31 janvier 2010
29 janvier 2010
Nordrhein-Westfalen.
Demain matin à huit heures, je serai assis sur une chaise de salle d'examens, quatre heures et demie à tenir un stylo à plume et à noircir des pages blanches. Chose qui ne m'est plus arrivé depuis environ quatre ans.
Le concours.
Retrouver cette sensation de légère appréhension. Vérifier si l'on a tout pris. Constater que tous les effaceurs de sa poussiéreuse trousse sont secs. Estimer que c'est déjà très bien d'avoir passé la première étape, mais qu'on en veut davantage. Y repenser, et se dire que ça paraît tellement lointain.
Sergei Rachmaninov, Sérénade en Si bémol mineur extraite des Morceaux de fantaisie Op.3, par l'excellentissime Arcadi Volodos.
Bon sinon il se peut qu'assez prochainement, j'aille faire un tour de l'autre côté du Rhin.
Le concours.
Retrouver cette sensation de légère appréhension. Vérifier si l'on a tout pris. Constater que tous les effaceurs de sa poussiéreuse trousse sont secs. Estimer que c'est déjà très bien d'avoir passé la première étape, mais qu'on en veut davantage. Y repenser, et se dire que ça paraît tellement lointain.
Sergei Rachmaninov, Sérénade en Si bémol mineur extraite des Morceaux de fantaisie Op.3, par l'excellentissime Arcadi Volodos.
Bon sinon il se peut qu'assez prochainement, j'aille faire un tour de l'autre côté du Rhin.
24 janvier 2010
Camille Maurane, clair de lune.
C'était un nom qui ne devait sans doute plus dire grand chose à beaucoup de monde, et c'est peut-être d'ailleurs pour cela que l'on n'en a pratiquement pas entendu parler dans les journaux. Camille Maurane, une des plus belles voix du chant français, est décédé jeudi à l'âge de 98 ans.
Né à Rouen en 1911 [1] et aidé par une belle voix de baryton, après quelques années passées à la Maîtrise Saint-Évode de la cathédrale de Rouen et au Conservatoire de Paris, il avait donné ses lettres de noblesse à un genre aujourd'hui un peu tombé en désuétude, la mélodie française.
Clair de lune, poème de Paul Verlaine mis en musique par Gabriel Fauré - Mélodie enregistrée en 1959.
C'était pourtant son interprétation d'œuvres de plus grande envergure qui l'avait rendu célèbre dans les années 50, comme l'opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy ou le Requiem de Fauré. Mais c'est dans le genre plus intimiste et dévalorisé [2] de la mélodie qu'il a été à mon avis le meilleur.
Ce qui a distingué Maurane de beaucoup de ses contemporains, c'était son absence d'esbroufe et d'emphase, et sa diction impeccable. Oh, il n'était sans doute pas le meilleur techniquement, mais tout était dans la sensibilité, la simplicité, le ressenti de la mélodie et du texte.
Francis Poulenc, Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Claude Debussy, Erik Satie. Théophile Gautier, Jules Renard, Paul Verlaine.
[1] Vous aurez remarqué que ce blog a quelques tendances chauvinistes, c'est fâcheux.
[2] Son homologue allemand le Lied l'est en tout cas beaucoup moins.
Né à Rouen en 1911 [1] et aidé par une belle voix de baryton, après quelques années passées à la Maîtrise Saint-Évode de la cathédrale de Rouen et au Conservatoire de Paris, il avait donné ses lettres de noblesse à un genre aujourd'hui un peu tombé en désuétude, la mélodie française.
Clair de lune, poème de Paul Verlaine mis en musique par Gabriel Fauré - Mélodie enregistrée en 1959.
C'était pourtant son interprétation d'œuvres de plus grande envergure qui l'avait rendu célèbre dans les années 50, comme l'opéra Pelléas et Mélisande de Claude Debussy ou le Requiem de Fauré. Mais c'est dans le genre plus intimiste et dévalorisé [2] de la mélodie qu'il a été à mon avis le meilleur.
Ce qui a distingué Maurane de beaucoup de ses contemporains, c'était son absence d'esbroufe et d'emphase, et sa diction impeccable. Oh, il n'était sans doute pas le meilleur techniquement, mais tout était dans la sensibilité, la simplicité, le ressenti de la mélodie et du texte.
Francis Poulenc, Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Claude Debussy, Erik Satie. Théophile Gautier, Jules Renard, Paul Verlaine.
[1] Vous aurez remarqué que ce blog a quelques tendances chauvinistes, c'est fâcheux.
[2] Son homologue allemand le Lied l'est en tout cas beaucoup moins.
15 janvier 2010
Comme un air de ressemblance.
Page d'accueil du site web du journal suédois Dagens Nyheter, le 15 janvier 2010 à 10h30.
Page d'accueil du site web de son concurrent direct Svenska Dagbladet, le même jour à la même heure.
Nous pouvons constater qu'il n'y a pas qu'en France que les journaux ne sont devenus bons qu'à pisser de la dépêche d'agence.
(étant donné que ça ne saute sans doute pas aux yeux des non-suédophones, je précise que le titre du haut et celui d'en-dessous accompagné de la photo font référence à deux sujets d'actualité différents)
10 janvier 2010
Coup de poing.
Une affiche de l'Observatoire International des Prisons dans le métro gare d'Austerlitz, sur laquelle figure une phrase d'une rare violence : "Si ça peut vous aider à donner, dites-vous que cet homme est un chien".
Phrase à double-sens dont la violence est justifiée.
Parce que l'état des prisons françaises est une vraie honte pour un pays qui se veut chantre des droits de l'Homme.
Parce que le récent spot publicitaire pour le recrutement de surveillants pénitentiaires est un mensonge complet (et il ne faut évidemment pas s'étonner que personne ne veuille devenir maton).
Parce que le livre de Véronique Vasseur est malheureusement toujours d'actualité.
Parce que ce n'est pas parce que l'on est condamné à la prison que l'on n'a pas le droit de vivre dans des conditions dignes [1].
Parce que ces conditions de vie psychologiquement dévastatrices ne permettent pas une réinsertion efficace et que la prison ne répond ainsi pas à l'un de ses buts.
Parce qu'il est sans doute triste de voir que l'on a recours à l'appel au don pour in fine améliorer le fonctionnement d'une institution gérée par l'Etat.
Et parce que pendant ce temps-là, on claque 5.3 millions d'euros pour embellir la vue depuis les fenêtres de Frédéric Mitterrand. Mais ça n'a rien à voir, bien entendu.
[1] On pourra par exemple constater avec effroi que la densité carcérale est de 120.1% en France en avril 2009, alors qu'en même temps la France a un relativement faible taux d'incarcération de sa population (environ 1 personne pour 1000 habitants), ce qui montre que les moyens alloués aux établissements pénitenciers sont dérisoires.
7 janvier 2010
Much Ado About My Gift.
L'orage, un extrait de l'acte 1 de Platée, comédie lyrique composée par le compagnon de dortoir de Colbert, Jean-Philippe Rameau (1745) - Évidemment par les Musiciens du Louvre, évidemment dirigés par Marc Minkowski. Vous noterez la jolie sonorité de la lourde pluie qui tombe au début.
Noël a été riche en beaux cadeaux divers et variés, cadeaux au rang desquels figure un objet peut-être encore un peu plus divers et varié que les autres, j'ai nommé un mug constellé d'insultes shakespeariennes (à emporter au bureau paraît-il, ça fait plaisir aux collègues).
Parce que le va-te-faire-mettre-sale-bâtard a vécu et est en fin de compte fort peu désobligeant.
Parce que le casse-toi-pauvre-con est soumis à droits d'auteurs.
Parce que moule-à-gaufres et bachi-bouzouk sont peu ringards.
Parce qu'il est écrit que 2010 sera classe et bienséante, Nadine de Rothschild, sors de ce corps.
J'insulterai donc maintenant en vieil anglois.
Traductions péniblement réalisées par ma pomme, autant vous dire tout de suite que traducteur de pièces de Shakespeare n'est pas un métier que j'envisage pour une éventuelle reconversion).
- Beetle-headed flap-ear'd knave (La Mégère apprivoisée, Acte IV, Scène I)
Coquin à cervelle de scarabée et aux oreilles décollées - Lewdly inclin'd (Périclès, prince de Tyr, Acte IV, Scène II)
Enclin à la lascivité - The soul of this man is his clothes (Tout est bien qui finit bien, Acte II, Scène V)
L'esprit de cet homme se résume à ses vêtements - Quintessence of dust (Hamlet, Acte II, Scène II)
Quintessence de poussière - Canker-blossom (Le Songe d'une nuit d'été, Acte III, Scène II)
Fleur d'ulcère
(si quelqu'un a une meilleure proposition, je suis tout ouï) - Poisonous bunch-back'd toad (Richard III, Acte I, Scène III)
Crapaud venimeux boursoufflé - A fusty nut with no kernel (Troïlus et Cressida, Acte II, Scène I)
Noix moisie sans amande - Anointed sovereign of sighs and groans (Peines d'amour perdues, Acte III, Scène I)
Monarque légitime des soupirs et des gémissements - Infinite and endless liar, an hourly promise-breaker (Tout est bien qui finit bien, Acte III, Scène VI)
Déterminé et éternel menteur, qui manque autant de fois à sa parole qu'il y a d'heures dans le jour - Roast-meat for worms (Périclès, Acte IV, Scène II)
Rôti de viande pour les vers - False of heart, light of ear, bloody of hand (Le Roi Lear, Acte III, Scène IV)
Faux de cœur, crédule d'oreille, sanguinaire de main - Clod of wayward marl (Beaucoup de bruit pour rien, Acte II, Scène I)
Motte de marne bourrue - O gull, o dolt, as ignorant as dirt (Othello, Acte V, Scène II)
Ô dupe, ô idiot, aussi ignorant que la crasse - Foot-licker (La tempête, Acte IV, Scène I)
Lèche-bottes
(remis dans le contexte, le monsieur lui dit qu'il n'a pas plus de virilité qu'une jouvencelle comme Madame de Tourvelle) - Lump of foul deformity (Richard III, Acte I, Scène II)
Masse odieuse de difformités - Highly fed and lowly taught (Tout est bien qui finit bien, Acte II, Scène II)
Grandement nourri, pauvrement éduqué - All the infections that the sun sucks up (La tempête, Acte II, Scène II)
Toutes les exhalaisons infectes que le soleil pompe - Veriest varlet that ever chewed with a tooth (Henry IV, Acte II, Scène II)
Le plus fieffé maraud qui ait jamais mâché avec une dent - I do desire we may be better strangers (Comme il vous plaira, Acte III, Scène II)
Je souhaite que nous devenions, l'un pour l'autre, encore plus étrangers que nous ne le sommes
(ma préférée, tout en finesse, à sortir à l'improviste, au détour d'une conversation) - You rampallian! You fustilarian! (Henry IV, Acte II, Scène I)
Misérable ! Scélérat ! - Mountain of mad flesh (La Comédie des erreurs, Acte IV, Scène IV)
Montagne de chair folle - Light of brain (Othello, Acte IV, Scène I)
Léger du cerveau - Bolting-hutch of beastliness (Henry IV, Acte II, Scène IV)
Clapier rempli de bestialité - Not so much brain as ear wax (Troïlus et Cressida, Acte V, Scène I)
[Il] n'a pas autant de cervelle qu'il a de cire dans les oreilles - Long-tongu'd babbling gossip (Titus Andronicus, Acte IV, Scène II)
Commère à la langue bien pendue - Thou art a boil, a plague sore (Le Roi Lear, Acte II, Scène II)
Vous êtes un bubon pesteux, un furoncle gonflé de pus