul. Je longe ces bâtiments massifs sans avoir remarqué que je n'avais pas vu l'ombre d'un humain depuis vingt minutes. Car voilà. Stockholm, sans les nombreux touristes de l'été, est un musée ouvert et désert. Un gardien passe de temps en temps. Pas un seul panneau "ne pas toucher". On entre à l'envi voir ces joyaux qui ont échappé aux guerres et à la pollution. Et on s'approprie au fur et à mesure la ville. On commence à se sentir chez soi, on a remisé le plan de la ville depuis un bon moment.

Alors je n'ose plus sortir mon appareil photo. Peur de passer pour un voyeur qui détruit l'atmosphère qui règne maintenant ici. Je prends en cachette. Comme si je faisais quelque chose de mal. Comme si je ne voulais pas que l'on me voie. Impression de vol. Etrange sentiment. Et je m'aperçois que je n'ai jamais pris en photo ma ville natale...


Vendredi 12 novembre 2004
SoleilLever : 7h33Coucher : 15h29
TempsPluvieux9°C

11 novembre 2004

In memoriam.

Pensée en ce jour de 11 novembre pour les 15 derniers poilus survivants. Dégoût profond pour les atrocités qu'ils ont pu voir dans un conflit qui aura fait brutalement basculer le monde dans le vingtième siècle. Alors quand je me vois parler avec des Allemands sans aucune arrière-pensée, cela me fait un petit pincement au coeur. Et je me dis que l'Europe, c'est une grande idée. La paix perpétuelle, un rêve inaccessible, sans doute.

Pas de jour férié ni de commémoration ici, évidemment. Tous les Suédois racontent sans cesse leur bonheur de ne jamais avoir connu une guerre.

Une grande leçon d'humilité que nous racontent ces gens qui l'ont connue et qui en ont souffert. Une leçon qui donnerait sans doute une bonne claque à tous ceux qui se plaignent sans cesse et qui ne savent pas ce que c'est que de vivre la peur au ventre, dans le froid et la faim.


Jeudi 11 novembre 2004
SoleilLever : 7h30Coucher : 15h32
TempsEnsoleillé6°C

10 novembre 2004

Obscure clarté.

Sundbyberg. 16h36. Et encore, j'aurais pu prendre ce cliché bien plus tôt...

Grande claque depuis le passage à l'heure d'hiver il y a un peu plus d'une semaine. Un soleil qui se couche maintenant un peu avant quatre heures, un nuit noire un peu après cette même heure. Stockholm ne bénéficie pas, de par sa latitude, du soleil de minuit ou de la nuit permanente. Mais ce n'est déjà pas si mal, cela surprend quelque peu les visiteurs qui viennent vous voir de France.

Au début on croit que l'on va être fort. En France on aime sortir dans les rues la nuit, marcher dans l'obscurité, voir la ville sous une autre lumière, on se dit que l'on va tenir facilement le coup. Et puis finalement on s'aperçoit que l'on est bien faible. Bien faible devant des éléments qui nous dominent et contre lesquels on ne peut rien faire. Vitamine D, lampes à UV (à monter sur le haut de son écran d'ordinateur et à brancher sur un port USB, comme les petits ventilateurs que l'on peut parfois trouver en France), pilules miracle pour un teint halé... Tout cela est bien mince face au noir absolu qui règne maintenant pendant plus de 16 heures par jour. Alors il faut se lever tôt pour ne pas perdre une miette d'un soleil pâlichon mais malgré tout présent. On voit alors des visages un peu pâles et tristes, marqués par ce manque de lumière naturelle. Et des rues désertes, très peu éclairées pour économiser l'énergie. Des gens qui soignent alors leur intérieur et qui dorment. Sans cesse. Une nuit qui entraîne une certaine lassitude et finit par fatiguer. 10 heures de sommeil par nuit pour moi qui n'en prenais guère plus de 6 ou 7 en France. On comprend alors pourquoi le retour aux beaux jours est synonyme de délivrance. On fait davantage corps avec la nature.

L'heure de la vengeance sonnera le 21 juin. La même photographie prise à 23 heures avec un soleil radieux. Rira bien qui rira le dernier.


Mercredi 10 novembre 2004
SoleilLever : 7h28Coucher : 15h34
TempsNuageux, averses éparses7°C

9 novembre 2004

Boucles et arabesques.

L'embouchure du Mälar depuis Mariaberget

Et dire que dans 2 mois toute cette eau sera gelée... Environ 800 km². De quoi faire rêver bien des patineurs se bousculant sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris...

On dit traditionnellement qu'environ 9.5% de la surface de la Suède sont constitués de lacs. Tous ne gèlent pas, c'est entendu. Mais Stockholm a la chance d'être suffisamment au nord du pays pour pouvoir bénéficier d'une patinoire géante quasiment tous les hivers. Certains courageux téméraires inconscients ne peuvent s'empêcher de creuser un trou à travers la couche de glace qui peut atteindre par endroit 80 centimètres voire un mètre pour faire le bain quotidien. Raffraîchissant. Les autres se contenteront d'acheter ces patins à glace bon marché et de faire des balades qui peuvent parfois durer une journée. Le tout est sans doute de ne pas se perdre et d'être prudent lorsque l'on s'éloigne du bord...

En tout étát de cause, la météo prévoit les toutes premières chutes de neige pour samedi ou dimanche, les températures chutant sérieusement en cette fin de semaine. Il était temps, je trouvais qu'il faisait un peu chaud.


Mardi 9 novembre 2004
SoleilLever : 7h25Coucher : 15h36
TempsEnsoleillé7°C

8 novembre 2004

Tortueuses pièces.

Effet conjugué de l'approche de Noël et de la chute vertigineuse de la durée du jour, les jouets d'intérieur font leur apparition dans les gondoles principales des grands magasins. Qu'y trouve-t-on ? Des consoles de jeu pour ces enfants, qui, à 8 ans, ont déjà un téléphone UMTS avec caméra qui ne fonctionnerait pas en France ? Des DVD ? De ces joujoux électroniques dont on ne compte même pas le nombre de composants ? Que nenni !

En tête de gondole, dans les grands magasins de Stockholm, ville branchée par excellence, on trouve... des puzzles. Par centaines. Et je souris. Je souris parce que les puzzles ont toujours été pour moi une passion. De ces milliers de petits bouts de carton ou de bois qui nous paraissent insurmontables. Et qui, par tâtonnements, recomposition, combinaisons, trouvent peu à peu leur place. On regroupe par couleurs, par formes. On reconnaît un bras, une fleur, un toit... Et puis l'image apparaît. On ressent comme une fierté en posant la dernière pièce.

Un symbole de la vie, le puzzle, finalement. Georges Perec en parlait dans La vie, mode d'emploi. Les pièces se ressemblent. On leur trouve des points communs. Elles paraissent isolées les unes des autres mais au final elles forment un tout. Parfois on en prend une pour une autre et on fait fausse route. Alors on recommence tout. Patiemment.

C'était joli. Et alors j'envie les petits enfants suédois qui ne passent pas pour des ringards lorsqu'ils disent qu'ils aiment les puzzles...


Lundi 8 novembre 2004
SoleilLever : 7h23Coucher : 15h39
TempsEnsoleillé, passages nuageux5°C

7 novembre 2004

De retour.

Sundbyberg. Pendeltåg filant vers Bålsta.

Voilà. Je commence à revenir sur Terre après ce déménagement qui n'aura pas été de tout repos. Le Tunnelbana, ce n'est sans doute pas ce qu'il y a de plus aisé pour transporter tout son chez soi. Une bonne illustration de ce que l'on peut accumuler dans un appartement en à peine deux mois, alors que l'on est pourtant dans un pays étranger. Reprise de mes activités de découverte d'ici peu, donc.

Je découvre avec surprise que la petite ville de Banlieue dans laquelle je viens d'atterrir (7 stations de métro de l'hypercentre de Stockholm) est la ville de Suède possédant la plus forte densité de population, à savoir 3840 habitants au km², pour un total de 33868 habitants. Rien d'étonnant à ce record lorsque l'on considère l'ensemble du pays, qui affiche 21 habitants au km². Paris et ses 20164 habitants au km², on ne se moque pas, s'il vous plaît.

Retour au calme, aux études et la contemplation. En attendant, je vous propose de faire un détour par un joli carnet que je viens de découvrir. De très belles photos et des détails historiques et culturels que je n'ai pas pour habitude de vous livrer. Et pour vous faire une autre idée d'un pays qui ne se limite pas qu'à Stockholm et à ses environs. Sans doute une belle leçon pour moi qui passe toutes mes observations à travers le filtre de mes humeurs et qui ne vous fais part que de menues visions d'un pays si proche et pourtant si différent.

La Suède commence à faire peu à peu faire parler d'elle dans la blogosphère...


Dimanche 7 novembre 2004
SoleilLever : 7h20Coucher : 15h41
TempsNuageux4°C

6 novembre 2004

Eclairages.

Lumière d'hiver sur les dalles de Kungsholmen...

Au vu des statistiques de ce carnet, je m'aperçois que j'ai de plus en plus de personnes qui me lisent de Suède.

Tout d'abord merci. J'espère que je ne raconte pas trop de bêtises sur un pays que vous connaissez forcément mieux que moi. Je me demande quel effet cela peut faire de lire quelqu'un qui narre ses impressions sur une ville et un pays qu'il entrevoit à peine. Peut-être redécouvre-t-on des paysages que l'on est trop habitué à voir. On rouvre les yeux...

J'aurais bien aimé lire cela sur ma ville natale. Je me serais alors posé quelques questions sur ces rues que j'ai dû parcourir dix, cent, mille fois. Sur ces habitudes, sur ce climat et ces gens. J'aurais peut-être retrouvé ce regard de curieux qui ne m'a pour l'instant pas lâché depuis mon arrivée.

J'espère également ne pas paraître trop catégorique dans mes appréciations et jugements. Une culture très différente, des habitudes parfois étranges pour le Français que je suis. N'hésitez pas à poser vos bémols à mes propos qui sont certainement très éloignés de la réalité. Un petit courriel, un commentaire, et je rectifierai le tir. De toutes façons, je passerai bientôt du stade "touriste" à celui d'habitant au vrai sens du terme. Et les choses changeront, sans doute.

Après tout, ce n'est qu'une carte postale...

Et voilà, il fait nuit.


Samedi 6 novembre 2004
SoleilLever : 7h18Coucher : 15h43
TempsNuageux, averses éparses5°C

5 novembre 2004

Changement de rythme...

Le soleil s'est couché 3 heures plus tard...

Une coupure. N'aller sur la toile qu'une seule fois par jour, si ce n'est moins. Forcément, ne plus écrire de billets à chaud. Ils ne seront donc plus composés que d'impressions, de sentiments, détachés dorénavant de cette précipitation qu'exige le blog. Ce n'est peut-être pas un mal. Je n'ai jamais aimé surfer sur la vague. La vague de la polémique naissant au sein de la blogosphère. Celle qui tombe aussi rapidement qu'elle est née. Alors autant m'en détacher, fût-ce de manière brutale. Cette coupure subite qui aura coïncidé avec la réélection de Bush à la tête des Etats-Unis. Ce n'était finalement pas si mal de n'avoir pas écrit de billet sur ce thème. Je n'aurais tout simplement pas su quoi dire. Alors...

Une vie sans Internet à domicile, cet Internet de l'instant, finalement, cela a son charme. Quand on y pense... Un monde qui se calme, qui ne retient finalement que ce qu'il y a de plus important. Le temps laissé au temps, pourrait-on dire...

J'espère seulement ne pas perdre la flamme qui m'animait avant. Même si les jours ici se résument maintenant à peau de chagrin. Avec cette baisse d'activité, je vais peut-être me transformer en marmotte, qui sait...

En attendant, j'essaie de garder les yeux ouverts sur le monde qui m'entoure. Le vrai monde.


Vendredi 5 novembre 2004
SoleilLever : 7h15Coucher : 15h46
TempsEnsoleillé, nuages passagers5°C

3 novembre 2004

Sans mots.

Bush 51%. Kerry 48%.

2 novembre 2004

Conversations.

Lac Mälar. Oies sauvages.

Une amie colombienne me disait récemment, en réponse à un courriel auquel j'avais joint quelques photos de Stockholm et de sa région : "Avec tes photos je peux connaitre l'Europe à partir de tes yeux...".

Je suis évidemment très touché par cette phrase, et ce pour deux raisons. Tout d'abord, un compliment donné dans un joli français par quelqu'un dont ce n'est pas la langue maternelle me touche profondément. Une phrase peu naturelle mais tellement jolie. Emouvant...

La deuxième chose à m'avoir touché est le sens profond de cette phrase. "l'Europe à partir de tes yeux"... Le nombre de personnes dont les yeux pétillent à l'écoute du mot "Europe" m'a toujours impressionné. Nous ne connaissons sans doute pas la chance que nous avons, nous à qui l'on ne refuse rien. C'est en quittant son pays que l'on se rend compte de l'aura qu'il peut encore avoir dans le monde. Ces Français, éternels râleurs, qui ne se rendent pas compte qu'ils vivent dans un cadre exceptionnel. Combien d'étudiants ont ouvert de grands yeux ébahis lorsque je leur disais qu'en France, nous avions un ministère de la culture, des journées du patrimoine, une folle journée de Nantes... Voltaire, Montesquieu, Hugo, Balzac, musée du Louvre, château de Versailles, Pont du Gard, Mont Saint Michel, Delacroix, Droits de l'Homme... Tous ces noms qui résonnent. Tout un patrimoine philosophique, littéraire, architectural, pictural, et j'en passe... De quoi se sentir touché lorsque l'on voit les yeux brillants d'une personne à qui l'ont dit que l'on est originaire de ce pays (et plus largement de ce continent) qui est avant tout connu pour son apport au patrimoine mondial.

Alors quand je lis des phrases comme celle-ci, il n'y a qu'un seul mot qui me vienne à l'esprit : humilité.


Mardi 2 novembre 2004
SoleilLever : 7h07Coucher : 15h53
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1 novembre 2004

Transportations.

Jour de déménagement en ce lundi. Quatre en à peine deux ans. Relativement dément, quand on y pense. Surtout pour moi qui aura vécu vingt ans dans ma ville natale. J'en viens à penser qu'un jour je serai totalement déraciné. De ces gens qui ont vécu toute leur vie dans leur village natal. De ces étudiants que je fréquente et qui n'ont jamais passé plus de cinq ans dans le même pays. Perdus nulle part mais partout étrangers. Difficile d'être réellement intégré dans ces cas-là. Je ne sais pas ce que je ferai. Resterai-je ici après mes études ? Retournerai-je en France ? Irai-je à nouveau voir ailleurs ? En tout cas, encore au moins 20 mois qui m'attendent ici. Une bonne durée pour être en partie adopté par ce pays qui m'aura accueilli. Et puis voilà. Ne surtout pas regretter. Le coup de folie qui marque à jamais votre vie...

La carte postale risque d'être un peu chamboulée cette semaine. Un certain nombre de billets antidatés, sans doute. Le temps de remettre la main sur une connexion Internet à domicile, somme toute. Quoique lors de mon arrivée, je m'étais moi-même étonné...

Lundi 1 novembre 2004
SoleilLever : 7h05Coucher : 15h56
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