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Carte postale suédoise: avril 2006

29 avril 2006

Pfiou.

Marathon terminé, un peu déçu du résultat, mais bon. L'occasion pour moi de prendre une pause blogosphérique de quinze jours bien méritée. À bientôt pour de nouvelles aventures, photos de Riga à la clé.

Conférence.

(attention, style de billet emprunté à une "personnalité" de la blogosphère, saurez-vous retrouver qui ?)

La journée portes ouvertes de l'institut de Recherche dans lequel je travaille a été entre autres l'occasion d'assister à une conférence de Peter Norvig, directeur de la recherche chez Google.


Esprit Google oblige, chemise colorée de rigueur. Même moi je n'en ai pas une comme ça.

Sujet plutôt intéressant sur l'intelligence artificielle dans le cadre du traitement de données (traduction ou correction orthographique, essentiellement), malgré une présentation volontairement tape à l'oeil.

On peut tirer beaucoup d'argent en vendant sur eBay deux stylos Google touchés par son directeur de recherche ?

28 avril 2006

Djursholm.

On me demande souvent quel est le quartier le plus huppé de Stockholm. On répond souvent Östermalm, dans l'est de la ville. Mais, comme dans toutes les grandes villes, l'argent est maintenant en banlieue.

La banlieue la plus riche de Stockholm est Djursholm ("l'îlot aux animaux"), au nord-est de la ville, à quelques stations de Pendeltåg du centre. Pas de photos, vu que lors de ma dernière balade en vélo là-bas, alors que je m'apprêtais à photographier une bâtisse énorme, je me suis fait interpeler par un grand-père qui avait peur que je sois en train de faire des repérages en vue de futurs cambriolages. Il n'avait pas tort, le bougre, il est vrai que dans mon sac à dos j'avais la pince monseigneur et la pâte pour faire des empreintes de clés. Une autre fois, peut-être.

Panneau.
"Nous nous défendons les uns les autres. Association de voisinage contre le crime". On a vu plus accueillant, comme panneau.

Un Porsche Cayenne griffé du logo Deutz. On a vu pire, comme voiture de fonction. Des Jaguar autant comme autant. Le bateau à voile en hivernage à l'arrière de la maison. Le jardinier qui s'affaire à réparer le travail de l'hiver. Une banlieue à la Victoria Lane. Pas encore assez de recul pour m'y sentir parfaitement à l'aise, en tout cas.

Suis la route de briques jaunes.

Magnet rose collé sur un réfrigérateur.
On trouve de tout sur notre réfrigérateur, notamment un joli magnet en référence au magicien d'Oz, lorsque la bonne fée dit à Dorothy (qui veut retourner au Kansas): Click your heels together three times and say "there is no place like home" (traduit dans le film en V.F par, si j'ai bonne mémoire, "frappe tes talons trois fois et dis : "je reste auprès de ceux que j'aime" "). Vous apprécierez la subtilité de la version "colorée".

Parmi les mythologies américaines qui me fascinent, il y a celle qui gravite autour de l'univers du magicien d'Oz. Petit j'avais vu le film de Fleming, bien sûr, comme beaucoup de monde. Plus grand j'ai lu le livre original de L. Frank Baum. Et j'ai découvert que l'histoire n'avait pas qu'un seul volume. Puis j'ai vu l'horreur de Disney non approuvée par la Metro-Goldwyn-Mayer (qui détient encore les droits sur le film de 1939), Return to Oz. Et j'ai constaté que les variations sur le monde d'Oz étaient sans fin.

Je reste fasciné par tout ce foisonnement qui règne autour d'un univers fantastique somme toute banal. Cet engouement pour des souliers d'argent transformés en souliers de rubis pour tirer parti de la couleur cinématographique (les paires que Judy Garland portaient ont été tantôt contrefaites, tantôt volées lors d'expositions). Cet esprit de courage dans l'adversité qui explique certains pans de la culture américaine. Ces pages et ces pages de sites Internet dédiés.

Univers qui vient se nicher là où on ne l'attend pas forcément, d'ailleurs. Comme dans cette magnifique chanson des Scissor Sisters, Return to Oz. Métaphore filée sur la méthamphétamine, cette drogue très prisée dans certains milieux gays états-uniens. Autant dire qu'il m'a fallu un certain temps avant de la comprendre.

Once there was a man
Who had a little too much time on his hands
He never stopped to think that he was getting older.
When his night came to an end
He tried to grasp for his last friend and pretend
That he could wish himself health on a four-leaf clover

He said is this the return to Oz?
The grass is dead, the gold is brown and the sky has claws
There's a wind-up man walking round and round
What once was Emerald City is now a crystal town

Three o' clock in the morning
You get a phone call from the queen with a hundred heads
She says that they're all dead
She tried the last one on
It couldn't speak, fell off
And now she just wanders the halls
Thinking nothing, thinking nothing at all

She says is this the return to Oz?
The grass is dead, the gold is brown and the sky has claws
There's a wind-up man walking round and round
What once was Emerald City is now a crystal town

The wheelies are cutting pavement
and the Skeksis at the rave meant
to hide deep inside
their sunken faces
and their wild, rolling eyes
But their callous words reveal
That they can no longer feel
Love or sex appeal
The patchwork girl has come to cinch the deal

To return to Oz we've fled the world
With smiles and clenching jaws
Please help me friend from coming down
I've lost my place and now it can't be found
Is this the return to Oz?
The grass is dead, the gold is brown and the sky has claws
There's a wind-up man walking round and round
What once was Emerald City is now a crystal town


Billet éparpillé, tout comme le thème. Une espèce de fugue basée sur un thème populaire. Une belle chanson, en tout cas.

Hasard du moment.

Ce matin dans mon agrégateur, deux articles du Local (journal sur l'actualité de la Suède en anglais que je lisais alors que je ne parlais pas encore suédois) sont tombés en même temps. Un article sur le refus par le ministre de l'intégration de donner suite à une demande faite par l'Association Musulmane Suédoise de créer des lois spéciales pour les musulmans, notamment en matière de divorce ou d'éducation. Un autre article sur une petite boulette de l'Eglise Suédoise qui a en partie financé une exposition photographique ayant pour thème Jésus, et dont un certain nombre de pièces sont... inappropriées.

La magie d'Internet, sans doute.

Démocratie enfantine.

Bateaux sur l'archipel de Stockholm
C'est un timide début d'été dans l'archipel, mais c'est déjà ça...

L'automne prochain, les enfants de Göteborg vont devenir les plus jeunes électeurs au monde. En effet, les enfants âgés de 5 à 12 ans vont avoir la possibilité d'exprimer leur avis lors de deux référendums locaux, le premier concernant la couleur affublant un des tramways de la ville, le second concernant le design d'une carte d'emprunt de la bibliothèque de la ville.

Même si le résultat de ce vote n'aura que peu d'importance sur l'histoire du pays, on met ici en avant le fait que c'est un premier pas pour que les jeunes s'intéressent à la démocratie et s'impliquent davantage dans la vie locale.

À une époque où, dans beaucoup de pays, le droit de vote arrive comme un cheveu sur la soupe à l'âge de 18 ans, et avec les taux de participation des 18-25 ans que l'on connaît, je trouve l'initiative plutôt louable.

Impressions musicales.

19h52, sortie du métro, station Universitetet, escalator. Dans mes oreilles, Beck termine gentiment son Nobody's fault but my own. Le temps est gris dehors, crachin et brouillard dont le Rouennais serait presque jaloux. Et tout à coup, moment grandiose.

Bourrasque de vent, la lecture aléatoire m'offre le Confutatis, du Requiem de Mozart. Atmosphère incroyable. Temps humide et triste, hostile. Les choeurs sont magistraux. Tout est gris, la pluie paraît presque bienvenue.

La musique portable, c'est un truc d'esthète qui atteint le plaisir suprême quand les morceaux tombent au moment idéal. Comme ce Tommib de la bande originale de Lost In Translation qui était arrivé alors que j'étais dans ce grand ascenseur de verre, à plus de 30 mètres du sol. Ou cette Gymnopédie de Satie, en pleine traversée de l'archipel de Stockholm, par temps calme et bleu.

La musique, the soundtrack of your life, paraît-il...

Avalanche de billets, la soirée marathon.

Ce soir j'ai décidé d'écrire quelques billets. Le maximum possible, en réalité. Comme ça, pour garder la forme, et compenser le fait que je sois relativement absent ces derniers jours à cause d'un emploi du temps un peu chargé. On va voir où cela va me mener, c'est un concept que j'expérimente pour la première fois.

Attention, top départ.

23 avril 2006

Le sacré du printemps.

J'en avais déjà un peu parlé l'année dernière, mais cette année c'est encore plus présent chez moi, sans doute à cause d'un hiver qui, s'il n'a pas été aussi rigoureux que ce qui avait été annoncé, a mis bien du temps à s'en aller.

L'influence des saisons. Ce conditionnement climatique qui ne me touchait que peu en France et qui ici en Suède, me fait faire prendre conscience que la nature, dans notre monde moderne, a encore son mot à dire. C'est un peu comme un retour aux sources, la vie en Suède. Elle vous fait vous rendre compte que, malgré les transports de marchandises par avion, malgré le meilleur isolement des maisons, la vie est ainsi faite, bercée par les saisons. La grise mine des magasins de fruits en hiver, le sourire des gens en été.

Au sortir de l'hiver, le jeu favori de bon nombre de Suédois est de rechercher tous les petits signes qui montrent qu'enfin, oui, le printemps est bien là. Un rituel dont on ne se lasse pas.

Un boeuf des Highlands
Parmi les choses qui ne trompent pas, il y a le retour des boeufs des Highlands dans Norra Djurgården. Et non, ce n'est pas l'automne, les feuilles mortes sont celles de l'année dernière, enfin libérées après six mois d'emprisonnement sous la neige.

On les appelle les Vårtecken. Les "signes du printemps". Les crocus sauvages du parterre situé à la fin de Vanadisvägen. Les trèfles apparaissant sous mes fenêtres, et les insectes qui vont avec. Les geais et les pies qui reviennent se battre sur les pelouses. Les fontaines que l'on redémarre. Le soleil qui tape sur les fenêtres à 5 heures du matin. Le bruit des tondeuses à gazon, l'odeur de l'herbe coupée. Les soirées qui se finissent dehors, les matchs de football improvisés au pied des bâtiments.

Répertoriés avec une certaine tendresse sur le site du SMHI, l'institut météorologique et hydrologique suédois. Ils en disent long, ces vårtecken.

Le garçon aux allumettes.

Parmi les chansons suédoises à succès de l'année dernière, on trouvait Dom som försvann ("ceux qui ont disparu") de Kent (page Wikipedia en français). Le clip m'avait plutôt tapé dans l'oeil, avec ces images d'enfants délaissés déchargeant leur violence via le feu ou des jets de bouteilles.

Une des phrases de la chanson disait "Solstickepojken han ler", et je ne la comprenais pas. "Le garçon [ ] rit". Solsticke, ou solstickan lorsqu'il n'est pas dans un mot composé. Absent du dictionnaire. Mot à mot, cela donnait "le bâton de soleil". Je me disais que c'était peut-être un mot recherché pour dire "allumette", sans penser à demander autour de moi ce qu'il en était réellement.

La saison des barbecues a recommencé, ces derniers jours. Et parmi les accessoires nécessaires aux grillades de saucisses, on trouve le fameux bâton fait d'épines de sapin agglomérées.

Paquet d'allume-barbecues.
"2o allume-barbecues - Solstickan - Brûle environ 15 minutes"

Solstickan est l'équivalent suédois d'Altadis (Seita). Tout est devenu clair, d'un seul coup.

L'appropriation d'une culture, c'est par de petites choses qu'elle s'opère. Vraiment petites, parfois.

20 avril 2006

Question.

Me croyez-vous si je vous dis qu'en ce 20 avril, il neige à gros (j'ai bien dit gros) flocons (MAJ : à ce stade-là ce ne sont plus des flocons mais plutôt de véritables boules de neige) depuis maintenant plus de 30 minutes deux heures ?

16 avril 2006

Coquilles au Monde.

Je ne sais pas si les correcteurs du journal ont du mal à se remettre des agapes de Pâques ou s'ils ont été peu regardants sur un sujet aussi léger que le championnat de France de ligue 1 (ou doit-on en déduire que les journalistes sportifs sont... ?), mais le dossier sur l'Olympique Lyonnais du Monde de ce matin est constellé de fautes de frappe. Je cite :

En une :
Après la victoire de Lille contre Bordeaux (3-2), samedil, l'Olympique lyonnais ne peut plus être rejoint au classement.

Dans l'article titre :
[...] Odemwingie reprend un tir contré dans la surface et trmpe une nouvelle fois le portier bordelais.

Dans le zoom :
[...] cet échec a laissé une grande amertume au sien du club rhodanien.


Alors évidemment il ne s'agit que de football. Mais la relecture est la même pour tous les articles, non ?

11 avril 2006

Boulette.

En rentrant du travail par le métro, cherchant une occupation pendant ces quarante minutes de transport, je prends un quotidien gratuit (créé en Suède il y a dix ans et apparu maintenant dans de nombreuses villes d'Europe) qui traîne sur un siège et commence à écrire un long billet dessus. J'étais alors bien content de trouver une utilité à cette feuille de chou qui fait les beaux jours des producteurs de papier (devinez où sont les plus grands d'Europe et vous aurez bouclé la boucle).

Me voilà donc écrivant un long billet, un peu tortueux mais plutôt pas mal troussé. Je sors du métro en me disant que je n'aurai plus qu'à le recopier dans la soirée.

A la sortie de la station, je croise une connaissance que je n'avais pas vue depuis longtemps. Échange de banalités, discussions sur la météo. Nous nous quittons, et, voyant un container à papier le long du chemin, je m'empresse, en bon citoyen ayant une certaine conscience écologique, d'y jeter ledit journal. Oui. Celui-là même sur lequel j'avais écrit un billet pendant quarante minutes. Ce n'est qu'après avoir parcouru dix mètres que je me suis aperçu de ma méprise.

Humpf. Il attendra un peu, ce billet.

C'est tout moi, ça.

Art nouveau à perte de vue.

Riga au coucher de soleil.
Riga au coucher de soleil - Photographie sujette à la licence GNU, obtenue sur Wikipedia.

La situation géographique plutôt exceptionnelle de la Suède (et celle de Stockholm par la même occasion) lui permet d'avoir un nombre de frontières proches assez impressionnant : deux voire trois frontières terrestres (Norvège, Finlande et Danemark via le pont de l'Øresund) et huit frontières maritimes (Danemark, Finlande, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Allemagne), mettant Stockholm en liaison (ferroviaire ou maritime) directe avec des villes telles que Helsinki, Oslo, Gdansk, Tallinn ou encore Riga. C'est sur cette dernière que je vais m'attarder un peu, pour une raison que quelques initiés connaissent.

Ferry blanc
Le ferry Fantaasia de la compagnie Tallink au niveau du Frihamn, le port de Stockholm consacré aux pays baltes, dans le nord-est de la capitale. Viking Line, dont les ferries desservent quant à eux la Finlande, est basée au Stadsgård, entre Södermalm et Gamla Stan. Les ferries pour la Pologne se prennent eux à Nynäshamn, à environ soixante kilomètres de la capitale.

Riga, capitale d'une Lettonie rentrée depuis peu dans l'Union Européenne, est, avec environ 750 000 habitants, la plus grande ville des pays baltes. Encore relativement anonyme dans l'univers du tourisme (la liaison maritime avec Stockholm a été ouverte il y a quatre jours de cela), c'est une capitale qui gagne à être découverte. Il se murmure d'ailleurs qu'il faut en profiter avant que les hordes de touristes débarquent sur les jolies plages de Lettonie dans les cinq années à venir.

La vieille ville est répertoriée au patrimoine mondial de l'Unesco grâce à une spécificité : Riga est la ville d'Europe qui bénéficie d'une concentration de bâtiments de style art nouveau exceptionnelle, dépassant même Vienne ou Barcelone. Ce style si particulier et éphémère que j'adore, que ce soit sous forme de vases Daum ou Gallé, de stations de métro Guimard ou de vitraux Tiffany (je suis un petit peu moins sensible à Klimt ou autre Gaudi).

Donc voilà, vous l'aurez compris : direction Riga au début du mois prochain. Voyage mémorable en perspective.

10 avril 2006

Pensée du matin.

Je hais la neige.

3 avril 2006

George W. Bush est suédois.

Même si je crains d'être un peu expéditif en disant cela, il paraît tout de même manifeste que la Suède est un pays qui souffre d'un gros complexe d'infériorité. Absence relative d'importance sur la scène politique internationale qui pousse un certain nombre de personnes à ne pas donner leur avis "car il ne compte pas".

Dans cette optique, on voit souvent des articles galvanisants qui vantent les mérites des Suédois, qui évoquent tel ou tel Suédois modèle de réussite à l'échelle mondiale (Ingvar Kamprad qui a fêté ses 80 ans la semaine dernière est un parfait exemple). Articles qui montrent comment la Suède influence le monde à son insu. Lorsque la Grèce gagne à l'Eurovision, on souligne souvent avec insistance que la chanteuse est presque suédoise, puisqu'elle a passé son enfance à Göteborg. Bref.

Aujourd'hui, ô surprise, c'est George W. Bush qui est suédois. George Bush, rendez-vous compte. L'homme le plus puissant de la planète. C'est ainsi qu'en 1639, un certain Måns Andersson a quitté le port de Göteborg à bord du Kalmer Nyckel pour arriver quelques mois plus tard dans la colonie appelée "Nouvelle Suède", sur les rives du Delaware. Et c'est à ce jour le plus vieil ancêtre connu de W.

Nouvelle fondamentale qui a tout de même fait la une de la Svenska Dagbladet en ligne ce matin, et qui est actuellement l'article le plus populaire de la version en ligne du quotidien.

Nous ne réfléchirons pas trop longtemps en nous disant que 10 générations avant Bush, cela fait, en reprenant la formule de la somme des termes d'une série géométrique de raison 2, 2*(210 -1) = 2046. 1 sur 2046. De quoi donner le vertige.

2 avril 2006

Jugement bouchonné.

Quand la salle de tribunal se transforme en Vaudeville aux accents rabelaisiens. Pas de danger que ça arrive en Suède, ces histoires-là. J'adore la France, par moments, vous ne pouvez pas savoir.